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Critiques de Laurence Werner David (30)
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À mes yeux

Un grand livre, avec un vrai souffle. Où la question de la puissance des faits divers dans nos vies est traitée de manière obsédante. Un roman aux personnages touchants de par leur excès, et leur faille. Un vrai rythme que sous-tend le mystère de chacun, et qui va finir par les enchaîner les uns aux autres . Un récit à la fois exigeant dans sa quête de vérité (jusque dans sa vérité à mi-chemin entre document et fiction) et des personnages très poignants. Coup de coeur pour cette rentrée d'hiver!

Sébastien Tourneur
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À mes yeux



Je ne sais par où débuter cette chronique, j'ai à la fois tant et si peu à dire. Ce livre appartient à la catégorie de ceux qui vous parlent, qui vous susurrent des mots doux à l'oreille, des mots qui ne laissent personne indifférent et vous incitent à voir la vie d'un autre œil. Avant même de s'attarder au creux de mon oreille, j'ai entendu la douce mélodie qui s'échappait des pages, cet air si léger qu'il vous donne l'impression de flotter sur un nuage. La douceur de l'écriture amène la profondeur de la réflexion, elle nous fait pénétrer plus facilement mais aussi plus intensément les couches successives qui composent la pensée.

Les personnages sont présentés dans leur univers, dans la routine qui constitue leur quotidien. La recherche d'un fils pour l'un, la route de l'école pour les autres. Au fil du récit nous voyons les liens qui les unissent mais aussi et surtout les fantômes qui les hantent. Chacun possède un jardin secret, un petit bout de terre plus ou moins sombre dans lequel il vaut mieux ne pas s'aventurer. Le fantôme d'un fils, celui d'un meurtre ou encore d'un père absent, autant de figure qui pèse un peu plus chaque jour, qui s'englue avec insistance dans notre esprit. On peut voir à quel point une enquête avec laquelle nous n'avons rien à voir, peut ébranler un pays ainsi que les familles dans leur intimité. Une jeune fille violée puis carbonisée, une sinistre mort qui résonne dans tout le pays, qui pénètre le cercle familial et les discussions privées.

Le philosophe Ricœur est souvent convoqué dans ce livre, toute la réflexion prend une autre dimension, on y ajoute une dose de philosophie et une pincée de sentiment. Tout ce qui est fait, tout ce qui est dit a un sens, un but. L'enfant perdu, l'enfant retrouvé, pourquoi ? Tout un mystère plane sur ce lien invisible qui semble les unir, à la fois frêle et intense, une détermination presque obsessionnelle.

Ce roman se déguste, se savoure, mais prendre du recul m'a semblé nécessaire pour tenter de saisir tous les enjeux, toutes les idées qui sont véhiculées. Malgré une lecture attentive, je ne suis pas certaine d'avoir compris tout ce que l'auteure a voulu faire passer. J'ai vu un fabuleux ballet de personnage dont les destins s’entremêlent, dont les idées s'entrechoquent et se croisent. J'ai vu les impacts de la vie de l'autre sur les individus, l'impact de chaque chose, comme appartenant à un rouage plus grand, à l'engrenage de la vie.

Il est très difficile de parler de ce livre tant les émotions qu'il contient sont intenses, elles ne vous gagnent pas directement mais progressivement, tout se fait étape par étape, et c'est à mes yeux la grande force de ce livre.

Je remercie Babelio et l'opération Masse Critique pour cette superbe découverte.
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À mes yeux

Merci à Masse critique et aux éditions Buchet- Chastel, pour l'envoi de ce livre que j'ai beaucoup apprécié. C'est le deuxième roman que je lis de cette auteure hyper singulier, au style d'écriture d'une acuité psychologique très subtile, qui nous mène très loin dans les profondeurs sombres et belles de l'âme humaine. C'est à travers le regard d'un homme, Victor Crescas, revenu sur les lieux qui ont hanté sa jeunesse, qu'un double drame, l'un personnel, l'autre lié à un fait criminel qu'il découvre par les médias, que va s'éveiller l'histoire d'une conscience. Magnifiques scènes de découvertes de la relation à l'Autre, qu'elle soit amoureuses (passionnément amoureuses) ou amicales. Il faut accepter le trouble que procure cette lecture, l'intensité des liens qui surgissent et se tissent entre les personnages, et la perte momentanée de ses propres repères.

