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Critiques de Léonor de Recondo (1392)
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Point Cardinal

Je ferme ce livre.



Les mots me manquent. Pourtant, je vais tenter d'approcher un tout petit peu de ce petit bijou d'humanité.



Ce livre parle d'amour.



Ce livre parle du chemin pour arriver à soi.



Ce livre devrait parler à chacun d'entre nous.



Premières pages. Cinématographiques. Une femme se change, se démaquille, à l'intérieur de sa voiture, jusqu'à devenir Laurent. Un homme donc.



Puis Laurent deviendra Lauren. Après avoir lâcher sa bombe à femme, enfants, collègues de travail.



Voilà pour le pitch. Après tout est belle littérature et grandeur d'âme.



Léonor de Récondo nous transperce souvent le cœur dans le portrait de cette femme née dans la peau d'homme. Elle nous raconte cette "transformation" et les points de vue de chacun des protagonistes.



Pas une once de cliché. Pas un mot qui tombe à plat. Le lecteur sera bouleversé par le parcours de cette famille qui s'aime, tout simplement.



Un des grands livres de cette rentrée littéraire. Ne passez pas à côté.
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Amours

Victoire rêve d’avoir un enfant mais voilà son Anselme la laisse indifférente au plaisir du sexe. Mais la jeune bonne Céleste malgré elle, va bouleverser cette vie austère et sclérosée.

D’une écriture classique, Léonor de Recondo nous offre deux beaux portraits de femmes au début du vingtième siècle liées par un terrible secret. Il y a une musicalité évidente dans son style (elle est elle-même une talentueuse musicienne), chaque mot est pesé, pensé, avec l’intention d’offrir un confort de lecture. Elle ne juge pas ces personnages, ils vont chacun au bout de leur logique de leur vision de la vie en ce début de siècle. Victoire entrevoit le début d’une émancipation, Céleste un avenir pour son fils. La découverte des corps est remarquable et offre de très belles pages.

Un roman d’une grande sensibilité qui se lit avec beaucoup de plaisir.
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Pietra viva

De la mort d'Andrea, Michelangelo se désola,

son esprit, sa chair, tout son corps était là,

cadavre froid devant l'Artiste qui pleura.

Pourquoi ? La question l'obséda,

tant et si bien qu'à Carrare il alla,

fuyant ses sentiments, fuyant le vieux schéma,

Amitié, Amour ? Il ne s'y résolut pas.



Trouver le marbre du futur tombeau

du Pape Jules II, il s'enquit aussitôt.

Cœur brisé, cœur blessé, jusque sous sa peau,

il voyait Andrea revenu du caveau.

Un enfant, Michele, rabroué aussitôt,

fut, finalement, un immense cadeau.

Innocence et pureté apaisèrent son cerveau.



Orgueil et colère laissent place à la joie,

Andrea et sa mère ressuscitent dans sa foi.

Ses mains vont façonner ce marbre qui fait loi,

au soleil de son cœur, au soleil qui poudroie.



Michelangelo, l'Artiste, le sculpteur, est là,

avec ses défauts, son caractère, son mea-culpa,

sous la plume avisée que l'auteur(e) enchanta,

offrant tout son sens au titre : Pietra Viva !



Mots ciselés dans la veine de la page,

style poétique gravé dans leur sillage ;

Écriture fine invitant au voyage,

pour un magnifique livre à l'heureux présage.


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Revenir à toi

Sur fond d’Antigone de Sophocle que Magdalena, actrice de théâtre de grand talent, après avoir été meilleur espoir féminin au cinéma, va jouer au Festival d’Avignon, Léonor de Récondo, déjà appréciée dans Manifesto, signe Revenir à toi, un roman dur mais infiniment sensible.

Présent et passé se mêlent au fil d’un récit racontant le désarroi d’une fille abandonnée par sa mère, cataloguée comme folle et internée, disparue subitement. Magdalena avait 14 ans quand son père lui a annoncé : Maman est partie.

Laissée aux bons soins de ses grands-parents, Magdalena ne s’en sort que grâce à un professeur de français, au lycée, qui lui fait jouer Antigone de Jean Anouilh. Cette pièce de théâtre est une révélation pour cette jeune fille qui s’est murée dans le silence depuis la disparition de sa mère, Apollonia.

Dès le début du roman, je sais qu’on a retrouvé Apollonia. C’est Adèle, celle qui s’occupe de sa carrière d’actrice, qui l’annonce à Magdalena. Sa mère se trouve dans la maison éclusière de Calonges, sur le canal latéral à la Garonne, dans le Lot-et-Garonne.

Sans hésiter, Magdalena prend le train pour Bordeaux, loue une voiture et se rend jusqu’à cette fameuse maison éclusière.

Léonor de Récondo raconte tout cela de façon admirable, par petites touches délicates, inquiétantes, et j’angoisse quand même avant ces retrouvailles qui tardent et qui ne sont pas simples.

Heureusement, Jordan fait une apparition sympathique, accorde au lecteur un intermède érotique apprécié par Magdalena qui ne se décourage pas.

Son amour pour sa mère et sa patience seront récompensés. Avant cela, elle donne de sa personne. L’actrice qui faisait la une d’un magazine, dernièrement, retrousse les manches et nettoie de fond en comble la maisonnette où Apollonia vit, telle une clocharde.

