S'il y a bien un enfer sur Terre, c'est bien le lycée. Et je suis certainement l'un des mieux placés pour en parler. J'inspire profondément, surtout par habitude étant donné que les démons n'ont pas besoin de respirer (...)
- Tu maîtrises ton univers bien mieux que tu le crois.
L'intensité de son expression commence à me faire peur. Je m'extirpe du canapé.
- Je pense que t'as pété un câble, Gabe. Je maîtrise très exactement rien du tout.
- Tu finiras par comprendre.
- Quoi?
- Tout.
"J'ai vraiment envie de lui en vouloir. J'ai envie de le détester, parce que c'est moins dangereux que de l'aimer."
"Certaines personnes sont pour ainsi dire mortes, même lorsqu'elles pensent être en vie."
''Je vais le traquer, arracher ses plumes d'anges une par une et m'en faire un oreiller.''
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Je me presse davantage contre Gabe, et Luc, à la fenêtre, nous fusille du regard.
_Elles ne sont plus très bien attachées, tes ailes, tu ne crois pas ? crache-t-il.
— Le Tout-Puissant n'a jamais voulu que l'Enfer soit comme ça, j'explique en désignant la porte d'un geste de la main.
—Et tu sais ça comment ? me demande-t-elle, les yeux écarquillés.
Sa réaction me déstabilise un peu.
—C'est Elle qui me l'a dit.
— Elle te l'a dit, répète-t-elle, incrédule.
Je hoche la tête, tandis que Luc me rejoint et pose la main sur mon épaule.
—Absolument, confirme-t-il.
—Tu n'étais pas une simple sainte-nitouche, alors ?
—Ed m'a concocté une mixture qui ressemble à du kérosène.
Je me retourne, traverse ma chambre et m'assieds sur mon lit.
— Qu'est-ce que je suis en train de faire ?
Je sens le poids de Luc qui s'enfonce dans le lit à côté de moi.
— Là, tu es en train de boire du café.
—Je vais réussir à faire tuer tout le monde, poursuis-je, le regard fixé sur le fond du mug.
—Espérons que non.
Je m'attable, et Gabe fait glisser un mug plein de café fumant devant moi. Je le porte à mon nez et en respire le parfum.
—Mmh... (Je le regarde dans les yeux comme il prend place à côté de moi.) Un véritable cadeau du ciel. Il hausse un sourcil blond platine et arbore un sourire en coin.
— C'est ce que je suis, en effet.
—Je parlais du café, je rétorque avec un sourire suffisant.
Luc m'embrasse et se couche sur moi. Mon cœur bat la chamade. Je m'abandonne totalement en me demandant comment j'ai pu résister à cela aussi longtemps. Je ne demande rien d'autre que d'être balayée, emportée par lui. Je ne veux plus penser à rien.
Luc n'est pas une distraction ;
il est ma santé mentale,
mon échappatoire.
Mon cœur.
Et mon âme.
Je ne le lui ai jamais dit. Il ne sait pas ce que je ressens. Mais je ne peux plus le lui dire, car il n'a pas envie d'être ici avec moi. Il me l'a avoué. Et je ne lui en veux pas. Si je n'étais pas obligée de vivre avec moi-même,