Une écriture comme aucune autre. Un livre étrangement lumineux tant le sujet (le mal qui s'immisce dans nos vies, malgré nous, contre nous) peut dérouter.

Une lecture qui m'a bousculée.
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À mes yeux

Une expérience de lecture marquante.

Ce que j'y ai trouvé, la question de l'intimité, ce que l'on décide de dire ou de taire et qui soulève l'interrogation sur la sincérité des sentiments, la question du lien, celle de l'abandon et de la construction de soi, la question de la responsabilité, de la peur et de l'impuissance des parents quand un enfant leur échappe, la question du Mal, de la violence sourde qui réside en chacun de nous, Laurence Werner David le décrit avec beaucoup de finesse.

J'aime les relations qu'elle créé entre les personnages, celle d'Ava et Victor particulièrement, la place qu'elle accorde au silence(s).

Les scènes d'aveux sont très belles.
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À mes yeux

"A mes yeux" le dernier roman de Laurence Werner David est un livre d'une grande exigence, sensible et envoûtant. On y retrouve cette écriture ciselée et dense, qui fouille et s'insinue, interroge et cherche toujours et encore à traduire. Voix de la pensée en marche, tout autant présente dans la narration descriptive romanesque que dans les processus intimes et psychologiques des personnages. Toile fine et fragile des circonvolutions de l'âme humaine, des tracés mémoriels et des trajectoires (constructions) individuelles. Au coeur de l'être, à l'étude dans la complexité de son élaboration, de son développement, de son histoire (passée et future), de ses désirs avoués et inavoués, de ses quêtes perpétuelles, de ses failles et tragédies.
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À mes yeux

Laurence Werner David occupe une place à part dans la littérature française contemporaine. Elle crée des architectures romanesques savamment organisées qui nous rappellent la multiplicité de voix et de points de vue chère à un William Faulkner et qui nous font entrer dans la véritable résonance d'un événement-clé — ici, le drame de Chambon-sur-Lignon et son impact sur quelques personnages à l'extérieur du drame, notamment sur un père et son fils. Comme dans ses romans précédents, "Contrefort" et "Le Roman de Thomas Lilienstein", ce nouveau roman, "A mes yeux", analyse les relations humaines jusqu'à dans leur troublante et parfois vertigineuse ambiguité. Son roman, soutenu par un style très maîtrisé (notons l'évocation précise d'innombrables détails et les dialogues fascinants), est tout en finesse et subtilités — un tour de force littéraire, car les passions au coeur du récit sont souvent violentes ou retenues à l'intérieur de soi sous l'emprise d'une grande tension. Il s'agit d'un roman à savourer très attentivement. Une fiction qui nous ramène à nous-mêmes et à nos secrets. Une admirable réussite.
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À mes yeux



Merci tout d'abord à Masse critique et aux éditions Buchet- Chastel, pour l'envoi de ce livre.



J'avais choisi ce roman parce que la présentation m'intriguait .J'ai donc abordé sa lecture avec curiosité et enthousiasme. Des les premières lignes, j'ai goûté avec délice le style de l'auteur, que je ne connaissais pas. Délicat, poétique, profond.Particulièrement dans la description de la forêt :" Je m'engage dans l'allée. L'humidité somnole derrière les troncs, dans l'humus, dans l'air, on la respire partout.Les aiguilles des pins ruissellent ."



Puis, j'ai découvert avec perplexité le personnage principal, Victor Crescas,homme énigmatique, qui espionne, sans se faire connaitre finalement ,un jeune homme, Tom, dont on apprend assez vite qu'il s'agit de son fils, qu'il n'a pas revu depuis longtemps, depuis sa petite enfance en fait.Il a un autre fils, Matteo, avec qui il vit épisodiquement.



Très rapidement, Victor rencontre Jade,la mère de la petite amie de son fils Tom et s'installe avec elle et sa fille Ava...



Désolée, je m'arrêterai là dans le compte -rendu -très succint-de l'histoire,j'ai bien du mal à critiquer ce livre! Car tout est en sous-entendus, en non-dits, en suppositions.Et surtout en interrogations, pour le lecteur!



