Liliane Schraûwen présente son livre de nouvelles-roman lors d'une interview d'Antonio Ponte pour la chaîne "Avez-vous lu ?"
Elle a trente ans. C'est une vieille petite fille de trente ans. La brute, le salaud, l'homme, ce n'est pas son père cette fois.
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C'est toujours l'homme, mais un autre homme.
C'est lui, le tendre fiancé, le prince charmant, l'amant tremblant. C'est le mari qui fêtera bientôt ses dix ans de mariage, c'est le père de ses enfants.
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L. hurle dans la ville vide, elle hurle dans la nuit.
Les gens croient que les choses se transforment. Non. Rien ne se transforme. Les choses meurent, disparaissent, et d'autres prennent leur place, brusquement, sans logique.
En réalité, je crois bien que je n’ai jamais dormi, de même que je ne me suis jamais éveillé. Simplement, je me trouve là, ou ici, ou autre part, sous une forme ou sous une autre, cela dure un temps indéterminé et variable, puis je suis ailleurs. Le plus souvent, je n’ai aucun souvenir, je surgis brusquement puis je m’efface.
Voici un assassinat : s'il est politique, c'est une information, s'il ne l'est pas, c'est un fait divers.
Une petite fille erre dans la ville, le long du boulevard Anspach jusqu'à la place de Brouckère. Elle pleure parce qu'elle a été frappée, et elle a mal au visage, mal au cou, ,mal à l'âme. C'est Lui, bien sûr, qui a eu la main trop leste, le poing trop lourd. Alors elle s'est enfuie.
Il fut un temps où son père criait. L. avait toujours peur, elle pleurait. L. n'a jamais pu supporter les cris, la violence, même verbale. Cela la terrifie et la révolte, elle ne peut pas rester calme face à un homme qui joue de sa force et de sa colère. Le père criait souvent, très fort. "BAISSE LES YEUX ! Je suis ton père, et tu n'auras pas le dernier mot. C'est MOI qui ai raison". L. hurlait en silence à l'intérieur : "non, non, c'est moi qui ai raison. Tu es une brute, un salaud. Je te hais".
César ou Attila, Napoléon, Hitler, Staline, Mobutu et Amin Dada, Ceausescu, Ben Laden, Pinochet, Pol Pot... Ubuesques tyrans de pacotille, empereurs et despotes, maréchal-président, guide suprême... qu'importe le nom qu'on leur donne ou la langue qu'ils parlent. Ils avancent parmi les cadavres, au nom de la Race, au nom de l'intérêt supérieur de la Nation, au nom de l'Histoire, au nom de Dieu qui toujours est avec eux, et la guerre et le sang et le feu sont le terreau de leurs rêves absurdes.
Il se souvient que lui-même, jadis, n'aimait guère les vieillards. Il n'a pas été plus présent auprès de ses parents que ses enfants ne le sont aujourd'hui auprès de lui.
[...] le désordre ne vous dérange pas vraiment pour autant qu'il se développe ailleurs que dans votre cadre de vie personnel.
Ce sont les hommes qui ont inventé la guerre et le viol, pas les femmes. Les hommes se font exploser dans les souks, les marchés, les aéroports, et aussi des femmes quelquefois, c'est vrai, maos celles-là sont rares et qu'ont-elles eu à subir, avant, pour en arriver là, pour se laisser contaminer et convaincre.
Il vient un temps où les femmes ne devraient plus porter de vêtements aux manches courtes, ni se déguiser en adolescentes.