Quelques petites touches ont déjà fait allusion au Chambon-sur-Lignon, à un terrible traumatisme lointain ayant atrocement marqué l’enfance d’Apollonia mais je n’en dis pas plus pour laisser à chacune et à chacun le soin de déplier, de dévoiler ce que la mère de Magdalena conservait précieusement dans une enveloppe.

De plus, je tiens à souligner les passages durant lesquels Magdalena s’exprime, confie impressions et sensations. Ces monologues, sans point, sans majuscule, sont à la fois prenants et instructifs.

Revenir à toi, sélectionné parmi les huit livres en lice pour le Prix des lecteurs des « Deux Rives » 2022, est un beau roman magnifiant l’amour d’une fille pour sa mère qui, elle-même n’a jamais surmonté ni évacué le drame qu’elle a vécu.

Cela ne sera possible que grâce à cette fille qui, la quarantaine passée, met sa carrière sur pause avant d’exprimer au plus fort, sur scène, dans le rôle d’Antigone, un hommage poignant aux défunts, pour que ne s’efface jamais la mémoire de celles et de ceux qui ont été lâchement assassinés mais aussi pour que les rescapés puissent continuer à vivre.


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Amours

En 1908, dans une maison bourgeoise du Cher, Victoire profite des rayons matinaux qui traversent les volets et les rideaux en taffetas. Huguette ne va pas tarder à lui apporter son petit-déjeuner. Mariée à Anselme de Boisvaillant, un notaire de bonne famille, elle n'éprouve plus guère de sentiments pour lui. Faisant chambre à part, ils ne font que très rarement l'amour, Victoire en éprouvant une certaine aversion, sauf si ce n'est pour procréer. Malheureusement, l'enfant tarde à venir et la jeune femme désespère de pouvoir enfanter. Tandis qu'elle œuvre pour les bonnes causes, lui passe son temps à son étude. Tandis qu'elle s'ennuie dans sa vie, lui, en tant que patron, s'accorde le droit de cuissage sur la bonne, Céleste, qui se laisse faire pour ne pas faire de scandale...



Une plongée dans une toute autre époque, celle de cette famille bourgeoise... Victoire, jeune femme mariée presque malgré elle à Anselme de Boisvaillant, sera bercée de désillusions, l'amour n'est finalement pas ce qu'elle imaginait ou ce qu'elle pouvait lire dans les livres. Quant à son mari, il ne fait plus guère attention à elle, trop occupé avec Céleste. Léonor de Récondo dresse un portrait égratigné et écorché de cette bourgeoisie de campagne et nous livre un roman dans lequel le corps, l'amour et la liberté d'être soi sont omniprésents. Porté par une plume douce, riche et envoûtante, ces portraits de femmes sont plus que jamais romanesques. A la fois pudique et expansif, émouvant et poétique, ce roman fait la part belle à ces femmes empreintes de liberté et plus que jamais aimantes.



Où il n'est plus question que d'Amours...
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Amours

Quand le jour se retire, la lune monte et monte, là-haut dans le ciel, elle éclaire sa lueur sur le monde, sur les secrets que chacun tente à garder dans la nuit.



Céleste, bel amour, tu auras donné ton corps à ton maître, et dans ta tête tu auras cherché les chevaux de la liberté. La vie te prendra tout entière, ton cœur battant la chamade avec ce petit en toi, fruit de ces nuits volées à la nuit.



Céleste, bel amour, tu n’es qu’amour, tu n’es que bonté. Ton fils Adrien coulera dans ton sang mais sa vie sera confiée à tes maîtres. Tu n’es que bonne. Bonne à tout faire. Bonne pour tout accepter. Bonne pour ne rien dire, rien attendre. Bonne pour n’être que toi.

Nue devant la lune qui te regarde, tu habilles de tes parfums Adrien que tu finis par aller chercher les nuits dans la chambre de Victoire.

Ta beauté fait corps avec ta bonté, tes courbes embrassent l’amour et tu attires à toi toujours plus d’amour.



Céleste, bel amour, tu es l’ange des jours à Victoire, tu es la muse de ses nuits, tu es celle qui dans l’ombre aime et est aimée.



Amours.



Un roman incandescent.

Un roman charnel.

D’une douceur du bout des doigts.

Une danse poétique où tout est essentiel, évident.

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Le Grand Feu

Dans Venise, à la fin du XVIIe siècle, vient au monde Ilaria, sixième enfant de Francesca et Giacomo Tagianotte, sui vendent du tissus.

De son écriture délicieuse, Léonor de Récondo, déjà appréciée dans Manifesto et Revenir à toi, me plonge aussitôt dans l’ambiance de cette ville magique où l’on confie, si c’est possible, les filles à la Pietá. Cette institution religieuse fait penser à un couvent. On s’y consacre aux dévotions mais surtout à la musique et Antonio Vivaldi y enseigne.

Bianca, gardienne de la Pietá, est venue accoucher sa cousine, Francesca. Sans hésitation, celle-ci confie son bébé, Ilaria, à la Pietá où elle rêve de l’entendre chanter. Seulement, elle ne pourra que l’entendre car le chœur des jeunes filles est caché derrière les grilles de fer de la tribune en marbre.