Est-ce crédible, ce couple si vite formé et qui déménage aussitôt ?

Pourquoi le narrateur, Victor, a-t-il laissé Tom tout jeune à sa femme?

Pourquoi est-il si obsédé par les crimes d'enfants ou d'adolescents?



Bien sûr, certaines réponses nous seront données, mais on se perd tellement dans les méandres des pensées, des agissements bizarres, peu explicables des personnages, qu'on finit par s'exaspérer de tout ce mystère, et que finalement, on est déçu quand on apprend le secret du narrateur.



Trop de flou, trop d'éphémère, trop de malaise dans cette histoire !



J'en ressors frustrée, les personnages ne m'ont pas convaincue, un minimum de vraisemblance dans leurs attitudes était pour moi nécessaire. Reste une belle écriture , des réflexions intéressantes sur le Mal, la culpabilité, mais à mes yeux, ce n'est pas suffisant pour emballer mon coeur et mon esprit! Peut-être le serait-ce aux yeux des autres? Je vous laisse vous faire votre propre avis...

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Quitter Hurlevent

A lire le mot Hurlevent sur la couverture, on devine un roman d'atmosphère, un souffle, déjà les images se bousculent, les références. Je n'ai lu que très récemment le roman d'Emily Brontë, les sensations sont encore fraîches si nécessaire. Je ne sais à quoi m'attendre, je ne connais pas l'univers de l'autrice. Il suffit de quelques pages pour révéler une atmosphère intrigante. Une maison de bord de mer près de Lorient, un homme vient dans l'espoir d'y trouver des réponses. Ici vit Lucie Ancel, psychiatre, avec sa jeune fille et sa sœur Louise. Quelques phrases échangées, des questions sur un événement survenu trois ans auparavant, un prénom murmuré - Hector - et le souvenir d'un lieu - la colline de Hurlevent... Remontons le temps.



L'autrice nous emporte dans une exploration des ombres où les non-dits ont autant d'importance que les mots. Rien n'est totalement ancré, le lecteur a sans arrêt la sensation de ne pas avoir tous les éléments ou seulement des bribes. Lucie Ancel a connu Hector Wolpe lorsqu'il avait treize ans et passait d'institutions en institutions. Jeune diplômée elle effectuait un stage à Saint-Maurice où séjournait Hector parmi d'autres patients. Lorsqu'elle le croise quinze ans plus tard, une sorte de fascination s'installe, l'envie de creuser ce qui lui a échappé à l'époque, la présence du jeune homme l'intrigue et elle se met à investiguer sur ses liens familiaux marqués par une proximité avec les lieux où vécut la famille Brontë. Jusqu'à se rendre sur leurs traces dans le Yorkshire et s'imprégner de la curieuse obsession nourrie par le père d'Hector pour les Brontë et leur œuvre, où se trouve peut-être la clé de la personnalité tourmentée du jeune homme. Mais la quête est aussi étrange que les vérités attendues, comme je l'écrivais plus haut rien n'est ancré, tout questionne dans le comportement de Lucie, dans ses propres relations familiales, dans ses interprétations sans cesse revisitées. Tout questionne dans la relation qu'entretient chacun à la fiction. La folie couve, partout sous-jacente.



Fascinant roman dont on se surprend à ne pas attendre de destination tant on savoure le voyage, mené sur un fil ténu où tout est sujet à interprétation. L'écriture élégante et habile sculpte le pouvoir magnétique de ce texte, qui s'empare de l'esprit du lecteur même au repos, le préparant à la révélation, malgré tout, et à ses risques et périls. Captivant et profondément littéraire.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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À mes yeux

Une très belle écriture, ciselée, riche, qui sinue et vous emporte dans cette histoire faite d'inquiétude (d'être père; d'avoir échoué par manque de repères), d'attirance incontrôlable et d'amour salvateurs pour autrui. La relation entre Victor et sa belle-fille Ava (qui vivra une scène terrible, afin d'éprouver, on l'imagine, ce qu'inconsciemment Victor redoute le plus à travers le fait divers qui l'a hanté) prend une épaisseur grandissante, jusqu'au bout. La fulgurance du lien pour certains personnages, une approche plus mesurée et douce et constructive pour d'autres.

