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Critiques de Lawrence Durrell (142)
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Les Aigles Blancs de Serbie

Si j'avais pris connaissance de ces Aigles blancs de Serbie il y a quelques années, j'aurais sans doute abordé Lawrence Durrell par ce roman-ci au lieu de commencer par le Quatuor d'Alexandrie. L'ouvrage édité chez Folio Junior est un bon roman d'espionnage ancré dans la Yougoslavie de Tito. Le colonel Methuen, agent spécial du contre-espionnage britannique est chargé par son supérieur Dombey d'une mission d'infiltration en territoire yougoslave où un groupe de royalistes, les Aigles Blancs, prépare une action d'envergure contre le régime du maréchal. Vouloir renverser Tito avec de faibles moyens logistiques et une poignée d'hommes est une idée un peu folle qui ne peut qu'attiser la curiosité des services étrangers. Josip Broz Tito est une figure singulière qui parait indéboulonnable. Agent du Komintern dans l'entre-deux-guerres, il est parvenu à unifier la résistance contre l'occupation allemande, a pris le pouvoir en 45, a réussi à rompre avec l'URSS de Staline tout en gardant de bonnes relations avec les Européens de l'ouest.

Durrell connait bien le pays, il fut attaché à la Légation Britannique de Belgrade jusqu'en 1952, et le récit de ces années qu'il narre dans son ouvrage Affaires urgentes. Récits de la vie diplomatique est très agréable à lire. Dans Les aigles blancs de Serbie, il met à profit ses connaissances et son savoir-faire pour offrir à ses lecteurs un roman d'espionnage efficace. Les opposants monarchistes à Tito se cachent en attendant le moment propice, et l'agent britannique, représentant d'un pays détesté à la fois par le régime et par les royalistes doit faire preuve de prudence et d'inventivité pour mener à bien sa mission. Les aigles blancs de Serbie se lit avec grand plaisir, pour le contexte géopolitique (la lutte de Tito contre tout pluralisme politique, à commencer en 1945 à Belgrade par l'abolition de la monarchie) et surtout pour les pages consacrées à la beauté sauvage de l'arrière-pays yougoslave, de ses montagnes, et de ses villages isolés.
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Citrons acides

Quiconque est déjà allé à Chypre n’a pu qu’en tomber amoureux. Il y a des temples face à la mer, des forteresses perchées sur des éperons rocheux, des mosaïques antiques, des églises aux incroyables fresques. Il y a des petits villages dans les montagnes, des chevauchements de collines, la grande plaine fertile de la Mésorée… Et au milieu, comme une balafre, une hideuse ligne de barbelés hérissée de miradors, coupée de check-points et peuplée de soldats. Au sud, un pays européen moderne et prospère. Au nord, un pseudo-état pauvre et sale aux allures de dictature militaire, où l’on croise beaucoup de bâtiments en ruine, de soldats et de statues d’Atatürk. La Turquie tient la zone, et ne compte pas la lâcher.



Lawrence Durell, le célèbre auteur du ‘Quatuor d’Alexandrie’, y passa quelques années. C’était avant l’indépendance, quand l’île était alors une colonie anglaise. Une époque révolue, une sorte d’âge d’or à certains égards, pour lequel son talent de conteur peut se donner à sa pleine mesure. Mais c’était également un diplomate émérite, qui analyse finement la situation, et expose comment le manque de moyens et l’inertie du gouvernement britannique menèrent à la catastrophe. Qui pouvait croire qu’un lieu aussi paradisiaque pouvait sombrer dans la violence et le chaos ? Personne, pas même lui. Quand les premières bombes explosèrent, que les premières personnes furent assassinées dans la rue, le réveil fut dur.



Les montagnes de Kyrenia, le village de Bellapais et son antique abbaye, les paysans avec lesquels il buvait un vin noir et sucré, les champs de citronniers… Tout cela n’est plus. La lutte dressa l’une contre l’autre la population grecque, qui réclamait le rattachement à la Grèce, et la minorité turque, qui ne voulait pas en entendre parler. La haine se prolongea après l’indépendance. La Turquie envahit alors le nord de l’île, où ne vivaient que peu de chypriotes turcs mais où se trouvaient toutes les ressources exploitables, et y créa un état fantoche. 150 000 grecs et 35 000 turcs furent déplacés de force et Ankara, pour faire bonne mesure, y adjoignit une centaine de milliers de colons venus des régions pauvres d’Anatolie.



Un livre où s’exprime toute la beauté de Chypre, et tout l’amour de Lawrence Durell pour la culture hellénistique.
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Le Quatuor d'Alexandrie

Aujourd'hui il sera question d'une oeuvre dont l'action se passe en Egypte.



Ah, l'Egypte et ses pharaons, sa civilisation millénaire, ses monuments grandioses, ses felouques sur le Nil au coucher du soleil, la Vallée des Rois, la malédiction de Toutankhamon, les temples d'Assouan, de Louxor, de Philae, le Caire et ses 10 millions d'habitants..... STOOOOOOOOOOOOOOOP! coupez, c'est pas la bonne bobine, ça c'est le commentaire sur mes vacances avec "suivez le troupeau.com" en 1982, j'étais partie une semaine avec Gérard et Dédé, enfin bon on a tous chopé la tourista et....



