Voici le deuxième numéro de notre émission La Petite Librairie #LPL, émission produite par la librairie La Griffe Noire et Les déblogueurs... L'occasion pour le libraire Gérard Collard de vous faire découvrir ses coups de c?ur du moment mais également ses coups de gueule...
N'hésitez pas à nous laisser vos commentaires...
Prochain rendez-vous le mardi 08 novembre 2016 !!!
- Histoire des Beati Paoli, Tome 1 : le bâtard de Palerme de Luigi Natoli et Maruzza Loria aux éditions Métailié
- Histoire des Beati Paoli, Tome 2 : La mort à Messine de Luigi Natoli et Serge Quadruppani aux éditions Métailié
- Histoire des Beati Paoli, Tome 3 : Coriolano de Luigi Natoli et Jacqueline Huet aux éditions Métailié
- L'insouciance de Karine Tuil aux éditions Gallimard
- Vie prolongée d'Arthur Rimbaud de Thierry Beinstingel aux éditions Fayard
- Tête de mule de Oyvind Torseter aux éditions La joie de lire
- Cassandre la gourmande d?Odile Bailloeul & Claire Curt aux éditions La joie de lire
- Zack le maniaque d?Odile Bailloeul & Claire Curt aux éditions La joie de lire
- Nora Webster de Colm Toibin et Anna Gibson aux éditions Robert Laffont
- Nos rêves indiens de Stéphane Marchand aux éditions De Borée
- Soif de musique de Romel aux éditions Daphnis & Chloé
- Les Élus de Steve Sem-Sandberg et Johanna Chatellard-Schapira aux éditions Robert Laffont
- Exposition Hergé au Grand Palais du 28 septembre 2016 au 15 janvier 2017
- Tintin : The art of Hergé de Michel Daubert et Hergy Muséum Beau livre en anglais aux éditions Abrams ComicArts
- Hergé : Paris, Grand Palais, Galeries nationales, du 28 septembre 2016 jusqu'au 15 janvier 20176 septembre 2016 de Collectif et Cécile Maisonneuve aux éditions RMN
- 99 nouveaux dessins pour ne plus faire de fautes de Sandrine Campese aux éditions de l'Opportun
- le Dictionnaire de Laurent Baffie de Laurent Baffie aux éditions Livre de Poche
- Mr Mercedes de Stephen King aux éditions Livre de Poche
- Innocent breuvage de Michèle Barrière aux éditions Livre de Poche
- Les Fauves de Ingrid Desjours aux éditions Pocket
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La cause de la mauvaise humeur n'était pas étrangère à l'action du clergé qui, à de rares exceptions, pendant la lutte entre l'Etat et l' Eglise, avait pris ouvertement parti pour le pape, contre les droits séculaires de la monarchie, d'autres fois défendus par le même clergé.
Ces noces avaient été, pour la jeune archiduchesse d'Autriche, synonymes de déception. Cultivée, pleine d'esprit, ambitieuse, la tête pleine des visions de la grandeur de sa mère Marie-Thérèse, et de la tsarine Catherine II, elle découvrait un mari frustre, ignorant, au langage grossier, amateur de plaisanteries salaces, qui n'éprouvait pour elle d'autre sentiment que celui qu'on imagine, chez un mâle fort et volontaire qui serre dans ses bras une tendre fleur.
Don Ottavio Oxorio y Roxas était un homme d'une soixantaine d'années, maigre, sec, au teint sombre, d'aspect fermé et revêche, autoritaire, imbu de sa noblesse et de ses mérites.
Il avait trouvé dans sa femme l'âme jumelle, pénétrée de l'orgueil de sa propre lignée. Donna Gabrielle Albamonte, fille unique de Don Blasco Albamonte et de Donna Violante, était encore belle : mais sa morgue touchait au fanatisme d'amour-propre.
Bongiavanni, veuf, avait trouvé avec la femme de l'Ammirata, madame Francesca, une parente affectueuse qui apprenait à Pellagra, ces vieilles et presque perdues vertus ménagères des femmes d'autrefois qui savaient se consacrer aux soins de la maison, avec une admirable abnégation, et étaient le confort et le cœur de la maison.
Les habitudes de parcimonie que le roi avait cherché à imposer à la noblesse du royaume étaient rigidement observées à la Cour de son représentant. S'il avait le contingent strictement nécessaire de laquais, de valets, de pages, d'huissiers, de chambrières, de secrétaires et d'officiels, on ne voyait pas la cohorte de chevaliers et de parasites qui remplissaient les salles du Palais Royal au temps de la vice-royauté espagnole, et qui formaient par eux-mêmes une Cour somptueuse et véritablement royale.
Les livrées n'avaient pas le luxe de galons et de broderies auxquels s'étaient habitués les yeux des citadins, et dont ils s'enorgueillissaient, y voyant une espèce respect envers eux-mêmes, une preuve de la considération dans laquelle les tenait le représentant du roi.
- Avez-vous jamais été amoureux, Coriolano ?
- Jamais, assura le chevalier, un fin sourire errant sur ses lèvres. J’ai toujours pensé qu’il y avait mieux à faire de par le monde.
- Et qu’avez-vous donc fait de mieux ?
- Rien.
Toutes ces choses et les revers de fortune que le changement de monarchie devait inévitablement entraîner, avaient fait désirer ce gouvernement espagnol dont l'oeuvre en Sicile se résumait en une formule simple : faire de l'argent, enrichir le clergé et la noblesse, pendre le plus de monde possible et ne se préoccuper de rien d'autre. Comme à cette époque ceux qui commandaient étaient libres de faire ce qu'ils voulaient, que le peuple avait des fêtes, des spectacles, des actes de foi, des processions, des divertissements carnavalesques, et que les malandrins pouvaient infester les campagnes et grouiller dans la ville, comment ne pas regretter amèrement la domination espagnole ?
Tous les présents devraient être masqués ; nul n'était autorisé à mettre un simple loup et des habits civils. Il fallait se déguiser.
Cette obligation était indispensable, dans une fête où les différentes classes se mêleraient et où, suivant une antique tradition, la plus grande familiarité était permise.
Les citadins ne savaient pas qui se cachait derrière les masques et ne pourraient pas se vanter d'avoir traité avec familiarité tel grand seigneur ; et ceux-ci, protégés par l'anonymat, autoriseraient l'effronterie du peuple sans que leur autorité risquât, le lendemain, de s'en trouver diminuée.
Les abbés étaient alors à la mode et une maison noble aurait déchu si elle n'avait pas eu le sien.
L'abbé était le colporteur de tous les commérages, le lecteur, le conteur, le débrouilleur de vilaines affaires, l'auteur de sonnets pour toutes les occasions familiales et, lorsqu'il célébrait la messe, le chapelain de la maison.
Quelquefois, il était l'entremetteur, ou même l'amant de la maîtresse de maison.
Toute la vie n'est qu'une lutte entre l'égoïsme et le devoir !... Et malheureusement, l'égoïsme vainc !...