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3.87/5 (sur 278 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 9/08/1980
Biographie :

Lolita Séchan est une écrivaine française, autrice notamment de livres pour enfants et de scénarios de bandes dessinées.

Elle est la fille du chanteur auteur-compositeur-interprète Renaud et de Dominique Quilichini.

Lolita Séchan a fait des études de lettres à Montréal durant trois ans.

Elle écrit des livres pour enfants. Elle a été assistante sur des tournages, comme celui du clip Docteur Renaud, Mister Renard ou du film Wanted (Crime Spree), auxquels son père a participé.

En 2017, elle est finaliste du Prix de la BD Fnac pour "Les Brumes de Sapa".

Source : EVENE
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Bibliographie de Lolita Séchan   (8)Voir plus


Entretien avec Lolita Séchan à propos de son roman graphique Les Brumes de Sapa :

08/11/2016
 

Six ans ont passé entre votre précédent album, Marshmalone, et Les Brumes de Sapa. Au fil des pages, on voit régulièrement vos proches vous interroger sur l’avancée de l’album, comme le narrateur de Paludes, d’André Gide. Avec quels mots présentiez-vous ce work in progress? Présentez-vous l’album de la même façon maintenant qu’il est paru?

 

J`ai du mal à résumer ça ou à prendre du recul, pendant 6 ans j`ai été plongée dans cet album et j`ai travaillé essentiellement à l`instinct. Ce n`est que maintenant qu`il est sorti de moi et que je le défends auprès des gens que j`arrive un peu mieux à comprendre mon processus… Disons que la réalisation de cette BD a été à la fois une épreuve et une joie, une psychanalyse, un travail de fourmi, un désir de parler de l`Autre et un besoin de "digérer" des choses personnelles. Je me suis sentie très souvent comme Sisyphe au pied de sa montagne, face à l`apprentissage du dessin et l`enjeu du propos.

 

Comme les galères de transport ou les expériences culinaires, le coup de foudre amical est presque un passage obligé et initiatique du jeune voyageur. Mais en dépit de toutes les professions d’amitié, ces relations prennent généralement fin avec le billet retour. Comment expliquez-vous que votre lien avec Lo Thi Gom ne s’est jamais rompu ?

 

Ça reste toujours un mystère. Allez savoir pourquoi il a été important pour moi que cette amitié perdure… L`unique piste que j`ai c`est que cette amitié hors "territoire français" et ombre familiale a été pendant très longtemps la seule chose qui n`appartenait qu`à moi. C`était mon échappée, un espace où tout était possible. Je pouvais être différente au contact de Gom et elle aussi à mon contact. C`est d`ailleurs dit dans le texte de fin (qui est le premier que j`ai écrit au moment du scénario) : Cette amitié improbable nous a permis à toutes les deux d`échapper quelques instants à nos familles, nos milieux sociaux, nos pays… Et qui voudrait laisser filer ces petits éclairs de liberté ?

 

L’album montre que Lo Thi Gom existe aussi sous la forme d’un fantôme, d’un ami imaginaire, qui vous accompagne quand vous êtes loin de Sapa. Comment avez-vous géré la confrontation entre cette projection et la « vraie » Lo Thi Gom ?

 

Ça a été très difficile je l`avoue. À chaque fois que je la retrouvais elle avait énormément changé. Voir son corps bouleversé, ses traditions disparaitre, à l`image du Vietnam plongé dans sa course folle vers le capitalisme, c`était à la fois dur et frustrant. J`avais envie de lui dire de ne pas abandonner sa culture, de ne pas manger de Mc Do dégueulasse, de remettre son costume traditionnel plutôt que ce jean fait en Chine - mais de quel droit empêche-t-on quelqu`un de vouloir ressembler à la minorité "riche" de la planète ? J`ai dû apprendre à lâcher prise, à cesser de m`accrocher à ce petit fantôme, cette petite fille idéale (moi-même?) sur laquelle je projetais tant de choses. L`enfant éternel, à Paris ou au Vietnam n`existe pas, on ne peut empêcher le mouvement. Ça m`a beaucoup appris, moi qui m`accrochais à l`enfance comme une tique à un chien !

 

Au fil des années, votre relation avec Lo Thi Gom est celle d’une amie, d’une cousine à l’autre bout du monde, d’une grande sœur, d’une mère parfois. Quel nom mettez-vous sur le lien qui vous unit ?