Je reviens au Quatuor d'Alexandrie, qui se compose de 4 parties et dont les personnages font de la musique de chambre. Enfin pas vraiment, il y a un narrateur anglais un peu paumé, une femme fatale juive hystérique et nymphomane, un chrétien copte riche et neurasthénique, et un médecin homosexuel et mystique. C'est classique et ordonné comme un quatuor de Bach, c'est lent comme le cours du Nil, c'est lumineux comme le soleil de midi sur Chéops, c'est poignant comme le chant du muezzin à l'aube, c'est poisseux comme les marais du delta.



Si vous trouvez qu'il y a des longueurs dans Victor Hugo, si Stendhal vous agace et que Dostoïevski, ça va si on saute la moitié des pages NE LISEZ PAS LE QUATUOR. Sinon, tentez l'expérience, par petites doses ou en perfusion, et immergez- vous dans ce bain de vapeur suffocant.
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Le Quatuor d'Alexandrie

Un chef d'oeuvre absolu, mon livre favori. Partant d'une idée étonnante (illustrer très indirectement la théorie de l'espace-temps d'Einstein en racontant quatre fois la même histoire, pour illustrer les trois dimensions de l'espace et celle du temps), Lawrence Durell déroule un univers d'une infinie complexité psychologique. Il ne faut pas se laisser décourager par le premier tome, le plus difficile d'accès (Justine, écrit sans ordre chronologique), mais une fois que l'on est saisi par la musique particulière du style de l'auteur, on ne peut plus s'en détacher. Chaque tome enrichit l'histoire et en fait découvrir de nouvelles facettes. A lire absolument.
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 1 : Justine

J’avoue m’être plutôt ennuyée à lire Justine, peut-être parce que mon exigence de lectrice du XXIe siècle est de vouloir les réponses tout de suite. Peut-être aussi suis-je insensible aux exploits purement littéraires parce qu’ils semblent plus faire plaisir à l’auteur qu’à moi.

Réfugié dans une île grecque avec la fille de Mélissa, le narrateur se souvient de ses amours à Alexandrie quand Melissa l’aimait et qu’il aimait Justine, la séduisante et fantasque épouse de Nessim. Le lecteur suit leur histoire au gré de la mémoire du narrateur, une mémoire qui n’a rien de linéaire. D’autres personnages vont et viennent, se font oublier et reviennent un peu plus tard sans que le sujet de l’ouvrage ait été clair pour moi.

Quant à la fin, elle est surprenante, mais pose plus de questions qu’elle n’en résout, comme certaines scènes du livre d’ailleurs.

Lirai-je la suite ?

Je suis partagée : il semble que les volumes ultérieurs apportent les réponses qui manquent à ce volume (projet de l’auteur) et ma curiosité est titillée, mais d’un autre côté, je me suis pas mal ennuyée à lire ce livre. Et il y a tant de livres qui me font envie avant le tome 2.


Lien : https://dequoilire.com/faut-..
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Cefalû

Périple crétois pour des âmes égarées.



Lawrence Durrel est pour moi un bon compagnon de voyage. Après "Le carrousel sicilien" lu pour une visite de cette île, je récidive avec la Crête et "Cefalu".

Attaché à cette terre grecque qui m'enchante également, l'ancien diplomate est non seulement un peintre des paysages méditerranéens mais aussi celui des âmes.

Il déploie dans ce roman avec finesse et brio toute sa connaissance en psychologie pour nous présenter des êtres égarés après la seconde guerre mondiale.

Avec délectation, j'ai découvert un mystérieux Fearmax, médium en quête d"Absolu" durant ses séances avec le fantôme de Marie de France.

Le poète Graecen se trouve devant sa faillite existentielle alors que la mort le poursuit.

L'ancien maquisard Baird qui a "épuisé l'action" toujours destructrice, ainsi que les gens et les choses matérielles cherche un sens à sa vie insipide.

Quand à l'anticonformiste Campion, peintre hargneux et odieux auprès des femmes, il fuit le monde pour atteindre une liberté absolue.

Les Truman, eux, trouveront dans ce voyage initiatique un Eden satisfaisant leur communion avec la nature.



Tous ces personnages en croisière sur l'Europa" dont certains découvriront une expérience mystique sont rassemblés dans un labyrinthe dont les parois vont s'écroulées.

Sachant que les épreuves ébranlent les convictions, chacun va trouver une voix différente.



Certains lecteurs trouveront un coté désuet à ce roman. Certes la descriptions des paysages, la longueur des états d'âmes ou le manque d'actions tout cela je l'ai ressentie.



Mais Durrel regarde ses personnages avec bienveillance, sans cruauté, avec une sensibilité mâture lumineuse qui me charme. Et cela suffit à mon bonheur de lecture.
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Le sourire du Tao

Difficile d’en vouloir aux braves qui veulent transmettre ce qu’ils ont compris de l’inconnu. Encore tous frais et jeunes chiots dans leur connaissance, ils préparent leur picotin avec des ingrédients pas assez mûrs et le font cuire au four à micro-ondes. C’est chaud rapidement mais ça ne dure pas longtemps.