En 1699, elles sont 867 pensionnaires à la Pietá. Elles ont été soit confiées à l’institution comme Ilaria, soit abandonnées à la porte, seul moyen pour les mères de savoir leurs filles échapper à la pauvreté, à la rue, à la prostitution.

D’abord en pouponnière, Ilaria grande, apprend à lire puis, rapidement, rêve d’apprendre le violon en suivant les cours du maestro, Antonio puis devient sa copiste.

L’autrice, Léonor de Récondo est aussi une excellente violoniste. Aux Correspondances de Manosque, elle nous confiait qu’elle avait attendu son neuvième roman pour réunir, pour la première fois, écriture et musique. Elle sait que le violon devient la propre voix du musicien et que cet instrument devient partie intégrante du corps. Ceci, elle le fait vivre ici à Ilaria, sa jeune héroïne.

Après avoir grandi à la Pietá, quand Ilaria, âgée de 8 ans, peut enfin passer Noël en famille, elle se sent comme une étrangère, se raccrochant seulement à l’amour de sa mère.

Le Grand Feu permet donc de suivre l’évolution de cette jeune fille, d’assister à son premier concert, à 13 ans, de vivre sa grande amitié avec Prudenza Leoni qui est une sorte d’auditrice libre, venant prendre des cours de chant à la Pietá.

Ici, le rôle de la Prieure est important car c’est elle seule qui peut délivrer un bon de sortie à Ilaria si elle veut se rendre à une invitation de Prudenza.

Quand Ilaria sort de la Pietá, qu’elle se déplace en gondole grâce à la famille Leoni, un feu intérieur la brûle car elle découvre enfin sa ville, vue depuis les canaux, ces fameux palais dont on redoute aujourd’hui la disparition sous les eaux. Dans ce roman, Venise est un personnage principal où, je cite : « La beauté, certains soirs, désarme la mélancolie. »

Sans en dire beaucoup plus, bercé par les magnifiques partitions d’Antonio qui apprécie l’aide d’Ilaria, je dois ajouter que Prudenza a un grand frère : Paolo. S’il est passionné de chevaux, très attiré par le maniement des armes, décidé à se battre pour restaurer le prestige de la Sérénissime, ce jeune homme a aussi un cœur…

Habilement, Léonor de Récondo fait monter la tension avec l’avancée de son roman pour nous amener à une fin pathétique que chaque lectrice ou lecteur pourra découvrir en lisant Le Grand Feu ; ce feu qui dévore Ilaria dès qu’elle prend son violon, ce feu de l’amour prêt à jaillir au cœur de cette ville pourtant posée sur l’eau.


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Manifesto

Merci à Piatka qui par sa très belle critique m’a permis de découvrir et une auteure et un roman dont je vais garder l’empreinte longtemps sur mon cœur fleur bleue.



Léonor de Recondo signe un récit admirable sur la dernière nuit de son père en soins palliatifs. Sa plume caresse les notes d’une cantilène pleine d’amour et de sensibilité. Des pages d’amour et de douceur aux allures poétiques, une cantate de souvenirs entre Felix son père et son ami Ernest Hemingway. Des pages où l’attente dans la chambre 508 de l’hôpital respire encore et toujours l’amour de Leonor pour son père. Leonor sait que son père va mourrir incessamment. Il a contracté une infection qui le condamne. Pour que la mort vienne chercher son père avec des mains de velours, elle rend la vie à son père dans des voyages de cœur, là où son père a été heureux, là où son père était un homme libre. Car « pour mourir libre, il faut vivre libre ».



Que c’est bon et beau de se faire caresser par de la si belle littérature. Un plaisir au bout des doigts, des mots qui enveloppent, brillent et nous réconcilient avec la douleur.
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Revenir à toi

Magdalena, la quarantaine, comédienne de talent, s'apprête à reprendre une nouvelle fois sur scène Antigone de Sophocle, pièce programmée pour l'été à Avignon quand elle reçoit un appel de son agent : Magda, on a retrouvé ta mère.

Pour Magda, le château construit depuis l'enfance est emporté ; elle n'hésite pas et part aussitôt vers l'adresse indiquée, une maison éclusière à Calonges, dans le Lot-et-Garonne.

Trente ans se sont écoulés depuis ce jour où son père Isidore lui a dit : maman est partie. Certes sa mère Apollonia était fatiguée, et passait la plupart de ses journées allongée et Isidore avait dû demander à ses parents de les accueillir, n'arrivant plus à tout gérer, à s'occuper de Magdalena et d'Apollonia.

Mais les semaines qui vont suivre ce départ sont plombées de silence et Magdalena n'obtient aucune réponse à toutes les questions qu'elle pose et repose à son père et à ses grands-parents. Elle n'arrive pas à savoir où sa mère est partie et quand elle reviendra, si ce n'est qu'elle est partie se reposer chez des professionnels !

Magdalena a longtemps cru qu'elle retrouverait sa mère au retour de ses cours, a espéré un appel le jour de son anniversaire, mais en vain… Aussi, a-t-elle dû se passer d'elle, obligée de respirer sans elle et a pensé qu'elle était morte, que ce n'était pas possible autrement.

Les années passent et c'est Antigone qui l'a sauvée dit-elle. « Antigone est devenue son amie, son autre. Celle espérée qui comprend tout, prend tout, ne se sépare jamais, n'abandonne pas, n'y pense même pas ».

