Jon Ottar Olafsson

Elle était incroyable.

Non pas parce qu’elle était particulièrement belle ou laide. Justement parce qu’elle n’avait rien de particulier. Elle se fondait dans son environnement.

J'ai pris une décision quand à la prochaine étape , reprit Stuart. Une décision que certains désapprouveront , j'en suis sûr. Voici ici un policier islandais , David , qui a établi un contact avec le groupe d'étudiants que nous surveillons. Nous n'avons pas pour habitude de faire appel à une aide extérieur , mais nécessité fait loi. C'est aussi simple que ça Je n'accepterai aucune protestation et ne tolérai aucun ralentissement de cadence.
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La lumière vive du phare de la presqu’île de la Grotta scintilla et l'on aperçut les contours de la digue lorsque la lanterne éclaira la mer calme. C'était ici qu'il avait garé la 426, une Skoda Octavia grise banalisée. La marée était haute, l'eau submergeait l'isthme reliant Grotta à la terre. La lune se cachait et aucun réverbère n'était assez proche pour prendre sa relève mais, à gauche, David voyait les lumières de la ville briller au loin. Juste devant lui, le phare s'embrasa de nouveau et le faisceau blanc et apaisant dansa à la surface de l'eau avant de s'éparpiller sur la neige fondue qui jonchait le pare-brise.

Le deuil est comme une vague qui roule sous les galets, David le savait bien. Les larmes viennent et repartent, et l'on croit alors pouvoir se redresser, mais elles reparaissent avec deux fois plus de force.

Sur les planches , autour du cadavre , on distinguait quelques traces de pas. Juste à côté du mur , à droite , l'une d'elle était particulièrement nette , ainsi que d'autres devant le corps.

David retira son casque. Il était épuisé. L’écoute demandait un effort intense. Le cerveau fragmente les différents sons qui nous environnent afin d’éviter la saturation. Les micros que l’équipe technique avait placés à l’intérieur des murs étaient à la pointe de la technologie et enregistraient chaque son séparément et de manière très limpide. Il fallait une concentration à toute épreuve pour suivre un fichier audio sans perdre le fil.

C'est comme si Sóley n'avait jamais sa chance. Il y a toujours quelque chose de plus important qu'elle. Pourtant,c'est elle qui est morte.

David s'approcha afin de mieux voir.
-La peau des bras porte de nombreuses traces d'injections. Le tissu cicatriciel y est importante. Tout comme à l'aine. Une marque récente de piqûre au niveau du coude droit. C'est la seule.

"J'enquêtais sur un homicide tout ce qu'il y a de plus classique et subitement, je me suis retrouvé poursuivi comme le pire des criminels".

Le message qu’il avait reçu cette nuit avait été envoyé depuis le portable islandais. Quelques heures avant que Thorri se fasse tuer. Confus, David s’appuya contre le dossier de son fauteuil. La seule chose à faire, c’était d’en informer l’Adjoint. Lorsque l’opérateur téléphonique aurait fait parvenir les relevés à Hallgrímur, celui-ci découvrirait rapidement que le numéro de David y figurait. Garder le silence sur ce genre d’élément n’était jamais une bonne idée. Pourtant, David était réticent. Il n’avait pas envie d’être mêlé à l’affaire, et surtout, un temps précieux serait perdu à enquêter sur des liens qu’il savait inexistants entre la victime et lui.