Los Angeles
16 août 1998
― Parlez-moi, Cassie.
Elle était absolument immobile dans le fauteuil à dossier droit, la tête baissée. Ses cheveux dissimulaient son visage. Seules ses mains bougeaient, ses doigts menus tâtaient et suivaient les contours des pétales rouges de la magnifique rose en papier posée sur ses genoux.
― Je crois... qu'il marche, murmura-t-elle.
― Où va-t-il? Qu'est-ce que vous voyez, Cassie?
La voix de l'inspecteur Logan était ferme, patiente. Elle ne trahissait rien de la hâte et de la terrible anxiété qui faisaient perler une aigre sueur sur son front et troublaient son regard.
― Je... je ne suis pas sûre.
― Pourquoi est-elle si hésitante avec celui-là? chuchota le collègue de Logan qui se tenait en retrait.
― Parce qu'elle a peur de ce type, répondit Logan. Et moi aussi, j'en ai peur.
Il dit, plus haut :
― Cassie? Concentrez-vous, mon petit. Qu'est-ce qu'il voit?
― Du noir. Il n'y a... que du noir.
Lorsqu’on avait la passion des chevaux, rien au monde ne pouvait l’éteindre ni même l’atténuer. C’était un métier dangereux. Chacun prenait des risques en connaissance de cause. C’était la règle du jeu. Les jockeys, bien sûr, misaient plus que les autres, et aussi, perdaient plus souvent.
La colère d’une femme fragile, vulnérable, mariée à un homme indifférent qui trouvait son plaisir ailleurs. L’amertume contre un homme qui recherchait des créatures de rêve et qui avait épousé une femme n’osant pas se montrer en public. Au sein de ce couple étrange, n’y avait-il pas suffisamment de rage pour en arriver au meurtre ?
Andres Sereno, président de l'Ile de Kadeira, commandant en chef de son armée et de sa flotte, et considéré avec méfiance par le gouvernement américain, qui n'avait jamais su s'il était un ami, un ennemi ou simplement neutre...On l'avait qualifié de dictateur, et parfois pire.
Nous vivons une époque où l’on ne peut même plus faire confiance à son valet de chambre !
Il aurait voulu posséder toutes les femmes que Dieu avait créées, et se sentait bâti pour les honorer jusqu’à la fin des temps. Il avait quelque chose d’un aigle venu au monde pour explorer l’étendue considérable du ciel.
Les courses et l’argent pesaient au-dessus d’elle comme l’épée de Damoclès. Elle devait gagner, coûte que coûte, quoique lui soufflât son pauvre cœur, au fond solitaire, et qui avait besoin d’un ami.
Les miroirs passionnaient Laura depuis toujours. Petite, on la taquinait souvent pour sa vanité. Personne n’avait compris qu’elle n’y cherchait pas son reflet, mais autre chose. Elle-même aurait été bien en peine de dire quoi.
Au fil du temps, elle avait appris à dissimuler son obsession, ainsi que tous les phénomènes étranges qu’elle percevait et qui la mettaient à part, en la transformant en une manie acceptable : elle était devenue collectionneuse de glaces à main.
Il n'y a pas de danger que vous deveniez un monstre. Mais je pourrais me perdre dans l'âme d'un monstre. Où est la différence ?
Elle était là sous ses yeux comme un bourgeon de fleur à peine éclose mais dont la couleur ou le parfum sont déjà un miracle .