Ces pensées, ces années passées à attendre, ces années perdues à errer à la quête d'un amour qui viendrait combler le vide béant resurgissent dans la tête de Magdalena lors de son trajet en train à la rencontre de cette mère retrouvée, et la question se pose de savoir comment elle va pouvoir mettre son coeur à nu.

Léonor de Récondo développe avec beaucoup de délicatesse la manière dont Magdalena va peu à peu avec patience retisser des liens avec cette mère devenue clocharde et qui dans un premier temps restera totalement prostrée. Les regards et les gestes, les chuchotements et les caresses vont graduellement combler ces années d'absence pour finalement dévoiler un secret tacitement transmis et renouer ce lien rompu.

Beaucoup de sensualité, de tendresse accompagnent Revenir à toi, ce récit de deux enfances peuplées d'absences et certains passages n'ont pas été sans m'évoquer le roman de Christophe Perruchas, Revenir fils, notamment le très beau moment où Magdalena fait la toilette de sa mère.

Si le doute de possibles retrouvailles avec sa mère s'insinue parfois dans l'esprit de Magdalena, sa persévérance finira par l'emporter et lui permettra non seulement une magnifique réconciliation avec Apollonia mais également avec elle-même. C'est ce long et double cheminement que l'auteure a su faire vivre avec moult émotions tout au long de ce roman. En effet, la joie, la peur, la résignation, la colère, l'espoir sont autant de sentiments qui vont traverser l'esprit de Magdalena.

J'aurais aimé peut-être, avoir davantage d'explications sur le passé d'Apollonia mais la concision du roman et les chapitres courts sont aussi les forces de ce roman dans lequel on entre presque comme dans un moment suspendu.

L'auteure m'a embarquée avec virtuosité avec son héroïne, avec laquelle j'ai affronté tous les tourments qui la traversaient avant ce merveilleux moment d'apaisement.

J'ai particulièrement apprécié cet hommage que rend Léonor de Récondo à la scène, au théâtre et aux grands mythes littéraires qui peuvent façonner les êtres et se révéler salvateurs.

Revenir à toi, deuxième roman de Léonor de Récondo que je lis, après Manifesto, convie le lecteur à une belle histoire de réconciliation ainsi qu'à une réflexion sur l'amour, l'abandon, la maternité et le poids du passé.


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Point Cardinal

Sur ce parking presque désert, une chanson de Melody Gardot en fond sonore, Mathilda se démaquille, enlève ses faux cils, sa perruque et retire sa robe de soie, sa culotte et ses bas. Totalement nu, Laurent enfile sa tenue de sport puis range ses habits de lumière dans sa mallette qui trouvera refuge dans le coffre. Une fois la voiture débarrassée de ses lingettes usagées, Laurent est prêt. Prêt à quitter Cynthia et ses amies du ZanziBar, prêt à quitter Mathilda et redevenir Laurent. Il rentre alors chez lui, accueilli par sa femme, Solange, et ses deux enfants adolescents. Mathilda n'est plus, jusqu'à la prochaine fois...



Léonor de Récondo se glisse dans la peau de Laurent qui lui-même se glisse dans celle de Mathilda. Sans fard, elle dévoile peu à peu l'histoire de cet homme, mari et père, qui aspire à être ce qu'il a toujours eu l'impression d'avoir été. Mal dans sa peau, obligé de se cacher, aussi bien de sa famille que de ses collègues, il va peu à peu se mettre à nu et s'exposer en tant que tel. Un changement qui, immanquablement, va bouleverser sa vie, celle de sa femme et celle de ses enfants. L'auteure saisit parfaitement le tourment qui habite Laurent, sa volonté et sa ténacité d'être et sa transformation. Ce roman, délicat et fragile, traite avec une grande justesse de l'identité sexuelle et du courage d'être soi, envers et contre tous. De sa plume, à la fois sensible, intime et crue, Léonor de Récondo donne corps et vie à ce personnage touchant.

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Pietra viva

Très beau roman, émouvant et sensible, que j'ai achevé presque à regret. Une belle découverte pour moi assurément, en cette rentrée littéraire, où comme d'habitude 6 ou 700 volumes déboulent sur les étagères des librairies et où il est difficile de tomber juste sur les quelques bouquins qui plairont vraiment, sans succomber aux sirènes du marketing.

Dilemme d'automne...Pietra Viva : touchée !



Carrare, 1505 : Michelangelo Buonarroti, sculpteur de 30 ans déjà reconnu et adulé pour sa Piéta, est venu au cœur des montagnes pour débusquer les marbres parfaits nécessaires à l'édification du tombeau du pape Jules II.

D'un naturel solitaire et tourmenté, le sculpteur va pourtant tisser des liens multiples pendant son séjour de six mois, et en particulier avec Michele, un petit orphelin de mère de six ans, lui permettant de découvrir des émotions enfouies au plus intime de son âme d'artiste, ce qui aura nécessairement une influence sur ses sculptures futures.

C'est toute la magie et l'intérêt de ce roman : révéler un Michelangelo inattendu, aussi bien à lui-même d'ailleurs qu'au lecteur, et assister admiratif à sa maturation artistique en relation étroite avec des pans adroitement choisis de son quotidien ; le tout servi par une écriture qui m'a enchantée par sa justesse de ton, poétique mais sans mièvrerie, permettant aux émotions de Michelangelo d'affleurer avec naturel, telles les veines des marbres qu'il traque inlassablement.

