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Critiques de Laure Adler (312)
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Les femmes qui lisent sont dangereuses

"Il existe encore des familles où une femme qui lit beaucoup inquiète et scandalise."

(F. Mauriac)



Quand j'ai sorti "Les femmes qui lisent sont dangereuses" de son bel emballage, le matin de Noël, j'ai eu un petit moment de flottement. Pendant un court instant, j'ai cru qu'il s'agit d'une de ces indispensables compilations sans queue ni tête, éditées vite-fait avant les fêtes, à mi-chemin entre le "Grand Larousse des tire-bouchons" et "Les cent tableaux qu'il faut voir avant de mourir".

Erreur ! Un rapide coup d'oeil sur la couverture et sur les reproductions à l'intérieur m'a assurée que le Père Noël reste un homme raffiné de bon goût. C'est un beau livre à feuilleter et à rêver...



Mais pourquoi une femme qui lit devrait-elle être "dangereuse" ?

Dans leur deux préfaces respectives, L. Adler et S. Bollman nous éclairent sur le sujet. Sur les rapports entre la femme et la lecture à travers les siècles. Sur le chemin qui mène de l'ignorance et la soumission à la connaissance et l'émancipation, bien avant notre époque moderne.

Et bien sûr, ce n'est pas uniquement le cas de femmes. Dès que n'importe qui, homme ou femme, a l'accès à l'instruction, il obtient cette capacité de se faire ses propres opinions sur le monde. Son esprit s'ouvre, et il devient potentiellement dangereux à ceux qui ont l'habitude de dicter.

L'instruction est "dangereuse". Les livres sont "dangereux". Mais tout ça, c'est merveilleux et libérateur. Avec un livre, on s'isole du monde immédiat, pour en explorer d'autres. On s'amuse. On apprend. On voyage. Et les femmes qui lisent sont belles.



Quand on regarde un portrait d'un homme avec un livre, l'objet symbolise le plus souvent la sagesse ou le statut social. Un livre dans la main d'une femme devient un objet sulfureux; la pomme de la connaissance du Jardin d'Eden.

Mon vieux prof d'histoire de l'art, un grand esthète, disait toujours d'avoir un "faible pour les femmes qui lisent les livres plus épais que leur poignet". On en trouve quelques unes, sur les images de ce livre. Mais même s'il s'agit d'une lettre, d'une carte routière ou d'un catalogue de mode, il y a toujours quelque chose de particulier à observer chez ces lectrices.

Rêverie, attente, concentration, abandon...



Le livre regroupe une centaine de reproductions de tableaux et des photos (d'artistes connus et moins connus) à travers les époques, avec des courts commentaires.

J'ai toujours aimé les livres de "tableaux commentés" - on commence par regarder le titre et la date, et puis on essaie d'imaginer l'histoire cachée dans le tableau. Ce n'est qu'après qu'on regarde le texte - parfois on y est, parfois pas du tout ! Mais à chaque fois, il y a quelque chose à découvrir.

Comme cette Vierge de l'Annonciation, qui est très pressée de retourner à son livre d'heures, dès que l'Ange partira. Ou cette Marilyn concentrée sur la lecture d'Ulysse de Joyce. Elle a presque fini...



J'ai mis du temps pour tout parcourir; parfois les tableaux étaient inutilement ressemblants entre eux (et les textes aussi), mais c'était une excursion artistique fort sympathique.

Il ne reste qu'à découvrir ce que me réserve son pendant "Les femmes artistes sont dangereuses". Père Noël ne fait pas les choses à moitié...
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La voyageuse de nuit

"Ce texte s'adresse aussi aux jeunes, à tous ces futurs vieux qui ont fait déjà en eux, souvent sans s'en apercevoir, une place ce à ce qu'ils seront plus tard."



C’est un singulier voyage, pour lequel tout être humain est censé préparer ses bagages, pourvu que Dieu ou ses avatars lui prêtent vie assez longtemps. Lorsque l’étape est trop lointaine pour s’en soucier, il est fort probable que le voyageur s’y prenne cependant au dernier moment, alors que la destination se sera insidieusement infiltrée dans les articulations et la mémoire…



Vieillir… N’est-on pas toujours, dès l’école primaire, le vieux de quelqu’un? Alors relativisons !



C’est avant tout dans la tête, avec un curieux décalage entre ce que nous laisse croire notre organe pensant, qui se ressent le même que lorsque nous avions quinze ans et ces signes extérieurs qui nous trahissent aux yeux de ceux qui se réveillent encore chaque matin en n’ayant mal nul part. Faut-il pour autant bannir les miroirs et ignorer le regard des autres, qui pensant nous faire plaisir nous font remarquer que nous ne « faisons pas notre âge?



