Julien et Joanne Frey - Les sauvages
Dans la vraie vie, on n'embrasse pas son amour de jeunesse après avoir tué son mari.
Mais moi, ma culture s'est faite essentiellement avec le cinéma. C'est aux films que je pense. C'est peut-être pour ça que j'ai peur qu'ils disparaissent.
Je me souviens d'un prof à la fac qui disait que les réalisateurs avaient tous leur "truc", leur obsession. Le "faux coupable" pour Hitchcock, par exemple. Pour Luntz, c'était créer du lien, faire tomber les murs. Plus je vois ses films, plus je me dis qu'il aimait profondément les gens. Ce qui ne l'a pas empêché de tomber dans l'oubli.
Oui, mais vous savez, oncle Jakob ne parlait pas du passé, même à ma mère. C'était la Shoah. La deuxième génération n'a pas posé de questions. Vous, c'est la troisième, vous ne pouvez pas comprendre. Et je souhaite de tout mon coeur que vous ne compreniez pas. (p. 269)
Nous sommes accueillis avec de la musique allemande, un truc qui fait bien peur.
A force de se murer dans le silence, ils ont oublié une partie de l'histoire de Jakob. Et ce qu'ils n'ont pas oublié, ils l'ont souvent déformé.
dans la vraie vie, on n'embrasse pas son amour de jeunesse après avoir tué son mari.
(page 97)
Fiston ! Il fut un temps où j'étais comme toi, il viendra un jour où tu seras comme moi.
Le lendemain matin. En route pour Bethléem. On vient à peine de passer la frontière et j’ai déjà l’impression d’être dans un autre monde. Un autre siècle aussi.
Toute route qui mène quelque part est mensongère.