Piétra Viva ou l'art de ciseler avec des mots un portrait d'un des plus grands sculpteurs qui parvint en son temps à ce " Que la chair se fasse pierre ".

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Le Grand Feu

Ilaria naît en 1699, dans une Venise à peine remise de la peste où « l'on s'aimait avant de mourir ». Ses parents Francesca et Giacomo Tagianotte, marchands d'étoffes, ont perdu trois de leurs enfants à la naissance. Alors, cette sixième fille qui leur arrive, Francesca l'a tout de suite su, elle la destine à chanter parmi les anges de la Pietà, pour que sa voix s'élève jusqu'au paradis. Ainsi commence le roman d'apprentissage musical et sentimental né de la double passion – le grand feu – de Léonor de Récondo pour le violon et l'écriture.





Financée par la République de Venise, la Pietà accueille des filles abandonnées à la naissance, parmi lesquelles se glissent quelques jeunes filles dont la riche famille peut financer la formation, pour en faire, sous l'égide des plus grands maîtres, des chanteuses et des musiciennes accomplies que l'on accourt écouter lors des concerts qu'elles donnent, cachées et tout de blanc vêtues, derrière les grilles de leur hospice. Lorsque Ilaria y grandit, le maître de violon et le compositeur principal de la Pietà est Vivaldi. C'est à son école qu'elle découvre, toute jeune, le grand feu qui ne cessera plus de l'habiter, cet « art qui se façonne dans une addition d'âmes » : la musique. Sa voix d'or à elle, ce sera celle de son violon.





Mais, alors qu'à ses rêves d'évasion, jusqu'ici circonscrits par sa réclusion à leur seule expression musicale, quelques sorties chaperonnées par la riche famille de son amie Prudenzia viennent donner une nouvelle forme, amoureuse cette fois, un autre feu s'allume, qui pourrait aussi bien nourrir le premier que la consumer tout entière. Ilaria a désormais quinze ans. Pour ses semblables sans appui familial, l'avenir est au couvent, sauf pour celles, assez rares, que l'exception de leurs talents permet de se produire à l'extérieur, et parfois, d'être demandées en mariage...





Dans cette Venise d'eau, elle-même enfiévrée six mois par an par la frénésie du carnaval, le roman d'apprentissage se fait incandescent. du feu de la musique à la passion amoureuse, d'une plume qui palpite et cascade en vagues musicales, Léonor de Recondo investit sa propre expérience, émotionnelle et sensorielle, et, jusqu'à son impressionnant bouquet final, nous enchante d'un récit habité, ardemment romanesque, féministe aussi. Quand la musique et l'écriture s'épousent si joliment, l'on ne résiste pas au feu de la lecture.


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Amours

Nous sommes en1908, en Touraine, au cœur d'une maison de maître. Céleste, la bonne, jeune,fraîche , possède un corps sensuel qu'elle ne soupçonne même pas, un cœur simple, vivant au jour le jour. Elle a grandi dans une famille tellement nombreuse qu'elle ne s'est jamais considérée comme une personne digne d'égards....Elle accepte sans rien dire que son notaire de patron, Anselme de Boisvaillant la besogne avec rudesse en serrant toujours plus sa masse de cheveux jusqu'à prendre plaisir à se faire mal avec les épingles.....il se rhabille trés vite pour regagner son bureau. Désire t- il assez sa femme pour s'assurer une descendance? Au premier étage, Victoire, le belle épouse, mince et corsetée dort paisiblement, elle lit Madame Bovary et considère le sexe comme " un enchevêtrement immonde". Elle évite l'acte à chaque fois qu'elle le peut, usant de divers stratagèmes, et ne se regarde jamais dans la glace, trop effrayée par ce qu'elle imagine, embrigadée dans ses peurs confuses....Céleste attendra un enfant, Victoire restera un "ventre sec" mais chez les riches.....on s'arrange toujours....l'histoire aurait pu s'arrêter là, une bonne renvoyée,un secret bien gardé,le silence acheté de la sage femme, un adultère qui se termine bien,un bébé qui change de bras...Mais Léonor de Recondo à l'aide de son style direct, concis, sensible, spontané, sa phrase précise et juste magnifie le corps des femmes pour révéler leur nature profonde , décrit les hontes sociales, les désirs intimes et les peurs ancestrales avec fraîcheur et évidence....Elle nous parle d'amours au pluriel et offre à ses héroïnes, un destin inattendu, beaucoup plus ouvert , ample et non réglé...Quand Victoire brûle ses corsets en allumant un feu de joie dans le jardin, c'est " la révolution".Mais elle accepte un autre carcan mondain, les robes de Paul Poiret,serrées à la cheville...C'est un ouvrage à la fois limpide et profond qui touche infiniment nos cœurs de femmes , intelligent,sensuel, rythmé mais fluide. On sent aussi bien la lourdeur des repas trop riches derrière les épais rideaux de taffetas, le bruit discret des cuisines, le doux murmure des prières de Céleste que le ressenti des touches du piano de Victoire pour ne plus entendre les cris du bébé !