Exemples et contre-exemples, l’âge mûr a ses caractéristiques individuelles et chacun le vivra avec ses antécédents et plus ou moins de chance.



Je souscris aux remarques pertinentes de l’auteur, avec une petite objection : n’opposons pas l’âge d’or de la jeunesse, elle n’est pas rose pour tout le monde, au naufrage de la vieillesse, qui n’est pas non plus toujours un parcours d’obstacles.



L’ouvrage n’atteindra sans doute pas ceux qui ne sont pas (encore) concernés, à ceci près que le plaidoyer pour le vivre ensemble et la prohibition des ghettos qui sont autant d’antichambres de la mort dépend du bon vouloir des générations qui nous suivent.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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La voyageuse de nuit

Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? « Corneille ». Est-ce vraiment ce qui nous attend où autre chose ?

Laure Adler nous dresse un état des lieux de la vieillesse à l’aide de son expérience, du vécu des autres et de très beaux textes ou citations de divers auteurs. C’est un texte érudit, je n’en attendais pas moins de cette auteure que j’avais énormément envie de lire et c’est intéressant.

Sommes-nous victimes des apparences ou la vieillesse est-elle un fait établi. Si la vieillesse n’est pas la même pour tous : femmes ou hommes, riches ou pauvres, en bonne santé ou actif. La vieillesse est une autre étape dans notre vie soit nous restons ce que nous sommes en acceptant quelques douleurs, un peu plus de fatigue soit le regard des autres nous dévalorise. De toute façon la vieillesse est privilège qui permet à certains une plus longue vie au prix d’une certaine déchéance corporelle. Et puis cette image dans le miroir n’est pas le reflet de ce que sont certaines personnes dans leurs têtes. Donc apprivoisons-notre vieillesse et la meilleure façon d’y arriver est de cueillir notre jeunesse comme le disait si bien Ronsard car sans regrets la vie est bien plus simple.

Un livre qui nous fait regarder nos vieux différemment.

Merci aux éditions Grasset

#La voyageuse de nuit#NetGalleyFrance

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Les femmes qui lisent sont dangereuses

Un livre que mon mari vient de m'offrir pour les fêtes de fin d'année et je dois dire qu'il a été très avisé dans son choix..

Il s'agit d'un livre de peinture qui représente, à travers les époques et différents pays, des femmes en train de lire..

Le talent des auteurs: la célèbre journaliste-écrivain Laure Adler et l'écrivain Stefan Bollmann est de rassembler une centaine de peintures centrées sur ce sujet et de les commenter en montrant comment l'acte de lecture a représenté pour les femmes un acte important d'émancipation: en effet, en lisant, ne s'approprient-elles pas des connaissances et des expériences auxquelles la société ne les avait pas prédestinées?

Laure Adler est de plus bien placée pour intervenir sur ce thème puisqu'elle est également historienne et spécialiste de l'Histoire des femmes et des féministes au 19ème et 20ème siècle.

J'ai été particulièrement sensible à la qualité du choix des peintures: toutes les époques sont représentées: le Moyen-Age avec Simone Martini, le 17ème siècle avec les peintres hollandais Rembrandt, Elinga, Vermeer, le 18ème siècle avec Chardin, Boucher, Fragonard.. Les 19ème et 20ème siècles sont également bien représentés avec Vanessa Bell, Edward Hopper, Vittorio Corcos..

Un très bel ouvrage, clair, intelligent, sur un sujet original..

Un voyage artistique dans l'Histoire..

Merci encore à mon mari pour ce cadeau..
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La voyageuse de nuit

Laure Adler vient d’entrer dans le troisième âge, l’occasion pour elle de se pencher sur la vieillesse. Elle nous offre un carnet de notes, un vagabondage au pays des seniors, au hasard des rencontres et des références littéraires ou cinématographiques, des rappels historiques.



L’intérêt de cet ouvrage est que l’auteure n’élude aucun des aspects de cette période de notre vie ; la solitude, l’éloignement de la famille, le lien social qui diminue, la perte d’autonomie, la mémoire qui fout le camp, la lente disgrâce de l’esprit, la maladie d’Alzheimer.



Laure Adler évoque aussi les femmes qui comme toujours constituent la classe la plus fragile avec des pensions minuscules et qui n’arrivent pas à vivre dans des conditions décentes :

« Être vieux, c’est une horreur. Être vieille c’est encore pire. »



Les inégalités face à la vieillesse, seuls les privilégiés ont accès à une vieillesse heureuse.



