Entretien avec Louis-Antoine Prat à l'occasion de l'exposition "La Force du dessin. Chefs-d'oeuvre de la collection Prat" au Petit Palais.
Initiée dans les années 1970 par Louis-Antoine et Véronique Prat, cette collection qui porte leur nom est devenue l'un des ensembles privés de dessins parmi les plus prestigieux au monde, et le premier à avoir fait l'objet d'une présentation au Louvre en 1995. le Petit Palais a décidé d'organiser en 2020 une nouvelle présentation élargie de cette collection au moment de l'ouverture du Salon du dessin, manifestation qui fédère tous les amateurs français et internationaux.
En savoir plus : http://www.petitpalais.paris.fr/expositions/la-force-du-dessin
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Entrevus les uns à côté des autres, dans les vitrines d’une librairie, les livres semblaient si faciles à écrire...À une époque lointaine, Thomas avait cru en cette simplicité, telle que la suggère souvent une création achevée. Aussi sa vocation d’écrivain n’en fut-elle pas contrariée. Il connut l’ivr Des commencements, le plaisir des mots lentement formés le long des lignes grises d’un cahier d’écolier, les douces inflexions que l’image rêveuse applique soudain à une intrigue déjà formée.
l'artiste chez lui dépassait de beaucoup l'homme qui, au quotidien, mesurait aussi mal ses enthousiasme que ses répulsions. Veuf inconsolable vite remarié, doctrinaire d'un art élaboré uniquement sur les préceptes de l'Antique et l'admiration de Raphael, Ingres s'est laissé aller dans ses œuvres à des distorsions magistrales, à des mises en place étrange, à des crispations irréalistes qui assureront sa gloire.
Naef a insisté sur la qualité des supports utilisés malheureusement altérés par la façon dont les œuvres furent ensuite conservées dans les familles des modèles: encadrées et accrochées, parfois en pleine lumière, elles ont subies pour nombres d'entre elles de graves détériorations, les rayons ultraviolet ayant immanquablement provoqué le jaunissement du papier.
ce peintre a qui l'on a tant reproché de ne pas être né coloriste a laissé des aquarelles d'une incomparable délicatesse de touche et d'harmonie, quand bien même la liberté du pinceau s'y limite à des compartiments soigneusement délimités à l'avance par la plume ou le crayon, à l'opposé du tachisme de tant de ses contemporains, de Delacroix à Hugo.
toutes ces œuvres, même après le retour parisien de 1824 et la décision prise à l'époque, de n'en plus consacrer qu'à des amis, présentent les mêmes qualités extraordinaires que l'on ne retrouve que chez quelques maitres anciens, Van Eyck, Dürer, Holbein, et que n'égalera plus ensuite que le premier Degas.
l'avenir dira si un nouveau monument pourra être érigé en l'honneur d'un artiste pour qui le dessin fut à la fois un moyen, de cent fois sur le métier remettre son ouvrage, et une fin en soit, aussi bien dans ses plus beaux portraits achevés que dans le plus misérables de ses croquis.
Ingres gagna un moment sa vie en exécutant des portraits, surtout après la chute du second empire, lorsque les commandes de fonctionnaires français présents à Rome cessèrent et que les voyageurs étrangers, souvent anglais, reprirent l'habitude du grand tour qui les menait en Italie.
si l'on tente de définir ce qu'était pour Ingres un portrait dessiné, il semble que le critère de la destination soit primordial, et commande celui de l'achèvement: il s'agit en effet d'œuvres destinées à être offertes ou vendues, et qui reflètent précisément l'effigie du modèle.
si Monet fut avant tout un "œil", comme l'a dit Paul Cézanne, Ingres fut avant tout une "main"; l'une des plus souples, des plus assurées, des plus élégantes, des plus audacieuses qui aient jamais tenues un crayon au dessus d'un modeste rectangle de papier blanc;
on sait que beaucoup de ses dessins parmi les plus importants étaient exécutés sur des papiers tendus sur des tablettes en carton, que l'on trouvait alors dans le commerce, souvent une feuille de papier bleu était intercalée entre le carton et le papier d'œuvre.