L'auteure réfléchit avec minutie et brio à la liberté des corps et aux épaisseurs inutiles,aux conventions et différences sociales, à l'éducation des filles. L'atmosphère de l'époque est particulièrement bien rendue sans jamais tomber dans la démonstration .....c'est un ouvrage d'une grande sensibilité qui décrit la puissance instinctive du désir, la force du sentiment, le sens du sacrifice dans un monde clos et corseté, la perte des illusions.....

Là où les barriéres sociales d'alors explosent, le plaisir aggrippé ,la jouissance et l'épanouissement des corps balaieront tout.....

Pour moi,un immense coup de cœur !J'avais lu Pietra Viva, j'ai vu l'auteure à la grande librairie, comme je l'écrivais hier à mon amie litteraire, oui, je me régale,! C'est un trés beau livre, fort,ample,impressionnant surtout par les émotions qu'il nous procure. Difficile de le commenter, peut- être suis - je trop enthousiaste, ? Merci à ma libraire de la taverne du livre !
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Revenir à toi

Magdalena est une comédienne célèbre, ses mots, ses rôles et surtout Antigone sont autant de refuges pour cette femme qui n’a jamais réussi à être femme et libre. Quand elle reçoit un appel de son manager lui annonçant avoir retrouvé sa mère, Magdalena lâche tout et prend la direction pour Revenir à toi.



Sa mère est partie quand Magdalena avait quatorze ans. Avant son départ, elle était dépressive, constamment allongée, apathique, muette.



On sent combien Magdalena a souffert de cette vie sans mère, l’écriture de Leonor de Recondo joue très bien sur la corde des émotions. De jolis passages témoignent de cette détresse :

« Je péris sans avoir usé ma part de vie. »



« J’avais le droit d’être mes rôles, c’est tout ; sur scène j’étais libre, partout ailleurs, enfermée »



Pourtant cette histoire m’a laissée de marbre et souvent m’a fait levé les yeux.

Les retrouvailles avec cette mère, ce « monstre gavé par l’attente » figée dans une mélancolie de glace depuis il semblerait trente ans sont des plus particulières. Sans en dire trop, je doute qu’une femme âgée figée dans le silence puisse vivre seule comme le décrit l’auteure, en se gavant de biscuits toute la journée et rien d’autre.

Il y a aussi cette rencontre au Décathlon avec Jordan et ce qui s’en suit me laisse tout autant sceptique.



Dans ce roman, il y a beaucoup trop de choses qui enrobent une impression de vide. Rien ne sera expliqué ou dévoilé pour comprendre la maladie de cette mère. La fin ne m’a pas non plus convaincue. C’est aussi un roman voilé exclusivement ou presque introspectif avec beaucoup de silence qui voudrait en dire long et finalement ennuie plus qu’il ne passionne.



Dommage car jadis j’avais beaucoup aimé Amours de cette auteure.
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Pietra viva

« Le mot chéri, un mot simple et doux. Si simple que les lèvres n’ont qu’à se clore deux fois pour le prononcer. Deux « m » entre lesquels s’intercalent une voyelle ouverte et une autre fermée. Ce mot du début de l’amour, de la naissance aux autres ».

C’est de là que tout part, c’est là que tout revient. « Maman », et Michelangelo s’oublie, se reconnait et se retrouve. Parti dans les montagnes âpres de Carrare à la recherche du marbre duquel il délivrera les silhouettes cachées pour le tombeau de Jules II, il atteindra la source de son être : son enfance oubliée, la Beauté, incarnée en la personne d’Andrea (un jeune moine mort peu avant), et la révélation ultime de son talent.

Par la grâce innocente de Michele (le double de Michelangelo?), un jeune garçon qui vient de perdre sa maman, , il s’ouvrira à son monde intérieur, non sans réticence au départ, car Michelangelo est un être à l’extérieur brut et mal dégrossi, contrairement à ce qu’il façonne. « Ce n’est pas si compliqué de donner. Il suffit de faire comme la montagne : se laisser tomber. »

Par la magie des 5 sens, il vaincra la mort et retrouvera sa mère oubliée depuis le jour où il avait enterré ses souvenirs.

Michelangelo vit donc une remontée vers la source de lui-même, partagée par les pierres et les hommes purs. « Le ciel commence là où le sol s’arrête », lui a dit Cavallino, un simple d’esprit proche de la nature des choses. Et là, Michelangelo – au nom prédestiné – se sentira en totale adéquation avec le monde de la terre et du ciel.



Et moi j’ai vécu une remontée aux sources de la poésie à travers ce roman, j’ai frémi devant la beauté des phrases, vivantes et odorantes.

Un léger ennui, mélancolique et doux m’accompagnait tout du long, mais maintenant que j’ai refermé ce livre, je ne parviens pas à m’en détacher. Curieux, n’est-ce pas ? Je ne m’interrogerai pas plus avant sur la source de cet ennui, je laisserai vivre en moi les paroles de Michelangelo : « Si tu ne comprends pas, ne me demande pas. Les réponses sont en toi et si tu ne les trouves pas, c’est qu’elles n’y sont pas. »

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Le Grand Feu

Violoniste virtuose et écrivaine reconnue, Léonor de Récondo signe avec son neuvième roman, Le grand feu, le premier où musique et écriture sont réunies.

Le 31 mai 1699, à Venise, Francesca Tagianotte met au monde une fille, Ilaria, son sixième enfant.