Laure Adler pose la question des EPHAD, les aides-soignantes, qui accomplissent quotidiennement pour un salaire de misère, un travail considérable physique, mais surtout humain, des personnes si utiles et si déconsidérées, le profit des actionnaires et le manque de respect de la personne âgée. Une sorte de racisme anti-vieux, la ségrégation et l’exclusion fondées uniquement sur l’âge, et si la solution était dans la mixité entre les générations, la meilleure de solutions pour les jeunes comme pour les vieux.



À cette question : peut-on échapper à l’âge et au vieillissement ? Laure Adler répond avec lucidité, mais nous propose des pistes pleines d’espoir.

La sexualité d’abord :

« l’amour physique est bien plus efficace et agréable que tous les liftings. »



Mais aussi la vieillesse comme chemin de sagesse, on sait distinguer l’essentiel de l’accessoire, on ne se gâche plus la vie avec les détails et les petits énervements de l’existence. La vieillesse comme une libération, une acceptation de soi-même, une nouvelle liberté intérieure. Se mettre en veilleuse de soi, se donner plus aux autres que s’adonner à soi. L’âge peut donner du talent, certains artistes, musiciens, peintres, certains écrivains ont produit une œuvre tardive qui confine au génie.



Fruit de rencontres, d’enquêtes et de lecture, un récit émouvant, drôle parfois, triste souvent, mais malheureusement un livre trop intellectuel regorgeant de citations, à la fin j’ai eu l’impression d’avoir lu une thèse.



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Marguerite Duras (Biographie)

Je crois que j'ai toujours été fascinée par Marguerite Duras. Peut-être parce qu'adolescente je la croisais régulièrement aux Roches Noires à Trouville où j'allais rendre visite à un ami qui y demeurait l'été.



À l'époque je n'avais rien lu de cette petite femme qui s'asseyait, fumant une cigarette, seule ou au contraire très entourée, dans les gros fauteuils club du hall de l'ancien hôtel. Ce dont je me souviens c'est qu'elle était déjà célèbre pour ses films qui en bien ou en mal faisaient réagir ceux qui les avaient vus. Des films aux titres chargés de mystère : India Song, Son nom de Venise dans Calcutta désert, Des journées entières dans les arbres.



Comme ces titres, je trouvais la réalisatrice écrivain mystérieuse. Agaçante aussi par certains aspects, comme l'impression en la voyant évoluer qu'elle était le centre de son monde. Ce qui n'était pas faux. Depuis j'ai lu les livres de Marguerite Duras (pas tous) et j'ai découvert le grand talent d'une personnalité complexe et excessive.



Rapportée par Laure Adler dans cette biographie passionnante, — en fait, une des meilleures que j'ai lue à ce jour — une vie fabuleuse indissociable de l’oeuvre singulière de Marguerite Duras.
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Françoise

Françoise Giroud, femme de tous les combats qui a redéfini le métier de journaliste, a su s'imposer et tracer le sillon pour ouvrir la voie aux femmes et améliorer leur condition dans la société.



Avec L'Express, Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan Schreiber créent un journal pour soutenir leur ami Pierre Mendès-France qui veut mettre fin à la guerre d'Algérie. Ensemble ils soutiennent le FLN et deviennent la cible de l'OAS. Ils sont unis par une passion amoureuse, politique et journalistique, mais après une belle réussite éditoriale, ils se fourvoient, oscillent politiquement et finalement se séparent. Françoise Giroud soutiendra malgré tout Jean-Jacques Servan Schreiber, même quand celui-ci aura des ambitions politiques démesurées.



Laure Adler, journaliste qui voit en Françoise Giroud une figure tutélaire, maîtrise parfaitement son sujet sur lequel elle a travaillé sept ans. C'est avec beaucoup d'intelligence qu'elle fait le portrait de ce personnage complexe et plein de contradictions : celui d'une travailleuse acharnée qui a commencé sa vie professionnelle à quatorze ans pour subvenir aux besoins de sa famille ruinée, d'une séductrice qui aime les hommes et le pouvoir, mais aussi d'une femme secrète qui cachera longtemps sa judéité et changera de nom.