Aucun doute que Lawrence Durrell a senti son âme palpiter après avoir reçu la visite de Jolan Chang, un érudit venu droit de Chine pour lui enseigner les rudiments du taoïsme. Il y a là quelque chose qui s’éveille en lui, en témoigne le besoin immédiat d’écrire un bouquin pour en instruire le monde entier. On croyait pourtant que l’initiation représentait le parcours d’une vie. Pourrait-elle en fait se résumer à une rencontre de trois jours avec un moine taoïste (surtout lorsque celui-ci s’abaisse finalement à obtempérer aux mœurs occidentales avec un plaisir honteux, quoiqu’encore pudique : c’est qu’il ne faudrait pas détériorer immédiatement l’affirmation de supériorité orientale) ? Dans la seconde partie du livre, le moine dégage, vite fait remplacé par une jolie pépée qui s’intéresse à Nietzsche avant de se dessaper pour une partie de sexe tantrique qui s’étend toute la nuit (mais monsieur ne s’intéressait qu’au bleu outremer dans le regard tantrique de sa partenaire).





Cet empressement à balancer l’expérience paraît drôle mais je vous assure qu’il n’y a pas beaucoup d’humour dans ce témoignage d’illumination. Si Lawrence Durrell avait assumé pleinement le côté déconnade de son récit, on aurait ri avec lui de ses considérations sur le sexe envisagé du point de vue du taoïsme. Première étape : je m’instruis auprès du moine taoïste –ces hommes-là sont bien supérieurs à nous parce qu’ils ne considèrent rien dans la perspective de l’utilitarisme. Deuxième étape : j’utilise les acquis de cette rencontre pour m’inscrire mieux et plus efficacement sur le marché de la consommation sexuelle –en m’inscrivant toutefois comme avant-gardiste sexuel, non-plus homme de la jouissance immédiate mais toujours reportée, toujours prolongée, maintenue jusqu’à l’épuisement du désir. Durrell fanfaronne comme un adolescent maladroit qui aurait réussi, pour la première fois, à faire jouir sa partenaire. Il insiste que l’amour ne doit pas être considéré comme une compétition entre deux individus mais on retombe dans la valeur marchande de la collectionnite lorsqu’il conclut sa démonstration par cet exemple éloquent : « Chang lui-même avait adopté cette très ancienne technique. Il se limitait à un seul orgasme pour une centaine de rencontres amoureuses et réussissait à faire l’amour avec plusieurs femmes dans la même journée ! »





A côté du bien-baiser, Durrell s’instruit également du bien-boire et du bien-manger. Le taoïsme, visant à accomplir l’immortalité terrestre, souligne l’importance d’un régime ascétique agrémenté de quelques breuvages aux bonnes plantes de la pharmacopée… asiatique. Durrell, jusqu’alors du genre alcoolique, se descendant jusqu’à deux bonnes bouteilles de rouge bordeaux par jour, s’émerveille de sa rencontre avec l’homme frustre. Les récits de leurs dinettes s’étendent sur plusieurs pages au cours desquelles Durrell se montre de plus en plus moralisateur, heureux de bien-manger et bien-boire par fierté narcissique seule.





Durrell ! Tu semblais pourtant avoir compris qu’il y a des choses qu’on ne peut pas vraiment expliquer littéralement. Tu écris : « C’est ça le taoïsme, et dès que l’on tente de l’expliciter, on l’abîme ; comme un papillon rare que l’on essaierait d’attraper avec les doigts ». Et aussitôt, tu te sens obligé de tout faire foirer en ajoutant : « L’on est ici dans le domaine du ni-ceci - ni-cela des Indiens », et les ailes du papillon se cabossent. Je pense malheuresement à Frédéric Lenoir en lisant ce Sourire du Tao, sans doute parce lui comme l’autre se ressemblent dans mes souvenirs, m’ayant tous les deux fait goûter d’un plat corrompu, tous les plus fins ingrédients brûlés vifs par les micro-ondes, emballé sous-vide et recouvert d’une étiquette rigolante où un personnage, dans une petite bulle, te racole : « Viens, on s’amuse trop avec moi ! ». Ce qui n’est même pas vrai.

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Citrons acides

Après avoir lu plusieurs livres de Gérald Durrell, son frère, à l'humour ravageur, j'ai eu envie de connaître un des écrits de Lawrence Durrell. Le récit ne se situe pas à Corfou, cette fois-ci mais à Chypre. Et j'ai aussi rit à la lecture de certains passages.

Ce n'est pas Justine, le plus célèbre, mais j'ai beaucoup apprécié les descriptions poétiques, l'analyse des caractères plus ou moins belliqueux des autochtones, ainsi que l'évocation pertinente de la grande Histoire.

L'auteur, en effet, ayant choisi de vivre quelques année dans ce petit paradis méditerranéen, finit par occuper un poste de conseiller auprès du consulat britannique, lui qui a su se faire de nombreux amis sur l'île, jusqu'à ce que la politique, le terrorisme et le désir d'indépendance s'en mêlent.

Chaque fois que j'ai ouvert ce livre, dans les files d'attente ou les jardins publics, j'ai été transportée bien loin de la grisaille lyonnaise ; (oui, j'ai un bouquin différent pour chaque moment de la journée et celui-ci, personnel donc que je n'ai pas crains de salir m'a accompagné un certain temps dans mon sac).
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Le Quatuor d'Alexandrie

Justine

Balthazar

Mountolive

Clea

 

Ce cycle est composé de 4 romans, mais ils sont censés constituer un tout, et en réalité cela n'a pas grand sens de les lire séparément. Résumer ce merveilleux récit semble impossible, c'est une tâche vouée d'avance à l'échec, car il est d'une richesse et d'une complexité qui échappent à toute réduction sommaire.



