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3.55/5 (sur 123 notes)

Nationalité : Mexique
Né(e) à : La Portuguesa , 1963
Biographie :

Né en 1963 près de Veracruz, au Mexique, Jordi Soler a passé ses premières années dans une communauté d'exilés catalans fondée par son grand-père à l'issue de la guerre civile espagnole. Il a ensuite vécu à Mexico, puis en Irlande, avant de s'installer avec sa femme à Barcelone.

La critique espagnole voit en lui l'une des figures littéraires les plus importantes de sa génération. Trois de ses romans ont été traduits en français. Les exilés de la mémoire, paru en 2007 chez Belfond, et La Derniere Heure du Dernier Jour, qui paraît en 2008 dans le cadre de la rentrée littéraire et La Fête de l'ours paru en 2011.


Source : livres.fluctuat.net
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A partir du livre "Ce Prince que je fus" de Jordi Soler, réflexion sur la relation entre la fiction et la vérité historique (disponible aussi en podcast).


Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Quand son Altesse me parla du caractère puéril de la méthode, je fus effectivement à deux doigts de rire, mais je pensai aussitôt à ces policiers d'élite qu'on entraîne en leur faisant voir des séries policières de la télévision, ou à ces politiciens qui apprennent à prononcer des discours en regardant des vidéos de Kennedy, de Lech Walesa ou de Felipe González.
Page 148 (Pagination provisoire ? service de presse , épreuves non corrigées)
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Elle cultivait l'idée, inspirée par le monde de la diplomatie, que l'espace se transfigure quand il est habité par le représentant d'une institution ; de même qu'un ambassadeur, par le simple fait de mettre un drapeau à la fenêtre d'une chambre d'hôtel et d'y être présent physiquement fait que celle-ci se transfigure en ambassade avec toutes ses attributions, de même son Altesse impériale pensait-elle que sa personne transfigurait les espaces, et que sa seule présence dans cette hutte pleine de mouches et assombrie par une épaisse fumée de sardines grillées changeait cet environnement déprimant en une fastueuse salle de palais.
Page 98 (Pagination provisoire ? service de presse , épreuves non corrigées)
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La mission de rendre Xipaguazin enceinte semblait impossible ; cependant c'est un fait que le 17 mars 1536, seize ans après son arrivée à Toloríu, la princesse et le baron firent baptiser leur fils Juan Pedro de Grau Moctezuma, ce premier métis qui serait l'origine de la lignée espagnole de l'empereur. Le sorcier avait-il quelque chose à voir dans ce miracle ? Le plus sensé, d'emblée, serait d'écarter cette hypothèse, vu que ce sorcier, comme je l'ai dit plus haut et comme on pourra le constater plus loin, haïssait Juan de Grau, bien qu'il soit vrai que la tentation de penser à une potion, à de la poudre à narcotiser la princesse pendant que le baron la possédait, est une image d'une force plastique séduisante.
Page 82 (Pagination provisoire ? service de presse , épreuves non corrigées)
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Je veux dire que lors de ces déjeuners la corruption était totale : le maire allait extorquer des fonds à ces étrangers qu'il détestait et, en même temps, il mangeait avec eux en faisant semblant de s'amuser comme un fou, et eux, ils haïssaient ce porc qui n'était qu'un malfrat qui les tondait régulièrement et qu'ils traitaient malgré tout avec prévenance, riant à ses blagues épaisses et à ses obscénités, et ne disant rien quand il touchait les fesses de leurs servantes.
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[…] [Dali], qui les attendait, au moment de les accueillir, très élégant, en costume, cravate, chapeau et canne, immergé jusqu'à la taille dans son bassin d'eaux vertes qui avait la forme et les replis d'une vulve.
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La population de la plage représentait un échantillon des forces de la république, il y avait des soldats, des carabiniers, des gardes d'assaut, des artilleurs, des "mossos d'Esquadra" catalans, des membres des escortes présidentielles, des marins, des aviateurs, près de cent mille personnes qui comme moi s'étaient retrouvées, du jour au lendemain, sans pays, explique Arcadi dans les enregistrements de la Portuguesa.
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(...); ni te hagas ilusiones, el que nace indio, indio se queda. (p.109)
traduction libre du contributeur:
(...) ne te fais pas d'illusions: celui qui naît indien, reste un indIen.
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L'arénite ? m'entends-je lui demander. Oui, une psychose que tu ne peux pas comprendre si tu n'as pas longtemps vécu avec le sable ; nous vivions et dormions sur le sable, il y avait du sable dans nos vêtements et dans ce que nous mangions, du sable sur nos pieds et sous les ongles de nos doigts et derrière nos genoux et dans notre cul et sous nos couilles et dans nos jeux ; et cette omniprésence du sable finissait par produire des dessèchements et de l'eczéma et des champignons et une conjonctivite qui teintait d'écarlate l blanc de nos yeux. Mais les effets psychologiques étaient pires que les effets physiques, parce que c'était une torture systématique qui n'aurait ni fin ni remède tant qu'il y aurait du sable sur cette plage.
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On sait que depuis plusieurs semaines Oriol avait des éclats de grenade dans une fesse, et que sa blessure, soignée à la va-vite par un médecin au milieu du champ de bataille, était à mi-chemin entre la putréfaction galopante et la gangrène, état propice à la fièvre permanente et au délire, et bien peu adapté à un bombardement : c'était presque le comble du malheur, car la guerre était perdue et Oriol ne désirait plus que passer en France pour se mettre à l'abri des représailles de l'armée franquiste qui les bombardait du ciel et qui sur terre était sur leurs talons. Le plus facile pour lui aurait peut-être été de s'accrocher à sa première pensée, de reconnaître que ses chances de survivre étaient minces, et tout simplement de se rendre, de s'abandonner, de cesser de se consumer devant un avenir bref et pauvre, un avenir qui n'irait probablement pas au-delà de la bombe suivante, et de toute façon, acculé comme il l'était par les explosions et l'embrasement colérique, se faire des illusions était inutile et inopportun. On sait qu'Oriol, voyant la guerre perdue, avait laissé sa femme à Barcelone et que, cherchant à quitter l'Espagne, il avait erré de-ci de-là avec son frère jusqu'au moment où, sa blessure le faisant de plus en plus souffrir, il avait accepté d'être interné dans ce baraquement où il récupérait avec quatre-vingt-quinze autres soldats républicains, prostrés sur des lits semblables au sien, ou à même le sol, affligés de blessures et d'infirmités diverses, certains amputés d'un membre, manchots, boiteux, borgnes, désastreux bataillon de soldats grièvement blessés et moribonds. On sait que ces soldats n'avaient presque pas de médicaments, que personne n'aurait la moindre commisération pour eux, et on sait aussi qu'il y avait un médecin qui faisait ce qu'il pouvait et qui, dès le premier bombardement, après ces râles de lumière qui grimpaient le long des murs et plongeaient les soldats dans le désespoir, leur avait promis qu'un car viendrait les chercher pour les emmener dans un hôpital en France, où ils seraient à l'abri des représailles et pourraient guérir grâce à une équipe de médecins à la hauteur de leur malheur, un peloton blanc, soigné et souriant qui, vu de cette clinique improvisée et infecte, ressemblait à une hallucination.
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Jordi Soler est la troisième génération, il raconte son enfance, un véritable cauchemar (à mon avis). Je me demande pourquoi trois générations ont accepté cette vie. Je le saurai peut-être mieux en avançant dans le livre.
PS Et ce que vous lirez là n'est pas le pire... Disons que c'est le plus "recopiable". Bonne lecture !

