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3.95/5 (sur 88 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bizerte , le 05/06/1942
Biographie :

Professeur de sociolinguistique à la Sorbonne (Université René Descartes), jusqu'en 1999, puis à l'Université de Provence (Aix-Marseille 1) Président du CERPL (Centre d'Etudes et de Recherches en Planification Linguistique) de 1985 à 1998.
Expert du gouvernement français pour les problèmes d'aménagement linguistique auprèsde l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) de 1988 à 1995.
Expert de l'Agence Intergouvernementale de la francophonie.
A été professeur invité pour des périodes de quelques semaines à quelques mois dans les universités d'Alger (Algérie), de Rabat (Maroc), de Maputo (Mozambique), de Canton (Chine), de Tulane (New Orleans, USA), de Niamey (Niger), de Brazzaville (Congo), de Bamako (Mali), de Vigo (Espagne), La Coruña (Espagne), de Buenos Aires (Argentine), de Louisville (Tennesee,USA), de Rio de Janeiro (Brésil) et à l'Université Senghor d'Alexandrie (Egypte).

Toute sa vie, Louis-Jean Calvet a vécu dans les mots. Ils nourrissent depuis plus de quarante ans sa passion pour la linguistique. Les mots de Bizerte, où il est né - le sicilien, le maltais, l'arabe et le français des rues de son enfance. Les mots de Ferré, de Brassens et de toute la chanson « poétique » française, qu'il connaît sur le bout de la langue et sur laquelle il a beaucoup écrit. Et tous les autres mots : ceux qu'on parle sur les marchés africains, un de ses terrains d'enquête favoris. Ceux d'argot, et même ceux de Nicolas Sarkozy, qu'il étudie à la loupe depuis deux ans avec son compère Jean Véronis.
A 66 ans, ce linguiste engagé est célébré par ses amis et ses anciens élèves dans un ouvrage collectif intitulé Les Boîtes noires de Louis-Jean Calvet. « Un peu tôt pour m'embaumer », sourit ce globe-trotteur plurilingue et fumeur de pipe. Pour l'embaumer, sans doute, mais pas pour lui faire dire ce qu'il a sur les lèvres, et sur le coeur.
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"La Méditerranée, mer de nos langues" : entretien avec Louis-Jean Calvet .


Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
"Sur mon état civil ça s’écrit Mustacchi, ce qui est très italien, mais en grec, c’est Moustaki. Ça peut être une hellénisation du prénom Mustafa, au temps de l’Empire ottoman. En japonais, "mizu taki", c’est un plat à base de poulet et d’eau, très roboratif parait-il. Et au Québec, le chef Huron Max Gros-Louis m’a dit qu’en lapon, Moustaki ça veut dire "l’homme qui a du poil sur la figure". Or, Moustaki veut dire moustache, en grec."
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La poésie est une clameur, elle doit être entendue comme la musique.
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[...] les analyses qui précèdent nous montrent que le sens d'une chanson ne peut que rarement se résumer à ce que dit son texte. En effet, la simple lecture des paroles n'a pas nécessairement le même effet sémantique que l'écoute de ces paroles mises en musique, orchestrées et chantées. La voix, le texte, la mélodie, l'orchestration se combinent pour établir une construction du sens, sur laquelle nous reviendrons[...] Retenons simplement pour l'instant qu'il y avait chez Sardou et Le Forestier deux façons de dire, de proférer, de communiquer, de chercher à convaincre profondément différentes, opposées même, que le sens était déjà dans la forme, que le contenu était déjà dans le contenant ; c'est ce que j'ai appelé l'interprétation émise.
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Les politiques linguistiques d'aujourd'hui, lorsqu'elles s'appliquent à l'écriture, nous montrent aussi que derrière le problème apparemment technique de la transmission des langues se profilent des enjeux d'un tout autre ordre. Lorsqu'en Union soviétique, par exemple, on a transcrit, par paliers successifs (en passant par l'alphabet latin), toutes les langues en caractère cyrilliques, on lit, à ce niveau sémiologique, l'impérialisme russe. Lorsque la Chine populaire a mis en application une simplification certains caractères, il est évident que son but était de démocratiser l'accès à l'écriture. Lorsque enfin, en Afrique, on vois s'imposer partout l'alphabet latin comme s'imposent presque partout les anciennes langues coloniales en fonction officielles, on lit encore une fois la manifestation sémiotique de ce que j'ai appelé ailleurs la glottophagie (*) Ainsi, la forme des écritures se prête à une analyse historique, à laquelle était consacré se livre, mais aussi à une analyse sociale. L'écriture, née d'un besoin du pouvoir laïque ou du pouvoir religieux, est devenue ensuite un enjeu de pouvoir, et le demeure d'une certaine façon, aujourd'hui.

