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Critiques de Lao She (139)
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Le pousse-pousse

Posséder un pousse-pousse ne paraît pas être un rêve utopique en soi. Mais dans la société chinoise des années vingt traversée par de multiples lignes de démarcation sociale puissamment ressenties, c'est presque inaccessible pour un jeune homme pauvre issu du milieu rural. Lao She s'acharne à le montrer dans le pousse-pousse, récit qui se lit comme un conte dans lequel la justice triomphante n'a pas l'intention de toquer à la porte du récit.

Tous les éléments introduisant la narration invitent en effet à emprunter le chemin de la fable : un héros au visage lisse et au tempérament presque unidimensionnel, des phrases à la densité rapide, un récit fulgurant où les faits sont définis par leur signification dans le déroulement de l'intrigue.

Mais nullement besoin de merveilleux pour raconter comment le déterminisme au sein de la société chinoise confisque les rêves adolescents, même les plus humbles. Sous la plume de Lao She, la société est cruelle, et la ville, Pékin, une broyeuse d'existence. «La robustesse et l'honnêteté foncière d'un campagnard» offrent peu de réconfort face aux instincts carnassiers de la ville, elles permettent de retarder tout au plus les déceptions d'adultes.

L'abnégation dont fait preuve Siang-Tse ne trouve pas plus de grâce aux yeux de l'auteur chinois qui avec des mots durs y voit l'autre cause de ses échecs récurrents. Bien que la préface défende le roman de toute vision politique, Lao She n'hésite pas à dénoncer frontalement l'individualisme du jeune homme qui, dans sa volonté de s'en sortir uniquement par ses propres moyens, précipite les catastrophes.

Et pourtant, c'est ce qui fait de Siang-Tse un véritable héros de littérature, son obstination à défier l'ordre social en essayant de maintenir sa petite vie debout est admirable. Si l'auteur dans sa volonté de témoigner et non de séduire propose une peinture réaliste saisissante_les descriptions même les plus prosaïques sont captivantes_, les immenses sacrifices consentis par notre jeune tireur pour parvenir à ses fins le rendent attachant. Et ce, malgré son caractère bougon et les désillusions qui s'abattent sur lui.

Très bon moment de lecture.



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Le pousse-pousse

Un de ces livres qui fait réfléchir sur l'Humain. C'est l'aspect social du roman que je retiens le plus : la misère humaine. L'action se passe à Pékin au début du XXe siècle. Siang-tse est et veux être tireur de pousse-pousse. C'est son obsession ! Il vient d'arriver à la ville, il est jeune, il est vigoureux, il a tout l'avenir devant lui. Malgré sa basse extraction sociale, il pense pouvoir économiser assez pour s'en sortir et mener une vie honorable. L'avenir va, peu à peu, lui prouver le contraire, en dépit de tous ses efforts et de ses choix. Outre l'exotisme de la description de la vie du petit peuple de pékin, qu'affectionne Lao She, c'est un thème que l'on retrouve sous toutes les latitudes, à toutes les époques. Je pense notamment à Zola. On suit la déchéance d'un homme dans un déterminisme social qui fait froid dans le dos. Siang-tse ne peut pas s'en sortir. Pour nous, lecteur, c'est une évidence que l'on saisit dès les premières pages. L'auteur fait souvent référence, avec justesse, aux injustices sociales. La résilience n'est pas faite pour tout le monde. Et Siang-tse le comprend assez vite, mais redouble d'efforts et d'espoirs jusqu'au moment où, terrassé par les pires épreuves, il « abandonne ». A quoi bon ?

C'est un roman que j'avais déjà lu il y a plusieurs années mais que j'avais un peu oublié après avoir lu la monumentale oeuvre des « Quatre générations sous un même toit ». De Lao She, on retrouve ici la même écriture, le même souci du détail pour nous amener à comprendre l'incapacité de ses personnages à se sortir de leur marasme, englués qu'ils sont, dans une société qui les manipule, les broie, pour finalement les absorber contre leur grè ou les rejeter violemment. Tout cela est encore très actuel et, si on transpose un peu, l'intrigue offre de nombreux parallèles avec notre époque.
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Quatre générations sous un même toit, tome 1

Grand (et gros) classique de la littérature chinoise, un incontournable !



En 1937, le Japon envahit une partie de la Chine, dont la ville de Pékin où vit la famille Qi.

