Dans le décor d'une rue à Rome, entrent sur scène le comte Lodovico, Antonelli et Gasparo.
Lod .- Banni !
Ant .- J'ai été très peiné d'apprendre votre condamnation.
Lod .- Ah ! Ah ! Ce sont tes dieux, ô Démocrite, qui gouvernent le monde entier.
Récompense et punition vraiment royales !
La fortune n'est qu'une catin.
Ce qu'elle donne jamais, elle le distribue par petits paquets, afin de tout reprendre d'un seul coup.
Voilà ce que c'est que d'avoir des ennemis puissants.
Que dieu le leur rende !
Les loups ne font figure de loups que lorsqu'ils sont affamés ....
Cet Elizabéthain n'aimait pas les drames élisabéthains.
Si ce n'eût été jeter des perles à des pourceaux, il eût aimé écrire des tragédies imitées de l'Antique, conformes aux règles, et comportant de nobles personnages, un style soutenu, un choeur, et des messagers.
Paradoxe nullement rare que celui d'un créateur chérissant une esthétique en opposition profonde avec son talent ...
FRANCISCO : Évitons la colère.
Tu as une épouse, notre sœur : je préfèrerais avoir donné
À la mort ses deux mains blanches, serrées et liées
Dans son suaire, plutôt que de t'avoir accordé sa main.
BRACCIANO : Tu aurais alors donné une âme à Dieu.
FRANCISCO : Oui. Ton confesseur, avec toutes ses absolutions,
N'en fera jamais autant pour toi.
BRACCIANO : Crache ton venin...
FRANCISCO : Inutile, la Luxure porte son fouet cruel
À la ceinture. Prends garde, car notre colère
Prépare sa foudre.
BRACCIANO : Sa foudre ? En fait, ce ne sont là
Que craques et pétards.
FRANCISCO : Ça se finira au canon.
BRACCIANO : Tu n'en tireras rien que du fer dans tes plaies
Et de la poudre à canon dans les narines.
LE DÉMON BLANC : Acte II, Scène 1.
MONTICELSO : Oh ! mon seigneur,
Une fois vidées ses innombrables coupes, l'ivrogne
S'arrête et redevient sobre ; de même, à la longue,
Lorsque vous vous réveillerez de ce rêve lascif,
Le repentir viendra ; comme chez la vipère,
Le poison est dans la queue. Malheureux les princes
Lorsque la Fortune fane une seule petite fleur
De leurs lourdes couronnes ; ou lorsqu'elle arrache
Une seule perle à leur sceptre : mais lorsque, hélas ! ils perdent
Leur réputation dans un naufrage volontaire,
Leur nom et les titres princiers vont à la mer.
Acte II, Scène 1.
Quand un homme est précipité dans un puits, qu'importe celui qui l'y pousse. C'est son propre poids qui l'entraîne au fond le plus vite.
Cité dans Le soleil n'est pas pour nous de Léo Malet
[...] il n'est jamais longtemps
en paix le royaume dont le prince est un soldat.
(I, 2)
Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées.
Les serments d'amour sont comme les voeux des marins, on les oublie après l'orage.
[...] le sommeil
Est une rouille qui ronge l'âme de l'intérieur,
Et de la même façon, l'inaction forcée engendre
Tous ces noirs malcontents qui, confinés en lieu clos,
Comme les mites dans du drap sans usage, font des
ravages.
(I,1)
Il n'est rien qui soit pour un homme plus infinie torture que ses propres pensées.