Une vie utile, une vie bien remplie pour Françoise Giroud qui, même si elle ne suscite pas la sympathie, force l'admiration par la volonté indéfectible qu'elle avait de faire avancer les choses.
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La voyageuse de nuit

Dans cet essai, l’auteure nous invite à réfléchir sur la vieillesse, sa définition, ce que cela représente selon qu’on est un homme ou une femme, pauvre ou riche…



Puis, on passe à la notion du « sentiment de l’âge », notion introduite avec cette citation de Elias Canetti dans Le livre contre la mort :



« Depuis quand es-tu vieux ? Depuis demain. »



J’ai aimé surtout dans cet essai, les auteures cités par Laure Adler : Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Annie Ernaux mais aussi des hommes Marcel Proust, Victor Hugo, Emmanuel Todd, ou encore des artistes : Hokusai, Sviatoslav Richter, Soulages entre autres.



J’ai apprécié la comparaison entre Chateaubriand qui a décidé qu’il était devenu vieux à trente ans alors que Stéphane Hessel s’indignait encore à quatre-vingt-treize ans… ou les références à Philip Roth, la réflexion sur la difficulté à affronter le déclin de nos parents qui deviennent parfois nos enfants, quand la sénilité tente d’occuper la place.



Devenir la mère de sa mère jusqu’à l’épuisement ; réaliser la mort de celle qui vous a enfanté permet de se déprendre de soi.



Laure Adler a des mots durs parfois lorsqu’elle compare le prestige des temps grises des hommes qui épousent des jeunettes alors que les femmes à l’inverse sont des cougars qui « s’accrochent » ou ne veulent pas « raccrocher » et que dire de la sexualité ou de l’ombre d’Alzheimer, on a l’impression d’être à la limite des gros mots, là…



Ensuite, passons à la phase EHPAD… Sujet sensible, parce que j’ai dû me résoudre à y placer ma mère qui a 95 ans et que l’on a gardé chez elle jusqu’à 93 avec les auxiliaires de vie très dévouées, mais c’était devenu trop compliqué avec une chute tous les 2 mois, qui se terminait au CHU. C’est une décision terrible à prendre tant on se sent coupable de ne plus pouvoir assumer, d’y laisser sa propre peau…



J’ai fini ma lecture « en travers » comme disait une de mes profs de français car j’ai le même âge que Laure Adler, je suis plutôt d’accord avec elle, mais je suis restée sur ma faim (ma fin ?) car si le voyage avec des penseurs que j’aime m’a plu, je trouve qu’elle ne propose pas grand-chose. Et je dois le reconnaître, sa manière de jouer les « Madame Je-sais-tout donneuse de leçon, m’insupporte, chaque fois que je la vois à l’écran, je zappe ce qui n’a pas facilité ma lecture.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m’ont permis de découvrir cet essai ainsi que la plume de son auteure car Laure Adler m’a donné envie de me plonger ou replonger dans les livres de Nathalie Sarraute et Simone de Beauvoir entre autres.



#Lavoyageusedenuit #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Les femmes qui lisent sont dangereuses

Les femmes qui lisent sont-elles dangereuses ?

1/ Depuis que la peinture existe en Occident (et que la photographie la complète), les femmes sont représentées un livre à la main, de Marie (la Vierge) à Marilyn (l'Etoile). Les femmes lisent, les femmes ont toujours lu à travers les siècles.

2/ Etonnant, car nous avons plutôt le souvenir d’avoir vu les femmes en pâmoison, en maternité, en prière, en deuil, au bal, à la toilette, à l'église, au bordel, à l'atelier, et même au travail? Mais à la lecture, non.

3/ Pourtant nous avions entendu parler de celles qui écrivaient : Louise Labé, Mme de La Fayette, Jane Austen, les Sœurs Brontë,….Mais qu’en était-il des autres, les « normales », les innombrables, plongées "naturellement" dans cette activité familière : la lecture.

4/ Allons, allons? Dans le fond, nous le savions. «De manière subliminale», dit Laure Adler. Nous le savions par nos mémoires familiales, par les livres eux-mêmes, par ce qui nous reste de nos connaissances en histoire. Les dames de cour, les femmes savantes, les Bovary, jusqu'à la merveilleuse Sonietchka, elles lisaient, comme elles lisent encore, parfois à s'en détruire l'existence. La lecture, nous le savions d'une certaine manière, a toujours été une passion très féminine.