 

Tout ça à la fois ! Au début il y avait aussi quelque chose du petit Prophète. Ce qui est très étrange étant donné que je suis laïque. Avant que je noue réellement une amitié profonde avec elle en retournant année après année au Vietnam, je faisais appel à Gom comme à un petit dieu… Comme on parlerait au dieu du vent ou des rivières quand un coup de blues nous plaque au sol, je faisais surgir la silhouette de Lo Thi Gom et ça allait mieux.

 

Les Brumes de Sapa est un journal de votre passage à l’âge adulte, parallèle à celui de Lo Thi Gom. Mais elle grandit dans un pays qui change chaque jour. Comment se construit-on dans un monde qui change aussi vite ?

 

On se construit en résistante. En increvable. Comme beaucoup de Vietnamiens et surtout beaucoup de petites filles Hmong. (Ne me demandez pas où sont les hommes, on ne les voit jamais) Les jeunes filles Hmong sont d`une telle intelligence face à tous ces changements, malgré les injustices subies et les bâtons dans les roues, je vous prédis qu`à l`avenir elles feront de grandes choses !

 

Quelle relation entretenez-vous avec elle aujourd’hui ?

 

Toujours aussi forte. Ce qui est un peu particulier c`est que, malgré le développement des nouvelles technologies, nous communiquons toujours essentiellement quand nous nous voyons en chair et en os. Nous ne sommes pas passées à la relation épistolaire (ça se dit quand même pour les mails?), sauf pour s`annoncer les naissances et les morts. En fait nous attendons de nous retrouver au Vietnam, à peu près une fois par an, pour nous dire les choses. Des soirées pyjamas sans fin.

 

L’album est aussi une déclaration d’amour au Viêt Nam. Qu’est ce qui vous a touchée dans  ce pays et sa culture ?

 

Sa rudesse et la nature résistante de son peuple. J`aime l`idée qu`on apprivoise quelqu`un, qu`il faille revenir souvent pour comprendre un pays. Le lien créé n`en est que plus précieux. Et cette force qu`ont les Vietnamiens face à tout ce que l`Histoire leur a fait subir, cette fierté me touche. Ce sont des gens qui avancent, malgré les guerres, la colonisation, et encore aujourd`hui ce gouvernement corrompu qui cherche à les entraver…

 

Les Brumes de Sapa parle du passage à l’âge adulte. La Lolita Séchan qui dessine la première case n’est pas la même que celle qui écrit le mot fin. Comment produit-on une œuvre aussi cohérente sur une durée de six ans ?

 

Aucune idée ! Peut-être parce que c`était très écrit dès le départ et que je savais exactement où je voulais arriver ? Ou peut-être parce que je parle de moi, alors ça ne peut qu`être cohérent avec mes incohérences !

 

Après Marshmalone, qui traitait de la naissance de votre petit frère, vous poursuivez dans une veine autobiographique. Avez-vous des projets en cours ? Toujours autobiographiques ?

 

Je ne pense pas refaire tout de suite de projet aussi autobiographique, enfin, je n`espère pas parce que c`est quand même assez éprouvant. Mais pour l`instant j`ai encore du mal à m`effacer totalement du récit, c`est comme si j`avais encore besoin de mon regard sur les choses pour pouvoir les transmettre. Surtout, ce qui m`intéresse le plus c`est de parler de rencontre, et l`Autre n`existe que si j`existe en face (et vice versa)

 

Lolita Séchan et ses lectures :

 

Quel est le livre qui vous a donné envie d’écrire ?

 

La saga Malaussène de Daniel Pennac. Je les ai lus très jeune et ça a été une révélation.

 

Quel est l’auteur qui vous a donné envie d’arrêter d’écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

 

Philip Roth, l`adoré.

 

Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

 

Jeune ? Le jardin secret de Frances Hodgson Burnett, j`étais tellement bien dans ce jardin caché ! Et plus grande, John Steinbeck. Tout Steinbeck. Et Marguerite Duras… Je n`arrive pas à choisir, désolée !

 

Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

 

Je dois avouer que c`est Autant en emporte le vent

 

Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

 

Cent ans de Solitude, j`ai beau essayer tous les ans, impossible de dépasser les 50 premières pages.

 

Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

 

Oula… faire découvrir un livre aux lecteurs de Babelio… Dur dur. Le Seigneur des porcheries de Tristan Egolf, un livre incroyable, mais ils le connaissent surement. Sinon la trilogie du Grand Cahier d`Agota Kristof , mais ça c`est sûr que tout le monde le connait - si c`est pas le cas, courez-y !

