Le fascisme en Occident ne viendra pas en bottes de cuir, avec des autodafés, des meetings et une démagogie énervée, ni non plus avec des hélicoptères noirs ou des tanks dans les rues. Il ne viendra pas comme une tempête – mais plutôt comme un changement de temps, comme le passage soudain d’une saison à une autre que l’on peut remarquer quand le vent tourne un soir d’octobre. Tout est pareil, mais tout a changé.
Elle s'est immobilisée, bien droite, sur le ciment. Elle s'incline, écarte les bras comme si elle allait prendre son vol, saisit les anses du baquet en zinc rempli de linge et le soulève. La femme plus âgée qui se trouve à côté d'elle jette un dernier vêtement mouillé sur la pile. Elle agite les mains en l'air. Puis elle les fait glisser sur le tablier noué autour de sa taille pour essuyer les paumes et les revers.
- ça va, dit la vieille. Le tas est suffisant. Tu peux aller l'étendre.
Les Indiens d'Amérique se demandaient ce que les conquérants espagnols voulaient faire de tout cet or dont ils étaient si assoiffés. Dans le sud du Chili, on raconte que les Mapuches avaient fait prisonnier le conquistador Pedro de Valvidia. Pour étancher une fois pour toutes sa soif d'or, ils le forcèrent à boire de l'or fondu. Les Atztèques du Mexique non plus ne comprenaient pas cette soif de l'or européenne. Pour eux, l'or était plutôt lié aux excréments, raconte Tzvetan Todorov. Monnaies et excréments venaient du même endroit. On se touche la poche arrière, on ouvre la bourse en cuir, et on déplie les billets.
Je pense qu'il faut toujours regarder l'obscurité, sinon l'obscurité vous rattrape.
Pyramiden est un vestige du constructivisme révolutionnaire, en territoire norvégien.(...) Pyramiden dans le temps comme dans l'espace, c'est un voyage de la ville de Staline au dernier avant-poste de son utopie soviétique. Pyramiden a été dimensionnée pour accueillir deux mille habitants, sans qu'ils aient jamais tout à fait aussi nombreux à y passer l'hiver. (...)Pyramiden est l'Utopie, poussée à l'extrême, dans l'extrême Nord, vidée de son contenu, figée dans le temps, par le froid arctique, par les conjectures économiques, par la guerre froide, par le capitalisme triomphant."p.13