Jouvet dans Topaze (1932)
« Au théâtre, il n’y a rien à comprendre, mais tout à sentir. »
Le "connais toi toi-même" de la philosophie antique, c'est tout le métier du comédien, tout son art. Se connaître soi-même par rapport à Alceste ou à Marguerite Gautier, ce n'est pas donné à tous les gens qui font de la philosophie.
L'acteur travaille sur sa sensation comme sur une matière.
C'est l'utilisation des facultés intuitives de l'acteur.
C'est l'approfondissement, la prise de conscience, le contrôle, l'affinement de la sensation première, c'est la sensation au deuxième degré, la sensation au travail.
Commencement de l'introspection, de l'intuition.
C'est l'enseignement du texte seul qui guide, c'est le texte seul qui conduit une représentation.
Condamnés à expliquer le mystère de leur vie, les hommes ont inventé le théâtre.
J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant.
La vocation, c'est de faire un miracle
avec soi-même
Avoir une conception du théâtre, c'est le limiter, c'est l'appauvrir, c'est fausser l'expérience, c'est refuser toute découverte et nier la vie même du théâtre.
En matière de théâtre, une conception est une négation préalable aux manifestations, au libre jeu de la représentation et à ses effets.
Les conceptions corrompent, stérilisent ou tuent, elles interdisent toute approche ou toute pénétration de la vie théâtrale et de ses secrets.
Dans toutes les conceptions sur le théâtre, le théâtre n'est pas en question.
Le royaume des imaginaires P.168
Est-ce l'éphémère du théâtre qui me fait pressentir quelque chose de plus grand derrière?
Sont-ce ses bassesses, ses pauvretés qui me font chercher des compensations?
Est-ce le désir de durer, de survivre, qui me fait y voir quelque chose de spirituel, une renaissance?
Mais disons tout de suite que la pensée n'est pas nécessaire au théâtre et qu'elle lui est contraire.
J'appelle pensée ce cheminement logique, ces raisonnements qui recouvrent la sensibilité des faits ou des choses au profit de théories ou d'idées, et éteignent ce dont le comédien a besoin: la spontanéité, la vivacité.
Introduction ou le comédien parle page 12