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Critiques de Luke Rhinehart (212)
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L'Homme-dé

C'est peu dire que l'homme-dé se révèle déconcertant, Luke Rhinehart introduit dans son roman tant d'absolu et de rationalité en même temps que l'on peut difficilement l'oublier.



Dans cette aventure fictionnelle, l'auteur se dissimule derrière un double de papier qui n'a pour ainsi dire rien du héros de littérature conventionnel : dépourvu d'émotions contradictoires, ne doutant de rien, Luke Rhinehart psychiatre aguerri se lance dans une succession d'expériences au début ludiques qui vont progressivement devenir de plus en plus spectaculaires mais aussi de plus en plus envahissantes.

Laisser la possibilité à des désirs refoulés de s'exprimer, abandonner les différents mécanismes de défense du Moi qui génèrent angoisses et frustrations, acquérir une plus grande liberté en évacuant la question du libre-arbitre... mais est-ce réellement la liberté lorsque cette espèce d'ivresse puis de sérénité suscitées par le rejet de tout conflit inconscient conduit à subordonner chacune de ses décisions, même les plus déterminantes, au hasard des dés ?



Le récit invite à se poser la question. Il est assez mystérieux d'observer un homme perspicace et pondéré, capable d'appréhender brillamment le genre humain exécuter les verdicts des dés avec un relatif détachement au point de s'abstraire de l'ordre social établi et de la morale communément admise sans que sa perception du réel se trouble pour autant. A aucun moment on ne se pose la question de savoir si cet homme est fou et c'est ce qui rend le roman emballant.



l'homme-dé est un roman imprévisible, divertissant prenant à rebours nos représentations pantouflardes. J'ai aimé l'intelligence avec laquelle l'auteur a propulsé cette histoire un peu glauque dans une dimension spirituelle étonnante, mettant en lumière au passage l'échec de la psychiatrie à traiter certains désordres psychiques. J'ai aimé sa faculté à imposer des situations invraisemblables même si on peut regretter que l'éventail des décisions aboutissent le plus souvent à des expériences sexuelles délirantes.

Lecture marquante.

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Vent blanc, noir cavalier

"Vents, rayons de lune

Neiges et ronflements gelés

Lucioles du feu

Ne sachant pas où aller

Meurent dans l'obscurité"



Comme une biche innocente, la belle Matari fuit son époux, le Seigneur Arishi, qui veut la décapiter. Oboko moine bouddhiste et son ami Izzi, poète à la cour ide Kyoto, la recueillent, dans la nuit glaciale.

Mais les serviteurs du Seigneur Arishi les poursuivent. Combien sont-ils? 3 d'abord, 10 ou bien 15 samouraïs...



"De naissance, j'appartiens au clan des Iridu. On m'a appris la danse, la calligraphie, le chant, à monter à cheval... Mais une fois mariée, je ne pouvais plus danser, écrire, chanter ou monter à cheval -sauf pour mon mari, mon seigneur."



- "J'ai seulement chanté devant un autre seigneur et pour cela, je vais devoir mourir. Oboko, je ne veux pas mourir." Matari voulait être libre, alors que cette liberté lui était justement interdite par la Tradition...

Oboko a rêvé cela ou est-ce la terrible réalité?



"Matari dégaina la courte épée du Seigneur Arishi. Dans sa petite main, l'arme paraissait immense:

-Vous me connaissez, si vous ne me laissez pas passer vous devrez me tuer, ou vous mourrez.

Les yeux levés sur Matari, les 2 samouraïs restaient immobiles et silencieux.



- Tant que tu vivras, tant que je vivrai, Matari. dit Oboko. Je ne te quitterai pas.

"-Je voudrais, commença Matari, pour l'amour que tu as pour moi...et pour l'amour... que j'ai pour toi ( des larmes emplissaient ses yeux) que tu ranges cette arme et que tu partes, Oboko".



"Elle est déjà morte, Oboko .Ne répands pas sur cette herbe le sang de ta jeunesse. "Fit doucement Arishi.
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L'Homme-dé

Echoue ! Perd ! Sois mauvais ! Joue, risque ose...

Pose tes options

jette les dés.

Tout le reste est du bla bla

Le dé-cide a ta place

et te déculpabilise

Pour démultiplier ta personnalité

te libérer de ta morale

Inscris toi à la dé-thérapie

de Luke, un fabuleux psychiatre qui vit chaque jour sa vie aux dés....



l'homme-dé de Luke Rhinehart est un livre culte qui a fait fureur dans les années 70.

Luke psychiatre renommé s'ennuie ferme dans ses thérapies et met au point

à la suite d'une partie de poker enfumée et alcoolisée

une théorie dé-mente

Jouer sa vie aux dés.

Avant de prendre une décision

il s'en remet à l'aléatoire, au hasard des dés

Et ainsi démultiplie ses possibilités par six

une sorte de roulette russe

ou l'une des options peut tout changer...

