Citations de Jules Verne (2105)
Les Anglais, on le voit, au début de leur conquête appelèrent le meurtre en aide à la colonisation. Leurs cruautés furent atroces. Ils se conduisirent en Australie comme aux Indes où cinq millions d'Indiens ont disparu; comme au Cap où une population d'un million d'Hottentots est tombée à cent mille. Aussi la population aborigène, décimée par les mauvais traitements et l'ivrognerie, tend-elle à disparaître du continent devant une civilisation homicide...
Les meurtres s'organisèrent sur une vaste échelle et des tribus entières disparurent. Pour ne citer que l’Île de Van Diemen, qui comptait cinq mille indigènes au commencement du siècle, ses habitants, en 1863, étaient réduits à sept ! Et dernièrement, le Mercure a pu signaler l'arrivée à Hobart-Town du dernier des Tasmaniens.
Jamais le regard de l'un n'eût consenti à se baisser devant le regard de l'autre.
L'être humain se plaît à ces conceptions grandioses d'êtres surnaturels.
Tous restaient immobiles, enveloppés de leurs couvertures de voyage, quelques-uns se ranimant de temps à autre avec le gin ou le whisky de leur bouteille, ce qu'ils appellent "se vêtir à l'intérieur".
Permettez-moi de vous présenter mon ennemi intime...
"la banquise" me dit Ned land
Enfin, Michel s traîna vers l'autre extrémité du cimetière [...] là où Balzac sortant de son linceul de pierre, attendait encore sa statue, où Delavigne, où Souvestre, où Bérat, où Plouvier, Banville, Gautier, Saint-Victor, et cent autres n'étaient plus, même de nom.
Ce personnage, répondit le docteur, c'est le célèbre Cokburn de Rochester, le statisticien universel, qui a tout pesé, tout mesuré, tout dosé, tout compté. Interrogez ce maniaque inoffensif. Il vous dira ce qu'un homme de cinquante ans a mangé de pain dans sa vie, le nombre de mètres cubes d'air qu'il a respirés. Il vous dira combien de volumes in-quarto rempliraient les paroles d'un avocat de Temple Bar, et combien de miles fait journellement un facteur, rien qu'en portant des lettres d'amour. Il vous dira le chiffre des veuves qui passent en une heure sur le pont de Londres, et quelle serait la hauteur d'une pyramide bâtie avec les sandwiches consommés en un an par les citoyens de l'Union. Il vous dira... (p.41)
Mrs. Weldon, la vieille Nan, Tom et ses
compagnons, tous avaient les yeux fixés sur le
jeune novice. Negoro lui-même le regardait avec
une insistance singulière. Évidemment, ce
qu’allait répondre Dick Sand l’intéressait tout
particulièrement.
La pension Chairman à Auckland. – Grands et
petits. – Vacances en mer. – Le schooner Sloughi. – La
nuit du 15 février. – En dérive. – Abordage. – Tempête.
– Enquête à Auckland. – Ce qui reste du schooner.
À cette époque, la pension Chairman était l’une des
plus estimées de la ville d’Auckland, capitale de la
Nouvelle-Zélande, importante colonie anglaise du
Pacifique. On y comptait une centaine d’élèves,
appartenant aux meilleures familles du pays. Les
Maoris, qui sont les indigènes de cet archipel,
n’auraient pu y faire admettre leurs enfants pour
lesquels, d’ailleurs, d’autres écoles étaient réservées. Il
n’y avait à la pension Chairman que de jeunes Anglais,
Français, Américains, Allemands, fils des propriétaires,
rentiers, négociants ou fonctionnaires du pays. Ils y
recevaient une éducation très complète, identique à
celle qui est donnée dans les établissements similaires
du Royaume-Uni.
« Il faut pourtant convenir que la vie a du
bon ! s’écria l’un des convives, accoudé sur le
bras de son siège à dossier de marbre, en
grignotant une racine de nénuphar au sucre.
– Et du mauvais aussi ! répondit, entre deux
quintes de toux, un autre, que le piquant d’un
délicat aileron de requin avait failli étrangler !
– Soyons philosophes ! dit alors un
personnage plus âgé, dont le nez supportait une
énorme paire de lunettes à larges verres, montées
sur tiges de bois. Aujourd’hui, on risque de
s’étrangler, et demain tout passe comme passent
les suaves gorgées de ce nectar ! C’est la vie,
après tout ! »
- Eh bien, dit John Cort, croirez-vous maintenant, mon cher Max, que ces pauvres êtres se rattachent à l'humanité ?...
- Oui, John, puisqu'ils ont, de même que l'homme, le sourire et les larmes !
Aux schistes succédèrent les gneiss, d’une structure stratiforme, remarquables par la régularité et le parallélisme de leurs feuillets, puis les micaschistes disposés en grandes lamelles rehaussées à l’œil par les scintillations du mica blanc.
La lumière des appareils, répercutée par les petites facettes de la masse rocheuse, croisait ses jets de feu sous tous les angles, et je m’imaginais voyager à travers un diamant creux, dans lequel les rayons se brisaient en mille éblouissements.
