On retrouve [entre -400 et +400 après J.C.] quatre types fondamentaux de relations homosexuelles [...] L'exploitation d'individus de sexe masculin par d'autres hommes qui en étaient propriétaires ou qui exerçaient une autorité sur eux était répandue [...] le concubinage homosexuel n'était certainement pas rare [...] Le type de relations homosexuelles le plus courant dans l'Europe ancienne [...] était les liaisons entre "amants" [...] quatrième type de relations homosexuelles : des unions formelles [...] publiquement reconnues, comparables au mariage hétérosexuel parce que entraînant un changement de statut pour l'une des parties ou pour les deux.
Le latin [...] possédait moins de termes que le grec pour décrire les sentiments humains et répartissait généralement l'amour en trois catégories : 1. amor-amare, la catégorie plus large ; 2. dilectio-diligere, désignant une inclination personnelle pour un être ou une chose ; et 3. (surtout entre chrétiens), c[h]aritas, l'amour moral, qui correspondait approximativement à ἀγάπη.
Les mariages romains se tenaient habituellement en juin. La veille, la fiancée retirait le costume porté par les filles non mariées et endossait pour la noce une tunique et une ceinture spéciales, elle se faisait coiffer selon la tradition et se couvrait d'un grand voile rouge feu (le flammeum). À l'époque impériale, l'acte symbolique essentiel avait lieu dans la demeure de la jeune mariée : en présence d'amis, de parents et de protégés, le couple exprimait son consentement au mariage, la matrone d'honneur (pronuba) joignait leurs mains droites (dextrarum junctio) et ils échangeaient un baiser. Dans une grande partie du monde romain, un prêtre présidait ou assistait officiellement à la cérémonie. Puis le contrat, si contrat il y avait, était signé. Ces éléments reflètent la tendance des couples, sous l'Empire, à considérer le mariage comme une association comparable à une entente commerciale plutôt que comme la vente pure et simple d'une femme à un homme par un autre homme. [...] Après un sacrifice religieux et un banquet nuptial, la jeune mariée était "emmenée" (deducitur) en procession jusqu'à la maison de son époux ; le jeune marié l'accueillait à son arrivée et la prenait dans ses bras pour lui faire franchir le seuil. Comme en Grèce, les invités de la noce chantaient alors un épithalame à l'extérieur de la chambre nuptiale pendant la probable consommation du mariage.
Le poète Martial (seconde moitié du Ier siècle) [...] critiquait l'une de ses connaissances qui dépensait la dot de sa femme pour se payer des amants.
La célébration du mariage grec (qui avait généralement lieu en hiver) s'accompagnait de sacrifices aux divinités du mariage (le plus souvent Zeus et Héra, les archétypes du couple marié [sic]), d'un bain rituel pour la jeune épouse, d'un festin nuptial dans la demeure de la jeune femme (c'est-à-dire de son père) au cours duquel le couple portait des couronnes, du transport par le marié et son témoin de la mariée voilée, en voiture à bras ou à cheval, depuis la maison de son père jusqu'à sa nouvelle demeure (c'est-à-dire celle de son mari), précédés d'une foule chantant le chant nuptial ("hymen"). Cette procession était éclairée par des chandelles et des torches. Arrivée à sa nouvelle maison, la jeune femme, toujours voilée, était conduite dans la "chambre nuptiale" ; le cortège chantait l'épithalame (chant pour la chambre nuptiale) à l'extérieur pendant qu'avait lieu - pensait-on - l'acte clé de la cérémonie de mariage : sa consommation charnelle [...] Le lendemain, des présents étaient offerts à la jeune mariée.
{La consommation du mariage] n'était d'ailleurs pas capitale dans le mariage romain, du moins à en juger d'après les dispositions juridiques qui nous sont parvenues. [...] De même, les enfants n'occupaient aucune place dans les idéaux romains du mariage : au contraire, de nombreuses lois impériales visaient à inciter les couples des classes supérieures à avoir des enfants, ce qui semble indiquer qu'il ne s'agissait pas d'un de leurs désirs fondamentaux. Personne ne considérait que la stérilité d'un coupe pût mettre en cause la validité ou la réalité de son mariage ; on n'y voyait qu'un manque de sens civique.
… de nombreuses langues anciennes moderne, ignorent certaines distinctions qui nous paraîtront essentielles, n’établissant ainsi aucune nuance précise entre « amis » et « amant ». En ce qui concerne le grec classique, par exemple, la convention veut […] que l’on traduise ἑταῖρος par « compagnon » et ἑταῖρα par « courtisane », « maîtresse » ; ces deux termes ont pourtant la même signification fondamentale et tout porte à croire […] qu’il n’existe guère de différences dans la nature des relations impliquées dans l’un et l’autre cas.
Ἔρως est utilisé très rarement (trois fois seulement) pour « aimer » […] dans la volumineuse traduction grecque des écrits hébraïques, connue sous le nom de Bible des Septantes, et φιλεῖν apparaît à peine plus fréquemment, tandis qu’ἀγαπάν revient constamment ; il s’agit manifestement de la manière la plus courante de dire « aimer ».
φιλία était le terme habituel pour désigner l’amitié considérée d’ordinaire (alors, comme aujourd’hui) comme facile à distinguer d’ « éros » mais le verbe qui s’y rattache, φιλεῖν était sans conteste le plus couramment employé pour « aimer » dans toutes ses acceptions, depuis « aimer » un camarade jusqu’à « embrasser » passionnément un amant.
Zeus et Héra étaient les dieux du mariage : ils étaient frère et sœur en même temps que mari et femme [...] Zeus était un coureur de jupons notoire [...] Bien que Héra fût la déesse du mariage, elle n'était pas connue comme mère, tandis que les déesses mères les plus remarquables (par exemple Léto et Déméter) n'étaient pas particulièrement associées au mariage.