Le dé-roule pour le meilleur (de très bons coups...souvent sexuels) et le pire (ça peut faire très mal...)

le hasard de la chute du dé rend l' itinéraire pour le moins chaotique

Trés dé-janté, le héros Luke expérimente grâce aux dés toutes sortes d' expériences et de fantasmes dé-niasants dé-viants, dé-flagrants.

Bien que l'histoire valle un six

J'ai un peu dé-chanté

Le style clinique m'a souvent dé-routé et dé-boussolé

Une dé-couverte... psychédélique.

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L'Homme-dé

Le docteur Rhinehart, un psychanalyste new-yorkais jusque-là sans histoires, s’ennuie ferme, tant dans sa vie professionnelle que personnelle. Marié à Lillian et père de deux enfants, cet homme de 32 ans ne supporte plus la banalité du quotidien et se laisse aller à la dérive en attendant qu’un miracle se produise… Jusqu’au jour où, sur un coup de tête, il se met au défi d’aller violer la femme de son meilleur ami et collègue si le dé s’arrête sur le chiffre un…





Dès lors commence pour Luke Rhinehart le début de la Dé-vie. Les dés sont pour lui un moyen de concrétiser ses fantasmes les plus fous, de donner libre cours à son imagination et à sa folie. Sur un simple lancer de dés, il peut devenir quelqu’un d’autre, éprouver des émotions plus intenses, repousser sans cesse ses limites. Pionnier d’une nouvelle philosophie de vie, qu’il élève quasiment au rang de religion, l’ancien psychanalyste, devenu dé-vot va alors tenter de convertir un maximum de gens à son culte du Hasard, sans se soucier des dérives que ces pratiques pourraient engendrer…





Publié en 1971, « L’homme-dé » est devenu un roman culte de la littérature américaine. Prônant une philosophie de vie pour le moins subversive, l’auteur, de son vrai nom Georges Powers Cockcroft, s’est inspiré de son propre vécu et de ses théories personnelles pour créer le personnage de Luke Rhinehart. Pour lui, la société actuelle avec ses règles, ses codes et ses principes étriqués, détruit l’homme à petit feu et lui retire une large part de sa liberté de pensée et d’action. Afin de retrouver cette dernière, l’homme doit donc se libérer de la contrainte du regard et du jugement des autres et remettre ses décisions, quelles qu’elles soient, au Hasard. L’identité individuelle est alors considérée comme un fardeau et doit s’effacer pour laisser place aux multiples facettes de la personnalité humaine… Forcément, avec de telles idées, il faut s’attendre à tout, au meilleur comme au pire ! C’est donc ce monde, régit par la loi des Dés, que nous décrit l’auteur dans ce roman époustouflant, délicieusement dérangeant, où l’imprévisible règne en maître, prêt à nous surprendre et à pousser toujours plus loin les limites de notre tolérance. Un texte où règnent la folie et la schizophrénie et où tout devient possible… Alors, prêts à devenir les prochains Dé-tudiants ?





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L'Homme-dé

Difficile de rester indifférent à un tel remue-méninges!

Les trois mots clés qui me font craquer : psychiatre juif new-yorkais étant énoncés, pas besoin de dés pour tenter la lecture. On est cependant bien loin d’irvin Yalom ou de John Katzenbach, qui font effet d’enfants de choeur en comparaison.

Luke Rhinehart, psychanalyste, marié, deux enfants ronronne dans sa vie : il manque des épices, du piment, quelque chose qui le sorte de cette gangue d’une histoire banale et prévisible. Pas pour la gloire, juste pour voir. Partant du principe que notre histoire personnelle, le fondement de notre personnalité se sont construit par un élagage progressif de notre potentiel pour laisser survivre un moi étriqué, comme un costume étroit aux entournures, Luke cherche un moyen de s’échapper de ce carcan et s’en remet au hasard, contrôlé par un instrument neutre : un dé. Il s’agit à chaque question de formuler plusieurs dé-cisions et d’accomplir sans état d’âme l’option retenue. Bien entendu, les options préliminaires sont le fait du joueur, mais dans cette incertitude digne d’une roulette russe, les hypothèses les plus osées et subversives font partie des alternatives. Comme celle d’aller violer la voisine du dessous, ou de conduire trente-huit malades de l’hôpital psychiatrique à Broadway pour voir la comédie musicale Hair, après avoir imité la signature du médecin-chef….

Outre le fait que notre thérapeute retrouve goût à la vie, il construit à partir de sa propre expérimentation une véritable théorie , une conception de l’âme humaine, et qui dit âme dit religion. C’est sans doute un des aspects les plus drôles du roman : prières, culte dé-dié, vénération.

Redevenant de temps à autre (en fonction de…vous devinez quoi!) un scientifique cohérent, Luke monte une étude expérimentale pour étayer ses hypothèses : et pourtant ses pairs rejettent ses travaux et le bannissent, malgré la rigueur interne de l’étude…est-ce parce qu’il est impliqué en tant que sujet? ou plutôt que la morale est bafouée jusqu’à l’impensable?



