Nous refusons de prendre les armes
de la joute oratoire pour nous défier
dans une cacophonie de superlatifs.
Les demenageurs de piano,
reconnaissons--leur la grandeur
des travailleurs impénétrables
Aujourd’hui je perds une parole de surface, je pèle, mais d’une peau non encore sèche, vivante et étroitement greffée à celle du dessous. Je souffre de ce que vous les décollez l’une de l’autre. Je devrais dire déchirez. J’ai honte de ce que vous découvrirez en moi d’humain, car, tenant à notre collaboration, je ne saurais me livrer à vous autrement que sans parenthèses, sans masque. Dur à préciser, j’éprouve l’impression d’un viol : que vous me pénétrez virilement, par toutes mes faiblesses – répulsion, mal physique compris. Et malgré moi je m’offre, consentant. Ça ne ressemble à rien de ce que j’ai connu.
Au prytanée, les engagés qui regagnaient le domicile conjugal une ou deux fois l'an formaient l'espèce, rare et douteuse, des célibataires géographiques. L'expression m'aidait à tenir dos au vent. Elle avait je ne sais quoi de marginal. Elle cisaillait le piège grillagé du couple domestiqué. Elle suggérait qu'il existe une autre façon, discrètement désobéissante, d'aimer.
Ainsi s'est-on mariés, dans une longère à Fougères-sur-Bièvre où ni toi ni moi n'habitons, à la condition de ne pas vivre ensemble.
Charleville-Mézières. C'est seulement treize ans avant moi que tu t'y es recueillie.