Du patriarche de 80 ans à son arrière petit-fils, tous habitent la même maison, située dans un hutong, une ruelle comprenant plusieurs habitations ayant des espaces communs. Lao She nous fait partager, pendant les 8 ans que dura l'occupation japonaise, le quotidien de cette petite collectivité, échantillon représentatif du tissu social de Pékin.



La guerre, comme toujours, est flanquée de son cortège de privations et de cruautés : la faim, le froid, l'injustice, la torture, la trahison, la barbarie, la peur...

Mais malgré les drames engendrés par le conflit, la vie s'écoule.



Entre résistance et collaboration, respect des traditions et modernité, les habitants du hutong se divisent. Certains se révèlent délateurs, opportunistes, avides de pouvoir ou d'honneurs dérisoires, dans un pays où les relations sociales sont primordiales.



L'importance des coutumes, qui se traduit par des codes sociaux et des rituels rigides, freine largement la résistance de la population à l'oppression japonaise.



Bien que les sentiments nationalistes se renforcent face à l'envahisseur, la résistance chinoise est le plus souvent passive, non exprimée, et tend essentiellement à assurer la survie.



Pourtant, les jeunes générations, plus individualistes, s'affranchissent du fatalisme de leurs aînés et s'engagent dans la lutte.

Ruixuan, le fils aîné du vieux Qi, fait le lien entre un passé figé et un avenir incertain.



Grâce à ses descriptions précises des modes de vie, des relations sociales, et des mentalités chinoises, Lao She nous introduit dans la vie de ses personnages. Son style est fluide, limpide et surtout très vivant, car empreint d'humour et de dérision.

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Quatre générations sous un même toit, tome 3

Dernier tome du roman, l’occupation Japonaise se termine avec la famine à l’intérieur de Pékin.

Dans le roman, Lao She a su maintenir l’intensité dramatique jusqu’au bout du roman.

Cette intensité qui monte crescendo, ressemble au scénario du Titanic de James Cameron, la fin est très Hollywoodienne, et les dernières pages sont très émouvantes.

Le personnage principal, « l’ainé », malgré son indécision, finit par être sympathique au lecteur, Lao She se sert du personnage pour passer des messages de patriotisme et d’humanisme, dans un style très doux ce qui m’a beaucoup plu.

Dans ce troisième tome, Lao She manipule, encore plus que dans les tomes précédents, un humour cinglant contre les traites. Je reste indécis sur les raisons de cet humour : est-ce une vengeance, un moyen de relâcher la tension dans le vacarme de la guerre, ou prévenir les tentations de traîtrise du lecteur…

En plus de révéler la situation de Pékin durant la guerre Sino-japonaise ( 1937-1945)

Quatre générations sous un même toit, reste une l’histoire d’une famille qui ne se parle pas même avec bienveillance, de peur de froisser l’autre ; et son histoire avance avec des non-dits.

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Le pousse-pousse

Lire un roman traduit du chinois garantit toujours une évasion, un dépaysement, une immersion dans un "autre monde". Ici, "le Pousse-Pousse" ne fait pas exception, on plonge dans le Pékin des années 30.

On suit alors les aventures de Sing-Tse avec beaucoup d'émotion. On espère avec lui des jours meilleurs et on tombe avec lui devant tant de désillusions, on courbe l'échine face à ce monde cruel et sans pitié.

L'histoire, bien que romancée, apporte beaucoup sur ce Pékin des années 30 et le métier de tireur de Pousse. Si j'étais metteur en scène, j'aurais beaucoup de plaisir à faire un film de ce roman. Bravo à Lao She et aux traducteurs François et Anne Cheng !

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Le pousse-pousse

Siang Tse arrive de la campagne à Pékin pour exercer le métier de tireur de pousse pousse. Il est grand, costaud et a un plan. Économiser tous les jours pour pouvoir s'acheter son propre pousse pousse et ne dépendre de personne.



Formidable photographie du Pékin des années 20/30 Lao She nous décrit la vie qu'il a connu, lui qui est revenu en Chine au début des années 30 après un séjour à Londres. L'histoire de Siang Tse est sans doute universelle . Celle du petit peuple qui trime pour gagner sa vie et qui ne peut compter sur personne pour s'en sortir. Le Pékin disparu narré ici , avec ses familles entassées dans des cours carrés et cette course quotidienne au bol de riz pour survivre, avec ses petits métiers et ses combines pour subsister est saisissant de réalité.

