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Citations de Kenzaburo Oé (278)


Kenzaburo Oé
Il faut réfléchir attentivement aux problèmes importants, même si c'est fatiguant.
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« dans la loyauté, il ne peut pas y avoir d’esprit individuel. »
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«Quelqu'un de trop célèbre, disait ma grand-mère, on finit par ne pas l'appeler par son vrai nom...»
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Pour penser la vie d'un homme, il est nécessaire de tracer un plan qui ne se contente pas de partir de sa naissance, mais qui remonte plus haut encore et qui ne s'arrête pas non plus le jour de sa mort, mais qui s'étende au-delà. La venue d'un homme au monde ne devrait pas se réduire à sa naissance et à sa mort. Il naît dans le grand cercle des gens qui l'englobent et, encore après sa mort, il devrait y avoir quelque chose qui subsiste.
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Kenzaburo Oé
Vieillir, c'est accepter l'attente de la mort.
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Je suis maintenant un branleur hors pair ; j’ai même inventé une technique qui consiste, au moment de l’éjaculation, à prendre le bout du prépuce, comme on resserre le haut d’un sac, pour conserver tout le sperme à l’intérieur du prépuce. Depuis, il suffit que je porte un pantalon avec une poche trouée pour que je me branle, même en classe. Ainsi, je me branle en me rappelant la confession d’un mari – que j’ai lue dans le cahier spécial en couleurs d’une revue féminine – qui a provoqué chez sa femme une péritonite la nuit de leurs noces, en perforant la paroi vaginale. En bandant, ma queue, enveloppée d’un prépuce souple et blanc bleuté, rayonne d’une beauté vigoureuse, comme une fusée, et le bras dont je me serre pour me caresser, je ne m’en aperçois que maintenant, commence à être musclé.
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Avant de m’endormir, je fus assailli par la peur. C’était la peur de la mort. J’ai peur de la mort à en vomir. Je suis littéralement en proie à des crises de vomissement, chaque fois que je suis terrassé par la peur de mourir. Ce qui me terrifie dans la mort, c’est de devoir, après cette vie brève, l’endurer pendant des millions d’années, dans l’inconscience, dans le néant. Pendant que ce monde, cet univers et les autres univers vont continuer à exister des millions d’années, je ne serai qu’un zéro durant tout ce temps. Pour l’éternité ! Dès que je pense à l’écoulement du temps infini après ma mort, je crois m’évanouir.
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Je suis allé fermer à clé la porte de la salle de bains. On dirait que j’ai une érection chronique ; j’aime ça, parce que j’ai le sentiment que la force envahit tout mon corps et j’aime aussi regarder ma queue qui bande. Je me suis rassis : de nouveau, je me suis savonné jusque dans les moindres coins et je me suis branlé. C’est la première fois depuis que j’ai dix-sept ans. Avant, je croyais que la masturbation, c’était mauvais pour la santé. Mais, j’ai feuilleté dans une librairie un livre de sexologie qui expliquait que seule la culpabilité accompagnant l’onanisme était néfaste, et ça m’a complètement libéré.
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Si le bébé n’a pas de foie, vous n’avez qu’à lui en mettre un ! On ne me la fait pas, à moi… Je leur ai dit : on fait bien des anus artificiels, vous devriez donc être capables de fabriquer un foie artificiel, ça ne doit pas être beaucoup plus difficile !
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Lorsque, au quartier général de l'Action Impériale, j'eus prêté serment pour l'adhésion, Kunihiko Sakakibara me dit que je serais ainsi le membre le plus jeune. En effet, à l'époque où je commençais à fréquenter le quartier général, il m'a semblé que j'étais le seul mineur. Plus tard, j'ai fini par en repérer trois de dix-neuf ans, mais ils étaient à mille lieues de l'image que je me formais d'un jeune militant. Ces adolescent de "droite" ne se départaient jamais d'une expression hautaine, compassée et pesante. Si jamais je leur parlais de cinéma, de jazz ou de musique pop, ça les mettait en fureur comme si je les avais méprisés, et commençaient à m'insulter en me traitant de «déliquescent». Chaque fois qu'ils se plaisent à employer ce type d'expressions, j'avais l'impression d'engranger ma déception à l'égard de la "droite", telle une fourmi faisant rouler sa boule de boue jusqu'à la fourmilière. Car ces jeunes militants ressemblaient comme deux gouttes d'eau à la caricature de bande-dessinée que je m'étais figurée avec amusement avant d'adhérer au parti.
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J'avais alors conscience que mon corps malingre, aux muscles naissants, était protégé, comme un blindé, d'une épaisse armure, d'une armure de droite : je bandai violemment. C'était moi, cet homme pourvu d'un phallus (comme disait Kunihiko Sakakibara), tel une broche de fer brûlante, qui avait perforé la paroi vaginale de sa jeune épouse virginale. Je banderais toute ma vie. Comme j'avais souhaité ce miracle à mon dix-septième anniversaire en versant des larmes pathétiques, j'aurais un orgasme qui durerait ma vie entière. Mon corps, mon âme, tout ce qui m'appartenait resterait en érection.
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C'était une époque de tueries. Tel un interminable déluge, la guerre inondait les plis des sentiments humains, les moindres recoins des corps, les forêts, les rues, le ciel, d'une folie collective.
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Dès que je prenais conscience de moi, j'avais la sensation que tous les regards du monde se portaient sur moi avec malveillance, mes mouvements devenaient maladroits comme si toutes les parties de mon corps se mutinaient et se désolidarisaient entre elles. J'en serais mort de honte. A la seule idée qu'existât,en ce monde une conjonction de corps et d'esprit, appelée moi, j'en serais mort de honte. J'aurais préféré opter pour une existence solitaire de troglodyte, comme un homme de Cro-Magnon devenu fou dans sa grotte. J'aurais voulu supprimer le regard des autres. Ou carrément me supprimer moi-même.
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Jusque-là, l’idée que je me faisais du « temps » avait quelque chose d’extraordinairement enfantin. Je ne connaissais pas encore cette impression torturante du « temps » qui, dans votre dos, vous vrille du regard et, en avant, vous tend une embuscade.
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Kenzaburo Oé
Les mêmes motifs se répètent dans mes livres, car j'aime le décalage dans la répétition. J'aime le frottement des mots qui se ressemblent, des éléments d'histoire qui se répètent , mais qui ne sont en réalité jamais tout à fait pareils. Cette tectonique des plaques est ma manière de m'approcher de l'expression juste, donc de la vérité.

