Juliette Thibault

La vie n’est pas un conte de fées et aucune formule magique ne peut résoudre les problèmes que les humbles mortels doivent affronter. Ils ne peuvent compter que sur leur intuition, cette petite voix intérieure qui guide leurs pas maladroits.

C’est pas en usant nos fonds de culotte sur un banc d’école qu’on se nourrit, nous autres. Nos enfants sortent de votre école la cervelle pleine de mots savants, mais ça les aide pas une miette pour tirer une vache pis faire les foins.

Il y a dans le caractère de la fille un peu de l’impétuosité de la mère, mais Julien sent également une extrême fragilité en raison de son hypersensibilité, de son désir de consoler et de soulager les souffrances de son prochain. Et il a peur que sa petite fleur ne se fane avant l’heure.

Durant ses temps libres, elle lit tout ce qui lui tombe sous la main, sans discrimination. Elle a cependant une préférence pour les récits de guerre, à travers eux elle cherche à comprendre ce qui déclenche les conflits, savoir ce que ressentent les soldats, les prisonniers de guerre et les populations occupées. Elle raffole des romans relatant de grands événements historiques, et des romanciers étrangers qui dressent un portrait de leur époque et décrivent les us et coutumes de leurs compatriotes. Elle est friande de psychologie parce qu’elle se questionne sur le genre humain et les motivations profondes des individus.

L’imagination, c’est aussi le pouvoir de l’esprit de dépasser les contingences matérielles pour recréer le monde selon la vision de l’artiste en soi. C’est la fuite du réel trop sombre, l’école buissonnière de la raison, la félicité des mal-aimés, le refuge inviolable des libres penseurs et des contestataires, le paradis des marginaux et, quelquefois aussi, la geôle des illuminés.

Mes horloges n’ont ni âme, ni sentiment, et je dois parfois fermer la porte qui sépare le logis du commerce pour ne plus les entendre. Malgré tout, j’ai peur qu’elles s’arrêtent, car leurs tic-tac signifient aussi la vie. Pourtant leurs carillons se portent bien et ils sonnent exactement le nombre de coups prévus, ils sont à l’heure, pas un seul ne fait défaut.

Dans sa jeunesse, il croyait lui aussi que tout irait bien, mais il a connu tant de revers qu’il engrange à présent ses maigres économies avec patience en prévision d’un malheur toujours possible. Sans être avare, il lésine sur les dépenses. Il pense à sa benjamine qu’il devra prendre en charge toute sa vie et à ses deux autres filles à marier.

Il se languit de ses yeux d’azur, de ses bouclettes blondes et de son petit air indépendant et frondeur. L’impulsivité et le sens de la répartie de sa fiancée sont à l’opposé de sa timidité et de sa réserve, mais c’est précisément cette complémentarité qui l’attire et la lui fait paraître si désirable qu’elle en éclipse toutes les autres.

Dans un diamant, il y a parfois de légers défauts qui sont invisibles à l’œil nu. L’orfèvre peut monter la pierre de façon que le défaut soit placé vis-à-vis de l’une des griffes qui la retiennent et seul un examen attentif à la loupe peut le révéler à un bijoutier expérimenté. La couleur du diamant influence aussi le prix, la coupe…

Les êtres fragiles ne peuvent s’attendre à un secours permanent pour les sortir du pétrin. La loi de la jungle s’applique également aux humains et si le souffre-douleur n’arrive pas à puiser à l’intérieur de lui-même la force de surmonter l’adversité, la vie le condamne au rôle de victime à perpétuité.