Quelques mois avant, avec son époux Giacomo, ils s’étaient rendus à la Pietà et lorsqu’elle avait entendu chanter le chœur des jeunes filles cachées derrière les grilles, Francesca avait dit « si tu es une fille, tu chanteras avec elles. »

Ayant insisté pour obtenir une place à la Pietà, grâce à sa cousine Bianca qui en est la gardienne, la petite Ilaria, bien qu’issue de classe moyenne, dès ses trois mois, est acceptée par la Prieure et donc confiée à cet établissement de charité qui accueillait seulement les orphelines ou des filles de parents assez riches pour payer les cours de musique.

Voyant très rarement ses parents, Ilaria va grandir au sein de cette communauté féminine qui comprenait pas moins de neuf cents filles et dont les règles étaient calquées sur celles d’un couvent . Trop jeune à six ans pour commencer de travailler sa voix, Ilaria, sous l’impulsion du nouveau maestro di violino, Antonio Vivaldi, va alors apprendre le violon, ce violon qui va devenir sa voix. Au même printemps, entre, à la Pietà, Prudenza Leoni, une enfant de huit ans, issue d’une famille patricienne, qui, elle, ne vient que quatre fois par semaine prendre des cours, mais qui deviendra bien vite l’amie d’Ilaria et l’ouvrira au monde.

Léonor de Récondo nous fait suivre le destin de cette jeune musicienne Ilaria, nous fait vivre avec incandescence le feu qui va la consumer tout en nous plongeant dans cette Venise baroque du XVIIIe siècle où la Sérénissime brille de tous ses feux sur le plan artistique, où la musique est omniprésente et est l’art de toutes les fêtes.

Le cadre du récit est donc cette sublime capitale de tous les arts qu’était Venise au XVIIIe siècle avec pour la musique, Antonio Vivaldi, ce musicien virtuose, maître de chapelle, violoniste au séminaire musical de l’Ospedale della Pietà où sont élevées de jeunes orphelines à qui il enseigne le chant et le violon.

C’est un fabuleux tableau que nous donne à voir, entendre et ressentir Léonor de Récondo en nous dépeignant cette lagune où glissent les gondoles de palais en palais, de véritables instants suspendus tout en ombres et lumières.

Elle brosse également avec talent le portrait du Maestro qui apprécie particulièrement la qualité du silence lors des concerts dominicaux, ces concerts où les jeunes filles chantent et jouent leur partition derrière les grilles, ces concerts qui représentent une attraction pour les mélomanes tout à la fois enthousiastes et intrigués, ces concerts connus de l’Europe entière comme étant d’une exceptionnelle virtuosité.

Sont aussi partie prenante de l’histoire, les derniers bastions vénitiens en mer Égée avec l’île de Tinos sur lesquels pèse la menace ottomane.

J’ai suivi avec passion cet apprentissage du violon pour Ilaria, cet instrument qui devient peu à peu un prolongement de son corps, une partie intégrante d’elle-même et « une voix d’or dans les bras d’une enfant ».

Emportée par son ardeur musicale, Ilaria va brûler du feu de la musique, « Ces faisceaux de musique qui se rassemblent et s’embrasent », la contraignant, dans une scène sublime, à s’immerger dans la lagune.

Ce feu induit par sa communion avec la musique se doublera bientôt du feu de l’amour, deux passions qui vont se confondre pour produire cette explosion finale, ce grand feu.

Le grand feu est un récit initiatique féministe flamboyant et pourtant très intimiste.

Musique et écriture y fusionnent de façon magistrale.


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Point Cardinal

Bien moins enthousiaste sur ce point cardinal que sur les deux autres précédents romans lus de cette brillante auteure.



Laurent et Solange forment un couple tout en harmonie et en complicité avec deux beaux enfants dans la fleur de l’âge. Laurent pourtant surfe depuis très longtemps sur l’ombre de ses instincts féminins. Il aime la dentelle, la soie, les cheveux longs, les talons hauts. Pour satisfaire sa vraie nature, il se transforme en cachette de son épouse et devient, au point cardinal, Mathilda. Laurent continue à souffrir de ce double jeu, il n’a qu’une envie, être une femme et rien qu’une femme.



Dans ce roman qui veut décrire l’importance d’être soi, en accord avec sa nature profonde, j’ai trouvé le personnage de Laurent bien peu convaincant et plutôt égoïste. Son obsession à devenir une femme semble primer sur tout le reste et j’ai ressenti davantage de compassion pour ses enfants qui ressentent honte et rejet pour ce père ambigu. À côté de ce manque d’empathie, je suis restée sur ma faim quant à la verve sensible habituelle de l’auteure. J’avais découvert dans Amours et Manifesto une plume sensible et riche. Ici, j’ai trouvé le texte trop plat et peu enclin à la profondeur.



Nulle déception car je sais que Leonor de Recondo possède un talent indéniable. Si je suis passée à côté de ce roman, je prendrai le train pour un autre roman à elle, je n’en doute pas.
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Point Cardinal

« Combien de temps faut-il pour être soi-même ? »

Telle est la question centrale et passionnante du dernier roman de Leonor de Recondo où elle met en scène le cheminement d’un homme, Laurent, vers son changement de sexe. En marge de sa vie ordinaire de mari aimant et père de deux ados, Laurent s’incarne en femme, y prend un plaisir de plus en plus nécessaire à son équilibre personnel, ce qui bien sûr va poser problème au sein de sa famille et de son entourage.



