Un grand barman, c'est celui qui est en harmonie avec le buveur. C'est un félin, rapide, souple, discret. Quelqu'un qui vous ressert sans faire de bruit, comme si jamais vous ne lui aviez demandé.
Chez nous, chaque année, on me disait que le Père Noel ferait pas sa tournée parce qu’il était gravement malade et qu’il passerait peut être même pas l’hiver. Jusqu’au jour ou, pour avoir définitivement la paix, ils m’ont annoncé qu’il était mort et que personne reprendrait l’affaire. Et c’était réglé. P 129
Il y a deux personnes absolument indispensables en ce bas mode [...]. La sage-femme et le fossoyeur. L'une accueille, l'autre raccompagne. Entre les deux, les gens se débrouillent. (p21)
Le jour où je m'en irai, ça me fera quand même quelque chose, je le sais bien. J'aurai les yeux mouillés, c'est sûr. Après tout, c'est ici que j'ai mes racines. j'ai pompé tous les métaux lourds, j'ai du mercure plein les veines, du plomb dans la cervelle. Je brille dans le noir, je pisse bleu, j'ai les poumons remplis comme des sacs d'aspirateur, et pourtant, je le sais bien que le jour où je m'en irai, je verserai une larme, c'est certain.....
– Nom de Dieu, je l'ai vraiment pas vue passer, cette année, je lui dis.
– Moi c'est pareil, il me répond.
– L'année d'avant, non plus, je l'avais pas vue passer.
– Moi non plus
– Comme toutes les précédentes, d'ailleurs. J'ai rien vu passer du tout, finalement, à part les bêtes qu'on saigne (Éditions France Loisirs 2006 : pp. 177-8).
On peut pas vraiment dire que c'était coquet chez lui, qu'il était bien installé. Y avait qu'un vieux tabouret sur lequel il passait le plus clair de son temps et une petite table de camping qui lui servait à poser son coude, la journée, ou sa tête à la nuit tombée.
-Ce n'est pas du chêne ? Je croyais qu'ils avaient choisi du chêne ?
-Ils ont payé du chêne, mais ils ont eu du sapin. C'est l'intention qui compte, non ?
Fine équipe
De cet homme qui marchait juste devant moi, sur le trottoir, je ne sais rien, si ce n'est qu' il était " contre le monde", et qu'il tenait à le faire savoir puisqu'il se l'était joliment fait tatouer dans la nuque, en anglais, ou presque: Angainst the world ".Et j'en ai déduit par moi-même qu'il fallait lire" Against" et ne pas tenir compte de ce " n" qui s'était glissé là par erreur, et pour toujours, maintenant.
Moi je n'ai rien contre ceux qui sont contre le monde.C'est même un sentiment que je comprends fort bien, souvent, d'autant qu'il avait sûrement de bonnes raisons d'être en colère.Mais sans préjuger de rien, à lui tout seul, je me demande s'il faisait le poids contre le monde entier, d'autant qu'il n'était pas bien grand, pas bien épais non plus.
( Folio, 2014, p.93 )
- Et tu sais que le cerveau a été touché, il ajoute, je te l'ai déjà dit. Ils ont fait ce qu'ils ont pu, mais ils ont quand même été obligés de m'en retirer la moitié. Je sais pas si tu vois... On s'imagine pas à quel point c'est important comme organe. C'est seulement quand il t'en manque un morceau que tu t'en rends compte.
Quand le vent vient de l'ouest, ça sent plutôt l'oeuf pourri. Quand c'est de l'est qu'il souffle, il y a comme une odeur de soufre qui nous prend à la gorge. Quand il vient du nord, ce sont des fumées noires qui nous arrivent droit dessus. Et quand c'est le vent du sud qui se lève, qu'on n'a pas souvent heureusement, ça sent vraiment la merde, y a pas d'autre mot.