(...)
Celui qui m'a fait nonne, Jésus le maudisse !
Je dis avec grand déplaisir vêpres et complies.
J'aimerais beaucoup mieux une tendre compagnie
Qui m'apporterait plaisir et amour.
Je sens les doux maux au niveau de ma ceinture.
Maudit de Dieu soit celui qui m'a faite nonne !
(...)
Qu'as-tu donc fait, petit Soupir ?
Est-il sur le point de mourir,
Le Coeur que tu as saccagé ?
N'a-t-il pas moyen de guérir ?
Tu as mal fait de le frapper
Vite et si impitoyablement :
Qu'as-tu donc fait, petit Soupir ?
Est-il sur le point de mourir ?
Amour, qui doit bien t'en punir,
Vient d'arrêter son jugement.
Prends ta liberté promptement !
Sauve toi, tu en as le temps !
Qu'as-tu donc fait, petit Soupir ?
Charles d'Orléans
Rondeau, XVè siècle