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3.47/5 (sur 122 notes)

Nationalité : Mexique
Né(e) à : Mexico , le 10/07/1968
Biographie :

Jorge Volpi est l'auteur mexicain de plusieurs essais et romans, parmi lesquels À la recherche de Klingsor et Le Temps des cendres, lauréat du prestigieux prix espagnol Biblioteca Breve et Prix Mazatlan 2009 du Meilleur écrivain mexicain.

Il a étudié le Droit et les Lettres à l'université UNAM de Mexico et est docteur en philologie hispanique de l'université de Salamanque.
Auteur incontournable au Mexique, où il a fondé avec d'autres écrivains le mouvement du Crack, groupe dont le manifeste rejette la facilité des best-sellers et revendique une littérature mexicaine critique et réflexive, Jorge Volpi sait réunir dans ses romans la grande Histoire et les conflits les plus intimes.
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Prix Plural de ensayo en 1991


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Source : /www.ameriquelatine.msh-paris.fr
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Bibliographie de Jorge Volpi Escalante   (12)Voir plus


Entretien avec Jorge Volpi pour la publication de Un roman mexicain, prix Alfaguara 2018 qui revient sur le cas Florence Cassez, accusée d`enlèvement dans le cadre d`une affaire qui remua les gouvernements mexicains et français en 2005.



Entretien réalisé par Lucía Moscoso Rivera en avril 2018 pour la version hispanophone de Babelio et traduit par Pierre Fremaux

Dans la majorité de vos oeuvres vous mélangez le genre historique et la fiction, qu`est-ce qui vous pousse à aller vers ce que vous-même appelez un roman sans fiction ?

C`est que j`aime faire des tentatives sur des formes différentes, éviter de me répéter. Après plusieurs livres qui relevaient de l`histoire et de la fiction, j`ai écrit une série de nouvelles dans lesquelles je souhaitais casser les frontières entre la poésie et la prose, des nouvelles écrites en vers, et par la suite vinrent deux livres de non-fiction, le précédent : Examen de mi padre, et un essai et un livre de mémoire en même temps. Ensuite j`ai voulu écrire un roman sans fiction et ce sujet m`est venu très naturellement.


Pouvez-vous revenir un peu sur la notion de roman sans fiction ?

Il s`agit de romans qui se construisent à partir de faits réels. On pourrait remettre en question la terminologie, car il n`existe peut-être aucun roman sans fiction, mais cela signifie que l`auteur revient sur le genre romanesque et utilise ses propres matériaux pour raconter une histoire vraie. Il est peut-être inévitable d`inclure des éléments de fiction, mais l`objectif est différent, il s`agit de raconter un fait réel sous une forme littéraire.


Combien de temps vous a pris l`enquête et quel fut le processus de construction de ce roman ?

Le vrai déclencheur fut la lecture du livre de la journaliste belge Emmanuelle Steels, Teatro del engaño (non traduit en français). J`ai été séduit par le sujet et par la possibilité de raconter cette histoire d`une façon plus ample. J`ai été mis en contact avec la famille d`Israel Vallarta (l`ex-compagnon de Florence Cassez), et à partir de là la première partie du travail fut la lecture du dossier. Il s`agit d`un travail d`investigation et d`écriture, je repassais et transcrivais dans la foulée les fragments du document qui me paraissaient importants. Par la suite, j`ai commencé à conduire des entretiens, dont les notes ont constitué la base du livre. J`ai lu les enquêtes journalistiques et tout ce que j`ai pu trouver dans la presse, et c`est ainsi que s`est bâti un livre qui a d`abord pris la forme d`un roman de 800 pages.


Comment cette première version est-elle devenue le livre de 500 pages que nous pouvons lire aujourd`hui ?

La première version portait un autre nom, elle s`intitulait Une autre vérité que la nôtre. Je l`ai soumise à la lecture d`amis de confiance et avec lesquels je partage mes écrits. Et tous m`ont dit qu`il était illisible. À ce moment j`ai su que je devais changer la structure, je l`ai réécrit totalement y il est devenu ce qu`il est aujourd`hui.


