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3.97/5 (sur 46 notes)

Nationalité : Pays-Bas
Né(e) à : Groningue , le 07/12/1872
Mort(e) à : De Steeg , le 01/02/1945
Biographie :

Johan Huizinga est un historien néerlandais, fondateur de l’histoire culturelle. Ses travaux portaient avant tout sur l’histoire du Moyen Âge.

Il étudie à Groningue et à Leipzig. Durant ses études, il s'intéresse à l'Inde et apprend le sanskrit. Il soutient en 1897 une thèse sur le rôle du bouffon dans la dramaturgie indienne.

Ensuite, il enseigne à Haarlem et puis à Amsterdam en études orientales. En 1905, il devient professeur d'histoire générale et néerlandaise à l'université de Groningen, poste qu'il quitte en 1915 pour une chaire d'histoire à l'université de Leyde où il enseigne jusqu’en 1942.

A cette date, il est emprisonné par les nazis jusqu’à son décès en 1945.

À partir de 1905, Johan Huizinga effectue des recherches et enseigne en histoire du Moyen Âge et de la Renaissance. Il travaille principalement sur l’histoire de la France et des Pays-Bas de la période du bas Moyen Âge, (XIVe et XVe siècles) jusqu’à la Réforme et à la période de la Renaissance.

Johan Huizinga était également un européen convaincu.

Une thèse à son propos Le miroir de la France : Johan Huizinga et les historiens français par Christophe de Voogd, soutenue en 2013, est disponible sur le site de l'université de Leiden: https://openaccess.leidenuniv.nl/bitstream/handle/1887/21732/Proefschrift%20C.N.%20de%20Voogd.pdf?sequence=3
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Source : Wikipédia
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Bibliographie de Johan Huizinga   (5)Voir plus

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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
Dans la dureté de cœur de cette époque, il y a un élément ingénu qui nous empêche presque de la condamner. Au milieu d'une épidémie qui ravageait Paris, les ducs de Bourgogne et d'Orléans demandent l'établissement d'une cour d'amour en guise de distraction. Pendant une trêve à l'horrible massacre des Armagnacs en 1418, le peuple de Paris institue dans l'église Saint-Eustache la confrérie de Saint-André ; prêtres et laïcs portent une couronne de roses rouges ; l'église en est parfumée «comme s'il fust lavé d'eau rose ». Le peuple d'Arras célébra l'annulation des procès de sorcellerie qui avaient en 1461 infesté la ville comme une épidémie, en instituant un concours pour la représentation de « folies moralisées » : premier prix, un lis d'argent ; quatrième prix, une couple de chapons. Les victimes qui avaient péri dans les tortures étaient bien oubliées.
La vie était si violente et si contrastée qu'elle répandait l'odeur mêlée du sang et des roses. Les hommes de cette époque, géants à têtes d'enfants, oscillent entre la peur de l'enfer et les plaisirs naïfs, entre la cruauté et la tendresse. Dédain absolu des joies de ce monde, ou fol attachement aux jouissances terrestres, haine ou bonté : ils vont toujours d'un extrême à l'autre.
Peu de chose nous a été conservé du côté clair et joyeux de cette époque : il semble que l'heureuse douceur et la sérénité de l'âme du XVe siècle se soit fondue dans sa peinture ou cristallisée dans la claire pureté de sa musique. Le rire de ces générations est éteint ; son goût de la vie et sa joie insouciante ne demeurent que dans la chanson populaire et la farce. Partout, en dehors des arts, règne l'obscurité. Dans les avertissements menaçants des sermons, les soupirs et la lassitude exprimés dans la littérature, les récits monotones des chroniques et des documents, partout crie le péché et gémit la misère.
Après le moyen-âge, les péchés capitaux d'orgueil, de colère et d'avarice n'ont plus retrouvé l'insolence éhontée avec laquelle ils s'étalaient dans la vie des siècles antérieurs.
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Depuis le temps des troubadours, une grande place dans les conversations courtoises était remplie par la casuistique de l'amour. C'était, si l'on peut dire, la curiosité et la médisance élevées au rang de littérature. La cour de Louis d'Orléans avait comme agréments des repas, non seulement « beaulx livres, dits, ballades », mais aussi « demandes gracieuses ». Celles-ci sont surtout posées aux poètes.
Une compagnie de dames et de seigneurs vient vers Machaut avec une série de « partures d'amours et de ses aventures ». Dans son Jugement d'amour, le poète avait défendu cette thèse : la dame à qui la mort enlève son amant est moins à plaindre que l'amante d'un ami infidèle.
Chaque cas est ainsi discuté d'après des normes sévères. - « Beau sire, que préféreriez-vous : ou entendre dire du bien de votre dame et n'en pas trouver en elle, ou en entendre dire du mal et n'y trouver que du bien ? » A quoi la conception très formaliste de l'honneur obligeait de répondre : «Dame, j'aroie plus chier que j'en oïsse bien dire et y trouvasse mal. »
Si une dame est trahie par son premier amant, agit-elle déloyalement en en prenant un second plus fidèle ? Un chevalier qui a perdu tout espoir de voir sa dame, sévèrement gardée par un mari jaloux, peut-il enfin se tourner vers un nouvel amour ? Si un chevalier délaisse la bien-aimée pour une dame de haut parage qui le refuse, et si, après cela, il désire rentrer dans les grâces de la première, celle-ci peut-elle honorablement le lui accorder ?
De cette casuistique, il n'y a qu'un pas vers le traitement de questions d'amour sous forme de procès, comme dans les Arrestz d'Amour de Martial d'Auvergne.
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A côté de ce romantisme de la chevalerie, on pourrait placer le romantisme de la sainteté, si l’on entendait par là le besoin de créer la représentation idéale d’une forme de vie déterminée. Il est remarquable que de tout temps, ce romantisme de la sainteté se soit plu davantage aux excès de l’humilité et de l’ascétisme qu’aux brillants exploits mis au service de la religion. L’Eglise a parfois canonisé les grands hommes d’action qui ont relevé ou assaini la culture religieuse, mais l’imagination populaire s’est attachée de tout temps au surnaturel et à l’extrême.
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Pour comprendre pleinement l’importance sociologique de l’idéal chevaleresque, il faudrait suivre celui-ci, à travers l’époque de Shakespeare et de Molière, jusque dans le gentleman moderne. […] Les tragiques erreurs du Moyen Age eurent plus d’une fois leur source dans cet idéal, de même que, de nos jours, elles procèdent souvent du nationalisme et de l’orgueil de race.
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Egalement particulières à l'idéal courtois, également stéréotypées et théoriques sont les idées que la véritable noblesse est celle de la vertu et qu'au fond, tous les hommes sont égaux. On a parfois exagéré la signification historique de ces deux conceptions. L'idée que la vraie noblesse est celle du coeur a été considérée comme un triomphe de la Renaissance : on a cité à ce propos la pensée exprimée par le Pogge dans son De Nobilitate. On aime à reconnaître le premier signe d'égalitarisme dans la phrase révolutionnaire de John Ball : "Quand Adam bêchait et qu'Eve filait, qui donc était gentilhomme ?" Et l'on croit que la noblesse devait trembler.

