Elle (Marina Tsvetaeva) vivait ce qu’elle appelait des « idylles cérébrales », elle était une amante de l’amour, terrestre ou céleste, qui projetait en l’autre sa rage d’aimer : « Je n’ai jamais laissé à personne le droit de choisir : c’était tout – ou rien, mais dans ce tout – comme dans le chaos originel – il y avait tant, que rien d’étonnant à ce que l’autre y sombre, se perde et, pour finir, me perde. »
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Elle était naturellement portée à prendre intérêt aux choses qui venaient d’ailleurs, elle avait, disait-elle, une passion pour chaque pays comme s’il était l’unique : « C’est cela mon Internationale. Non pas la Troisième, mais l’éternelle. » Elle n’était pas de son siècle, elle se disait née « pour la solitude magnifique, peuplée d’ombres...
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« Je n’écris pas parce que je sais, mais pour savoir. » disait-elle. En étant une infinité de multiplicités, elle avait acquis un redoutable savoir, celui d’une Sibylle habitée par la certitude que la mission du poète est de rebaptiser le monde.