Au delà du contexte, on ne peut que s'attacher à l’histoire de ce tireur de pousse pousse , à l’humanisme débordant et à la chance plus qu'incertaine qui le caractérisent. Ce roman, critique acerbe de la société chinoise de l'époque et véritable testament d'une catégorie sacrifiée est remarquablement écrit, avec cette précision propre à Lao She.

La traduction de François et Anne Cheng ne gâche rien , même si l'on a du mal à s'y retrouver avec les noms de lieux employés, loin de ceux que l'on connait, même si la majorité de l'action semble se passer dans la ville tartare , encore ceinte de ses murs que les communistes abattraient 20 à 30 ans plus tard.

L'écriture est très belle, sans fioriture, et les chinois fidèles à eux mêmes s'invectivant à qui mieux mieux dans le chaos des rues.



Une formidable immersion dans un monde révolu mais où l'histoire du personnage principal est universelle et intemporelle.





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Quatre générations sous un même toit, tome 1

«Lorsqu’on devient le sujet d’un pays qui a perdu son indépendance, on ne sait plus comment se comporter, on ne sait plus que penser.»



Au début du roman, c’est avec satisfaction que le vieux Qi regarde sa vie: sa famille n’a fait que croître, préservée des deuils, et les voilà quatre générations sous un même toit. Il se sent un peu semblable à l’un des vieux arbres de la cour, dont toutes les branches ont déjà donné nombre de fleurs et de feuilles, et il aspire à jouir d’une existence paisible débarrassée des soucis matériels.

Mais nous sommes en 1937, Pékin tombe entre les mains des Japonais et l’occupation de la ville par une puissance étrangère va bouleverser la vie quotidienne du vieil homme et de ceux qui l’entourent.

L’occupation vient sinistrement perturber le jeu social; la risible comédie de mœurs que Lao She prend visiblement plaisir à représenter, avec notamment sa peinture du ridicule des arrivistes sans scrupules, peut virer à la tragédie quand ils se transforment en collabos, délateurs. Elle divise la société chinoise, la ruelle où vit le vieux monsieur Qi, sa famille, entre ceux qui partent se battre, ceux qui subissent, avec plus ou moins de petites résistances quand ils le peuvent, et ceux qui collaborent. Elle place son petit fils, Ruixan, devant des dilemmes douloureux: il voudrait quitter Pékin, aller se battre contre ceux qui envahissent son pays, mais il doit assurer la subsistance, voir le bien-être de quatre générations sous le même toit, et il ne veut pas se compromettre avec l’envahisseur... Elle nous rend cet univers pékinois beaucoup plus proche que ce à quoi on s’attend lorsqu’on ouvre un roman asiatique tant les préoccupations des Chinois sous occupation japonaise peuvent parfois nous faire penser à ce qu’on a pu lire sur les Français pendant l’occupation allemande.

Un roman qui m’a bien intéressé, très instructif sur une réalité historique que je connais mal, sur la vie à Pékin en 1937, dans une ruelle offrant une diversité sociale que Lao She évoque avec talent.
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Quatre générations sous un même toit, tome 1

Le tome 1 des quatre générations sous le même toit est facile à lire intéressant, pour connaitre l'état d'esprit de pékinois différent pendant l'occupation japonaise durant la dernière guerre mondiale.

Le genre des comportements de Pékinois ressemble aux comportements des français pendant l'occupation allemande. Lao She utilise des formules lapidaires et efficaces pour caractériser ses personnages.

Après la lecture du Tome1, le titre m'étonne ; il y a quatre générations sous le même toit, mais il n'y a pratiquement aucune relation ou complicité intergénérationnelle dans cette famille. Lao She montre le cheminement de très individualiste de ses personnages, car à part entre les frères, il n'y a jamais de discussion entre les membres de la famille Qi. Les tomes suivants montreront certainement le contraire...

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Le pousse-pousse

Le malheur accable sans cesse notre pauvre Siang-tse qui tente pourtant simplement de vivre honnêtement. Il nous conduit dans les rues de Pékin à la rencontre d'une autre culture, d'un autre peuple, avec ses coutumes et ses misères, d'une autre pensée. C'est un roman profondément humain. On ne peut s'empêcher d'éprouver de la tendresse et de la compassion pour notre "héros". On sourit à ses maladresses et devant sa grande naïveté (voire sa bêtise!). Et, l'air de rien, on s'accroche à cette histoire qui se lit très facilement. Une lecture très agréable, grâce à une écriture légère et simple, (ce n'est, ici, pas péjoratif du tout!) bien que l'histoire en soit dramatique. Les mésaventures de Siang-tse sont vraiment touchantes et présentée avec un humour fin qui nous accroche jusqu’à la fin !



