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Citation de Sophie13


« — Voici ce que je sais, commença Shmuel. Avant de venir ici, je vivais avec mon père, ma mère et mon frère, Josef, dans un petit appartement au-dessus du magasin où Papa fabriquait des montres. Nous prenions notre petit déjeuner ensemble à sept heures et, pendant que nous étions à l’école, Papa réparait les montres que les gens lui apportaient ou en faisait des neuves. Il m’en avait même offert une belle, mais je ne l’ai plus. Elle avait un cadran en or et je la remontais tous les soirs avant de me coucher, elle était toujours juste.
— Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? demanda Bruno.
— Ils me l’ont prise, répondit Shmuel.
— Qui ?
— Les soldats, bien sûr, dit Shmuel, comme si cela tombait sous le sens. Et puis les choses ont commencé à changer, reprit-il. Un jour, je suis rentré de l’école et j’ai trouvé ma mère en train de coudre des brassards dans un drôle de tissu. Dessus, elle dessinait une étoile. Comme cela.
Shmuel traça le dessin de l’étoile dans la poussière avec le doigt.

— Et chaque fois que nous quittions la maison, elle nous demandait d’enfiler notre brassard.
« — Puis, un jour, les soldats sont venus avec d’énormes camions, poursuivit Shmuel, que Gretel n’intéressait pas le moins du monde. Ils ont ordonné à tous les gens de quitter leur maison. Beaucoup ne voulaient pas partir et se sont cachés où ils le pouvaient, mais je crois qu’ils ont tous été pris finalement. Et les camions nous ont conduits à un train, et le train… (Shmuel hésita quelques secondes et se mordit la lèvre. Bruno crut qu’il allait pleurer, mais ne comprit pas pourquoi.) Dans le train,c’était horrible, reprit Shmuel. Pour commencer, nous étions dix fois trop nombreux. Il n’y avait pas d’air pour respirer. Et cela sentait horriblement mauvais. »
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