Voldemar Lestienne

Je me suis assise sur le bord du lit, le temps que Héléna fasse sa toilette derrière le paravent. J'ai vu ses bras voler et du linge blanc s'agiter par-dessus sa tête puis laisser tomber sa chemise de nuit à ses orteils.
J'ai senti l'odeur du café et du pain grillé.

En passant devant la cuisine, j'ai entendu un bruit d'assiettes, j'ai ouvert la porte. Elle ne se retourna même pas, elle était en robe de chambre kimono, ses orteils recroquevillés sur le carrelage Elle se remit à laver la vaisselle avec des précautions d'emballeuse de porcelaine.

Refaire la France, d'accord, mais avec ces hommes-là ! Cette gueule de coing, de minus ! Autant tout lâcher tout e suite. La leur donner, la France, à Churchill, à Roosevelt, puisqu'ils semblaient y tenir. Arrêter de fatiguer le monde. Lâcher cette ombre de nation qu'il tenait à bout de bras. Rendre aux médiocres ce qui était au médiocres. Cultiver son jardin. Vivre ici avec Yvonne et faire rire la petite Anne, la douce, pauvre, petite Anne à l'esprit enfui, qui ne revivait que lorsqu'il était là, qui s'agitait sur sa chaise en essayant désespérément de parler quand il s'approchait d'elle.
Une nouvelle fois le général Charles, André, Marie, Joseph de Gaulle s'adonnait à son vice favori : la crise de conscience.

Elles ont surgi toutes les deux autour de moi en se poursuivant à coups d'oreillers. Elles se sont arrêtées, essoufflées, elles ont éclaté de rire. Elles étaient toutes deux, pieds nus en chemises de nuit, qui leur faisaient les chevilles fines.

"Le Maudit" (Bréval) l'avait condamnée à mort. L'heure de l'exécution était arrivée. Et cette fois, il n'y aurait pas de miracle pour la sauver.
La première fois, le Maudit l'avait frappée à la nuque. Mais il était si jeune! Les jeunes gens ne savent pas frapper les femmes à mort. Elle avait survécu. La deuxième fois, le Maudit l'avait pendue mais Heydrich était arrivé à temps et il avait coupé la corde. La troisième fois, c'était maintenant: le Maudit était revenu, et Heydrich était loin.

Une citation de De Gaulle : "J'aime les Trois Mousquetaire. Les gens veulent que l'Histoire leur ressemble, ou, au moins, qu'elle ressemble à leurs rêves".