5/ Que la lecture soit l'affaire des femmes, le travail des peintres et des photographes en donne une idée lumineuse et vraie. Tout, dans les corps et les visages, s'accorde à cette formidable activité mentale: les visages rêveurs ou concentrés, les corps ramassés ou alanguis, les mains gracieuses et précises? Les décors sont des lieux qui transpirent le plaisir - jardins en été, canapés, fauteuils profonds - et même le bonheur - lits, chambres, intérieurs domestiques... Nues, joliment déshabillées, parfois splendidement vêtues, les femmes qui lisent sont belles. Comment mieux dire que la lecture est toute sensualité, et parfois tout amour? (critique librement inspirée d’un article de l’Express publié en mai 2006)



Des tableaux magnifiques accompagnés de courts commentaires, où chacune d'entre nous peut se reconnaître.

Un pur moment de BONHEUR.

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Les femmes qui lisent sont dangereuses

Aimer lire. Aimer vivre. Aimer parce qu'un point ne fait pas tout. Et que lisent elles ? Justement, de tout. Beaucoup, partout. Elles prennent, offrent, partagent et donnent. Elles lisent ce qui s'écrie en tout. Elles relaient , elles transmettent. Parce qu'effectivement un livre entre les mains d'une femme ce n'est pas n'importe quoi. Ça vous parle beaucoup. Qui dit livre dit liberté, savoir, accès, qui dit livre veut dire sacré, vérité, mystères dévoilés, mémoire activée.

Ça veut dire entendre et non plus juste écouter.

Ça veut dire transformer le monde puisque le monde elles sont en capacité de le porter.

Très beau texte de Laure Adler qui connaît extrêmement bien son sujet.

Celle qui lit, écrit. Pour ne pas briser le cercle d'un halo de lumière, garder le livre ouvert pour veiller.

Les peintres savent la puissance que contient cette image : une femme en lecture.

Personne ne veut penser à la voir ainsi penchée sur un livre qu'elle est entrain de prier.

La question ainsi se pose : où est elle ?, et que lit elle ? L'image impose le silence. Peindre à juste titre une femme en lecture c'est une difficulté pour un artiste. Il n'existe pas de modèle. Elles sont uniques. C'est comme peindre un oiseau sans sa cage, comme dans le tableau de Prévert. Ce qu'il faut rechercher dans ce qu'une femme lit c'est ce qu'elle écrit. Et comme elles lisent beaucoup, il faudrait en écrire beaucoup. Alors faut il juste les regarder, tout en pensant au prochain livre qui viendra. Question d'ensemble.

De la vierge de Simone Martini à la jeune fille de Domenico Fetti, en passant par la douceur de celles de Liotard, de Füger, à la passion de celle d'Eybl, ou de Hennig, par le sourire de la lectrice de Henner, dans le repos de celle de Roussel, dans les rêves de Corcos, à travers la lumière d'Ilsted et de Marquet, par la force de Münter, et dans la plénitude de Miller, comme les hommes peignent beau toutes ces lignes que parcourent les femmes.

Les yeux « des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie » et c'est peut être beaucoup mieux si on lit les choses comme cela.

J'ajouterai celles de l'éducation de la Vierge de Delacroix. Ce tableau n'est pas dans ce livre. Mais il est toujours dans ma tête. Alors maintenant il est un peu entre vos mains. C'est en lisant ce livre qu'il m'ait venu le goût de vous l'écrire.



Astrid Shriqui Garain

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Les femmes artistes sont de plus en plus da..

Deuxième opus de la série, le premier étant titré Les femmes artistes sont dangereuses, tout simplement.



Les deux autrices entendent montrer que les femmes artistes sont nombreuses, ont (avaient) du talent, mais qu'on les reconnait moins bien, et qu'on les oublie plus vite, que les hommes.



Elles ont également parfois, peut-être pas assez souvent (mais le leur permettait on ?), mis leur talent au service de la cause des femmes.



Le grand intérêt de ce livre vient de ce qu'il fait découvrir au profane des femmes artistes de qualité, souvent méconnues du grand public. La variété de leurs talents et leur sensibilité démontrent tout ce que l'art perdrait si on les faisait (avait fait) taire.



Un beau livre militant, qui vaut surtout par la mise en valeur des artistes sélectionnées.