Dans ce genre de roman, vous mettez le lecteur face à une réalité sans voile ni point de vue. Cela fait partie d`une fonction sociale de la littérature ? L`écrivain a-t-il pour responsabilité de traiter les sujets publics et politiques de son pays ?

Il y eut des périodes de l`histoire, je pense aux années soixante ou soixante-dix, au cours desquelles il était quasiment obligatoire d`avoir un engagement social, de changer la réalité à travers la littérature. Ce fut très néfaste à de nombreux égards. Désormais c`est simplement une possibilité de plus de la littérature et c`est aussi valable que d`écrire des histoires de fiction sans rapport avec le réel. L`écrivain a la possibilité, sans obligation, d`assumer cette responsabilité, chaque écrivain choisit. J`ai décidé de le faire dans ce livre, c`est la première fois que je le fais dans un roman, mais en même temps je peux très bien écrire un roman qui n`ait rien à voir avec la réalité ni avec le Mexique.


Ce roman naît d`une fiction, d`un montage. Il y a beaucoup de fiction et de mensonges. Quelle situation ou quel personnage de cette histoire vraie serait à vos yeux le plus fictif ou invraisemblable ?

Le plus invraisemblable, c`est, je crois, la version de la police sur cet évènement. Ce sont des mensonges auxquels il est impossible de croire. Pensons simplement au début de l`affaire telle que la raconte la police : à quatre heures du matin, Florence et Israel sortent en camionnette en direction vers le centre-ville laissant trois otages dans la maison où ils résident, sans surveillance. Il n`y a qu`une heure de la journée pendant laquelle rien ne se passe, c`est entre trois et quatre heures du matin. Pourquoi sont-ils sortis à cette heure-là et comment peuvent-ils laisser trois otages sans surveillance ?


Pourquoi avoir postulé avec ce roman au prix Alfaguara ?

J`ai pensé avant tout à la visibilité que pourrait avoir le livre avec ce prix et à la possibilité d`avoir davantage de lecteurs, en particulier en Amérique latine, vu que les livres circulent très peu d`un pays à l`autre sur notre continent. Si le livre n`avait été publié qu`au Mexique, au-delà du scandale, il n`aurait pas franchi les frontières.


En choisissant de ne pas avoir de point de vue et d`être un narrateur qui se cantonne à des spéculations en cas d`information insuffisante, quel effet escomptez-vous à la lecture du livre ?

Je crois en un lecteur intelligent, capable de tirer ses propres conclusions. Voilà l`objectif que je recherche en écrivant un roman ainsi.


Vous vous êtes rapproché des personnages, Florence et Israel, comme Truman Capote dans de Sang Froid. Avez-vous eu de l`empathie envers eux ? Comment cela a-t-il influencé la construction du roman ?

Il y a une empathie naturelle lorsque l`on voit quantité d`injustices et quand on vit avec ces personnages qui sont aussi des personnes. Avec Israel c`est difficile, car je le vois en prison, dans un parloir réduit, après avoir passé huit contrôles, on a quarante minutes et ils te sortent. Bien sûr c`est intéressant de parler avec lui, mais il est aussi difficile d`avoir trop de proximité. En revanche j`ai vu sa soeur des dizaines de fois. Avec elle et une partie de sa famille, j`ai créé beaucoup plus d`empathie. Néanmoins dans le livre, je ne voulais pas que cette empathie ressorte, mais au contraire que le lecteur ait la version la plus neutre possible, même si comme le dit Roland Barthes “aucun texte n`est innocent”. le point de vue de l`auteur va toujours filtrer, mais au moins en connaissance de cause, en faisant en sorte qu`il ne soit pas là de façon trop marquée.


Croyez-vous que la publication d`Un roman mexicain puisse avoir une influence sur le cas Israel Vallarta ?

La publication du roman a déjà eu un premier effet : l`avocat de Florence Cassez, avec une équipe d`avocats conseille désormais Israel et va présenter ses conclusions. J`espère, indépendamment du fait que l`on croie Florence et Israel coupables ou innocents, que la procédure sera suivie. Il ne peut pas y avoir deux types de justice et si Florence est libérée pour tous ces énormes vices de procédure, Israel devrait être libre également.


Vous avez déclaré à plusieurs reprises être à la recherche de la vérité. Pourquoi le faire à travers de la littérature ?