http://chaosdecritures.over-blog.com/article-31395346.html
Lien : http://chaosdecritures.over-..
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Messieurs Ma, père et fils

Messieurs Ma, père et fils, quittent leur Chine natale au début du XXe siècle et tentent leur chance à Londres. Ils trouvent un toit chez une veuve et ouvrent un magasin d’antiquités orientales. C’était une époque difficile pour les migrants, particulièrement pour les Chinois sur lesquels de nombreux préjugés défavorables circulaient. À cet égard, l’auteur Lao She devait être un bon juge puisque sa plume n’épargne personne, pas plus les Londoniens que les Orientaux. Et pourquoi ? Parce qu’il a vécu un temps en Angleterre et qu’il connaît très bien ses compatriotes.



À part cela, les préjugés, l’attitude des uns et des autres, cette lecture m’a laissé une drôle d’impression. C’est que plusieurs personnages me semblaient si stéréotypés. Sans doute beaucoup gens agissaient vraiment de la sorte (par ignorance, par méchanceté ou simplement parce qu’ils ne savaient faire autrement). Les Chinois se cantonnant dans leurs quartiers, entre eux, et s’adaptant mal quand ils se retrouvaient parmi les Occidentaux. Et les Anglais, les regardant de haut, comme si ces immigrants étaient débarqués d’une autre planète. Des curiosités !



Cette veuve les accepte presque à contrecoeur, plus pour démontrer sa bonne grâce et ses valeurs chrétiennes de charité et de générosité, mais offensant les pauvres Chinois presque à chaque interaction – bien malgré elle, je dois le reconnaître. Heureusement que sa fille et le pasteur ne sont pas aussi maladroits. Mais bon, il est facile de juger les gens d’une autre époque avec les valeurs et les connaissances d’aujourd’hui. Toutefois, les Anglais ne sont pas les seuls à m’avoir paru caricaturaux, les Chinois n’ont pas été épargnés par Lao She, à commencer par le vieux père, obtu, et leur clerc, fourbe. Si ces deux-là ne correspondent pas aux stéréotypes de l’époque, je ne sais plus rien.



Bref, même s’il y a un fond de vérité à ces personnages – comme à bien des stéréotypes – c’était peut-être un peu trop simpliste. Ça a vraiment teinté ma lecture et m’a laissé avec l’impression que le roman a mal vieilli. Ceci dit, Lao She devait être un des premiers auteurs étrangers – comprendre ici non-Occidentaux – à s’intéresser aux chocs de cultures. Il faut bien un début à tout. Et les péripéties de Ma fils, plus ouvert et près à faire des concessions, à s’intégrer en somme, m’a beaucoup interpelé et m’a encouragé à me rendre jusqu’à la fin.
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Quatre générations sous un même toit, tome 2

Le tome II de « Quatre générations sous le même toit » pourrait être le Tome 0 des « chroniques de San Francisco » de Armistead Maupin : Lao She aime les pékinois comme Armistead Maupin aime les San-Franciscains.

La coupure Tome I / Tome II a été bien située, l’histoire reprend avec une pression supplémentaire sur les pékinois par les occupants japonais qui n’arrivent pas à gérer l’invasion, et qui n’arrive pas à susciter d’adhésion de la part de la majorité des chinois.

Dans le tome I, l’occupation japonaise ressemblait à l’occupation allemande, dans le tome II, des familles japonaises s’installent dans les mêmes quartiers que les familles chinoises.

Dans le tome I, il n’y avait pas de relation entre les générations, dans le tome II , il y en a un peu plus, mais c'est surtout dans les réflexions des membres de la famille que chacun se réfère à un membre d’une autre génération. Le titre est donc bien choisi.

Lao She a développé une musique dans son roman : 90% du texte est composé des états d’âmes des hommes ( j’y vais, je n’y vais pas ....) , et quand ils décident de passer à l’action , ils se trompent.

Les 10% restants sont des passages fulgurants :

Pages 310-314 et page 492 : Lao She décrit la torture qui marque le lecteur pour le reste du roman.

Page 596 : Lao She démontre l’aberration du dirigisme économique

Page 377: Lao She explique pourquoi mourir pour libérer son pays

Page 442: Lao She indique les femmes n’ont pas d’état d’âmes, ce qu’elles font, elles le font bien,

Lao She ne décrit physiquement que les traites. Plus le traite est ... traite , plus Lao She s’acharne à l’enlaidir. Je n’ai pas su déterminer pas si c’était un trait d’humour ou une mise en garde patriotique.