Lien : http://michelgiraud.unblog.f..
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Les femmes qui lisent sont dangereuses

Les femmes sont dangereuses, chacun le sait. C'est écrit depuis la pomme, Adam et Eve la tentatrice, la sensuelle pécheresse. On les peint nues, déesses, vénus callipyges; en fait c'est habillées qu'elles sont les plus sournoises. Habillées et un livre à la main! Car le livre est bien l'apanage de la tentation. Le danger du livre dans les mains d'une femme ? La rendre savante! Savante, et donc terriblement subversive. Immobilisée par sa lecture, ouverte à son imagination, au lieu de vaquer à ses occupations de mère-épouse-bonne à tout faire- objet...On le voit bien dans ce tableau d'Elinga (Femme en train de lire, 1668-1670), où la bonne a cessé ses activités domestiques pour lire à la sauvette. Une servante qui lit, quand un seul livre coûte ce qu'il faut pour nourrir une famille pendant une semaine! C'est le désordre assuré dans la maison, dans la hiérarchie, dans la conscience de soi! Otez ce livre que je ne saurais voir, madame! Si lascive, livrée aux pages que c'en est indécent! Car elle ne lit pas au coin du feu avec les enfants, mais dans les replis solitaires d'un canapé ( Casas y Carbo) ou d'une chambre (Hopper), rendez-vous compte! Les femmes qui lisent sont dangereuses, vraiment! C'est écrit, très bien écrit, et merveilleusement illustré!
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La voyageuse de nuit

"C'est en le lisant (Chateaubriand) et en le relisant qu'est venu le désir du titre de ce livre, La voyageuse de nuit : "La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est caché ; elle ne découvre plus que le ciel." (p84)"



Vieillir, tout le temps, à chaque minute, seconde mais pendant une partie de notre vie nous n'en avons pas conscience et puis un jour l'idée s'installe, notre reflet dans le miroir a changé, nous avons même parfois du mal à nous reconnaître, à envisager l'avenir mais avec malgré tout un sentiment de plénitude, d'une sorte de bien-être, de liberté que nous offrent cet avancée dans l'âge.



"Ce n'est pas tant de se trouver moche devant le miroir qui est désagréable, que de ne pas se reconnaître. Mais il faut avoir un projet : c'est l'assurance que tout n'est as fini. Finalement la vieillesse complique la vie physique et la vie matérielle mais simplifie la vie morale. (p33)"



Laure Adler aborde le thème de la vieillesse dans cet essai à travers sa propre vie mais aussi à travers l'histoire, les auteur(e)s en particulier Simone de Beauvoir et les enquêtes qu'elle a faites auprès de médecins, dans des EHPAD que ce soit pour les résident(e)s mais aussi le personnel travaillant auprès d'eux mais également en s'interrogeant elle-même mais également ses proches qui vivent cette période de prise de conscience du temps qui passe, des corps qui se transforment.



"certaines (...) abordent cette période de leur vie comme un espace de liberté insoupçonnée. L'invisibilité que donne l'âge leur permet d'entrer dans un monde nouveau débarrassé et de la domination masculine et du souci de soi. (p39)"



J'ai beaucoup aimé cette étude sur l'âge car elle est faite sur plusieurs orientations : la prise de conscience : "Le sentiment de l'âge", une sorte d'état des "lieux", la vieillesse dans l'histoire " L'expérience de l'âge" puis de la situation des personnes âgées "La vision de l'âge" que ce soit sur le plan financier, conditions de vie, encadrement de la famille ou de structures spécialisées pour finir par une sorte de bilan épilogue, le tout en prenant références et expériences que ce soit dans la littérature, l'art, la philosophie ou sa propre expérience ou ses rencontres.



"Sacks l'affirme : "Je ne considère pas l'âge mûr comme une période vouée au déclin que l'on devrait subir le mieux possible mais comme un moment de plaisir et de liberté, où je suis libéré de l'exigence factice du début, libre d'explorer ce que je souhaite...."(p79)"



J'ai trouvé cela intéressant car j'y ai retrouvé des questionnements, des pensées que tout à chacun peut avoir soit par ses propres réflexions mais aussi par son propre vécu, regard sur une population de plus en plus vieillissante et pour laquelle la société n'est pas toujours préparée.



J'ai apprécié le ton, jamais didactique, parfois même humoristique, touchant voire émouvant n'hésitant pas à avouer ses propres sentiments, rendant la lecture fluide et parlante car les problèmes de société soulevés, les écarts entre vieillesse en pleine santé ou impactée par la maladie, vieillesse différente parfois si on est homme ou femme, vieillesse dans de bonnes conditions financières ou non sont des sujets qu'elle aborde avec franchise, réalisme et dont nous avons tous plus ou moins conscience même si nous reculons toujours le moment d'y penser.



Instructif, édifiant avec d'émouvants témoignages en autres ceux d'Edgar Morin, Annie Ernaux et quelques mots de Guy Bedos qui nous a quittés cet été, qui permettent à tout à chacun de dresser un état des lieux de la vieillesse, celle de la société, de ses structures mais également de notre propre vieillesse et d'y réfléchir.
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La voyageuse de nuit

Après avoir lu « Mais la vie continue » de Bernard Pivot, j’ai réalisé que je n’avais pas lu « La voyageuse de nuit » de Laure Adler sur un sujet similaire.