(propos recueillis par Martine Landrot pour Télérama)
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A l’approche de la naissance de son fils, tout son corps avait été parcouru d’étranges spasmes dus à l’attente et à l’anxiété, au point qu’il ne pouvait rester une minute tranquille. A y repenser depuis, il avait le sentiment d’avoir compté sur la venue eu monde de se fils pour commencer une nouvelle vie, soustraite à l’influence de l’ombre de son père mort. Mais quand, très amaigri alors, il avait questionné fébrilement le docteur à sa sortie de la salle d’accouchement, l’autre lui avait répondu d’une voix neutre :
« Ton petit présente une grave anomalie. Même si on l’opère, je crains qu’il ne meure ou qu’il ne reste idiot - l’un ou l’autre. »
A cet instant, quelque chose en lui s’était brisée, irréparablement. Puis la présence de ce bébé voué à mourir ou à rester idiot avait très vite colmaté la fracture, comme le cancer s’installe à la place des cellules détruites et continue à proliférer.
[...]
Au jour limite pour déclarer le nouveau-né, il s’était rendu à la mairie de son quartier, où l’employée lui avait demandé quel prénom il voulait donner à l’enfant ; mais il n’avait encore aucunement réfléchi à la question. A ce moment l’opération était en cours, et l’enfant allait être sommé de choisir entre la mort et l’imbécillité : une telle existence mériterait-elle de recevoir un prénom ?
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Le style fondamental de ma littérature consiste à partir de faits concrets et autobiographiques pour les rattacher à la société, à l'Etat et au monde.
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Kenzaburo Oé
Sa poitrine avait quelque chose de juvénile, que Bird crut reconnaître, mais les flancs de Himiko et le renflement de son ventre, à demi caché par la couverture, n’éveillèrent en lui aucune nostalgie. Il y avait là l’annonce de l’embonpoint auquel l’âge commençait à vouer ce corps, et ce soupçon de graisse faisait partie de la nouvelle vie de Himiko ; cela n’avait rien à voir avec Bird. Le corps de Himiko se transformerait bientôt complètement et ses seins aussi perdraient ce qui leur restait de jeunesse et de fraîcheur.

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Je me suis dit avec une passion ardente : c'est ça, dans la loyauté, il ne peut pas y avoir d'esprit individuel ! Si je tremblais d'angoisse, craignais la mort et était saisi d'inertie sans pouvoir appréhender ce monde réel, c'était parce que j'étais captif de mon esprit individuel. Tant que j'avais un esprit individuel, je me trouvais bizarre, plein de contradiction, anarchique, alambiqué, confus et décalé, ce qui redoublait mon angoisse. Chaque fois que j'entreprenais une action, je me demandais si je n'avais pas fait le mauvais choix, et cela aggravait encore mon inquiétude. Or, dans la loyauté, il ne peut y avoir d'esprit individuel. C'est cela, il faut, en abandonnant tout esprit individuel, se dévouer corps et âme, à Sa Majesté Impériale. Abandonner mon esprit individuel et abandonner tout ce qui m'appartient ! J'ai senti que ce brouillard, infesté de contradictions qui m'avaient jusqu'alors torturé, s'était dissipé. Ce brouillard, qui m'avait fait perdre toute confiance en moi, s'en est allé, sans avoir trouvé de solution. Le brouillard a été balayé d'un seul coup. C'est Sa Majesté Impériale qui m'avait ordonné : «Abandonne le brouillard de ton esprit individuel !» et j'ai obéi. Je suis mort, comme individu, ainsi que mon esprit individuel.
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Mais dès lors que nous avons été isolé du changement des saisons, par un mur épais de béton, nous qui nous trouvions dans l'enceinte de ce mur, nous avions été aussi coupés de notre croissance. Dévié de la trajectoire de la croissance, isolés du reste des enfants qui eux grandissaient à l'extérieur, dépossédés de toute volonté de grandir, nous ne vivions plus que du respect des règles. Notre vie n'était déjà, tout comme celle des vieillards, rien de plus qu'une répétition qui ne bougeait ni ne se développait ; de plus nous avions déjà un statut social inébranlable. Nous étions de jeunes vieillards qui n'avaient besoin d'aucun projet, qui ne souhaitaient devenir personne. Et nous étions plongés jusqu'au cou dans ce liquide de l'«abandon» qui envahit les vieux à l'approche de la mort : nous vivions lentement le même quotidien où une semaine valait un mois, un mois un an, ce quotidien où d'innombrables crépuscules n'étaient des reflets chaotiques d'un seul crépuscule.
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