Le monde de Lao She est très manichéen, il y a les patriotes et les autres qui torturent et qu’il faut tuer… jusqu’à la page 691, où tout le monde simple qu’il a patiemment construit durant les Tomes I et II, est remis en question ….

Lao She m'a surpris et c'est une très bonne surprise !

Lao She est un diable du marketing, je vais devoir rapidement lire le tome III… !
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Le pousse-pousse

C’est bête bien-sûr mais quand j’ai acheté ce livre, j’ai d’abord été attiré par la couverture ( en livre de poche) : Un chameau à l’air serein qui tire un pousse-pousse. (L’association du verbe tirer et du mot pousse-pousse est amusante)

Comme quoi le marketing des couvetures est loin d’être inactif.



Et quand on commence la lecture de ce petit roman, on se rend compte que l’on entre dans un monde où rien n’est facile.

On se plaît vite à imaginer que la vie de Lao She a été plus sympatique, plus riante que celle de son héros. Car ce livre est une véritable leçon de vie, d’échecs mais aussi d’espoir.



Le héros, Siang-Tse dit « le chameau » est un bon gars un peu simple mais travailleur et surtout obsédé par l’argent, le gain, la réussite sociale.

Il travaille comme un fou pour se payer son propre outil de travail : un pousse-pousse qu’il se fait voler.

Il repart à zéro, se laisse séduire par la fille de son patron perd tout à nouveau, etc….



Lao She est un conteur, un classique ; il fournit ici un roman réaliste un peu à la façon de Zola, écrit avec détachement et recul.

Mais on n’est ni dans la passion ni dans la compassion. Lao She observe et décrit des faits. C’est tout.

Cependant tout cela est utile pour illustrer le mode de vie d’un peuple, sa culture. On n’est pas dans le monde des Bisounours : Chaque décision peut conduire un peu plus à la déchéance.

En même temps l’auteur nous assène de nombreuses notions de valeurs, toujours intéressantes pour mieux comprendre l’histoire.



Ce livre est d’une lecture agréable, mais peut-être pas aussi simple que cela. Elle conduit à pas mal de réflexions utiles ou dérangeantes !

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Quatre générations sous un même toit, tome 1

« Quatre générations sous un même toit » est un roman de l'écrivain chinois Lao She. Écrit entre 1940 et 1942, édité au Mercure de France en 1996 dans une traduction française réalisée par Jing-Yi Xiao, ce livre de 551 pages est le premier des trois tomes d'un roman-fleuve (100 chapitres pour près de 1000 pages) qui décrit la vie de trois familles vivant à Pékin dans l'étroite ruelle du Petit-Bercail (un des multiples hutong de Pékin) sous l'occupation japonaise de 1937-1945.



Dans ce premier tome (34 chapitres), le lecteur découvrira la vie quotidienne de ces familles et de leurs voisins (au total, plus de 30 personnes) avec des détails d'un réalisme saisissant. Incroyablement vivante, cette fresque -centrée sur Pékin et ayant en toile de fond la patrie et la conduite à tenir face à l'occupant japonais- dépeint avec un humour mordant (« lire le journal, voilà le passe-temps favori des Pékinois. Non seulement ils y apprennent beaucoup de choses mais ils peuvent l'utiliser pour se couvrir le visage quand ils sont de mauvaise humeur ») et dans un style simple et émouvant la famine, ses souffrances et ses conséquences sur ces familles, à savoir la résignation, la résistance (passive ou active) ou la collaboration avec l'ennemi. Devant les « misères » de l'occupation, les Chinois s'organisent, avec leurs coutumes, leur politesse, et l'éternel respect de l'étiquette (« essuyer sa sueur sur son pantalon ! Quel geste vulgaire »), dont on sait la part qu'elle tient dans leur société. Dans ce hutong de Pékin (qui est un personnage à part entière, avec ses détritus, son odeur, ses cerisiers en fleurs, ses sophoras et les mouvements de celles et ceux qui s'y attardent), la famille Qi rassemble sous un même taudis quatre générations : bien vite, à la faveur des évènements, ce microcosme est partagé devant la conduite à tenir : héros, victimes impuissantes, crapules, tous trouveront leur place au prix de compromissions, de confrontations ou d'adhérences plus ou moins durables.



