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Citations de Lucie Delarue-Mardrus (79)


Lucie Delarue-Mardrus
J'ai dix ans aujourd'hui. Dommage !
Ça va devenir sérieux.
Un seul chiffre disait mon âge,
A présent, il en faudra deux.

Deux chiffres ! la même frontière
Que les gens les plus importants,
Deux chiffres pour la vie entière …
A moins d'aller jusqu'à cent ans !
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Lucie Delarue-Mardrus
DANS LE JARDIN CHANTANT


Dans le jardin chantant rampe la minutie
Des germes; le soleil rôde, le printemps sort
Et balance, le long des arbres de bois mort,
Le charme frais de la saison qui balbutie.

Les jours candides sont comme de longs matins;
Les bourgeons pour passe crèvent des feuilles sèches
Où demeurait, parmi quelques branches revêches,
Le dernier souvenir des automnes lointains.

Mais tandis que, les yeux fermés, tu te recueilles,
Le mois hâte déjà sa vierge acidité,
Et, dès demain, partout, respirera l'été
Par les mille poumons des tressaillantes feuilles.
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NOCTURNE


J'ai contemplé de loin la mer électrisée,
Toute de pâle feu.
Je pouvais deviner chaque vague frisée
A son phosphore bleu.

Je voulais m'enfuir dans la nuit orageuse,
Devenir l'élément,
Déferler et luire avec la vague creuse,
Impétueusement.

Pourtant je suis restée assise à la fenêtre
Et nul ne pouvait voir
Le phosphore caché qui courait dans mon être
Allumer mon œil noir.

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Lucie Delarue-Mardrus
L'hiver

L'hiver, s'il tombe de la neige,
Le chien blanc a l'air beige.

Les arbres seront bientôt touffus
Comme dans l'été qui n'est plus.

Les oiseaux marquent les allées
Avec leurs pattes étoilées.

Aussitôt qu'il fait assez jour,
Dans le jardin bien vite on court.

Notre maman nous emmitoufle,
Même au soleil, la bise souffle.

Pour faire un grand bonhomme blanc,
Tout le monde prend son élan.

Après ça, bataille de neige!
On s'agite, on crie, on s'assiège.

Et puis on rentre, le nez bleu,
Pour se sécher autour du feu
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L'Odeur de mon pays...

L'odeur de mon pays était dans une pomme.
Je l'ai mordue avec les yeux fermés du somme,
Pour me croire debout dans un herbage vert.
L'herbe haute sentait le soleil et la mer,
L'ombre des peupliers y allongeaient des raies,
Et j'entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,
Se mêler au retour des vagues de midi...


Combien de fois, ainsi, l'automne rousse et verte
Me vit-elle, au milieu du soleil et, debout,
Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie
De tes prés, copieuse et forte Normandie ?...
Ah! je ne guérirai jamais de mon pays!
N'est-il pas la douceur des feuillages cueillis
Dans la fraîcheur, la paix et toute l'innocence?


Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?...
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AU JARDIN DE MAI


Pour un poète vrai qui, passionnément,
Parcourt d'un pied léger la saison la plus belle,
C'est toujours un étonnement
Que la rencontre d'une ombelle.

C'est toujours une offrande, et c'est toujours un don
Qu'un nuage, un reflet, un rayon, un coin sombre,
Et c'est un trésor qu'un bourdon
Qui survole l'herbe, dans l'ombre.

Nos cœurs battaient de joie, ô printemps ! ô printemps !
Tout était bonne odeur, douce couleur, musique,
Jeunesse, allégresse physique.
- Mais nos fronts étaient mécontents.

Que fait-on quelque part, qu'invente-t-on d'horrible,
Dans le même moment qu'au sein du printemps clair
Le bourgeon le plus insensible
Cède à la crasse de l'air ?

La nature fleurit, bourdonne, encense, bouge ;
Partout brille, innocent, le paradis de mai ;
Le sol même espère et promet.
... Sauf aux lieux où la terre est rouge.

Un épouvantement barre chaque horizon.
Le monstre de la guerre est là, qui boit et mange.
À deux pas de notre maison,
La face de l'Europe change.

Du fond de l'avenir, au bruit sourd des canons,
Voici venir des temps qui ne sont plus les nôtres,
Notre époque sombre, avec d'autres,
Dans l'Histoire pleine de noms.

Mais le jardin en fleurs est plus fort que la guerre.
Tandis que tout s'en va, pourquoi fait-il si beau ?
Ce merle ne peut-il se taire
Pendant qu'on nous couche au tombeau ?