Son auteur se réclamait de l'influence des Hauts de Hurlevent ainsi que des Mille et une nuit. Sa définition du Quatuor est la suivante "C'est une sorte de poème en prose adressée à l'une des grandes capitales du coeur, la Capitale de la Mémoire."



Disons que les personnages évoluent pour presque totalité à Alexandrie juste avant la deuxième guerre mondiale, et pendant cette guerre en ce qui concerne Clea. Ils sont de diverses nationalités, égyptienne, britannique, française, grecque...Cosmopolites comme la ville d'Alexandrie, tortueux et pittoresques comme ses ruelles, en recherche d'eux même dans une ville qui brûle de tout l'éclat d'un sombre joyaux avant les soubresauts de l'histoire qui vont complètement bouleverser son existence. Durrell évoque une ville qui n'existe plus telle qu'il l'a décrite, si d'ailleurs elle avait jamais existé sous cette forme ailleurs que dans sa tête.



Des amours se nouent : L. G. Darley (les mêmes initiales que Durrrell lui-même) jeune écrivain irlandais, narrateur des 3 de récits sur 4 aime à la fois ou successivement la tendre, l'émouvante Melissa, la fascinante et vénéneuse Justine et la lumineuse et rayonnante Clea. Mais ces femmes ont leurs secrets, et toute une vie qui échappe à Darley. Qui aime qui ? Qui trahit qui ? Les pistes se brouillent et les intrigues se multiplient. Sans parler des tous les autres personnages, qui nous découvrons pour quelques pages ou plus: Nessim, Leila, Capodistria, Pursewarden... Ils sont innombrables et tous ont leur petite flamme magique. Et puis il y a les intrigues politiques, la diplomation internationale, les ambitions personnelles dans ce monde qui se précipite vers la deuxième guerre mondiale.



Le style de Durrell est flambant et baroque, d'une beauté, d'une richesse, d'une luxuriance éblouissantes. La structure du récit est d'une extrême audace et d'une grande complexité, puisque les 3 premiers romans évoquent plus ou moins les mêmes événements, mais avec des points de vue, des éléments qui font que leur sens est complètement différent. Quelle est la bonne vision? Chaque lecteur se constitue finalement la sienne.



La richesse des sens répond en quelque sorte à la richesse des mots et des images poétiques pour un voyage magique et différent pour chaque lecteur.



Certains critiques ont été réservés devant ce cycle romanesque, qui est disons trop : trop flamboyant, trop démesuré, trop exotique, trop mélodramatique. ...Certes. Il existe des livres plus harmonieux, à la beauté plus classique, et je reconnais que je trouve Clea décevante après les 3 autres romans. Mais lorsque'on aime un livre pas malgré mais à cause de ses défauts, c'est un amour pour la vie qui ne vous quittera plus et qui vaut mieux que toutes les savantes analyses pour déterminer la valeur littéraire d'un ouvrage.



Je ne peux que vous inciter à faire ce voyage magique à Alexandrie, mais prenez garde comme moi vous risquez de ne plus revenir.
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Le sourire du Tao

Les premiers chapitres consacrés à la rencontre de l’auteur et du taoïste Jolan Chang sont les plus réussis. Le lecteur fait connaissance avec les principes de ce chinois sexagénaire d’une manière sympathique et très vivante. Mais suivent deux chapitres dont les liens avec le sujet sont de plus en plus ténus. Le premier est consacré à la visite de Durell dans le collège monastique du château de Plaige, non loin d’Autun, à l’occasion du nouvel an tibétain. Malheureusement son séjour est écourté par des ennuis mécaniques et Durrell en est réduit à parler beaucoup plus de la météo que du taoïsme. Heureusement ce chapitre reste agréable à lire. Quand au dernier chapitre il s’agit d’un souvenir, celui d’une jeune femme, Vega, avec laquelle il partage à ce moment un centre d’intérêt (Nietzsche et Lou Salomé). C’est passionnant, mais le lien avec le taoïsme est encore plus ténu. Ensuite, Durrell revient plus sérieusement vers le taoïsme dans «Le Tao et ses glose », mais de mon côté j’avais passablement décroché. Le style de cet ouvrage est plutôt agréable, mais je ressors de cette lecture en ayant l’impression de ne pas avoir appris grand-chose sur le taoïsme et de ne pas saisir où voulait en venir Durrell.
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Affaires urgentes

Je connaissais le Lawrence Durell amer de Citrons acides. Je connaissais le Lawrence Durell fiévreux et inquiet de Justine (je n’ai pas encore trouvé le temps et le courage de lire le reste du « Quatuor d’Alexandrie »). Mais dans le Lawrence Durell de ‘Affaires urgentes’, j’ai cru retrouvé l’adolescent un peu imbu de lui-même et pourtant espiègle que décrit son frère Gerald dans ses souvenirs d’enfance ! Des livres d’un humour incroyable, écrit par celui qui allait devenir l’un des plus grand naturaliste du XXème siècle, et dont les récits ont bercé mon enfance.



Ce sont ses souvenirs du temps où il était diplomate qu’il raconte là. Petit monde d’ambassades, d’attachés, de missions, de solennité et de réceptions. Et tous ces graves diplomates en habits impeccables… N’hésites pas à se faire des blagues comme des gosses ! Il y a quelques authentiques fêlés. Quelques aristocrates décavés improbables joueurs de flûte. Des maitres d’hôtel parfois pris de crises mystiques. Et un ambassadeur de la vieille école, essayant de maintenir l’ordre et la dignité.



