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3.82/5 (sur 74 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1979
Biographie :

Julie Moulin est née en 1979 à Paris. Elle passe son enfance et son adolescence en banlieue parisienne avant de rejoindre Paris lors de ses études à Sciences-Po. Passionnée par la Russie et la langue russe qu’elle étudie depuis l’adolescence, elle effectue de nombreux séjours linguistiques et professionnels en Russie et surtout à Moscou. Après un passage à New York, elle s’installe dans l’Ain, près de la frontière suisse, où elle vit pendant 13 ans avec son mari et ses trois enfants.
Elle s'est par la suite expatriée à Singapour.
Jupe et Pantalon est son premier roman (2016).

Source : http://www.alma-editeur.fr
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Moscou, 2015

- Les étoiles rouges réinvestissent notre espace, continue Goharik, une symbolique de la puissance dont les Russes se régalent. Ils ont oublié qu'elles symbolisent la peur, la peur du pouvoir, la peur de dire ou d'écrire ce que l'on pense...On ne discute plus de la liberté, conclut- elle.Il n'y a plus de cuisines à Moscou, plus de tables de cuisine autour desquelles s'attabler et discuter des heures en se passant sous le coude des livres interdits.Tous ceux qui avaient de la place ont refait leur salon à l'occidentale, avec une cuisine à l'américaine. Maintenant, la politique est un sujet tabou qu'on évite d'aborder en famille.Ceux qui refusent l'ordre établi s'en vont.On se vide de notre sang, ajoute Goharik.

( p.222)
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Paris, avril 2015

Dans ma famille, on n'aime ni les Rouges ni le rose, seulement le bleu marine, alors même si l'URSS avait vécu, on se méfiait encore de ce pays qui avait scindé Berlin, l'Allemagne et l'Europe en deux. Maman à vingt et un ans s'était aventurée aux confins de l'Histoire pour apprendre le russe. Et n'en était pas revenue indemne.

(p. 51)
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Moscou, juillet 2015

...Il y avait cette bonne blague, encore de Papa : " De quelle nationalité étaient Adam et Ève ? Russes, bien sûr. Qui d'autre n'aurait rien à se mettre, mangerait une pomme pour deux et encore pourrait crier qu'il vit au Paradis ? "

( p.154)
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Moscou, février 1993

Elle est en Russie. Elle touche au but. Il faut juste attendre le retour des deux Russes.(...)
Elles aimeraient sans pouvoir s'y rendre, à Paris, arpenter les Champs- Élysées dans de meilleurs souliers. À défaut de pouvoir s'évader, elles usent et abusent du pouvoir tamponner; en Russie, il suffit parfois d'avoir de l'encre et un bon coup de main pour régner et posséder.

(p.22)
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Moscou, avril 1993

Au Bolchoï, ce soir là, on jouait " Boris Godounov".L'opéra de Moussorgski fait partie du répertoire classique tant russe que soviétique. C'est la version réorchestrée par Rimsky- Korsakov et mise en scène en 1948 qui est présentée une à deux fois par mois dans ce théâtre. (...)
Guillaume raconte combien cet opéra, quelle que soit l'époque, reflète l'essence de ce pays: un pouvoir autoritaire assénant sa violence sur un peuple exsangue et servile.Selon Guillaume, " Boris Godounov" n'a jamais été autant d'actualité. Les Russes sont encore un peuple en haillons à la merci d'une poignée de nouveaux riches, sauf que ces derniers, au contraire de Boris, ne sont pas assaillis par le remords.

