La Manga, où abondent les planches animalières, révèle l'intérêt que portent Hokusai et ses contemporains à la faune. [...] Ces planches, d'un réalisme digne d'un encyclopédiste scrupuleux, ne sont pour autant pas exemptes d'une certaine poésie, et répondent au goût des japonais qui aiment à contempler les animaux, à écouter le chant des oiseaux ou le bourdonnement des insectes.
Servi par une extraordinaire capacité de travail, doué d'un élan créateur durable et fécond Hokusai a laissé des milliers d'oeuvres remarquables tant par leur qualité esthétique que par leur variété stylistique : peintures,dessins,gravures,livres illustrés,manuels didactiques.
La Mangwa, cette profusion d'images, cette avalanche de dessins,cette débauche de crayonnages,ces quinze cahiers où les croquis se pressent sur les feuillets,comme les oeufs de la ponte des vers à soie sur une feuille de papier,une oeuvre qui n'a pas de pareille chez aucun peintre de l'Occident!
Edmond de Goncourt
Hokousaï, 1986
Si, au XVIIIè siècle, les êtres humains et les scènes de la vie urbaine priment sur les paysages, qui constituent un simple décor, au XIXè siècle le nombre de vues enneigées dans l'ukiyo-e connaît un essor fulgurant avec le développement d'un genre nouveau, l'estampe de paysage que mettent au point Hokusai et Hiroshige.
La neige apparaît également dans la littérature japonaise : bon nombre de recueils de poésie célébrant la neige sont illustrés par des peintres comme Utamaro, et des romans donnent lieu à des évocations pittoresques, comme Pays de neige (1935) de Kawabata, qui se déroule dans une station thermale au cœur des montagnes, et la Ballade de l'impossible (1987) de Murakami, où l'héroïne se ressource dans un sanatorium situé dans un paysage montagneux enneigé.
L'association d'éléments fugitifs et fragiles, comme les oiseaux, les fleurs et la neige, renforce cette idée d'évanescence, d'impermanence et de fugacité qui rappelle le caractère passager de la vie.
Esprit bénéfique, le Maneki-neko, littéralement "chat qui invite", repousse le malheur et la maladie et apporte la chance, le bonheur et la richesse.
La neige nimbe de poésie des scènes d'extérieur où évoluent de jolies femmes, des courtisanes, des acteurs, des voyageurs...
Le Pin-Coussin à Aoyama
Hokusai joue sur le contraste entre les deux masses qui dominent la composition, disposées symétriquement et séparées par des nappes de brouillard : le triangle du Mont-Fuji à l'arrière plan et l'arc de cercle formé par le gigantesque pin au premier plan, appelé "pin coussin" en raison de sa forme arrondie semblable à un grand coussin vert, sa frondaison et ses longues branches dont certaines mesuraient plus de dix mètres, et étaient supportées par des pieux que l'on aperçoit sur l'estampe, suivent des lignes parallèles à celles de la montagne.
L'entreprise fut heureusement couronnée d'un succès considérable , grâce au talent d'Hokusa¨, mais aussi grâce au sujet, le mont Fuji , Montagne sacrée,à laquelle on vouait alors un véritable culte.