Louis Comby

Une question de vocabulaire :
« La discussion peut rester ouverte en ce qui concerne l'emploi respectif de Savoisien et de Savoyard. Littré définit ainsi les deux mots :

SAVOYARD : 1. Habitants, habitantes de la Savoie ; 2. Il se dit populairement d'un homme grossier : c'est un savoyard.

SAVOISIEN : Est destiné à éviter précisément savoyard « qui déplait aux gens du pays » et désigne ce « qui appartient à la Savoie », notamment les habitants. Littré ajoute que le mot est mal fait. Bonivard lui préférait savoyen, et il était né dans une assemblée de plus de trois mille hommes armés, décidant, aux dires de Vaugelas « qu'on ne les appellerait plus savoyards, mais savoisiens ».

Un fait est certain à l'heure actuelle : savoyen, encore repris il y a quelques dizaines d'années par Plaisance (« Histoire des Savoyens ») n'a jamais été viable.

Un autre encore : le terme de Savoyard n'est plus péjoratif. Savoisien, quoiqu'un peu désuet, est encore usité concurremment avec Savoyard, surtout dans le sud de la Savoie et dans la langue écrite pour désigner les habitants ou les choses de la Savoie, considérés sous l'angle de l'appartenance juridique ou institutionnelle. »

Jacques Loye (Thèse de doctorat-ès-lettres « La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875 »)

1038 - [p. 7]

Extrait du rapport du sous-préfet de Baume-les-Dames (23/12/1802) :
La nourriture et le vêtement sont généralement bons dans cet arrondissement. Le pain de froment pur ou de mélange de froment et de seigle, froment et orge, froment et avoine, selon les localités, le maîs, les pommes de terre, les pois, les haricots, les lentilles, les choux, les raves ou les navets, les carottes, le cochon et le boeuf salé sont les aliments les plus ordinaires. Le vin, qui ne croit pas dans la montagne, est commun dans la partie en deça du Doubs. On y fait trop souvent abus.
Les habits sont ou de toile ou de droguet, fabriqués dans le pays du produit des laines, chanvres et lins qu'on y récolte et qu'on y teint.
La manière de se loger est assez généralement mauvaise dans les villages, et influe plus ou moins sur la santé des habitants. Ils se calfeutrent pendant l'hiver dans des chambres peu ou point aérées avec un fourneau à marmite qu'ils chauffent à outrance et où ils cuisent leurs aliments et ceux de leurs cochons... Ils se gardent d'ouvrir les fenêtres, souvent elles sont scellées et condamnées...
Les cuisines, ordinairement sales, sont pourvues d'un large baquet où l'on dépose et laisse aigrir tout ce qu'on destine à la nourriture des cochons, ce qui répand des exhalaisons propres à augmenter les dangers de celles de la chambre voisine.
L'étable des cochons ou des brebis est souvent contigue à la cuisine, par laquelle on passe pour en extraire les fumiers qui sont immédiatement déposés au devant de la maison et sous les fenêtres de l'habitation.

734 - [p. 44]

Samedi 7 juin 1788, jour de marché à Grenoble, Journée des Tuiles. Le tocsin sonne. La foule dépave les rues, grimpe sur les toits et lance sur les soldats du Royal-Marine et d'Austrasie tuiles creuses et lourds pavés. Bilan immédiat : 20 militaires blessés, deux émeutiers tués. Bilan lointain : la fin de l'Ancien Régime.
(...)
Le 14 juin, ... l'Hôtel de Ville de Grenoble accueille neuf ecclésiastiques, trente-trois gentilshommes et cinquante-neuf membres du Tiers-Etat,. Ces notables adoptent le triple vœu, préparé par l'avocat Jean-Joseph Mounier, qui demande au roi :
- Le rétablissement du Parlement de Grenoble dans tous ses droits.
- La convocation des Etats provinciaux, suspendus depuis 1628, en accordant au Tiers-Etat une représentation égale à celle des deux ordres privilégiés (principe du doublement du tiers).
- La convocation des Etats Généraux du royaume « à l'effet de remédier aux maux de la Nation ».

1890 - [p. 65] .