Lao She oppose le bien et le mal. Loin de dénoncer, l'écrivain laisse le lecteur se faire une opinion ; il l'aide en parsemant les dialogues et les descriptions de réflexions politiques, morales, historiques et philosophiques, fidèle en cela à la tradition du roman chinois classique. Quelle est la part de fiction et la part de l'Histoire dans cette longue narration? Difficile à dire. Mais, en tous cas, Lao She dissèque, analyse et nous montre ce que furent les motivations, les atermoiements et les engagements de chacun, sans jamais dénoncer ou blâmer les uns ou les autres. En grattant sous cette couche protectrice (Lao She craignait, à juste titre, pour sa survie dans une Chine gagnée par la Révolution Culturelle et par le fanatisme naissant de ses premiers Gardes Rouges), le lecteur sentira le mépris sincère de l'écrivain pour les travers de comportement de ses semblables : égoïsme, peur et choix délibéré de préserver un petit confort personnel. Émouvant, sincère, réaliste, détaillé jusqu'à l'excès, délicat et profondément humain, empreint par endroits d'une certaine poésie (Peiping -ancien nom de Pékin- c'est la « ville pacifique par excellence, avec ses lacs et ses collines, son palais impérial, ses terrasses et ses autels, ses temples et ses monastères, ses résidences et ses parcs, son mur-écran aux 9 dragons multicolores, ses vieux thuyas, ses saules vert émeraude, ses ponts de marbre blanc ... »), « Quatre générations sous un même toit » aurait pu être une perle.



Mais l'ouvrage m'a paru trop long (tout pouvait être dit en 200 pages), sans réel temps forts (à l'exception de l'emprisonnement et du retour d'un des protagonistes) et trop caricatural (que ce soit vis-à-vis des Japonais dont il dénonce la cupidité et l'imbécilité, des Mandchous qu'il fait passer pour des gens raffinés ou des Chinois dont il glorifie la patriotisme et l'envie de prendre en main leur destin). Le roman est par ailleurs truffé d'invraisemblances (un exemple, les Japonais sont invisibles ; ils ouvrent ou ferment les portes de la ville quand bon leur semble, et ils organisent quelques défilés, un point c'est tout) et il est d'un idéalisme naïf, pour ne pas dire béat, l'auteur ne dénonçant les choses et les faits qu'à fleuret moucheté, à de rares exceptions près (page 435 « la Chine avait une culture très ancienne, mais malheureusement, elle commençait à être moisie et un peu pourrie par endroits »). Dommage : je mets donc 3 étoiles.
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Le nouvel inspecteur - Le croissant de lune

Ce court recueil contient deux nouvelles de Lao She (1899-1966). L'écrivain chinois a enseigné une vingtaine d'années, notamment en Angleterre. Il a connu très tôt le succès après la publication de Pousse-pousse et a pu se consacrer entièrement à l'écriture. Il a écrit de nombreuses nouvelles, des romans, des pièces de théâtre. Il n'a pas pu achever son grand roman autobiographique. Il a été "suicidé" durant la Révolution culturelle.

Ces deux nouvelles datent des années 30. On peut les retrouver dans le recueil Gens de Pékin, qui en contient neuf.

1) le nouvel inspecteur :

You Lao'er a été promu inspecteur et nous le suivons dans sa prise de fonction, tantôt de l'extérieur grâce à un narrateur badin, tantôt de l'intérieur. Il aurait dû arriver en voiture pour en imposer à ses subordonnés mais après tout ce n'était pas vraiment indispensable. C'est un gros mou, incapable de prendre une décision mais il doit sauver les apparences. Il dispose d'un salaire de cent vingt yuans et de quatre-vingts yuans destinés aux dépenses du bureau. Comment les distribuer, à qui et puis à quoi bon ? Il a une mission, éliminer les rebelles devenus brigands qui pullulent dans le secteur. Mais d'abord il a très peu de moyens et ensuite ce sont de bons copains, alors comment s'en sortir ? La nouvelle est drôle, réaliste, elle traite de la corruption ordinaire mais c'est surtout la forme qui m'a plu car on rentre dans la conscience d'un incapable, ce qui n'est pas si courant.

2) le croissant de lune

Un récit à la première personne qui retrace le destin d'une fille de condition modeste. Préparez vos mouchoirs, c'est terrible. Au départ elle a huit ans, elle assiste à la mort et à la mise en bière de son père. Sa mère pleure. Elle est désormais sans ressources. Comment s'en sortir ? A la fin voilà ce qu' aura compris la narratrice :

"J'acquis au cours de ces expériences une certaine connaissance de l'homme et de l'argent ; l'argent est encore plus redoutable : l'homme est une bête, c'est l'argent qui lui donne du nerf".