Je crois que la littérature et le journalisme recherchent des choses très similaires : certaines vérités. La littérature le fait en cherchant la vérité à travers des mensonges et la “non-fiction” le fait en cherchant la réalité à travers la réalité même. Le problème est que, dans un cas comme celui-ci, la vérité a été tellement séquestrée et occultée par ceux qui étaient chargés de la rechercher, que nous ne la connaitrons peut-être jamais totalement.


Jorge Volpi et ses lectures


Quel livre vous a poussé à écrire ?

Quand j`ai commencé à écrire, j`ai été encouragé par un ami, Eloy Urroz. C`est lui qui m`a poussé à lire les auteurs mexicains. Je n`avais rien lu de littérature mexicaine et j`ai lu Juan Rulfo, Octavio Paz, Carlos Fuentes. C`est ce qui m`a lancé dans l`écriture.


Quel auteur vous donnerait envie d`arrêter d`écrire ?

Au contraire, quand j`ai lu Docteur Faust de Thomas Mann, je me suis dit que c`était le roman que j`aurais souhaité écrire. Je ne l`ai pas écrit et je dis cela avec un léger sentiment de frustration.


Quelle fut votre première découverte littéraire ?

Le premier livre de littérature que j`ai lu par plaisir, vu que mon père nous parlait toujours de livres et nous disait à mon frère et moi que lire, sans que nous y prêtions attention, ce furent les contes d`Edgar Allan Poe.


Que livre relisez-vous fréquemment ?

À la différence d`autres écrivains, je ne relis presque pas, sauf pour le travail. Quand j`aime un auteur, je préfère lire ses autres livres plutôt que relire un livre qui m`aurait plu.


Quel livre avez-vous honte de ne pas avoir lu ?

Il y en a plusieurs. Par exemple, l`auteur favori de mon père était Victor Hugo et il nous répétait sans cesse que nous devions lire son livre favori de cet auteur : L`homme qui rit, que je n`ai pas lu à ce jour.


Quelle est la perle littéraire que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Il y a quelques auteurs récents que j`ai découverts et que j`apprécie beaucoup : Cancion de tumba de Julian Herbert est pour moi une perle, Trabajos del reino de Yuri Herrera, Temporada de Huracanes de Fernanda Melchor, El animal bajo la piedra de Daniala Tarazona, entre autres.


Quel est le classique de la littérature qui vous semble surévalué ?

Je crois également qu`il y en a plusieurs. Jean-Jacques Rousseau par exemple me semble insupportable.


Avez-vous une citation fétiche de la littérature ?

Celle que je répète le plus souvent depuis l`enfance, sans être très original c`est une phrase de Térence “Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m`est étranger”.


Que lisez-vous en ce moment ?

Un livre fantastique qui n`est pas encore arrivé en Amérique Latine, mais qui devrait : Ordesa de Manuel Vilas.


Retrouvez l`entretien original en langue espagnole. Découvrez Un roman mexicain de Jorge Volpi aux Editions du Seuil :


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UN FESTIVAL PROJETÉ ENTRE LES GOUTTES Dans les conditions sanitaires que l'on sait, ce rendez-vous culturel et annuel latino a eu lieu, malgré des jauges réduites et des réalisateurs parfois retenus au pays. Le cinéma documentaire et de fiction, la littérature d'Amérique latine y ont néanmoins trouvé leur compte, comme depuis près de trois décennies. Et le terme d'"aficionado" convient parfaitement à un public exigeant, souvent hispanophone et marqué par les liens historiques et diasporiques qui unissent le pays basque et l'Amérique latine, notamment l'Argentine, l'Uruguay, la Colombie ou le Chili. Antoine Sebire, dans cette rencontre, évoque les contraintes de la 29ème édition; revient sur une volonté de séduire des publics jeunes et de les sensibiliser au cinéma d'auteurs. Il souligne également les caractères des sélections 2020 : indépendance, façon "ludique" de filmer, luminosité des regards, petits budgets qui limitent l'impact de la crise traversée. On notera que les jurys biarrots n'ont pas de président. Manière démocratique qui singularise également la qualité de ce festival. Ph. L Bonus : Jorge Volpi : un “grantécrivain” latino-américain et une dénonciation sans concession du roman mexicain… https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/mot-a-mot/jorge-volpi-%f0%9f%93%9a-un-grand-ecrivain-latino-americain-et-une-denonciation-sans-concession-du-roman-mexicain/ LES RENCONTRES de Philippe Lefait au « festival biarritz Amérique latine » https://desmotsdeminuit.francetvinfo.fr/category/festival-biarritz-amerique-latine-cinemas-cultures/

