Kevin Brockmeier

Ce livre est bâti sur une idée simple mais superbe, qui est que les morts vivent dans une ville qui leur est réservée, tant que quelqu’un sur terre garde d’eux un souvenir, mais pas simplement un nom ou une trace dans l’état-civil, non, un souvenir « vivant » tel qu’une anecdote ou un portrait moral.

Sur ce postulat, le roman est construit de façon habile, alternant les chapitres pairs et impairs. Dans les premiers, Laura Byrd, seule dans l’Antarctique, tente de rejoindre une autre base, suite à l’arrêt brusque de tout moyen de communication. Fort bien racontés, ces chapitres tiennent déjà en haleine, car cette aventure arctique est tout ce qu’il y a de périlleuse et passionnante. Ils sont entrecoupés par les chapitres impairs qui se passent dans la ville des morts, cité relativement paisible où chacun se reconstruit une petite existence, avec le paradoxe intéressant que certains apprécient bien davantage cette deuxième vie après la mort que la première ! Tout n'est pas si simple qu'il semble dans cette cité de l'après, puisque des bruits étranges se font entendre, semblables à des battements de cœur, puis les morts se mettent à disparaître, ce qui est leur destinée, mais qui survient tout à coup de manière trop rapprochée.

J’ai trouvé dans cette fable des résonances avec d’autres lectures, comme Les intermittences de la mort de José Saramago, vu de l’autre côté, d’une certaine manière, ou L’annuaire des morts du nord de Londres, nouvelle de Will self qui m’avait beaucoup marquée… Non que je sois fan de ce dernier auteur, je n’ai jamais réussi à lire quoi que ce soit d’autre de lui ! J’ai aussi trouvé des points de convergence avec L’ombre en fuite de Richard Powers, avec la re-création d’évènements du passé pour résister à la solitude.

J’ai trouvé subtile la façon dont le roman est situé dans un futur qui semble assez proche, bien que non daté, j’ai aimé l’alternance des points de vue et la manière dont l’auteur amène les liens entre les différentes parties. Voilà une très bonne lecture, qui pousse à la réflexion par des aspects philosophiques tout en étant distrayante.


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Un titre très étonnant que celui-ci !



En Afrique, certaines sociétés divisent le monde en trois : les vivants, ceux qui sont morts mais qui vivent encore dans l’esprit de certaines personnes vivantes, et donc qui ne sont pas complètement morts, et enfin ceux qui sont vraiment morts, car la dernière personne les ayant connus est décédée. Cela ne veut pas dire que cette catégorie de personnes est complètement oubliée, car leurs noms restent dans les mémoires, mais ils passent comme dans une catégorie supérieure.



Ce livre suit une alternance. D’un côté nous avons Laura, qui participe pour Coca-Cola à une expédition en Antarctique. Mais les appareils de communication viennent de tomber en panne, et plus personne ne peut être joint. Ses deux compagnons décident de partir rejoindre une base, plus loin, mais les semaines passent, et Laura n’a aucune nouvelle. Pendant ce temps, une épidémie ravage le monde, tuant des milliers de personnes.



De l’autre, la cité des morts. Tous ont un point commun : Laura. Mais jusqu’à quand ?



C’est étonnant les différences d’atmosphère : avec Laura, c’est la neige, c’est le froid, c’est l’extrême solitude. Avec la cité, c’est l’effervescence, c’est le renouveau. Et pourtant, le premier est la vie, le second est la mort. La question est de savoir si les deux vont se rejoindre à un moment ou à un autre.



J’ai aimé ces trois catégories d’êtres humains, j’ai trouvé que c’était une conception réconfortante. J’ai eu plus de mal avec le côté très anxiogène de l’histoire de Laura, mais l’absence totale d’histoire dans un contexte normal trouvera je pense des amateurs dans les fans d’atmosphère apocalyptique !
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Un roman envoûtant.

S'inspirant du folklore africain (trois territoires de l’existence : la vie, la mort sans l’oubli et la mort avec l’oubli), on découvre une cité des morts, où les défunts endossent une existence presque normale. Par ailleurs, notre monde, érigé sur une vision à court terme et dominé par le consumérisme, est décimé par une pandémie.

Laura, est une survivante, et on suit son périple sur la banquise avec passion ; en Antarctique elle est confrontée à une solitude totale. Les morts qui peuplent la ville fantôme disparaissent massivement, et la plupart de ceux qui restent ont en mémoire Laura.

Un livre bâti sur une idée sympathique, celle que les morts vivraient encore une vie intermédiaire tant qu'il resterait quelqu'un pour penser à eux sur terre. Une fable agréable à lire.

De la poésie à l'état pur, des histoires émouvantes et soignées, un onirisme évasif et présent dans chacun des nouvelles de ce petit recueil qui mérite d'être largement diffusé!

"[Filled] with lyrical grace, indelible characters and deep insight... Startingly original" - Tucson Citizen

"Powerfully affecting... Carefully observed. ... A field of sparks set ablaze by Brockmeier's artistic hand." - The Miami Herald

"Devilishly addictive... Brockmeier slakes our thirst once again with rich language, measured telling, [and] a hint of wonder." - The Seattle Times

La préface nous informe que plusieurs sociétés africaines répartissent les êtres humains en trois catégories : les vivants, les morts que des vivants ont connus, et les morts qui n’ont plus aucun relais avec le monde des vivants.

Sur cette base, l’auteur construit un roman qui démarre plein de promesses : un chapitre sur deux, il décrit cette ville « intermédiaire » où la plupart arrivent après leur mort. Une ville un peu fantastique, aux contours flous, mais qui vit comme toutes les villes du monde réel.

Le chapitre suivant conte l’aventure antarctique d’une jeune scientifique en mission, qui se retrouve seule après le départ de ses deux compagnons partis à la recherche d’aide.

C’est original, on devine plein de développements possibles pour cette histoire à mi-chemin entre la philosophie et la science-fiction.

Mais l’auteur s’essouffle peu à peu et la fin du roman devient même pénible à lire: d’interminables pages pour décrire Laura Byrd luttant en vain contre le froid, la faim, tout en restant très détachée par rapport à la situation, puis pour analyser ses pensées au cours de la « traversée », et de longues pages aussi consacrées à cette ville qui devient incohérente.

Le recoupement de ces deux histoires semblait évident depuis le début du livre , et l’on se demandait comment Brockmeier allait faire entrer Laura Byrd dans la ville : en vain, car il ne saisit pas cette opportunité (sans doute parce qu’un virus a tué tous les humains, sauf elle)

et le roman se termine en eau de boudin…