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Le pousse-pousse

Dans sa préface, Anne Cheng explique que ce roman marque un virage dans l'œuvre de Lao She,car l'invasion de la Chine par le Japon va le conduire à une littérature de " résistance". Ce roman nous fait assister à la longue d'échéance de Siang Tsé, tireur de pousse pousse. Jeune et vigoureux,il aspire à posséder son propre pousse_pousse et ainsi réussir à vivre dans de bonnes conditions et même s'enrichir. Seulement, d'étape en étape il perd systématiquement tout ce qu'il avait réussi à acquérir, pour finir dans une résignation tragique proche de l'auto_ destruction. A travers lui on découvre la Chine des gens du peuple, les " petites gens" au service des grands. Ils ne peuvent,au meilleur des cas que survivre puisque beaucoup périssent de misère. Il y a un poids énorme dans ce récit, la fatalité qu'on devine dès les premières pages, et qui coupe toute énergie. Si Siang Tsé se reprend à plusieurs occasions pour croire encore en ses projets, je n'ai pas senti de véritable résistance que ce soit face à la société injuste ou dans sa vie privée. Il se laisse berner par La Tigresse et devient lui même insensible et égoïste dans sa relation avec elle. Sa rencontre avec Petite Fou Tsé se passe alors qu'il est déjà profondément inscrit dans un processus d'abandon de soi et de ses rêves. Le lecteur pressent une issue tragique. Lao She ayant choisi dans ce roman de partir de l'individu dans une dimension humaniste plutôt que de se positionner dans une idéologie Collective et politique,j'ai regretté qu'il n'ait pas donné davantage de consistance à son personnage, plus d'émotion,de colère,de révolte,de tristesse...ce qui n'aurait pas empêché de dépeindre avec réalisme le paysage économique et social de cette Chine des années 20/30...
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Gens de Pékin

Gens de Pékin rassemble plusieurs nouvelles écrites par Lao She. Le contexte historique de ces récits se situe entre la fin de l'Empire et les premières années de la République.



A travers ces différentes histoires, Lao She offre un retour dans le passé, vers la vie pékinoise du début du XXème siècle. Il s'attache plus particulièrement au quotidien des petites gens, qu'ils soient simples policiers des rues, ancien maître d'art martial ou prostituée.



Le ton se fait tour à tour mélancolique, amer, mélodramatique ou franchement comique. Il n'est qu'à lire les atermoiements du nouvel inspecteur dans la nouvelle éponyme pour découvrir tout l'humour de Lao She. Ce personnage, policier certes mais aux liens très étroits avec des rebelles plus ou moins brigands, est chargé de les chasser de leur montagne. Mais ces brigands, loin des images de brutes sanguinaires, viennent trouver l'inspecteur pour lui proposer un arrangement: ils quitteront la province pour ne pas avoir à le combattre sous condition que celui-ci leur paie le transport. Et voici notre pauvre inspecteur à donner de sa poche ses précieux yuans, plus par pusillanimité que par devoir de mémoire.



La dernière histoire narre le cheminement d'une jeune fille qui finit, misère oblige, par tomber dans la prostitution. Le ton ici se fait âpre et chargé d'amertume.

Lao She, à travers ses différents personnages féminins, démontre les difficiles conditions de vie des femmes chinoises de cette époque. Hors le mariage, point de salut et il ne reste plus guère que la mendicité ou vendre son corps pour subvenir aux besoins intransigeants de la bouche.

Et même dans le mariage, la situation de belle-fille, telle qu'il la dépeint dans une de ces nouvelles, ne garantit aucunement le bonheur et la félicité, bien au contraire. "Achetée" par mariage, elle tombe en esclavage, sous la coupe d'un mari et de sa belle-famille. Les coups, les épreuves, les injures et les humiliations apparaissent comme le pain quotidien de ces pauvres femmes des catégories sociales les plus populaires.
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Un fils tombé du ciel

Récit autobiographique qui raconte les événements autour de sa naissance. On découvre les fetes traditionnelles qui entoure sa naissance en Chine : le premier bain, le troisième jour, le premier mois... La vie de sa famille n'est pas facile, des difficultés financières. On remarque que les traditions sont très présentes à cette époque comme, par exemple, offrir un présent quand on rend visite!