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Jorge Volpi Escalante
À la longue, aucun mur n'a pu empêcher ceux qui se trouvaient d'un côté de passer de l'autre, et chaque mur a toujours été un prétexte idéal pour une infinité d'assassinats, de violations des Droits de l'Homme, d'avanies et de déportations.

Au sujet du décret signé par Trump
Bibliobs le 2 février 2017
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Jorge Volpi Escalante
Se salir les mains en les plongeant dans la réalité.
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" Florence (Cassez) fut triplement discriminée : pour être une étrangère, pour parler Français et pour être une femme. "

“ Florence fue triplemente discriminada : por ser extranjera, por hablar francés y por ser mujer. ”

― Jorge Volpi, "Una novela criminal".
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Mon catholique de père ne m'a jamais emmené à la messe, peut-être parce qu'il n'admettait pas la concurrence ; il était le seul détenteur de la vérité.
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Pourquoi tous les hommes sont-ils faibles? Pour la simple raison qu'ils ne connaissent pas l'avenir. Nous vivons dans un présent éternel, obsédés par le besoin de démêler nos lendemains. Nous sommes tous des pauvres hères piochant dans l'incertain. Et que faisons-nous pour nous cacher notre faiblesse? Nous inventons, nous imaginons, nous créons. Nous nous raccrochons à l'idée que nous avons été précipités au sein d'un océan d'incertitudes dans le but, soigneusement conçu par un esprit pervers, d'éclaircir pour le moins quelques uns de ces doutes.
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Une équipe de psychologues médico légaux s'entretient avec Florence et Israel afin de cerner leur personnalité et d'en établir la criminalité potentielle. Les résultats de l'examen de Florence réalisé le mars indiquent: " Elle est en contact et en relation avec des personnes aux conduites para et/ou antisociales, ce qui permet d'envisager une contamination endogène élevée; en groupe, elle assume le rôle de leader, cherche à se distinguer par le profit et le calcul matériel, c'est une personne égocentrique et autoritaire, qui toutefois dans les relations de couple se montre soumise et dépendante. Elle utilise la manipulation et la feinte comme mécanismes de défense".
p. 196
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Nul ne peut savoir s'il est fou ou sain d'esprit du simple fait qu'il ne dispose pas d'un système de référence extérieur à sa propre intelligence. Le fou n'a d'autre moyen de se contrôler que la logique de sa folie, et le génie d'autre moyen que la logique de sa génialité.
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Toutes les amours se dégradent, toutes. Le temps les ronge comme un acide. Ton visage devient anodin et pour finir détestable. Certains s'habituent à cette horreur quotidienne, et leur bonheur est de la nier. D'autres, dont je fais partie, fuient au premier signe qui l'annonce.
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Pour l'attribution des fonds, tout projet devait être approuvé par le conseiller scientifique du Fürher. Je n'ai jamais pu savoir de qui il s'agissait, mais le bruit courait que c'était quelqu'un de très connu. Une éminence grise qui inspirait le respect à la communauté scientifique sous le nom de code de Klingson.(...) Personne ne fit plus allusion à l'homme de science qui approuvait les projets scientifiques du Reich. Nul ne parla plus de Klingsor. Göring n'en fit jamais mention et Von Sievers lui-même quand on l'interrogea de nouveau, nia avoir jamais prononcé ce nom.
Cette allusion fortuite était tout ce que Bacon possédait pour travailler.
Le lieutenant ferma brusquement le dossier.
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Pourquoi tous les hommes sont-ils faibles? Pour la simple raison qu'ils ne connaissent pas l'avenir. Nous vivons dans un présent éternel, obsédés par le besoin de démêler nos lendemains. Nous sommes tous de pauvres hères piochant dans l'incertain.
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