J’ai lu ce roman inattendu quasiment d’une seule traite. C’est dire s’il m’a plu. Pourquoi ?

Il est tout d’abord remarquablement rythmé en séquences ramassées, brèves de vie quotidienne qui entrainent rapidement le lecteur dans le coeur de l’intrigue. C’est, je trouve, la marque de fabrique de Leonor de Recondo, tellement appréciée dans Pietra Viva. La musicienne n’est jamais très loin de l’auteure.

Puis, au-delà de la radicale transformation sexuelle, remarquablement et finement évoquée, c’est bien le récit de la détermination d’un homme à s’assumer, à trouver le courage d’être enfin soi qui m’a paru particulièrement réussi.

« J’ai longtemps cru qu'être père me suffirait pour rester homme. C'est avec ce genre de certitudes que j'ai écrasé la femme dedans. »

« Je suis dans une impasse. Comment réunir ma peau d'homme avec la femme que je suis à l'intérieur, ses formes, son esprit, ses désirs ? »

Capacité à surmonter les obstacles extérieurs comme personnels, à remettre en cause ses certitudes pour parvenir à s’accepter : plus largement, l’affirmation de soi est une quête qui peut tous nous concerner.



La prose et la sensibilité de Leonor de Recondo s’accordent à merveille avec la sensualité des corps, avec la grande diversité des émotions. Son indéniable talent de conteuse rend les personnages attachants et justes. Et surtout, surtout, il se dégage une formidable énergie positive de ce roman malgré les doutes de Laurent/Mathilda, le désarroi de sa femme, le rejet de son fils, et les souffrances rencontrées sur un chemin difficile et encore largement tabou.
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Le Grand Feu

L'auteure nous livre un roman enchanteresse. C'est l'histoire d'Ilaria, née en 1699 , dans la merveilleuse ville de Venise, Venise la grande , la ville de l'amour, de la musique, du carnaval et de ses fameuses gondoles. Ilaria, jeune nourrisson, est laissée aux portes de la Pieta, une institution réputée pour sa sévérité, une sorte de couvent, loin de tout contact externe. Leur but est de faire de leurs élevés des virtuoses de la musique et du chant. Ilaria est vouée à devenir une grande violoniste, elle qui côtoie le grand Vivaldi, son instructeur. Ilaria a soif de découvrir l’extérieur, voir ce qui se cache derrière ces murs, Sa rencontre avec Prudenza, va changer le cour de sa vie, Elles deviendront inséparables, une amitié fusionnelle, elle réussira avec l'aide de la mère de Prudenza, d'obtenir une autorisation de sortie. Ilaria fera la connaissance du frère de son amie Paolo. Elle connaîtra, ressentira ce que l'amour représente, Son retour a l'institut est toujours source de solitude. Elle se donne corps et âmes à sa passion du violon, un moyen extérioriser ses maux. Arrivera t-elle à les panser? Ilaria découvre l'amour , l'amitié, ce sentiment d'avoir été abandonnée par ses parents ,sa famille, Comment réussira t-elle à gérer tous ses émois? L'auteure nous transporte, avec sa plume sensible, subtile, poétique , dans un monde bercé par la musique, cette musique ivresse qui nous envoûte, qui ne peut nous laisser insensible Un roman repli de tendresse, fascinant, magistrale, Une histoire qui m'a tenu en haleine jusqu'à la fin, un final explosive tel un feu d’artifice
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Amours

Au début du siècle dernier, dans une maison cossue du Cher, Madame, Monsieur, la bonne et l’enfant…Ne bâillez pas d’ennui, il ne s’agit pas d’un vulgaire petit drame bourgeois mais d’Amours. Oui, d’Amours. Bien entendu le mariage entre Victoire et Anselme a été arrangé et Céleste n’est qu’une bonne à tout faire. Comme Victoire est dégoutée par les moments intimes avec son mari, Anselme monte de temps en temps dans la chambre de Céleste, histoire de satisfaire un désir pressant…Céleste ne veut pas perdre sa place, alors elle ne dit rien.

Les deux femmes ont pourtant des points communs, l’innocence, la solitude et des vies corsetées par la religion et les conventions sociales. Céleste tombe enceinte, l’enfant deviendra celui que le couple attendait désespérément depuis cinq ans. C'est Victoire qui en a décidé ainsi. Derrière les murs épais des maisons bourgeoises les secrets et la morale cloisonnent bien hypocritement les vies, mais les deux femmes vont se rapprocher, s’aimer, voler un peu de liberté, découvrir leurs corps et leurs désirs… C’est inattendu, beau, c’est une passion pleine de fraicheur et de douleurs contenus qui nous rappelle combien la vie était dure pour les femmes à cette époque là.



D’une écriture simple et délicate Léonor de Recondo met en musique l’éveil à la sensualité et la maternité des deux femmes. L’auteur est d’ailleurs une musicienne de talent et lorsque Victoire renait en se mettant au piano ou lorsque Céleste se réfugie dans l’orgue de l’église paroissiale, on sent vibrer leurs âmes.

Deux portraits lumineux et attachants dans un roman particulièrement touchant.



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