Tout ce petit monde tourne en vase clôt, installés qu’ils sont dans une Yougoslavie titiste où les contacts entre population et représentants du monde capitaliste sont strictement prohibés. Mais il faut bien avoir des contacts diplomatiques. Et s’amuser un peu.



Tout ça ne serait pas si grave si les Yougoslaves n’essayaient pas de remettre en état des chemins de fer antédiluviens ; si les attachés navales ne s’ennuyaient pas à mourir dans un pays totalement dépourvu de marine, et si les Japonais n’étaient pas aussi redoutables à la valse.



En un mot comme en cent, un livre auquel je ne m’attendais pas du tout, et qui m’a beaucoup fait rire par son humour absurde et pince-sans-rire so british !
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Le Quatuor d'Alexandrie

Le Quatuor d'Alexandrie, célèbre tétralogie de Lawrence Durrell a été défini par son auteur comme "une enquête sur l'amour moderne", mais a souvent été considéré par ses lecteurs davantage comme une évocation d'une ville - la gréco-arabe, multiethnique Alexandrie de son titre. Des variations presque infinies de l'amour sont certainement explorées dans ses pages, et la présence d'Alexandrie imprègne certainement l'œuvre. L'œuvre elle-même est plus grande que ses thèmes et jette un charme qui n'est ni précisément émotionnel ni spécifiquement topographique.



Il n'est en fait ni spécifique ni précis sur quoi que ce soit. C'était un roman expérimental de son époque, peut-être lié au travail de l'ami de Durrell, Henry Miller, peut-être à Ulysse. Il était basé sur l'idée que les gens et les événements semblent différents lorsqu'ils sont considérés sous des angles et des périodes différents, et qu'ils peuvent être mieux enregistrés, comme Durrell lui-même l'a dit, de manière stéréoscopique. Les quatre volumes concernent les mêmes personnages, mais chacun des narrateurs raconte les histoires complexes de son propre point de vue, et ils écrivent à des moments différents. C'est un dispositif, selon Durrell, équivalant à un nouveau concept de réalité, reflétant les idées de Freud et d'Einstein et une convergence de la métaphysique occidentale et orientale.

S'il y a des parties de l'ouvrage que peu de lecteurs, je suppose, parcourront sans sauter, il y a de nombreux passages d'une si grande inspiration que les atteindre donne l'impression de sortir d'une mer agitée dans des eaux méditerranéennes d'un bleu merveilleusement clair.



Le caractère levantin particulier d'Alexandrie, tel qu'il existait à l'époque de Durrell, est invoqué avec insistance dans ces pages, plus particulièrement à travers le plus grand des poètes alexandrins, Constantin Cavafy - décédé en 1933, mais dont la présence à la dérive dans les livres est presque aussi obsédante que la présence de la ville elle-même.

C'est Cavafy qui écrivait d'Alexandrie « Il n'y a pas de terre nouvelle, mon ami, pas de mer nouvelle ; car la ville te suivra, / Dans les mêmes rues tu erreras sans fin… » L'un des narrateurs de cet ouvrage va encore plus loin : « L'homme n'est qu'un prolongement de l'esprit du lieu », dit Nessim dans Justine.

On apprend vite la géographie du lieu, de la belle rue Fuad aux ruelles maillées arabes, de l'élégance de L'Etoile ou du Cecil Hotel aux cafés à haschisch des bidonvilles ou aux abords sablonneux du désert occidental. On voit l'intérieur des demeures de riches cosmopolites et diplomates, on visite des chambres mansardées étouffantes, des bordels et des pavillons de plaisance en bord de mer.



Lecteur, attention ! Les chocs sont toujours autour du coin poussiéreux.

Les quatre livres de la tétralogie parurent à l'origine séparément - Justine en 1957, Balthazar et Mountolive en 1958, Cléa en 1960. Ils furent immédiatement reconnus comme des œuvres remarquables, mais le verdict sur l'ensemble, toujours respectueux, fut mitigé. Les critiques français l'adorent. Les Américains l'ont avalé. Les critiques anglais n'étaient pas si sûrs. Durrell, un expatrié de longue date, n'a jamais été un admirateur de la culture anglaise, et sa prose élaborée n'a pas beaucoup plu à des littérateurs plus austères tels qu'Angus Wilson, qui l'a qualifiée de vulgaire fleurie. Ses prétentions ont été moquées, ses excès d'avant-garde parodiés, et bien que les livres aient été des triomphes commerciaux, il n'a plus rien écrit d'aussi populaire.



Mais l'ensemble lui-même, cette immense construction imaginaire, a résisté à l'épreuve du temps et du goût, et n'a jamais été épuisé – ne le sera probablement jamais. Un demi-siècle après son achèvement, ces vulgarités fleuries, ces prétentions modernistes ne semblent plus qu'accessoires en égard à sa saveur unique, qui persiste dans l'esprit longtemps après que ses intrigues labyrinthiques (car elles sont innombrables et confuses) ont été oubliées.