Et un désir de revenir à la source et d'affronter ce que le réel dit du Mal pour ne rien oublier.

C'est toujours subtil, (peut-être trop, dirons certains; car rien ici n'est prémâché), les scènes d'aveux touchent à quelque chose de très secret en nous, je trouve.

Une lecture qui marque.
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À mes yeux

Une savante immersion dans le mal et l'impact qu'il diffuse en chacun même quand il survient de l'extérieur à notre vie familière.

Des personnages inquiets, sauvages, introspectifs comme on n'ose plus en inventer aujourd'hui, et un style âpre en accord avec son sujet.

Attention: les premières pages sont un peu comme un coup de poing dans l'eau trouble. Ensuite, de manière très douce, on est pris par la poésie de l'atmosphère. Une expérience de lecture passionnante.
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Quitter Hurlevent

C’est un très beau roman, très fort, au rythme haletant, comme une course éperdue sur la lande, une quête tragique, de maison en maison, de paysage en paysage, ville, mer, campagne anglaise - et de génération en génération. Le fil de l'histoire, mais aussi les liens entre les soeurs Ancel, entre Hector et son père (ce père-monolithe, fou d'être passé à côté de sa propre ambition et de sa vie) , est tout le temps tendu. L’itinéraire d’Hector, de Louise, de Graeme Wolpe, du Dr Lucie Ancel est tourmenté mais la narration avance en ligne droite. Quant au Yorkshire et aux enfants Brontë, l’obsession de Graeme Wolpe pour la célèbre famille est plus que palpable mais jamais trop envahissante, elle ajoute en vérité une dimension peu commune au mystère des êtres que nous décrit, de manière hypnotique, l'auteure.

Merci à mon libraire versaillais pour cette pépite!
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Quitter Hurlevent

Un récit d'une étrange douceur fusionnant d'intensités où l'on s'immerge comme par enchantement.

L'histoire relate l'histoire de Lucie Ancel, psychiatre, retrouvant à un concert parisien, des années après l'avoir eu comme très jeune patient, Hector. Les retrouvailles sont troublantes d'autant que l'emprise que le jeune homme devenu adulte séduit la jeune soeur de Lucie. L'inquiétude de Lucie Ancel va la mener à revisiter son passé, au moment où elle était stagiaire dans l'institution où elle soignait le jeune garçon. Que s'est-il joué à ce moment-là entre eux? Que lui a-t-elle promis qu'elle aurait oublié, ou désiré oublier? L'inquiétude, moteur des décisions de Lucie, provoquera son départ vers l'Angleterre où elle va tenter de renouer avec la famille anglaise d'Hector qu'elle devra affronter, non sans violences, jusque dans le Yorkshire.

Ce livre, très intimiste, est un questionnement sur ce qui fonde un univers familial. D'un fils qui a répondu autrefois à la folie d'un père, hanté par la vie et le génie des enfants Brontë. A chaque chapitre, le danger rôde, la vie de chacun des personnages exerçant sur l'autre une attraction irrepréssible, en même temps qu'un précipice au bord duquel le passé qui semblait le plus enfoui peut vous absorber brutalement. Comme si l'amour était d'abord l'histoire d'une répétition d'un souvenir d'enfance qui ne cessait de rebondir jusqu'à ce que les corps se serrent une dernière fois.

Dans la lande anglaise la chaleur de l'été brille sur les corps, comme sur les ruines de Hurlevent.

Un livre captivant, sur le pouvoir de la littérature, et peut-être son corollaire: le déséquilibre qu'elle a aussi le pouvoir de déclencher à notre insu.
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Quitter Hurlevent

Lucie Ancel est psychiatre à Paris, où elle vit avec sa soeur cadette (Louise) et sa fillette (Pia) dont elle partage la garde alternée avec le père de l’enfant. Louise est enseignante. Très fusionnelle avec sa soeur et sa nièce. De son côté, Lucie aimerait bien la voir prendre enfin son envol …