Nous mourons ! Nous mourons ! Mais le printemps embaume.
On tue au loin, mais les oiseaux sont triomphants.
Nous sommes ruine et fantôme,
Et nous nous sentons des enfants.
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PRÉSENCE


Que les pommiers d'avril ouvrent parmi l'aurore
Leurs mille blanches fleurs au cœur incarnadin
Ou que règne l'hiver sans feuilles et sans flors,
La mer est au bout du jardin.

On l'entend de partout, furieuse ou câline,
Léchant doucement l'herbe ou mangeant le terrain.
Elle est là, vivant monstre impatient du frein ;
La marée est sa discipline.

Oui, la mer est au bout du jardin ! Incessant,
Son rythme, nuit et jour, entre par les fenêtres.
On ne peut oublier, au plus profond des aîtres,
Ce voisinage menaçant.

Le raclement profond des grèves qu'elle drague
Berce tous les sommeils couchés au creux des lits,
Et l'on devine au loin ses plis et ses replis
Et la forme de chaque vague.

... Vers elle nous irons, de gradin en gradin,
Par les matins de joie et par les nuits pleurées.
— O vie humaine, ô sœur tragique des marées,
La mer est au bout du jardin !
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Lucie Delarue-Mardrus
L’odeur de mon pays était dans une pomme…

Une plaque dans l'herbe au Jardin des Poètes, Paris 16ème
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Cinq Petits Tableaux.


IV
L'avenue au matin, cathédrale d'automne,
Découpe sur le ciel des vitraux flamboyants.
Une épaisse jonchée est aux deux bouts fuyants,
Rouge et jaune lueur dont le regard s'étonne.

Je m'avance sans bruit dans ce monde vermeil,
Et, sous les hauts tilleuls dont la masse s'allège,
Je regarde tomber partout, comme une neige,
Les rondes feuilles d'or et les ronds de soleil.

Menant ainsi dans l'ombre une marche étouffée,
Je trace dans cet or tant de minces sentiers
Que je crois en rentrant voir briller à mes pieds,
Miraculeusement, des bottines de fée.
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PETITES SOURIS

C’est la petite souris grise,
Dans sa cachette elle est assise.
Quand elle n’est pas dans son trou,
C’est qu’elle galope partout.

C’est la petite souris blanche
Qui ronge le pain sur la planche.
Aussitôt qu’elle entend du bruit,
Dans sa maison elle s’enfuit.

C’est la petite souris brune
Qui se promène au clair de lune,
Si le chat miaule en dormant,
Elle se sauve prestement.

C’est la petite souris rouge,
Elle a peur aussitôt qu’on bouge !
Mais, lorsque personne n’est là,
Elle mange tout ce qu’on a.
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LA ROUTE


Mon âge mûr rejoint ma rose adolescence
Sans faire nul effort, mère triste qui va
Retrouver dans l'Hier la fillette qu'elle a,
Que toujours elle aima malgré la longue absence.

Mon âge mûr aussi, dans l'avenir trop sûr,
Va visiter au loin ma vieillesse, grand'mère
Qu'il faut bien consoler d'être la vieille amère
À qui la longue vie a fait ce regard dur.

Nous voici toutes trois en moi qui ne suis qu'une,
Et nous nous en allons en nous tenant la main,
D'un pas qui traîne, vers l'identique infortune
De dormir dans la terre un éternel demain.
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Féerie


À cheval, j'ai quitté ma maison et ma ferme
Pour le dehors d'octobre immensément fané,
Où, dès que sur nos pas le sous-bois se referme,
Mon frémissant cheval est impressionné.

Mon cheval, mon cheval, sommes-nous chez les fées ?
L'automne aux sept couleurs palpite autour de nous.
Ces fougères au vent, blondes et décoiffées,
Nous enveloppent d'or plus haut que nos genoux.

Le sol rouge est taché comme d'un sang de faune,
Ce hêtre illuminé projette des rayons...
Vois, les feuilles de l'air tombent par millions :
Il pleut orange et roux ! Il pleut rouge ! Il pleut jaune

Quelle aurore, au retour, teintera tes sabots !
Tu trembles, mon cheval... Y a-t-il quelque chose ?
Est-ce de voir, parmi les chemins les plus beaux,
L'automne s'effeuiller sur nous comme une rose ?
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Lucie Delarue-Mardrus
La mer jette sur mes sabords
  
  
  
  
La mer jette sur mes sabords
Des tonnes, des tonnes d’eau sombre.
Une écume en frange les bords,
Subite lumière dans l’ombre.

Cette eau glaciale qui bout,
Cette colère incohérente
Qui porte un nom à chaque bout
N’est ici, neutre, indifférente,

Que l’Océan, trait d’union
Entre de lointaines patries,
Prêt à noyer dans ses furies
Chaque drapeau comme un haillon.