On lit le quatuor, soit à Alexandrie, ou bien à Corfou, ou encore à Sommières dans le Gard ou Lawrence termina są vie, en buvant – je n'aime pas les boissons anisées, mais cela peut le faire, pour moi ce sera des kilos de retsina.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Le Quatuor d'Alexandrie

Ce pourrait être la ville d'Alexandrie l'héroïne de ce roman, tant elle est présente physiquement et dans l'esprit des protagonistes tout au long du récit. Ce roman est composé de quatre histoires ( Cléa, Justine, Balthazar, Moutolive), toutes liées entre elles. Les relations des personnages issus de milieu et d'horizon différents sont mise en avant, l'occasion pour l'auteur de philosopher sur la vie qui s'écoule, avec ses heurts, ses cicatrices.

Un long roman, parfois indigeste, tant l'auteur nous éloigne vers des développements infinis.

Il n'y a pas vraiment une histoire, mais des histoires qui s'entremêlent et qui crées une cacophonie qui ne semble pas avoir de fin. Je n'ai pas ressenti l'émotion qui transforme une œuvre en chef-d’œuvre.

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Vénus et la mer

Je suis sûr que ça vous est déjà arrivé ; vous lisez un bouquin et vous vous dites un jour j'irai là-bas, juste pour voir ... Tout a donc commencé en 1922 ( !) à la Mosquée Kawakly de Rhodes, où Corto Maltese cherche, « sous la Lune », un manuscrit de Lord Byron ...

En 1945 Lawrence Durrell arrive à Rhodes comme agent de renseignement et pour rétablir la presse dans les îles du Dodécanèse ... Plus tard il écrit « Vénus et la mer », qui retrace ce séjour de trois années ...

En 2021 je passe mes vacances à Rhodes, j'ai dans mon sac ce bouquin. J'ai déjà suivi les traces de Corto à Venise, celles de Durrell à Chypres ...

Lawrence Durrell a une addiction : l'Islomanie ; il aime les îles, celles de la méditerranée en particulier, et plus encore les grecques. Il raconte L'Histoire et des histoires, il digresse sur le temps qui a passé, sur celui qui passe. Il ne parle pas d'éternité mais de ce qui est intemporel dans cette culture et dans cette nature. Autour de lui, quelques amis pittoresques, dont Gideon, nommé, on ne sait pourquoi, responsable de l'Agriculture sur l'île (tout y est à reconstruire) et qui ne crache pas sur l'ouzo ni le retsina. Puis Mills, médecin qui n'a rien de britannique ; volubile et hyperactif dans sa petite voiture italienne, philosophe aussi parfois. Il y a aussi « le Baron Baedeker » grand échalas photographe de son état, et Mehmet Bey qui trafique un peu avec la Turquie (les temps sont durs), Hoyle l'érudit et d'autres encore, plus originaux les uns que les autres. Ce récit est bien mieux que n'importe quel guide touristique, on y visite Lindos sans la horde de touristes et le cagnard de cette année ! On se promène dans le port Mandraki et on y retrouve au Musée Archéologique la Vénus marine qui donne son titre à l'ouvrage (voir p.44). Certes il n'y est pas question de bronzette sur la plage, même si on y prend quelques bains de mer rafraîchissants.

Quant à Corto Maltese ; j'ai retrouvé sa trace sur le toit de la Mosquée Suleiman dans la vieille ville de Rhodes. J'y ai photographié « les » Lunes de l'album « La Maison Dorée de Samarkand »*****.

5* aussi, pour ce beau récit et pour l'ensemble de l'oeuvre de Lawrence Durrell. Allez, salut, bonne lecture, faîtes de beaux rêves et de beaux voyages.

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Petite musique pour amoureux

Pour ceux qui hésiteraient par crainte d'être déçus à la lecture d'une oeuvre inaboutie ou maladroite, je l'affirme : N'AYEZ PAS PEUR!

Ce roman porte en lui toute la force, le talent, la subtilité complexe d'un grand écrivain, en apportant un éclairage sur sa personnalité originale et tourmentée.

Etranger dans son propre pays, Durrell est sensible a des influences qui lui permettent de porter un regard critique sur l'Empire colonial, la dureté de l'éducation anglaise, la petitesse de son insularité.

Malgré le titre sirupeux, ne vous y trompez pas : ces pages ne sont pas une liqueur pour lady sentimentale, mais le récit d'une enfance libre qui refuse le poids des conventions.
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Le Quatuor d'Alexandrie

Parti pris très étonnant que celui de Durrell : raconter quatre fois la même histoire avec des points de vue différents qui obligent le lecteur à réviser complètement son opinion et sa vision des événements et des personnages.

L'écriture est déroutante, non-chronologique, menée par les souvenirs. Elle se fait lyrique dans la description de la ville d'Alexandrie et des paysages égyptiens (m'a fait penser aux Voix de Marrakech de Canetti).

Qu'on apprécie ou pas l'histoire contée, les personnages psychologiquement et affectivement torturés, ces romans constituent tout de même une expérience de lecture à mille lieues du tout-venant actuel.
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L'île de Prospero

Le quatuor d'Alexandrie est un de mes rares souvenirs de lectures vraiment pénibles. En voyant le nom de Durrell au programme du Challenge solidaire, j'étais assez peu motivée je dois dire. Mais heureusement, il a écrit d'autres livres, et heureusement ma médiathèque a du choix !

En 1935, l'artiste Nancy Myers et son époux Lawrence Durrell plaquent tout au Royaume-Uni, pour aller vivre à Corfou une vie (paradisiaque il faut bien l'avouer) de création, de natation et de navigation à la voile.