Contrairement à Pivot qui prenait ses exemples sur lui-même ou ses proches, Laure Adler va faire une véritable enquête sur la vieillesse, sa représentation et la manière dont elle est perçue.

Ainsi elle rencontre des artistes (Edgar Morin, Guy Bedos, Annie Ernaux, Marguerite Duras) et des inconnus qui évoquent, parfois crûment, les ravages de l’âge et leur mise à l’écart de la société.

Elle mêle aussi des références littéraires et des citations.

Pour elle les personnes âgées sont souvent déconsidérées dans la vie, et dans la représentation que l’on fait d’eux dans les arts, notamment dans le cinéma.

Les femmes, notamment, n’ont pas l’aura des « hommes mûrs aux tempes grises ».

Mais il y a autant de manières de vieillir qu’il y a de manières de vivre sa jeunesse, et « selon que vous serez puissant ou misérable », comme dit La Fontaine, votre vieillesse ne sera pas la même….



Même si l’atmosphère générale de cet essai est plutôt morose, pour ne pas dire très pessimiste, j’en retiens quand même quelques lueurs d’espoir.

Comme le disait aussi Pivot, l’âge mûr permet quand même quelques avantages : moins de contraintes de tous ordres, la faculté d’aller à l’essentiel, la possibilité de dire ce que l'on pense plus facilement…

Et la possibilité de rester toujours curieux, de pouvoir, disait Pivot, toujours « ajouter » des choses à sa vie, bref d’avoir toujours du désir, et le désir ne vieillit pas ! (Même si le réaliser s’avère parfois plus difficile…)

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À ce soir

Souvent ce qui fait très mal, est remisé sous une pile d’autres souvenirs et l’on y revient suite à un « coup » donné dans l’étagère et la blessure est réouverte, celle sur laquelle, on a tant à dire. C’est ce qui arrive à Laure Adler, des années après la perte de son petit Rémi, elle met des mots sur sa souffrance. Ces mots sont choisis avec tendresse, délicatesse, justesse, harmonie. Rien n’est lourd, rien n’est brutal, tout est conté d’un style littéraire parfait, dans une douce pudeur. La forme du récit colle parfaitement à son fond, aux sentiments, aux émotions, aux impressions qui arrivent et s’étendent sur le papier grâce à une plume poétique, d’une sensibilité touchante.

De nombreux messages resteront gravés en moi. Les maux d’un système de santé résonnent comme une sirène et notamment les silences du corps médical derrière lesquels se cache l’ignorance alors qu’il est tellement compétent, dans certains cas, de simplement dire « je ne sais pas ». J’aimerais contribuer en apportant une pierre à l’édifice et revoir ce qui me touche de près, l’humain dans ce système de santé.Une lecture très riche.
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Les femmes artistes sont de plus en plus da..

Merci aux éditions Flammarion et à l’opération Masse Critique pour l’envoi de ce livre !

J’en suis ravi ! Après un prologue intitulé Un Éternel recommencement rédige par Laure Adler qui nous rappelle les difficultés encourues par les femmes artistes à exercer leur art, les améliorations intervenues depuis peu néanmoins et le constat que tout n’est pas encore gagné, ce beau livre nous présente brièvement 52 artistes avec l’une de leur œuvre.

Ce livre m’a interpellé car je n’en connaissais AUCUNE, preuve s’il en est que le chemin est encore long, preuve également que mes connaissances sont lacunaires… Je dois corriger cela d’urgence !

Une double page est consacrée à chaque artiste, la présentant et commentant également l’œuvre choisie pour nous la faire connaître.

Ce livre m’a interpellé car j’avoue n’en connaître aucune, preuve que mes connaissances sont lacunaires - je dois corriger cela d’urgence - mais aussi constat que le chemin est encore long avant une véritable égalité entre les sexes…

Les artistes présentées sont nombreuses et proviennent du monde entier, certaines m’ont plu davantage mais toutes méritaient leur place dans cet ouvrage.

J’aime les livres qui m’enrichissent, et celui-ci, tant par son texte que par le choix des reproductions, en est un exemple.

