Manu Larcenet - "La route" en bande dessinée
- Hé ! Tu sais pourquoi les flics se baladaient par trois en URSS ?
…parce que le premier savait lire…le second savait écrire…Et le troisième surveillait ces deux dangereux intellectuels !
On entend souvent parler du "poids des années"... Foutaises ! Le temps nous vide.
J'aime les questions et les chemins qu'elles nous font prendre. Les réponses sont sans importance, Brodeck, c'est arpenter le chemin qui est satisfaisant pour l'homme... Etre capable de dire: "J'ai avancé".
Je suis le seul innocent parmi tous. Le seul. En écrivant ces mots, je comprends soudain le danger que cela représente, d'être innocent au milieu des coupables... C'est, en somme, très proche d'être seul coupable parmi les innocents.
Il faut se méfier de la chose écrite au-delà de sa noblesse, elle ne reflète toujours que la vérité de celui qui tient le crayon.
Je porte la croix d'un homme que je ne suis plus...Mais elle n'en est pas moins lourde...
Je suis parti le dix-neuf juin vers six heures trente. Il faisait encore frais et la rue commençait à peine à s’animer. Ceux qui rentraient se coucher croisaient ceux qui s’en allaient bosser. Quelle joie de n’être ni l’un ni l’autre !
Hé , tu sais pourquoi les flics se baladaient par trois en U.R.S.S. ?
Parce que le premier savait lire...
Le second savait écrire...
Et le troisième surveillait ces deux dangereux intellectuels !
- T’es un drôle d’écrivain, toi ! Un original !
- Silence !
- Ça court généralement pas la campagne, les écrivains en panoplie de clochard !
- AH OUAIS ?! Et les saints ?! C’est sensé éclater la gueule des honnêtes gens à la barre de fer ?!
- A chacun son originalité, selon la définition !
Mancini l’écrivain SDF et Saint Jacky le bon samaritain et trafiquant de drogue
Parfois je mens. Je dis que je ne me souviens de rien. Mais il n'est rien qui ne s'efface, bien sûr.
Je bouillonne en dedans. Je suis en feu.
Je suis gris, lourd, crasseux, mais je suis en feu.
Je suis la limaille, le cambouis, les miasmes, les ordures.
Je suis la souillure, la suie qui s'incruste sous les ongles, les paupières, qui se niche au fond des poumons.
Le désespoir, c'est comme la prison, la mine ou l'usine... Ça ne vous lâche jamais.
Mais je suis en feu.
Alors je mens.
Je dis que je ne me souviens de rien.
Mais mon histoire est écrite de cicatrices. Il me suffit d'inspecter ma peau, et tout me revient.