Hector Wolpe est anglais. Il a passé la plus grande partie de son enfance en institution psychiatrique. A York (Angleterre) de sept à treize ans puis en France (le pays d’origine de sa mère) à partir de treize ans (plus exactement à Saint-Maurice) où il fut le jeune patient de Lucie, en 2001 …



Quinze années plus tard (en 2016) Lucie (et sa soeur Louise, qui n’est pas indifférente aux charmes du jeune homme …) vont recroiser son chemin. Lucie se souvient alors de cette enfance « énigmatique » décrite en partie par Hector, au cours de laquelle son père (Graeme) semblait totalement obsédé par la jeunesse des enfants Brontë, et plus particulièrement par le roman d’Emily (« Les Hauts de Hurlevent »)



Entre Paris, Trévéan (Bretagne) et York, Laurence Werner David nous entraine sur le passé de son ancien patient (qui l’attire autant que sa soeur peut-l’être …) et sur le présent de son père, marié à Anne (elle-même mère du petit Samuel …)



Un mélange (savamment pesé) d’intrigue moderne et classique, partageant la scène avec l’univers « mythique » de la famille Brontë – mais également de tous les protagonistes du sublime roman d’Emily – l’oeuvre la plus sombre des célèbres soeurs-écrivaines …



C’est bien écrit et plutôt distrayant, plutôt inattendu … Seulement voilà : ce roman « culte »  – qui ne souffre surtout pas la comparaison – est mon livre de chevet depuis 55 ans et je lui voue une véritable passion !



Le résultat est relativement agréable à lire – pour qui n’éprouve pas la même vénération que moi-même – à l’égard du Chef-d’oeuvre d’Emily Brontë. Le titre, évidemment, piquait ma curiosité et il me fallait le lire, coûte que coûte, quand bien même je me doutais que je serais probablement un petit peu déçue … Donc pas de surprise à l’arrivée : je n’ai pas été transportée par ce récit – qui plaira certainement beaucoup – à tous les non-amoureux du remarquable, du merveilleux, du fantastique « Hauts de Hurlevent »
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A la surface de l'été

Nous sommes entièrement plongés dans le mystère de l'écriture...

où je ne vois ni psychologie, ni béquille dramatique, ni ficelles scénaristiques, rien qui puisse expliciter ou alourdir, c'est la musique seulement qui entraîne pleine de nuances et de délicatesses.

J'étais dans le livre de Laurence Werner David comme le promeneur dans un paysage de montagne, j'arpentais un paysage de brume

en me demandant "où va-t-elle m'emmener ?"... je me laissais conduire avec plaisir, étroits sentiers verticaux ou plaines dégagées.

On a coutume de parler de "portraits de femmes émouvants" comme si les portraits d'hommes ne l'étaient jamais. C'est juste qu'ils sont plus rares.

je n'oublierai pas Antoine, ni le retraité de Saint Cyr, ni le père de Sylvère. Trois solitudes, trois vies en marge, à la lisière de l'échec ou de la folie mais sans fracas, sans douleur excessive,

Trois êtres qui auraient pu disparaître un jour, par fragilité, par renoncement mais qui pourtant tiennent debout, tirant peut-être une force vitale de la montagne…

On est ici au coeur du sentiment du tragique..La vérité toujours pleine d'ambiguïtés, de complexités mais simple aussi au final..

C'est à chaque instant déchirant et beau.



M.H Janvier 2013.
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Le roman de Thomas Lilienstein

Meurtrie par ces absences répétées qu’elle impute à l’emprise qu’exerce sur lui sa mère, la compagne de Thomas tente de comprendre. En attendant l’être aimé, elle interroge ses proches et exorcise sa peine par l’écriture. Elle essaie de recréer la personnalité insaisissable et narcissique de la mère, une artiste paysagiste réputée qui, partie ou peut-être morte, fascine toujours son fils, ses amants, ses amies ou ses anciens élèves. La reconstitution d’un jardin chimérique imaginé par elle, à travers des plans qu’elle a savamment dispersés entre ses admirateurs avant de disparaître, est un enjeu pervers qui mène inéluctablement au drame.