( p.139)
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Je m'abandonne lâchement à ses bras, oubliant un instant le Domovoï, au profit de la chaleur humaine. Nous devrions prendre exemple sur Amma. Nous enlacer au moins une fois par jour. La peur du futur, de l'autre,des attentats, des 7 janvier, disparaîtrait comme par magie. On n'envisage pas assez le pouvoir d'une caresse.
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Il en est de nos vies personnelles comme de la mémoire collective : nous avons besoin pour grandir du passé et de ses traces.
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Moscou, février 1993
Quand elle arrive pour la première fois à Moscou, quand elle débarque à l’aéroport de Cheremetievo, la mère de Clarisse est encore très jeune. Elle a vingt et un ans. L’URSS s’est effondrée deux ans plus tôt. L’année de son bac, c’était le mur de Berlin qui tombait. La jeune femme entre dans la vie adulte sans aucun repère. Ce qu’elle a appris à l’école est déjà obsolète.
Elle tient serré dans le creux de sa main son passeport dont elle a fait plusieurs copies enfouies dans ses différents bagages. Elle piétine, une file interminable s’est formée au niveau du contrôle des papiers d’identité. Derrière elle, quelqu’un affirme que les étrangers se font parfois refouler. La plupart des passagers sont des Français, des hommes d’affaires attirés par le nouvel Eldorado russe. Il y a aussi quelques Russes issus de l’immigration, et encore cette classe de collégiens bruyants que la mère de Clarisse observe et dont elle est une version à peine plus âgée. Ils sont les premiers à présenter leurs passeports.
Elle porte une main à son ventre. Dans l’avion, elle n’a pas touché au plateau repas à cause d’une contracture à l’estomac, une crampe qu’accentuait un parfum écœurant d’aneth, cette odeur que plus tard elle sentira chaque fois qu’elle ouvrira un frigo à Moscou. Encore un spasme et ce battement violent dans la poitrine ; la mère de Clarisse sort de sa poche l’un des deux sacs à vomi qu’elle a subtilisés pendant le vol. Elle y glisse son billet d’avion.
On se rencogne dans les manteaux. Le bâtiment dans lequel elle a débouché à la descente de l’avion ne ressemble en rien à l’aéroport Charles-de-Gaulle, tout de verre et de blanc. Un antagonisme clair-obscur étonne les touristes occidentaux habitués aux réclames publicitaires et au sourire des hôtesses. Cheremetievo, c’est tout à fait autre chose : du gris, de l’espace vide, un monde austère. La mère de Clarisse tire sur les manches de son pull et enroule ses deux poings dedans, l’un agrippant fermement son passeport, l’autre la poche en papier. Un courant d’air glacial souffle sur la nuque des passagers.
Elle patiente au niveau de la rainure jaune qui délimite la zone de contrôle des passeports en tapant du pied. Elle porte des chaussures de randonnée, celles qu’elle a utilisées l’été dernier pour parcourir les Alpes. C’est à son tour d’avancer. Derrière une vitre en plexiglas sale, une femme en uniforme kaki la toise avec quelque chose de mort dans le regard.
— Anne Laforêt ?
Elle ne répond pas immédiatement. On la penserait sourde. Ou bien c’est la peur qui la paralyse. La femme en kaki répète ses nom et prénom en lui jetant maintenant un regard si glacial qu’on croirait qu’elle procède à un interrogatoire. C’est comme si la mère de Clarisse était coupable d’un délit. Aucun sourire, pas même une douceur dans le regard chez cette femme qui s’impatiente et toque du poing au plexiglas. Anne répond enfin : Da ; oui, Anne Laforêt, c’est bien elle.
La Russe la dévisage longuement tandis que de l’index elle tourne avec lenteur les pages du passeport. Enfin elle arrête son ennui sur la page du visa et y abaisse son regard. Puis elle ouvre la porte de sa cabine et en sort pour héler une collègue, qui introduit son corps massif dans le réduit. Elles examinent à deux le passeport. Le regard vert émeraude d’Anne se trouble. Les Russes quittent la cabine.
Leurs propos sont inaudibles, même à quelqu’un maîtrisant leur langue. À leurs mines, on peut seulement s’imaginer le pire. Une rumeur enfle derrière Anne. L’attention des passagers est maintenant tout entière dirigée vers l’incident ; on émet des commentaires divers, sans jamais s’adresser directement à la jeune Française. Anne attend. Elle est seule. Les Russes se sont éclipsées derrière une porte.
Attendre. Anne est restée des heures debout dans le vent et sous la pluie devant l’ambassade de Russie à Paris avant d’obtenir ce visa dont les gardes-frontières font à présent grand cas. À trois reprises, elle a piétiné dehors avec d’autres touristes. Elle était les deux premières fois accompagnée de sa mère. « Les Russes sont des malotrus de père en fils depuis que leur aristocratie s’est exilée en 17. Quelle idée, ce voyage ! » fulminait celle-ci tout en grelottant dans son étole de cachemire. Pour leur premier essai, les deux heures matinales dévolues à la délivrance des visas s’étaient écoulées le temps qu’elles fassent la queue ; on avait rabattu le rideau de fer du guichet sous leur nez. Lorsqu’elles se présentèrent aux grilles du bâtiment diplomatique pour la deuxième fois, ce fut donc dès l’aube. Elles parvinrent au guichet à temps mais essuyèrent un refus. Il manquait une police d’assurance. Anne pour finir revint sans sa mère, elle s’arma de patience et obtint son visa, sans savoir qu’en Russie attendre et faire la queue constituait le lot de tout un chacun, non pour voyager mais simplement pour se nourrir.
Elle est en Russie. Elle touche au but. Il faut juste attendre le retour des deux Russes. Les voici justement, assurées sur leurs chaussures de mauvaise confection, fortes de tenir en main le destin d’une passagère parisienne. Elles aimeraient sans doute pouvoir s’y rendre, à Paris, arpenter les Champs-Élysées dans de meilleurs souliers. À défaut de pouvoir s’évader, elles usent et abusent du pouvoir de tamponner ; en Russie, il suffit parfois d’avoir de l’encre et un bon coup de main pour régner et posséder.
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Que raconter à ceux qui n'ont pas vu les mêmes paysages, rencontré les mêmes gens, ni vécu les mêmes aventures? On ne comprend jamais qu'au prisme de sa propre expérience des sociétés humaines.
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Moscou, juin 1993

Anne vit dans un conte pour enfants dont " Baba Yaga " a déserté les pages, dans un monde parallèle loin de la réalité tumultueuse de la Russie du début des années 1990.Vivre en Russie quand on est une Occidentale, c'est comme jouer avec le feu un extincteur à portée de mains.Un défi sans risques.

( p.243)
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