C'est ainsi qu'à débuté une bien étrange période de ma vie. Vie de waters, enclose dans une geôle. Endroit fort exigu. Jadis peint en vert. Avec de traces de doigts sales sur la cloison : manque de papier hygiénique, et de tout papier d'ailleurs. Je m'assied. J'ai mal au dos. Debout. Je m'étire. Je me rassieds. Le Meyers Lexikon ? Même pas touché. Chaque matin à 5h30 tout engourdi de sommeil, encore inconscient, je regagne ces waters. Et je m'y frotte les yeux. Le soleil commence à taper. C'est le matin. A partir de midi, je dois m'abriter derrière la cuvette. Impuissant à cacher mon corps en entier, je le fais par portion. Ainsi, ou bien s'est mon derrière qui se bronze, ou mes jambes, ou ma poitrine en même temps que ma profil ou mon dos. J'ai appris une quantité de poses acrobatiques. M'enrouler comme un boa autour de la cuvette. J'ai fait aussi pas mal d'observations. Sur la cuvette, on pouvait lire l'inscription "Niagara" et sur le siège, "lux". Ex oriente lux : en effet.
C'était en Palestine, en Terre Sainte, un jour de printemps de 194... En ce temps-là, forcé par les circonstances et certaines dettes morales, je suspendis au-dessus de ma tête une grande pancarte portant l'inscription rédigée en allemand, hébreu et anglais : A vendre Piotrus vêtements compris.
De moins en moins de choses à noter. je suis las, moi, je voudrais me boucler quelque part. Pas mourir, non, mais me mettre à sécher entre les pages d'un livre.