La séduction mortifère que dégage ce couple mère-fils et ses lumineux paysages où se noue le drame, deux villages de l’Ouest de la France et les îles suédoises, sont omniprésents et cependant jamais nettement évoqués. Lieux et sentiments émergent par petites touches oniriques et colorées où est volontairement abolie toute frontière entre ce qui est vécu, touché, pensé, ressenti. Parfois la narration devient plus explicite mais pour replonger très vite dans l’opacité de l’angoisse. Ce texte est moins un roman qu’un exercice de création poétique continu, sincère, exigeant, d’une originalité déconcertante.

Hebdo des Livres, Bibliothèque pour Tous, 29/11/11

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Quitter Hurlevent

Poursuite de cette étrangeté de l’absence, d’une trouble fascination pour la famille Brontë, pour leur enfance comme enfermement dans leur récit d’un Grand Jeu, par une psychiatre dont on entend, en creux, les hantises. Dans une prose pleine de mystère, comme en attente derrière l’insuffisante simplicité de ce qu’elle raconte, dans son trouble et sa tension, Laurence Werner David nous plonge dans le perpétuel transfert de la fascination, face à cette contondante intensité du vécu à laquelle nous ne serions nous soustraire. Quitter Hurlevent est un récit hanté, plein de projections, de désir comme pour mieux en explorer, toujours avec cette douceur de l’absence de jugement, les failles et obscurités.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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À mes yeux

Tout d'abord merci à la Masse Critique et aux Editions Buchet Chastel pour ce roman de Laurence Werner David.



Fuite, abandon, passion, rapports parents-enfants, adolescence, introspection, questionnement permanent: sur soi, sur le Mal, sur l'impact des faits divers dans nos vies... Beaucoup de thèmes, d'angles différents, trop peut-être pour moi.

J'ai eu du mal avec le style d'écriture de l'auteure.De nombreuses fois, j'ai dû revenir en arrière, relire des passages pour tenter de comprendre ce qui se passait, où nous en étions.



Je reste assez mitigée sur cette lecture. Surement parce que je n'ai pas su saisir où l'auteure voulait nous mener. Je me suis perdue.



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Quitter Hurlevent

Je crois être passé à côté "Quitter Hurlevent" ou plutôt je crois m'en être lassée en cours de lecture. Il m'en reste une impression un peu poisseuse de déception, de brouillard. Je le regrette d'autant plus que j'aurai vraiment voulu aimer ce roman et ses mystères, ce roman aux profondeurs un peu insondables.



Bien sûr que ce qui m'a attiré vers le roman de Laurence Werner David fut la mention de "Hurlevent" dans son titre et sa quatrième de couverture faisant mention de la fascination exercée par la famille Brontë sur un homme étrange et ténébreux confinant à une folie destructrice et à la douleur d'enfants sacrifiés sur l'autel de ladite fascination.

De fait, je dois confesser que comme Graeme et Hector, les Brontë m'ont toujours fascinée (d'une manière bien plus saine que pour ce dernier cela dit) et que les thèmes de la névrose voire de la folie m'attirent toujours, en littérature comme au cinéma.

Je ne pouvais forcement qu'être happée par ce roman et c'est aussi peut-être en raison de cette attirance que je suis déçue par ma lecture. Trop d'attentes.



"Quitter Hurlevent" s'ouvre sur un prologue bien énigmatique dans lequel un narrateur tout aussi mystérieux se rend à Trévéan, village de Bretagne en bord d'océan. Une longère face à la mer l'attend. Il vient y retrouver une jeune femme qui a une histoire à lui raconter...

Le récit opère ensuite un retour en arrière de trois ans et nous mène à Paris. Lucie Ancel est psychiatre. Elle vit avec Pia, sa fille et Louise, sa petite soeur dont on sent les fêlures, les tourments et la soif d'absolu autant que l'amour de la musique et du romantisme noir des groupes de rock à la Depeche Mode. Un soir que les soeurs Ancel sortent dans l'une de ces petites salles parisiennes où des groupes underground illuminent les scènes, elles rencontrent un groupe de jeunes hommes au centre duquel Lucie reconnaît Hector... Hector qui fut son patient autrefois, alors qu'elle était stagiaire dans un centre psychiatrique réservé aux adolescents. Hector qui était en ce temps là -parfois quinze ans sont une éternité- un tout jeune homme étrange et magnétique avec lequel Lucie avait tissé un lien étrange, indescriptible jusqu'à son départ du centre.