De tous les temps, âge de pierre,
Élément sans cesse bravé
Mais dont nul progrès n’a pu faire
Un nouvel esclave entravé,

La mer, la mer, ce monstre libre,
Je l’écoute, du trou profond
De ma cabine, et mon cœur vibre
D’un désir d’aller par le fond.
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L’automne


«  On voit tout le temps, en automne ,
Quelque chose qui vous étonne,
C’est une branche tout à coup,
Qui s’effeuille dans votre cou.
C’est un petit arbre tout rouge,
Un, d’une autre couleur encor,
Et puis partout ces feuilles d’or
Qui tombent sans que rien ne bouge » .
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L'ÂME DES RUES
Mardi gras


Le Mardi gras, falot comme un fantoche,
Met son faux-nez à l'huis, fait briller ses galons,
Siffle un air, et chacun, sautant sur ses talons,
Bâille et s'éveille avec une âme de gavroche.

Enflons de confetti quelque énorme sacoche ;
Le labeur de demain paiera les violons ;
Pendant trois jours entiers, vive la vie ! allons
Déambuler avec la bonne humeur en poche !

Les masques ont au bras les dominos fleuris
Et, sur l'arquelinade immense qu'est Paris,
Une neige en papier tombe, multicolore.

Cependant qu'imitant quelque souffle estival
Les serpentins fluets, comme une étrange flore,
Font aux arbres d'hiver flotter le carnaval.
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L'Avion


L'avion, au fond du ciel clair,
Se promène dans les étoiles
Tout comme les barques à voiles
Vont sur la mer.

C'est un moulin des anciens âges
Qui soudain a quitté le sol
Et qui, par-dessus les villages,
A pris son vol.

Les oiseaux ont peur de ses ailes
Mais les enfants le trouvent beau,
Ce grand cerf-volant sans ficelles
Qui va si haut.

Moi, plus tard, en aéroplane,
Plus hardi que les plus hardis
Je compte bien aller — sans panne —
Au paradis.
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Lucie Delarue-Mardrus
À ceux qui l’aiment
  
  
  
  
La musique, nous l’aimons, oui,
Avec le meilleur de nous-même,
Et, dans un frisson inouï,
Tout notre être répond : « Je t’aime ! »

Refuge de nos cœurs amers,
Dès qu’elle parle, la musique,
Une onde subtile et physique
Vient toucher le bout de nos nerfs.

Plus abstraite que la pensée,
Plus charnelle que le baiser,
Musique, ô trouble inapaisé
Jusqu’au fond de l’âme forcée !

Tout ce que nous avons voulu
Tient dans ta voix qui chante et gronde…
— Musique, ô musique, salut,
Commencement de l’autre monde !
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PRINTEMPS


Depuis de lointaines enfances
Je sais qu'en mai l'herbe, les fleurs,
L'azur, toutes les innocences,
Parfums et charmes et couleurs,

Les esprits du printemps, à l'aise
Sous l'averse ou sous les rayons,
À travers prés, bois ou sillons,
Ne se parlent qu'en langue anglaise.

Enfants de Shakespeare, tous deux,
Jeune âge et fraîcheur, il me semble,
Ont leur nid avec ses œufs bleus
Près de la Tamise qui tremble.

Je le sais depuis bien longtemps,
Quand des filles d'Albion, si douces,
Sur mes premiers chemins de mousse,
M'enseignaient les fées du printemps.

Et quoique allant toujours plus vite
Du côté de l'âge où l'on meurt,
Je sens encore cette douceur
Que j'appris quand j'étais petite.
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Vœux


Je ne peux pas finir de songer à la mer...
Je voudrais retourner aux pays d'où j'arrive,
Derrière un paquebot voir s'effacer la rive,
Et, devant, s'élargir l'infini large ouvert.

Je regrette déjà les départs, les escales,
Les courses d'Orient qu'on faisait dans les ports.
Je regrette le calme plat, l'orage tors,
Et ces lames de fond, hypocrites et pâles.

Je voudrais par un sabord les nuits, les jours,
Errer de cale en pont, monotone et bercée.
Je voudrais, je voudrais vivre une traversée
Qui ne finirait pas, qui durerait toujours.

Oh ! J’en ai comme assez de tout et de moi-même,
Des plaisirs et chagrins mesquins et superflus,
De l'existence ici, méchante, basse et blême...
— Je voudrais m'en aller pour ne revenir plus.
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Cinq Petits Tableaux.


I
Sur les arbres et sur le sol,
Des feuilles, des feuilles !
Tout jaune, un petit arbre fol
Perd d'un seul coup plus de cent feuilles.

Rouges, jaunes, mauves et roux,
O palette claire !
Le grand vert des prés s'exaspère
Sous les branchages noirs et roux,

Et ce petit bouton de rose
Qui fleurit trop tard,
Brille dans un peu de brouillard,
Cœur frileux de l'automne rose….
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