Le regard de Juan était distant et amusé. Ce qui ne manquait pas de terrifier Alice. Elle savait qu’il la voyait, non pas comme une femme en rage dont la colère assombrissait pour lui le monde, mais comme l’une des milliers de femmes en rage, bonnes à être observées, disséquées et même, pourquoi pas, savourées. Et cela produisait sur elle une affreuse sensation de solitude et d’épouvante. Juan bouchait son univers et elle sentait bien que pour lui, elle ne bouchait rien du tout. Non seulement il la voyait telle qu’elle paraissait, et telle qu’elle était vraiment, mais encore son regard la traversait pour voir au-delà d’elle.