Celui qui avait reçu tant d’honneurs et pour qui la ville s’était mise sans dessus-dessous, n’était qu’un pauvre va-nu-pieds de mendiant qui parcourait les rues encore quelques jours auparavant, objet d’horreur pour ceux qui ne le connaissaient pas, par sa saleté et sa mendicité.
Il y a de tout dans les légions du ciel. Lui devait y être un humble soldat — un solitaire — un vagabond, un pauvre — un pauvre plus dénué et plus pauvre que Saint François d’Assise lui-même, le père de la pauvreté ; car Saint François a fondé un Ordre qui est sa gloire et sa richesse, tandis que Labre devait être uniquement le pauvre dans toute l’abjection de la pauvreté et son néant.
Ce qui vous empêche d’être ce que vous êtes, c’est précisément votre avoir. Ce sont vos richesses qui vous éloignent de la pratique de la pauvreté qui devrait être pour vous une vertu essentielle, un devoir de solidarité et de charité universelle, pour réaliser une véritable fraternité humaine et spirituelle.
Pour flageller l’orgueil et la prostitution d’une époque immonde, le ciel envoya ce sublime vagabond qui promènera à travers la France et l’Italie sa surhumaine pénitence.