 

Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

 

Belle du Seigneur, j`ai haï ce livre de la première à la dernière page ! Il est brillant mais tellement agaçant…

 

Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

 

"Frankly my dear, I don`t give a damn", la phrase que Rhett Butler dit à Scarlett O`Hara quand elle le supplie de rester à la fin, après qu`elle lui a bien cassé les pieds.

 

Et en ce moment que lisez-vous ?

Entretien réalisé par Guillaume Teisseire
 

Je lis Double nationalité de Nina Yargekov, un roman vraiment surprenant et Kobane Calling, une BD sur la Syrie.


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Dans le 164e épisode du podcast Le bulleur, je vous présente le second et dernier tome de La bête, que l'on doit au scénario de Zidrou, au dessin de Frank Pé et qui est édité chez Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l'album Le voyage de Shuna, titre que l'on doit à Hayao Miyazaki et aux éditions Sarbacane - La sortie de l'album Berlin, 61 que l'on doit au scénario de Patrick Weber, au dessin de Baudouin Deville et qui est sorti aux éditions Anspach - La sortie de l'album La brute et le divin que l'on doit à Léonard Chemineau et aux éditions Rue de Sèvres - La sortie de l'album La traque, documentaire en bande dessinée qui revient sur l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès, que l'on doit à l'enquête de Valérie Morice, au scénario d'Olivier Petit et au dessin de Valette, un titre édité chez Petit à petit - -La sortie du second et dernier tome d'Alors tout tombe, la nouvelle aventure de Blacksad que l'on doit au scénario de Juan Díaz Canales, au dessin de Juanjo Guarnido et qui est édité chez Dargaud - La réédition de l'album Les brumes de Sapa que l'on doit à Lola Séchan et qui est édité chez Delcourt

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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Tu sais, Lola, si c'était si facile de grandir, ça prendrait pas si longtemps.
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Tu sais, Lola, si c'était si facile de grandir, ça prendrait pas si longtemps...
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- J'aime les Vietnamiens surtout... Ils sont comme des hérissons.
- Tu veux dire plein de puces et avec des bébés moches?
- Ha ha. Je veux dire qu'ils sont bourrés de piquants mais que si tu les apprivoises ça devient doux et précieux.
- Mouais. Si les Viets sont des hérissons, nous, les Hmongs, on est les petits scarabées qu'ils dévorent.
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Tu sais, elle est triste en fait. On dirait qu'elle a abandonné quelque chose, même physiquement. Et ça me fait mal...
Plus je passe de temps avec elle, plus j'ai peur pour son avenir. J'ai l'impression qu'elle est en équilibre instable entre deux mondes et que, dans une certaine mesure, je peux aider à faire basculer d'un côté ou de l'autre...
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Je mettais ma vie parisienne entre parenthèses... C'était à la fois une fuite... Et un retour. L'enracinement et l'errance. A chaque fois, nous nous retrouvions changées. Mais notre amitié était intacte.
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Voilà, c’est tout moi, ça. Je rencontre un mec cool, mon premier roman va être publié, j’aurai bientôt un petit frère, mais au lieu de me réjouir de tout ça, je fuis au Vietnam pour libérer un piaf et courir après une petite fille que je connais à peine.
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Il est toujours un peu risqué d'appeler sa fille Marilyn ou Lolita. C'est le genre de prénom qui ne laisse pas vraiment le choix ; on doit avoir la sensualité dans les veines.
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J'aimerais arrêter tout, là, maintenant...
Parce que maintenant on est heureuses, tu sais ?
Mais demain, aucune idée de ce qu'on sera.
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Arrivée là, j'ai pris un taxi pour le centre ville.

(et je me suis fait arnaquer)
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Au Vietnam, je parlais beaucoup de ma vie à Gom, mais je passais sous silence beaucoup de mes soucis. Avec elle, mes combats psychologiques et autres doutes existentiels me paraissaient anecdotiques. Nous étions très proches mais bizarrement, il y avait des pans entiers de nos vies que nous gardions pour nous. Ces concessions volontaires nous autorisaient à être un peu plus libres. À échapper à celles que nous étions dans nos "autres vies ". Parfois, je flanchais, et Gom prenait soin de moi. Parfois, c'est elle qui craquait et je réalisais à quel point elle était... petite.
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