A chaque déplacement dans la maison on ne pouvait manquer de tomber sur un spécimen qui aurait fait bondir de plaisir un entomologiste. Les "marimbolas" planaient dans les couloirs, maîtresses d'un vol lourd et antique, un vol de biplan, en disputant l'espace aérien aux guêpes savetières, aux sauterelles, aux moustiques, aux "amoyotes" et aux "azayacates", les trois derniers étant aussi solitaires que la "marimbola", mais beaucoup plus rapides, ils se déplaçaient à la vitesse du "chaquiste", qui contrairement à eux apparaissait en nuées d'une cinquantaine d'individus si petits qu'ils parvenaient à traverser la trame des vêtements et à provoquer des éruptions cutanées sur tout le corps d'une personne vêtue de pied en cap. Joan et moi étions continuellement piqués par les trois variétés de moustiques ; chaque soir, avant de nous coucher, Laia et ma grand-mère nous frottaient de la tête aux pieds avec une mixture pestilentielle. Vers la fin de l'après-midi, quand le soleil baissait, pénétraient dans l'espace aérien les bestioles volantes attirées par la lumière électrique, on allumait les cigares et chaque habitant de la maison commençait à se défendre contre ces insectes en s'enveloppant d'un épais nuage. Il y avait aussi d'énormes papillons noirs qui se confondaient avec la rugosité d'un meuble ou une tâche d'humidité sur le tapis, jusqu'à ce que quelqu'un passe trop près et les effraye ; alors ils s'envolaient, contrariés et le sens de l'orientation perdu, en laissant une traînée noire chaque fois qu'ils heurtaient avec leurs ailes un obstacle qui interférait avec leur plan de navigation. Volaient aussi autour de la lampe électrique mites, scarabées, sauterelles, "catarinas" et "capamochas", et, à l'occasion, cela dépendant de la densité de l'évaporation dans la forêt, pyrophores, licornes et cigales, bien que ces dernières... fussent plus attirées par la séduction du projecteur de diapositives. Les licornes étaient des scarabées noirs, gauches et bruyants, trois fois plus grands que les "mayates", qui plus qu'elles ne volaient rebondissaient d'une surface à l'autre, possédaient une corne au milieu du front, ou du moins à l'endroit où, si on se fie à l'anatomie d'un mammifère, devrait se situer leur front, six pattes velues et une bave qui abîmait vos vêtements chaque fois qu'elle vous tombait dessus.
Au sol se déroulait une autre scène, où se croisaient des cafards, des "cuatapalcates", des "atepocates" et des petits lézards. Selon le climat, d'autres espèces s'y ajoutaient, les nuits de pluie entraient des crapauds barytons et des grenouilles à queue, les nuits sèches apparaissaient des scorpions noirs et une créature monstrueuse, de la taille d'une figue, connue sous le nom de visage d'enfant. Ce monstre marchait avec la lenteur de qui sait que l'écrabouiller est un luxe prohibitif, car l'éclatement de ses viscères laisse une tâche indélébile sur le parquet. La face de cette bestiole est un cauchemar : un lobule ambré et translucide troué de deux points noirs, ses petits yeux. Certaines nuits nous étions réveillés par le bruit de ses pas sur le plancher du couloir et nous criions de désespoir quand, dans le noir, nous l'entendions entrer dans notre chambre.
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