(*)Louis-Jean Calvet, Linguistique et Colonialisme, petit traité de glottophagie, Paris, Payot, 1974
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Le devenir d'une chanson est toujours un grand mystère. Pourquoi celle-ci passe-t-elle à la postérité et celle là à la trappe ? Pourquoi une chanson devient-elle subitement un "tube", comme "Un clair de lune à Maubeuge" ou "Le Métèque", pour prendre deux exemples très différents ? Pourquoi telle autre devient-elle le symbole d'une lutte politique alors qu'elle parle d'amour, comme "Le Temps des cerises" à l'époque de la Commune ?
Et le profil d'une carrière ? Pourquoi un artiste que l'on pensait prometteur disparaît-il après un ou deux disques ? Pourquoi tel autre, que l'on pouvait trouver quelconque ou ringard, reste-t-il cinquante ans en haut de l'affiche?
En écrivant ces lignes, je m'interroge sur ce qui m'autorise à considérer quelqu'un comme ringard ou comme prometteur.
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Au cours de l'histoire du monde parlant, les langues n'ont cessé d'évoluer, et les groupes n'ont cessé de changer de langue : ce point est d'une extrême importance, comme nous le verrons plus loin.
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Claude Lévi-Strauss dans un chapitre de Tristes Tropiques, "La leçon d'écriture", explique à propos des Nambikwara que, "en accédant au savoir entassé ans les bibliothèques, ces peuples se rendent vulnérables aux mensonges que les documents imprimés propagent en proportion encore plus grande(*)". Mais il est difficile de le suivre sur ce terrain et d'admettre avec lui que moins les hommes sauraient lire et écrire et mieux ils se porteraient. Jacques Derrida a porté sur ce passage un jugement sévère: "Dans ce texte, Lévi-Strauss ne fait aucune différence entre hiérarchisation et domination, entre autorité politique et exploitation. La note qui commande ces réflexions est celle d'un anarchisme confondant délibérément la loi et l'oppression(**)". Sans entre dans la polémique, il nous faut bien admettre que si l'écriture a été et reste l'un des apanages du pouvoir, cela ne condamne pas son principe mais simplement certains de ces usages.

(*) Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, Paris, Plon, 1955, page 345
(**) Jacques Derrida, De la grammatologie, Paris, 1967? page 191
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Le fait est général: on sait que toutes les religions ont fait la fortune d'une langue qu'elles ont maintenue contre vents et marées. C'est le cas du sanscrit pour le brahmanisme, du latin pour le catholicisme, de l'hébreu pour la religion israélite, etc. Mais la Réforme a ceci de particulier qu'au contraire de toutes ces religions elle a toujours adopté la langue parlée par le peuple et non pas une langue morte ou en passe de le devenir. Ainsi, la traduction de la Bible en allemand a joué un rôle non négligeable dans l'histoire linguistique et politique et des Etats allemands, et le même fait apparaît, nous venons de le voir, au pays de Galles. La religion peut donc sauver une langue, mais son intervention est ambiguë car elle restreint en même temps cette langue à certains secteurs, ceux précisément qui lui abandonne la langue dominante. Le fait est flagrant pour le pays de Galles où, face à l'anglais langue officielle de l'administration et de l'école, le gallois restera du XVIe au XIXe siècle la langue des écoles parallèles; mais il est assez général, Mostefa Lacheraf signale par exemple qu'en Algérie "chez le peuple la langue française fut décrétée langue d'ici-bas, par opposition à l'arabe qui devenait langue du mérite spirituel dans l'autre vie" et cette "sauvegarde d'une langue peut donc se transformer assez vite en une autre forme d'enterrement. La langue dominante (ici le français) occupe le domaine profane, c'est-à-dire tout ce qui concerne la vie quotidienne, l'administration, la justice, les techniques, la politique, les études, etc. tandis que la langue dominée (ici l'arabe) est refoulée vers le domaine sacré. Ainsi l'opposition langue dominée-langue dominante se trouve convertie en opposition entre ancien et nouveau: la langue dominée est plus ou moins obligée de s'assumer comme langue confessionnelle, rétrograde, du moins est-ce l'image que les mass media lui renvoient d'elle-même. Il s'est produit dans l'hexagone un phénomène semblable avec le breton, présenté par la IIIe République laïque et glottophage comme la langue des curés (voir chapitre VII).
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La ville, et en particulier la capitale, est une grande dévoreuse de langues, elle attire des ruraux ou des provinciaux qui viennent à la fois tenter d'y gagner leur vie et y perdre en quelques générations leur langue.
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Cit. drôle en lingua franca du début du XVIIe siècle (ex Diego de Haedo – Valladolid, 1612) :

« Mirar cane como hazer malato, mirar como mi estar barbero bono, y saber curar, si estar malato, y correr bono. Si cane dezir doler cabeça, tener febre, no poder trabajar, mi saber como curar, a Fé de Dios abrusar vivo ; trabajar, no parlar que estar malato. »

« Regarde, chien, comme tu fais le malade. Vois comme je suis un bon médecin et comme je sais soigner. Si tu es malade, tu courras bien. Chien, si tu dis que tu as mal à la tête, que tu as de la fièvre et que tu ne peux pas travailler, je sais comment te soigner, par la foi de Dieu je te brûle vif. Travaille, ne dis pas que tu es malade. » (p. 143)
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