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Les femmes qui lisent sont dangereuses

Ce livre se décline en deux parties. La première consiste en une analyse de « la femme qui lit » dans le temps par chacun des deux auteurs : Laure Adler et Stefan Bollmann. On y apprend qu’il n’a pas toujours été aisé pour la femme de lire. La lecture évoque la liberté, une vision sur l’extérieur pouvant représenter un danger dans le couple voire la société de jadis. D’ailleurs, Flaubert a bien décrit le phénomène dans « Madame Bovary ». En effet, Emma Bovary lit et se représente ce que pourrait être sa vie par le biais de ses lectures. Une assimilation incompatible avec la réalité de l’époque, la menant à la catastrophe.

La lecture permet l’isolement de l’esprit, en pensées tout en étant physiquement présent.

La seconde partie est un catalogue de tableaux commentés par les auteurs de façon réaliste et amenant souvent à constater l’évidence de ce que chacun peut ressentir.

Une lecture riche amenant à la gratitude de vivre dans une ère où l’accessibilité à la culture et à l’enrichissement intellectuel est universelle.
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Les femmes qui lisent sont de plus en plus ..

Ce livre est la suite du célèbre ouvrage : Les femmes qui lisent son dangereuses le beau livre de Laure Adler et de Stefan Bollmann, et apparait ici dans une nouvelle édition



Cet ouvrage est un très beau panorama de l'écriture au féminin à travers les siècles et se targue de décrire le travail des écrivaines incontournables de l'Histoire, comme Jane Austen, depuis le Moyen Âge avec Hildegarde von Bingen et Christine de Pisan, jusqu’à l'époque contemporaine avec Carson McCullers, Marguerite Yourcenar, Anaïs Nin, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Françoise Sagan – ou plus récemment Toni Morrison, Isabel Allende ou Arundhati Roy , soit le portrait d'une cinquantaine des auteures qui auront comptés dans la littérature mondiale .



Si les très grands noms de la littérature au féminin ne sont évidemment pas oubliées (Virginia Woolf, George Sand, Colette...) d'autres comme Johanna Spyri Milena Jesenka, ou encore Erika Mann ont moins passé le cap des années, et c'est tout à l'honneur des auteurs du livre de leur redonner de la postérité et de les faire connaitre au grand public avide de découvrir des grands noms méconnus de la littérature féminine.



"Lire c'est disparaitre, lire c'est faire corps avec soi meme . Lire c'est éteindre le bruit des autres pour tenter d'atteindre sa propre mélodie."



Parrallélement aux textes on appréciera un choix des tableaux particulièrement judicieux de Cindy Shermann en passant par Edwar Hopper!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Immortelles

Journaliste, historienne et écrivain, Laure Adler est l'auteur de divers essais ainsi que de plusieurs biographies sur des femmes célèbres (Duras, Arendt, Weil...). Surtout connue dans le domaine littéraire pour ses biographies - celle très controversée de Marguerite Duras a été critiquée en raison de nombreux « emprunts » - elle aborde dans « Immortelles », son premier roman, un thème qui lui est cher, l'amitié féminine, à travers les portraits croisés de trois femmes qui ont compté dans sa vie. Trois femmes, trois personnalités et parcours différents, leur point commun, c'est qu'elles ont disparu.



Le lecteur fait petit à petit connaissance avec ces trois femmes dont il suit la trajectoire depuis leur enfance mouvementée. Passant d'une amie à l'autre, le lecteur peut se sentir parfois désorienté car les situations sont quelquefois confuses, pour certains les histoires peuvent paraître sans grand intérêt, mais c'est surtout passablement écrit.



Le sentiment de bienveillance de la part de la narratrice est omniprésent dans cet hommage à l'amitié qui a fait de ses amies, à ses yeux, des « immortelles ». Ce roman sur l'amitié féminine est davantage destiné à un public féminin, est-ce la raison pour laquelle j'ai dû me forcer à finir ce livre ?

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La voyageuse de nuit

La voyageuse de nuit Laure Adler chez Grasset

"On est toujours la vieille ou le vieux de quelqu'un. Autant s'y préparer."....dixit !!

Peut on résumer ce texte à ces quelques mots? Ce serait sans doute bien prétentieux. Il n'empêche qu'au fil des pages chacun peut s'identifier à tel ou telle ou s'énerver après celui-ci ou celle-là du moins pour ceux ou celles qui comme moi font partie des seniors. les autres , les plus jeunes ou les très jeunes au fond peu leur importe ou si peu ..Laissons les vivre et profiter au mieux de leur jeunesse, qui certes passera mais qu'au moins ils en profitent!..

Et puis quand l'heure sera venue ils feront comme les autres au mieux avec le moins bien ...



Merci aux éditions Grasset pour ce partage

#Lavoyageusedenuit #NetGalleyFrance

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