Ces deux concepts étaient depuis longtemps des lieux communs de la littérature courtoise, tout comme ils le furent dans les salons de l'ancien régime. L'idée de la noblesse du coeur était sortie de la poésie des troubadours et de l'exaltation de l'amour courtois. Elle restait une considération morale dépourvue d'aucun but social.
"Dont vient à nous souveraine noblesse ?
Du gentil cuer, paré de nobles mours.
... Nulz n'est vilains se du cuer ne lui muet." (Eustache Deschamps)

La notion d'égalité avait été empruntée par les Pères de l'Eglise à Cicéron et à Sénèque. Grégoire le Grand avait donné au Moyen Age finissant la phrase : "Omnes namque homines natura aequales sumus" (nous sommes tous, hommes, égaux par nature). Elle fut répétée sur tous les tons, mais sans aucun propos de diminuer l'inégalité existante. Car, pour l'homme du Moyen Age, cette idée visait, non point une impossible égalité future dans cette vie, mais la très proche égalité dans la mort. Chez Eustache Deschamps; nous la retrouvons en rapport direct avec la danse macabre, faite pour consoler de l'injustice de ce monde.

pp. 91-92
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Le vœu chevaleresque peut avoir une signification religieuse et éthique, ce qui le met sur le même pied que le vœu religieux ; il peut être aussi de nature romanesque et amoureuse, et enfin, il est possible qu’il dégénère en un amusement courtois. Ces trois caractères sont encore, en fait, présent et unis ; le vœu est la consécration de la vie à un idéal sérieux ; il est aussi la raillerie qui se joue un peu du courage, de l’amour et des intérêts de l’Etat.
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Qui a jamais passé ne fût-ce qu’un seul jour entièrement agréable dans sa jouissance…sans qu’au moins un regard ou un son ou quelque heurt l’air offensé ?

-Innocent III-
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Ce que [Michel-Ange] condamne dans l’art flamand, ce sont précisément les traits essentiels de l’esprit du moyen âge à son déclin : la sentimentalité violente, la tendance à voir chaque chose comme une entité indépendante, à se perdre dans la multiplicité des concepts. A cela s’oppose l’esprit de la Renaissance qui, comme toujours, ne réalise sa nouvelle conception de l’art et de la vie qu’en méconnaissant temporairement les beautés et les vérités de l’âge précédent.
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Quand le monde était de cinq siècles plus jeune qu’aujourd’hui, les évènements de la vie se détachaient avec des contours plus marqués. De l’adversité au bonheur, la distance semblait plus grande ; toute expérience avait encore ce degré d’immédiat et d’absolu qu’ont le plaisir et la peine dans l’esprit d’un enfant. Chaque acte, chaque évènement était entouré de formes fixes et expressives, élevé à la dignité d’un rituel. Les choses capitales, naissance, mariage et mort, se trouvaient plongées, par le sacrement, dans le rayonnement du divin mystère ; les évènements de moindre importance, eux aussi, voyage, tâche ou visite, étaient accompagnés d’un millier de bénédictions, de cérémonies et de formules.
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Si, pour inculquer la crainte et l’horreur, l’imagination dispose de ressources d’une richesse effrayante, l’expression des joies célestes, par contre, reste toujours extrêmement primitive et monotone. Le langage humain ne peut donner la vision du bonheur absolu. […] Le Seigneur est « supermisericordissimus, superdignissimus, superamabilissimus, supersplendidissimus, superomnipotens et supersapiens, supergloriosissimus ». A quoi bon accumuler les mots qui expriment la hauteur, la largeur, l’inépuisable et l’incommensurable ? On en reste toujours aux images, à la réduction de l’infini au fini, partant à l’affaiblissement du sentiment de l’absolu. Chaque sensation, en s’exprimant, perd sa force ; chaque propriété attribuée à Dieu lui dérobe un peu de sa redoutable majesté. Alors commence la lutte émouvante de l’esprit qui veut atteindre à la Divinité sans le secours des images.
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