Dans la deuxième partie, on s'éloigne un peu de l'événement de sa naissance, et il raconte les "heurts" entre les différentes religions : les taoistes, les bouddhistes et les chrétiens principalement. Le révérend est montré comme quelqu'un de fourbe, et son disciple aussi qui "profite" de la religion chrétienne pour l'argent et montrer un certain pouvoir. A la fin du roman, une anecdote est raconté avec le seigneur Ding et le révérand mais on ne saurait sans doute jamais la fin, l'auteur est mort avant de le finir... Un peu frustrant!

J'ai trouvé le roman très intéressant, on découvre les aspects de la vie chinoise ( et mandchoue) au début du XXe siècle, avec une pointe d'humour. L'épisode que j'ai le plus apprécié, c'est lors d'une fin de visite quand le cadeau retourné est un aliment périmé!!

J'ai quand même préféré 3 générations sous un même toit, plus "complet"!
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Acheter un billet de loterie

Voici une très courte nouvelle humoristique de l'écrivain chinois Lao She (1899-1966).

La loterie de L'Armée de l'air connaît toujours un franc succès au village. Mais là, le gros lot est de 50 briques ! Il faut illico réunir de quoi jouer dans la famille ! La seconde soeur aînée mise 20 centimes. le narrateur consulte son horoscope et mise 40 centimes etc. Tout le village s'y colle mais ce n'est pas le tout les amis, il faut aussi acheter le billet dans une boutique favorable ! Et pour cela il convient de consulter un devin digne de confiance...Que de soucis !



Lu sur l'excellent site chinese-shortstories.com



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Quatre générations sous un même toit, tome 1

Voici un grand classique de la littérature chinoise en trois tomes.



Cette saga est très dense et permet de découvrir la Chine et plus particulièrement Pékin sous l'occupation japonaise des années 30. Les pages sont minées d'une foule de personnages, tous plus attachants les uns que les autres, car très personnifiés avec une vie palpitante et très riche de rebondissements. On comprend très bien la difficulté de leurs vies sous occupation étrangère : les privations, les arrestations arbitraires... Chaque personnage a une place importante et forme partie d'un tout : les quatre générations et leurs voisins de quartier, certains à la botte des japonais et épiant la moindre incartade de son prochain.



Une très belle écriture, je me suis laissée porter jusqu'à la dernière page malgré parfois quelques longueurs.
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Le pousse-pousse

Siang-tse, jeune campagnard, arrive sur Pékin à l'âge de dix-huit ans, bien déterminé à amasser un petit pécule. Plein d'énergie, robuste et bien bâti, il s'oriente vers le métier de tireur de pousse et ne ménage pas sa peine afin de pouvoir s'offrir son propre pousse.

Mais une fois son acquisition faite, il aurait dû prêter l'oreille aux bruits de guerre qui circulaient en ville. À cette époque, de nombreux conflits dont il ignore totalement les enjeux sont monnaies courantes. Arrêté par des soldats qui lui volent son pousse, il réussit à s'évader grâce à des chameaux, des chameaux juste un peu encombrants qu'il cède pour trois fois rien dans l'optique de renflouer son pécule pour acheter un autre pousse. Il est plein de naïveté notre jeune chinois !



Tout ce petit monde de tireurs à Pékin a sa propre hiérarchie. Lorsque la pauvreté acquise dès la naissance se colle inévitablement à votre destin, il est bien difficile de se tailler sa petite part au soleil ! Siang-tse est pourtant sobre, travailleur, sincère et foncièrement honnête mais est-ce suffisant pour s'extraire de cette misère ?

Son tempérament, plutôt effacé, donne à son entourage une facilité pour le faire plier à leurs propres volontés. Pauvre Siang-tse, il nous fait pitié en perdant, étape par étape, toute son assurance du départ. Gagner son bol de riz à Pékin n'est pas chose facile dans ces années trente.



Toujours d'un ton égal, Lao She nous relate toutes les désillusions de ce tireur de pousse. Cette narration au fil de l'eau, qui nous expose les faits d'une manière monotone, fait que nous ne nous attachons pas aux personnages. Seule la pitié ressort nettement vis-à-vis de ce pauvre Siang-tse dont le rêve, pourtant loin d'être inabordable, se heurte à une société pékinoise qui elle est sans pitié.



La moralité de l'histoire en ce qui concerne l'honnêteté et la dignité est bien sinistre mais hélas sûrement bien réaliste. Une lecture chinoise dépaysante, au coeur du Pékin d'antan, mais au goût bien amer.

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