L'adolescent dont la mère était française venait d'Angleterre, pays de son père avait en lui quelque chose de fascinant malgré (grâce à?) ses névroses, ses silences, ses troubles, ses secrets...

Le retour d'Hector dans la vie de Lucie provoque chez elle un bouleversement, chez Louise aussi qui croit trouver en le jeune homme la réponse à sa soif d'absolu et de passion et met à mal la relation entre les deux soeurs qu'on sent complexe, pétrie de non-dits... Finalement, Lucie succombe à nouveau à sa fascination envers son ancien patient et se replonge dans ses notes de l'époque, remonte le fil, enquête à nouveau sur cet homme dont le père, fasciné par la famille Brontë, élevait Hector et sa soeur (la grande absente du roman, à ma toute aussi grande frustration) dans le culte de la célèbre famille de Hayworth, leur faisant rejouer leur vie, allant même jusqu'à leur offrir des ersatz de soldats de plomb afin de leur insuffler un peu de la créativité qui fit naître les mondes de Gondal et d'Angria, allant même jusqu'à les enfermer dans ce qu'Hector décrit comme une tour...

Relation toxique, relation d'emprise. Fascination confinant à la névrose pour l'art, l'absolu, la passion.

Lucie, inquiète et hantée, décide finalement de se rendre à York pour comprendre Hector, remonter les ramifications de cette étrange histoire familiale. Pour se trouver elle-même aussi un peu sans doute, pour interroger, semble t-il, son propre rapport à la famille, à l'amour.



"Quitter Hurlevent " est un roman de silences et de non-dits, écrit de telle manière que la lectrice que je fus a senti sans cesse que tout lui échappait, comme l'eau que l'on recueille dans son poing serré et qui s'en échappe pourtant... Que rien n'était vraiment ancrée... Que je ne possédais que des bribes de cette étrange histoire déployée en clair-obscur et j'ai adoré cela, au moins durant la première partie du roman qui met en place les relations des personnages entre eux... Je m'en suis trouvée lassée dans la seconde partie qui se déroule à York que j'ai trouvé fort longue et dans laquelle j'avoue m'être ennuyée... Comme si tout le mystère n'était finalement qu'un leurre, un effet... Et puis, j'ai trouvé très accessoire aussi finalement l'apport de la fratrie Brontë à l'histoire (qui n'apporte honnêtement pas grand chose selon moi...) somme toute trop évaporée pour moi... Je le regrette d'autant plus que je suis entrée dans le roman résolue à m'y couler, fascinée moi aussi par Hector, par Louise (surtout elle!) et Lucie, par la complexité qu'on sent dans chacune de ces relations...



Mais trop de brumes, trop d'éther pour moi dans ce roman au dénouement déceptif, qui semble ne vouloir donner aucune réponse, presque trop libre d'interprétation... Trop d'effet, de poudre aux yeux aussi, ... Même le titre me paraît un peu outrancier finalement.

Pour autant, je salue l'élégance de l'écriture et la réflexion menée par l'auteure concernant le pouvoir magnétique de la fiction, jusqu'à la névrose tout comme celle concernant le poids, parfois, des liens familiaux qui se nouent autant dans les conversations que les secrets que l'on tait, les choses que l'on cache. Hélas, ça ne m'a pas suffi... Loin de là.











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Quitter Hurlevent

Une langue hypnotique, des personnages qui nous accompagnent longtemps, une quête des origines prise dans l'histoire d'un père littéralement construit à partir du fantasme de ce qu'on pu représenter pour lui le génie des jeunes enfants Brontë. Sa volonté de transmettre sa passion à ses propres très jeunes enfants. L'insidieuse folie qui va en découler...

C'est aussi , il m'a semblé, une réflexion sur ce qu'est la passion amoureuse aujourd'hui; ce qu'il reste, in extremis, d'un romantisme noir, de l'amour à mort, à l'heure de l'ultra communication et des entraves (salvatrices?) à ce qui fait lien exclusif entre les êtres humains.
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À mes yeux

Merci pour ce beau moment de lecture.

Ciselé, vif, riche, dense.
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