Le spleen n'est plus à la mode
Il faudrait donc être inventif.
Par soucis d'être dans le lâcher prise ou l'originalité, commençons par acheter sa tombe à 18 ans.
C'est pas compliqué d'être heureux
A 35 ans, mettons nous en maison de retraite...
Pas n'importe laquelle: une qui aurait un joli nom prometteur comme "les Jours heureux"...
Le spleen n'est plus à la mode
C'est pas compliqué
Tout, il faudrait tout oublier comme Al'.
Pour y croire, il faudrait tout oublier
Penser à de belles épitaphes efficaces et ménager son jouet...
Il en résulte un roman étonnant. Et si en pensant les choses par l'autre bout on pouvait mieux comprendre la vie?
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Une histoire terrible, expressionniste, plus actuelle de nos jours que jamais. Imaginez-vous que vous entrez dans le tableau de Munch, Le cris. Que vous entendez ce cris qui sort du tableau, qui sort du livre et entre dans votre chambre. Imaginez-vous que l’autoroute, un véritable personnage, sort du livre et continue dans votre chambre. Qu’un accident pourrait arriver d’un moment à l’autre. C’est la sensation laissée par la lecture de Laurent Graff.
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L'histoire : Le projet de Patrick Perrin : quitter enfin Caen pour pacourir de vaste monde.
J'avoue, ce qui m'a poussé à acheter ce livre (contrairement à la photo, en édition de poche, quand même !), c'est que l'histoire se passe à Caen et que j'ai deux amis qui viennent d'y partir pour leurs études.
Mais finalement, ça aurait pu se passer dans n'importe quelle autre "petite" ville. Le personnage sait qu'il va partir, un jour, il va tout lacher du jour au lendemain et il partira avec seulement une valise. Une valise qu'il remplit au jour le jour. Au tout début, il achète la valise. Puis un livre (parce qu'en vacances, tout le monde a un livre, su rla plage, non ?), puis le couteau-multi-fonctions, puis ... Et ainsi de suite.
J'ai trouvé ça triste en fait comme bouquin. Normalement, j'aurais dû trouver le côté pathétique du gars, drôle, mais ça a été le contraire. En fait, il m'a plutôt fait penser à quelqu'un en particulier, qui s'englue un peu pareil. Enfin, ça a au moins le mérite d'être court :-) Certains d'entre vous l'ont-ils déjà lu ou ont-ils déjà lu d'autres livres de cet auteur ?
edit : ce n'est pas un livre pour enfants (malgré la couverture !)
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Laurent Graff échappe, peut-être malgré lui - et comme de très nombreux autres auteurs de qualité -, au succès. Je dis bien "échappe" parce que cet auteur peut compter sur un petit cercle de lecteurs fidèles qui attendent fiévreusement (bon, j'exagère un peu là) sa prochaine publication comme d'autres (souvent les mêmes) attendent un nouveau Jean Echenoz ou Jean-Philippe Toussaint, deux auteurs qu'on retrouve d'ailleurs dans ce livre au titre énigmatique : Au nom de sa Majesté, qui parait une fois de plus au Dilettante (après les excellents et parfois inquiétants Le Cri, Il est des nôtres ou Le grand Absent pour n'en citer que quelques uns). On comprend dès les premiers fragments - ou devrais-je dire les aphorismes ? - qui composent la première moitié du livre que Laurent Graff va nous parler d'île - "La plupart des visiteurs se montrent très pressés. Ils arrivent par le bateau du matin et repartent le soir. Entre-temps, ils font caca dans les dunes." (autant dire que ce livre n'est pas un éloge ou une quelconque ode à l'île et que dès lors les poètes grisonnants amateurs de licornes pourront aller ailleurs se faire décoiffer par des embruns idéalisés en pensant que l'homme est un oiseau ou je ne sais quoi) ; et puis, comme l'écrivain de ses aphorismes reçoit la visite d'habitant de l'île où il réside (pour écrire), on change de registre pour passer dans le récit des vies monotones et réglées à la particularité du lieu, de son histoire aussi, pour dériver encore une fois vers celle de l'homme qui est là et qui écrit - on apprend que le goût du texte lui est venu de la lecture de la Salle de bain de Jean-Philippe Toussaint, qu'il apprécie la discrétion exemplaire de Jean Echenoz, qu'il a rencontré, à ses débuts, Jérôme Lindon des éditions de Minuit qui l'a invité à continuer à écrire. Et puis on revient sur l'île qu'on croyait avoir quitté, mais non, car comme il le note en page 137 : "une île est une terre d'inclusion : on en est. On peut tenter de résister, de se soustraire par orgueil : peine perdue. Elle nous détient. Dès lors que du bateau on a débarqué, on s'est embarqué sur l'île. On est libre de partir mais pas de rester." ; Et si vous vous demandez pourquoi Au nom de sa majesté, alors je vous répondrais simplement... James Bond ; pour le reste il faudra lire ce que certains affubleront de l'étiquette calamiteuse d'ovni littéraire et que, pour ma part, je qualifierais en toute simplicité comme le meilleur livre que j'ai lu depuis des mois.