Vers six heures, cette fête de la lumière vint à diminuer sensiblement, presque à cesser ; les parois prirent une teinte cristallisée, mais sombre ; le mica se mélangea plus intimement au feldspath et au quartz, pour former la roche par excellence, la pierre dure entre toutes, celle qui supporte, sans en être écrasée, les quatre étages de terrains du globe. Nous étions murés dans l’immense prison de granit.
Le fils d'un rajah qui se déplace ne se déplace pas seul, il s'en faut ! S'il est des gens que je n'envie pas, ce sont bien ceux qui ne peuvent remuer une jambe ni faire un pas, sans mettre aussitôt en mouvement quelques centaines d'hommes ! Mieux vaut être simple piéton, sac au dos, bâton à la main, fusil à l'épaule, que prince voyageant dans les Indes, avec tout le cérémonial que son rang lui impose.
- Ce n'est pas un homme qui va d'une ville à l'autre, me dit Banks, c'est une bourgade tout entière qui modifie ses coordonnées géographiques !
Le coup d'éclat du "Vive le Québec libre" du général de Gaulle en 1967 avait eu un précurseur en 1889 grâce à...Jules Verne !
L'obus lancé vers la lune, le voyage au centre de la terre ont fait oublier que leur inventeur fut dans ses livres l'ardent défenseur de toutes les minorités opprimées. Conçu comme un roman d'aventures mystérieuses, dans le cadre de "l'insurrection franco-canadienne" de 1837, "Famille sans nom" est un vigoureux pamphlet lyrique en faveur du Québec libre. Fidèle à l'ombre intransigeante du capitaine Némo, le jeune et farouche Jean Sans-Nom compense la défaite par une mort wagnérienne : il s'engloutit avec son bateau incendié par les anglais, dans les chutes du Niagara.
Fin sublime et roman admirable, boudés par les familles en 1889.
Jules Verne visionnaire scientifique : oui, visionnaire politique : non !
Ce livre choquant, plein d'appels à la révolte contre l'ordre, au nom de la justice, est aujourd'hui d'une brûlante actualité.
(quatrième de couverture du volume paru dans la collection "10/18" en 1978)
Cependant, ce jour là, 18 mai 1867, peut-être eût-on remarqué, au milieu de ces nomades, deux personnages un peu mieux vêtus. Qu'ils dussent jamais être embarrassés de florins ou de kreuzers, c'était peu probable, à moins que la chance ne tournât en leur faveur. Ils étaient gens, il est vrai à tout faire pour lui imprimer un tour favorable.
L'un s'appelait Sarcany et se disait tripolitain. L'autre, sicilien, se nommait Zitrone. Tous deux, après l'avoir parcouru pour la dixième fois, venaient de s'arrêter à l'extrémité du môle.
De là, ils regardaient l'horizon de mer, à l'ouest du golf de Trieste, comme s'il eût dû apparaître au large un navire qui portait leur fortune !
(extrait de l'édition de poche paru en 1967)
Quant à voir la ville, il n’y pensait même pas, étant de cette race d’Anglais qui font visiter par leur domestique les pays qu’ils traversent.
Passepartout, réveillé, regardait, et ne pouvait croire qu'il traversait le pays des indous dans un train du Great Peninsular Railway. Cela lui paraissait invraisemblable. Et cependant rien de plus réel! La locomotive, dirigée par le bras d'un mécanicien anglais et chauffée de houille anglaise, lançait sa fumée sur les plantations de cotonniers, de caféiers, de muscadiers, de girofliers, de poivriers rouges. La vapeur se contournait en spirales autour des groupes de palmiers, entre lesquels apparaissaient de pittoresques bungalows, quelques viharis, sortes de monastères abandonnés, et des temples merveilleux qu'enrichissait l'inépuisable ornementation de l'architecture indienne. Puis, d'immenses étendues de terrain se dessinaient à perte de vue, des jungles où ne manquaient ni les serpents ni les tigres qu'épouvantaient les hennissements du train, et enfin, les forêts, fendues par le tracé de la voie, encore hantées d'éléphants, qui, d'un oeil pensif, regardaient passer le convoi échevelé.
« Ni toi ni personne ne sait d’une façon certaine ce qui se passe à l’intérieur du globe, attendu qu’on connaît à peine la douze-millième partie de son rayon. » (p. 48)
[...] Cette journée parut interminable au lieutenant Hobson. Il retourna plusieurs fois au sommet du cap Bathurst, seul ou accompagné de Mrs. Paulina Barnett. La voyageuse, âme vigoureusement trempée, ne s'effrayait aucunement. L'avenir ne lui paraissait pas redoutable. Elle plaisanta même en disant à Jasper Hobson que cette île errante, qui les portait alors, était peut-être le vrai véhicule pour aller au Pôle Nord ! Avec un courant favorable, pourquoi n'atteindrait-on pas cet inaccessible point du globe ? [...]