Le couple loue une maison isolée (on pense aux Rezvani dans leur maison des Maures), mais retrouve régulièrement dans un café du port un petit cercle d'artistes, immigrés eux aussi (oups, quand ce sont des riches on dit "expatriés" plutôt.)

Nancy et Lawrence entretiennent également des relations amicales avec le prêtre, l'instituteur et plusieurs personnes du voisinage. Durrell peut toutefois se montrer assez condescendant : ainsi lorsqu'il raconte comment il a étonné son voisin, en lui disant qu'Homère (que celui-ci vient de découvrir dans le livre de lecture de sa fille) était déjà connu au Royaume-Uni...

Les passages sur l'histoire de Corfou, depuis la période vénitienne, sont passionnants, racontés avec verve et concision. Par contre, "le cœur de l'Angleterre bat toujours dans cette île" en dit long sur l'arrogance coloniale.

Tout le reste est écrit dans une très belle langue (traduite efficacement par Roger Giroux, malgré quelques coquilles), mais est d'un intérêt inégal : les lieux sont somptueusement décrits, mais les activités sont celles d'un Britannique en villégiature, sans souci financier, et qui profite d'un lieu sublime avec un regard qui reste extérieur. S'il vivait cette expérience aujourd'hui, probablement que Durrell aurait un compte In***am qui ferait rêver...



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LC thématique de juillet 2022 : "Les prénoms, saison 2"
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Le Quatuor d'Alexandrie

Les quatre tomes du quatuor d'Alexandrie ont été publiés séparément mais ils constituent un seul et même roman qu'il est indispensable de lire intégralement pour apprécier toute la subtilité et l'ambition du projet littéraire.



Comment appliquer la célèbre équation d'@Albert Einstein en littérature ? C'est le pari fou et réussi de @Lawrence Durrell mais ce serait faire injure au roman que de le résumer à cela car @Le quatuor d'Alexandrie est un livre où la richesse et la beauté du style n'ont d'égal que l'intelligence du propos.

Mais qui mieux que l'auteur peut définir l'intention. A la fin du premier tome, @Justine, @Lawrence Durrell écrit à son ami @Henri Miller et donne cette définition du roman « C'est une sorte de poème en prose adressé à l'une des plus grandes capitales du coeur, la Capitale de la mémoire… »





Dans @Justine nous découvrons Darley, le narrateur, sur une île des cyclades. Il se souvient de la ville d'Alexandrie et raconte le quatuor amoureux qu'il composa avec Justine, Melissa et Nessim. le lecteur déambule dans le récit comme Darley le faisait dans le dédale des rues d'Alexandrie qui devient un personnage à part entière. La chaleur moite et palpitante, les senteurs de fruits pourris, de jasmin et la sueur musquée des corps accentuent cette impression d'immobilisme qui règne durant les ¾ du tome. Les souvenirs émergent par bribes, sans repère, sans aucune chronologie et il faut se laisser porter par la beauté du texte, sa musicalité, faire confiance à @Lawrence Durrell pour entrevoir « la vérité » de Darley sur cette histoire où l'amour et le désir se croisent, se mêlent et se démêlent brisant toutes certitudes.





Dans @Balthazar, second tome du quatuor d'Alexandrie, on retrouve Darley sur son île qui reçoit la visite de Balthazar à qui il avait envoyé son manuscrit de Justine. Balthazar a entièrement annoté le manuscrit de Darley qui s'aperçoit alors que la situation politique de l'Egypte et le passé des différents protagonistes, qu'il ignorait complètement, l'ont complètement fourvoyé.



@Balthazar raconte donc la même histoire que @Justine mais elle n'est plus du tout la même histoire. Des personnages secondaires, de @Justine, deviennent principaux tel Narouz le troglodyte à la gueule cassée, frère de Nessim ; voire primordial comme l'écrivain désabusé Pusewarden aux maximes cyniques et drôles. Nous faisons également connaissance avec Mountolive qui sera au centre du troisième tome.



La société anglaise est bien égratignée par @Durrell qui incorpore de nombreuses références à @D.H. Lawrence et @Henri Miller qui partagent avec lui la vision d'une Perfide Albion sclérosée.



@Justine se terminait par une grande scène épique de chasse, cette fois c'est le carnaval d'Alexandrie et le bal masqué simultané qui se déroule chez les Cervoni qui constitue la grande scène épique au cours de laquelle un meurtrier se trompe de victime.



Si le personnage de Pusewarden apporte beaucoup d'ironie au roman Scobie est le point d'orgue de l'humour également très présent chez @Durrell.



Au cours de ce second livre, toutes les images des personnages ont bougé, toutes les interprétations ont été mises en doute, et toutes les certitudes ont vacillé. La lettre de Clea, qui vient clore le livre, comprend une autre lettre, de Pusewarden, et constitue, là encore par ses divergences d'interprétation, une ultime figure de mise en relativité.





@Mountolive est le troisième tome du quatuor d'Alexandrie. @Durrell le qualifiait de roman orthodoxe qui recoupait les deux premiers en plusieurs endroits. le narrateur erratique est cette fois-ci remplacé par un point de vue extérieur plus neutre.



