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Citations de Julia Kristeva (153)


Julia Kristeva
Un des résultats du féminisme, a été de rendre difficile, voire impossible la relation avec les hommes.
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Pour revenir à la singularité de l'expérience, qui ne peut atteindre, bien sûr, qu'un individu dans une famille, ce cas va être exceptionnel, il va se taire, il va apprendre la ruse, parce qu'il se sentira en exil en ce monde, ce sera un être métaphysique, un étranger. Après quoi, des étrangers singuliers se rencontrent, ont des choses à se raconter depuis leur propre singularité et ils continuent à se parler sous la forme d'un mariage qui ne ressemble à aucun autre. (p.74)
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Les déboires que rencontrera nécessairement l'étranger - il est une bouche en trop, une parole incompréhensible, un comportement non conforme - le blessent violemment, mais par éclairs. Ils le blanchissent imperceptiblement, le rendent lisse et dur comme un caillou, toujours prêt à poursuivre sa course infinie, plus loin, ailleurs.
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Peut-être pourrions-nous dire que, si la Renaissance a substitué au culte du Dieu médiéval celui de l'Homme avec une majuscule, notre époque amène une révolution non moins importante en effaçant tout culte, puisqu'elle remplace le dernier, celui de l'Homme, par un système accessible à l'analyse scientifique: le langage.(10)
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« Écrire sur la mélancolie n'aurait de sens, pour ceux que la mélancolie ravage, que si l'écrit venait de la mélancolie. J'essaie de vous parler d'un gouffre de tristesse, douleur incommunicable qui nous absorbe parfois, et souvent durablement, jusqu'à nous faire perdre le goût de toute parole, de tout acte, le goût même de la vie. Ce désespoir n'est pas un dégoût qui supposerait que je sois capable de désir et de création, négatifs certes, mais existants. Dans la dépression, si mon existence est prête à basculer, son non-sens n'est pas tragique : il m'apparaît évident, éclatant et inéluctable.
(...)
La liste est infinie des malheurs qui nous accablent tous les jours... Tout ceci me donne brusquement une autre vie. Une vie invivable, chargée de peines quotidiennes, de larmes avalées ou versées, de désespoir sans partage, parfois brûlant, parfois incolore et vide. Une existence dévitalisée, en somme, qui, quoique parfois exaltée par l'effort que je fais pour la continuer, est prête à basculer à chaque instant dans la mort. Mort vengeance ou mort délivrance, elle est désormais le seuil interne de mon accablement, le sens impossible de cette vie dont le fardeau me paraît à chaque instant intenable, hormis les moments où je me mobilise pour faire face au désastre. Je vis une mort vivante, chair coupée, saignante, cadavérisée, rythme ralenti ou suspendu, temps effacé ou boursoufflé, résorbé dans la peine... Absente du sens des autres, étrangère, accidentelle au bonheur naïf, je tiens de ma déprime une lucidité suprême, métaphysique. Aux frontières de la vie et de la mort, j'ai parfois le sentiment orgueilleux d'être le témoin du non-sens de l’Être, de révéler l'absurdité des liens et des êtres."

Julia KRISTEVA, Soleil Noir, incipit.
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Je ne me perds jamais dans les rues de Paris, je m'y dilate, leur labyrinthe hors temps est l'organe par lequel je jouis de mon exil.
Page 65
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L'homme est malheureux parce qu'il ne sait pas qu'il est heureux. Ça, c'est tout, tout! Celui qui réussit à le savoir, il devient heureux, tout de suite, à l'instant même. (D. IDÉE)
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Julia Kristeva
Dans l'Europe moderne sécularisée, la croyance est souvent perçue comme un archaïsme irrationnel qui n'a plus de sens. Une telle approche se nourrit des éléments qui, dans les religions, vont contre les libertés. Il est alors essentiel de rappeler l'universalité du besoin de croire.

(Le Monde des religions n° 100)
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Les jouisseuses, les séductrices qui s'enivrent de la chair d'un abricot comme de l'arum du sexe d'un amant ou des seins parfumés au lilas d'une maîtresse, n'ont pourtant pas déserté l'ère atomique. S'il n'est pas seulement de sinistre mémoire, ce XXe siècle le doit sans doute aussi au plaisir et à l'impudeur de femmes libres, telle que Colette a sur les dire avec la grâce insolente de l'insoumise qu'elle fut. La saveur des mots, rendue aux individus robotisés que nous sommes, est peut-être le plus beau cadeau qu'une écriture féminine puisse offrir à la langue maternelle.