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C’est un livre étonnant, Antoine, le personnage principal, a depuis longtemps résolu le problème que pose à chacun l’idée de la mort : il l’attend depuis toujours, mais d’une façon si particulière qu’elle peut en être d’abord choquante pour le lecteur.
Il achète sa concession à l’âge de 18 ans, fait réaliser et modifie régulièrement l’épitaphe de sa pierre tombale, et décide de vivre en maison de retraite dès l’âge de 35 ans. Il fait preuve d’un fatalisme qui veut qu’il ait déjà tout appris et tout connu de la vie et qu’il n’a plus rien à en attendre si ce n’est la mort ! !
J’ai d’abord été surprise de ses descriptions quelque peu cyniques, « morbides et méchamment ironiques » (malgré ce qu’il en dit) qu’il nous fait de ces personnes qui en sont à la fin de leur vie.
Difficile de voir en face ce que nous deviendrons ! Comme si l’idée de la mort, ce qu’elle implique dans les comportements de chacun, nous était insupportable.
Les petits caprices de ces personnes âgées, leurs travers, le fait que les êtres soient diminués, même le dur chemin vers la mort de Mireille, avec ses caprices de jeune fille, sont terriblement réalistes.
Enfin, Antoine, au véritable seuil de sa vie est toujours pensionnaire « aux jours heureux », mais c’est devenu un centre pour enfants. Son premier ami était Al’, souffrant de la maladie l’Alzheimer, son nouvel ami est Al’ (Alain, un des enfants en vacances au centre), juste retour des choses : la boucle est bouclée, il a fait le chemin à l’envers !
Mais il y a cependant une forme de tendresse dans ce roman, dans les relations ambiguës entre les différents personnages, et puis il nous montre une réalité bien ordinaire finalement.
Notre seul problème est de l’accepter ou pas.
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comme une grande majorité de textes écrits au présent, j'ai pas accroché. Bon, ça se lit vite, c'est pas franchement intéressant, cette histoire d'homme de 35 ans qui est tellement dépité de la vie qu'il décide d'aller aux "jours heureux", une maison de retraite pour y passer sa vie.Ca ne m'a pas fait rire, l'ironie de l'ouvrage m'a totalement échappé, bref. Bof bof.
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Malgré le sujet qui pourrait paraître anodin, Laurent Graff nous livre une histoire assez profonde et nous plonge dans une réflexion sur nos propres vies ainsi que sur nos peurs, principalement la peur de la mort qui nous pousse à dégainer notre précieux appareil photo, aujourd'hui devenu un compagnon quotidien, et à immortaliser frénétiquement tout ce qui peut l'être...
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Est ce que l'ennui peut sauver l'humanité ? C'est ce qu'aurait découvert Monsieur Sisik, jeune retraité aimant la routine.
Un bien étrange roman que j'avoue avoir failli abandonner mais j'ai persévéré et heureusement car j'ai découvert son petit truc qui fait de lui au fond un bon roman.
On arrive donc dans une dystopie. Dans ce monde, on aurait trouver le moyen de lire les pensées des gens et de les condamner pour ces pensées. On suit un prisonnier qui découvre une prison remplie de 58 % de la population. Ces prisonniers subissent apparament une nouvelle punition fraîchement trouvée.
Arrive la longue deuxième partie, où on nous explique que la personne qui a trouvé cette punition est un jeune retraité qui aime la routine et on nous décrit et redecrit encore sa routine... en détails... longs... ennuyants.... c'est là que j'ai failli abandonné mais finalement arrive la dernière partie où on nous explique que la routine de cette homme a stoppé son vieillissement et que c'est ça qui va sauver l'humanité...
Et c'est là que j'ai trouvé le roman genial, car il fallait que je m'ennuie pour découvrir que l'ennui, c'était nul mais nécessaire pour voir que la vie n'est rien sans ennui en vérité. Ce livre est donc une belle métaphore de la vie et de l'ennui qui ne vont pas l'un sans l'autre.
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Plutôt rigolo ;) Quel réparti que ce narrateur !
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Lors d'une escapade à Rome, près de la fontaine Trévise, un mystérieux personnage propose un jeu : "Prendre la dernière photo".
Le lendemain un mini-bus vient chercher les candidats et les emmène loin de la ville. Peu à peu on ressent une certaine préoccupation et gravité.
En tout cas ce n'est pas anodin ... et le lecteur en vient à se demander quelle serait sa dernière photo ?
Avec beaucoup de sensibilité, et dans un style simple, Laurent Graff nous fait part de ses réflexions sur l'abondance de photos, sur la mort, sur le souvenir.
Un roman plaisant à lire même si, à mon goût, la fin est un peu trop allégorique.
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Ce petit roman fait réfléchir et ne laisse pas le lecteur indifférent. C'est vrai que la sentence est implacable, mais questionne le regard autant que l'esprit.
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