Le roman s'ouvre sur une incroyable scène de pêche à laquelle participe David Mountolive dont la vie nous est partiellement contée. Notamment sa liaison avec la solaire Leila, la mère de Nessim qu'il rencontre alors qu'il est envoyé en Egypte par le Foreign Office pour se perfectionner en arabe. Au cours de son long séjour dans la demeure familiale Hosnani, le mari paralytique de Leila, Falthaus lui expliquera la position délicate des Coptes dans la société égyptienne et de la grande responsabilité des anglais dans ce déclassement avec la perte du contrôle du Moyen Orient qui mettra à mal toutes les minorités jusqu'alors très présentes en Egypte. L'histoire récente lui donnera malheureusement raison.



Nous suivons ensuite le jeune diplomate en Russie, à Berlin, mais également en Angleterre où Mountolive rencontre pour la première fois Liza, la soeur aveugle de Pusewarden, dont il s'éprend. Puis c'est le retour en Egypte où il vient d'être nommé ambassadeur.



De nombreux épisodes des livres précédents sont narrés pour la seconde ou troisième fois et les cartes sont à nouveau complètement rebattues. C'est le temps des révélations, les faux-semblants et les fausses pistes égrenées lors des deux premiers tomes implosent pour laisser place à la vérité incontestable dévoilée avec une grande dramaturgie. C'est le temps du contre-espionnage britannique et de ses luttes intestines, celui de la corruption et de la politique avec en point d'orgue la Palestine, celui des trahisons.





@Cléa est le dernier tome de la rhapsodie Durrellienne d'Alexandrie.



Darley redevient le narrateur mais non plus de la mémoire mais du présent. Mnemjan est venu les chercher sur l'île, lui et l'enfant. Alexandrie les accueille sous le feu d'artifice d'un bombardement. C'est la guerre, et pour la première fois Darley ne scrute plus uniquement le même passé, l'histoire progresse, le temps a fait son oeuvre, les traces de la déchéance sont visibles : Nessim a perdu un oeil, la beauté de Justine s'est flétrie, Balthazar n'est plus que l'ombre de lui-même. La mélancolie est omniprésente.



Certaines énigmes trouvent leurs réponses grâce au journal intime de Pusewarden ou par les confessions de Cléa.



Mais comme le cours du temps a repris, d'autres histoires s'écrivent : la réhabilitation de Balthazar, le nouveau nez de Samira, le mariage de Mountolive avec Liza.



Darley et Cléa deviennent amants mais hantés par le passé ils se séparent et Darley fait ses adieux à cette Alexandrie qu'il perd et retourne sur son île. L'histoire se termine et recommence avec l'écriture du récit par Darley.



Le style est baroque, riche et d'une beauté absolue, combien de fois suis-je revenu en arrière pour relire des passages entiers, parfois plusieurs pages, pas question d'accélérer la lecture, la ralentir, profiter de chaque mot, du souffle inouï instauré par @Durrell dans son histoire.



C'est avec une grande mélancolie que je laisse derrière moi l'Alexandrie de Durrell, ce ne fut pas un voyage de tout repos avec ses nombreuses ellipses mais quel voyage dans la relativité littéraire de Durrell. Un énorme coup de coeur !





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Le quatuor d'Alexandrie, tome 1 : Justine

Dans un style nonchalant, très descriptif, très beau et très bien traduit, l'auteur nous promène dans son ennui, auprès de ses conquêtes amoureuses et de personnages marquants, composant son environnement Alexandrin... la ville étant elle-même un personnage ! Et quel personnage !

La vie d'expatrié correspond bien à cet état d'esprit mais, avec un fil conducteur extrêmement ténu, l'ennui m'a parfois rattrapé. Les émotions sont à rechercher dans cette nonchalance lourde, parfois dans une sensation décrite fugitivement, des odeurs, des lumières... Les portraits des personnages principaux fréquentés par le narrateur sont irrésistibles d'humour et de vérité.

Des divagations, des métaphores improbables, des citations d'autres textes, des personnages aux doubles personnalités, il y a de quoi se perdre. Il m'a fallu m'accrocher pour terminer, je m'y suis pris en plusieurs fois. Bref une sensation bizarre entre beauté pure, sentiments désuets et ennui partagé.
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Un Faust irlandais, moralité en 9 scènes

Je ne sais pas si c'est le bon texte pour entrer dans l'univers de Lawrence Durrell mais cette pièce de théâtre montre qu'il a des qualités de dramaturge en théâtralisant sa philosophie de l'existence.

Dans "Un Faust irlandais" il revisite entièrement le mythe de Faust, celui qui a vendu son âme au diable pour la jeunesse éternelle. A l'opposé, il nous présente le Docteur Faustus comme intègre, enseignant la science à la princesse Marguerite, nièce de la reine Katherine.

Il a hérité d'un anneau d'or alchimique de son magicien de maître. Ce talisman appartenait au roi défunt et maléfique Eric le Rouge qui l'avait fabriqué pour commander aux esprits des ténèbres et jeter des sorts.

Complice par obligation de sa tante qui convoite la puissance de l'anneau pour retrouver son époux, Marguerite le vole alors que Méphisto tente aussi de le récupérer. Plus malin que le malin, le docteur Faustus va s'en servir pour le retrouver et le détruire en allant aux portes de l'enfer.

J'avoue que j'aurais bien aimé voir cette pièce jouée sur scène, avec ses vampires et ses fantômes ainsi que son marchand d'indulgences, commerçant moyenâgeux qui soigne surtout les adultères (et qui donne une pointe d'humour à la pièce). Et puis, il y a l'ami ermite qui a su trouver l'épanouissement intérieur en vivant dans la montagne, loin de Méphistophélès et de Goethe.





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