Le Génie féminin
Introduction générale, p. 15
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Le temps ne s'éclipse pas, il se cumule et se maintient. Maintenant n'est pas ce hors-temps de l'inconscient, selon Freud, dans lequel, comme en rêve, la suite de événements ne refait pas l'histoire ni ne prédit l'avenir, mais révèle le désir qui veille. Il n'est pas non plus ce temps de la déprime qui, à force de désir gelé, ne passe pas, et où la parole s'étiole en silence, le corps se noie en larmes, la vie s'annule en suicide.
Page 87
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Comme Émilie [du Châtelet] le confiait à Voltaire, il est primordial de se convaincre que le bonheur n'est pas impossible en cette vie. Comment ? Mais par l'amour, mon brave ! Ne me dites pas que vous ne le connaissez pas !
Page 222
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Le son linguistique est produit par ce qu’on appelle improprement « les organes de la parole ». Comme le remarque Sapir, au fond, « il n’y a, à proprement parler, pas d’organes de la parole ; il y a seulement des organes qui sont fortuitement utiles à la production des sons du langage ». En effet, si certains organes tels les poumons, le larynx, le palais, le nez, la langue, les dents et les lèvres participent à l’articulation du langage, ils ne peuvent pas être considérés comme son instrument. Le langage n’est pas une fonction biologique comme la respiration, ou l’odorat, ou le goût, qui aurait son organe dans les poumons, le nez, la langue, etc. Le langage est une fonction de différenciation et de signification, c’est-à-dire une fonction sociale et non pas biologique, rendue pourtant possible par le fonctionnement biologique.
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Sa prise de contact avec les choses se faisait par tous les sens. Elle ne se contentait pas de les regarder, il fallait qu'elle les flairât, qu'elle les goûtât. Quand elle entrait dans un jardin inconnu, je lui disais : "Tu vas encore le manger !" et c'était extraordinaire de la voir se mettre à l'oeuvre. Elle y apportait de la hâte et de l'avidité. [...] Elle écartait les pétales des fleurs, les scrutait, les flairait longuement, elle froissait les feuilles, les mâchait, léchait des baies vénéneuses, des champignons mortels, réfléchissant intensément sur ce qu'elle avait senti, goûté. [...] Enfin, elle quittait le jardin, récupérait écharpe, chapeau, souliers, bas, chienne et mari l'un après l'autre abandonnés. Le nez et le front tachés de pollen jaune, les cheveux en désordre et piqués de brindilles, une bosse par-ci, une écorchure par-là, le visage dépoudré et le cou moite, la démarche titubante et le souffle court, elle était tout pareille à une bacchante après des libations.*

(* M. Goudeket, Près de Colette, p. 23.)

Chapitre VII - Hommes et femmes, purs et impurs, p. 338 - 339
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Lancée dans un combat acharné pour imposer sa liberté de femme et sa signature d'écrivain, et avant d'être couronnée par une réussite des plus académique, Colette impose dans les lettres françaises une sensualité qui défie le refoulement plus ou moins chaste des gens convenables, mais sans revendiquer pour autant un érotisme triomphal dans lequel vont s'illustrer ses consoeurs dites "libérées", ni, non plus, à l'opposé, une décence doloriste plus conventionnelle. Provocante, scandaleuse par l'audace de ses moeurs et de son parcours, cette femme attachante refuse de s'enfermer dans un quelconque militantisme et ne prêche aucune transgression. Elle parvient à donner à son expérience de liberté sans complexe le langage d'une profusion maîtrisée par une rhétorique classique, qui renvoie les lecteurs modernes à la sérénité du miracle grec. (p. 16 - 17)

Chapitre 1 - Pourquoi Colette ? Elle a inventé un alphabet
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Ph.S: (...)- Donc, deux enfances très singulières. Nous avons donc ici présents, l'un à côté de l'autre, deux enfants résolument réfractaires et impénitents qui ont largué leurs papiers, leur pays, au fond. (p.41)
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Chaque peuple possède sa propre idée du bien et du mal, son propre bien et son propre mal. Quand les notions du bien et du mal commencent à devenir communes chez de nombreux peuples, alors, les peuples dépérissent, et la distinction même entre le bien et le mal commence à s'effacer, à disparaître. Jamais la raison n'a été en état de définir le mal et le bien, ne serait-ce qu'approximativement; au contraire, elle les mélange toujours, d'une façon honteuse et pitoyable; la science, elle, elle n'a pu autoriser que la force. (D. Nation)
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étrangement, l'étranger nous habite: il est la face cachée de notre identité, l'espace qui ruine notre demeure, le temps où s'abîment l'entente et la sympathie.
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Le corps n'est pas vraiment "oublié" par Dostoïevski, comme il peut peut le laisser croire. Il est vrai que l'image du corps, portraits et détails physiques manquent souvent aux personnages essentiels de ses romans, à peine esquissés ou au contraire fortement silhouettés, qui se font submerger par la voix des idées.
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"Sido" [...]. Cette intellectuelle des champs n'en est pas moins un esprit libre et critique qui laisse à sa fille le soin de discerner son bonheur dans le fatras de la bibliothèque : "Que veux-tu ! débrouille-toi là-dedans, Minet-Chéri. Tu es assez intelligente pour garder pour toi ce que tu comprendras trop... Et peut- être n'y a-t-il pas de mauvais livre..."

Chapitre IV - Qui est Sido ? p. 196
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la meilleure manière de rencontrer autrui, c’est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux mais de nous hisser par-delà le sensible et le perceptible pour accéder à ce surplus de vie intérieure auquel le geste altruiste et sentimental donne accès…
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