Il n’empêche que l’engouement gagne la population, tel une maladie contagieuse, par simple oui-dire. On n’ose penser à l’influence des réseaux sociaux s’ils avaient existé à cette époque…



Dé-janté, foisonnant, truculent, carrément pornographique, l’auteur serait-il le fils caché de Rabelais qui aurait croisé Sade sur son chemin. On passe du rire au dégoût en un seul jet de dés, tout en cogitant intensément, et comme le dit un collègue et néanmoins ami de Luke, le pire c’est que le raisonnement tient la route du fait d’une logique interne, d’un strict point de vu théorique : l’avènement d’un ego construit de toute pièce par le hasard ne pourrait-il conduire à un épanouissement total? C’est socialement que le bât blesse.



Sacré personnage que ce narrateur, qui porte le nom de l’auteur, pour entrainer le lecteur sur la fausse-piste d’une autobiographie. Fou ou génie, saint homme ou truand de bas étage, simple addict d’un jeu de hasard basique ou subtil théoricien d’une conception révolutionnaire de la psyché, il est tout cela à la fois.



Les droits ont été acquis pour une adaptation filmée, qui n’a pas vu le jour. Jack Nicholson était partant et on l’imagine très bien dans ce rôle.



Challenge Pavés 2015-2016


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Jésus Christ président

Faites l'amour, pas la guerre : Tel pourrait être le nouveau slogan du nouveau président des Etats-Unis, Georges-Christ Bush. Car Jésus, désespéré de ce qu'ont fait les hommes de leur libre arbitre, veut essayer de montrer l'exemple autrement : Il décide alors, avec l'accord de Dieu, d'incarner le corps de l'un des hommes les plus puissants de la planète : Georges W Bush. Il espère que les bonnes décisions qu'il prendra à sa place inspireront la planète entière et auront un effet domino, une décision en entrainant une autre. Pour commencer, Jésus-W Bush impose rien moins que le retrait des troupes en Irak, et l'interdiction de tirer ou de survoler la zone pour les soldats. Mieux encore, il décide d'aller annoncer ça aux autorités locales lui-même, en demandant pardon d'avoir envahi leur pays… Cette philosophie arrivera-t-elle à convaincre, autant l'esprit du vrai GW Bush marionnettisé qui se débat, que celui de ses concitoyens, de ses homologues étrangers prêts à l'abattre ou encore de l'Administration qu'il - ou qui le - dirige et qui commence à paniquer sévère ?





L'idée semble aussi originale qu'intéressante, l'écriture est fluide. La vulgarisation des concepts et la caricature des personnages et de l'administration au pouvoir est assez bien vue, elle fait sourire tout en mettant le doigt où ça fait mal. Mais le contenu est un peu léger, simpliste, et les situations trop ubuesques, trop peu subtiles, peut-être pas assez intégrées ou incarnées pour faire vraiment mouche. L'ensemble m'est demeuré mollement facile et le ton humoristique n'est pas parvenu à relever l'ensemble. Je m'attendais à plus qu'une caricature, même si elle n'est pas totalement dénuée de sens. C'est un mélange du « vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » avec « Jésus m'aime » de David Safier, pour un ensemble qui résonne comme le Fakir de Puertolas. La fin contient quelques clins d'oeil et une morale attendus. Ça reste superficiel et c'est dommage. A mon tour je demande pardon à l'auteur de n'avoir pas été aussi convaincue que je l'aurais voulu. Mais demander pardon pour un livre sur Jésus, c'est un peu facile aussi. Bref, une lecture pour se changer les idées, qui n'a pas cassé trois pattes à mon canard de bain et dont je retiendrai surtout mes trois mots d'ouverture (que mon mari me prie déjà de respecter).





Sur ce, je vous salue, je retourne dans mon bain. Marrie.



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Jésus Christ président

Ce livre devrait être interdit. Certes l'action se déroule aux états unis mais l'extraterritorialité de leurs lois, qui leur permet d'expliquer au monde entier ce qui est bien, ce qui est légal, ce qui est permis, etc.…sous peine de recevoir un missile, un tueur, un embargo etc... justifie une mise à l'index de ce honteux pamphlet.

Why ? me direz-vous ?

C'est un faux roman ... C'est l'oeuvre du malin sous couvert de littérature de fiction... Enumérons :

a) Il se moque ouvertement de la crédulité de la populace étasunienne nourrie aux chaînes « d'information » en continu, Foxnews en tête, des journaux, New York Time par exemple, qui la manipule quasiment à visage découvert. A ce niveau de complaisance, on peut même dire que l'auteur qualifie cette populace de carrément débile.

b) Ensuite, sa description des cercles de pouvoir à Washington (lieu principal de l'action) est pire que celle « d'House of cards » : les politiciens que nous connaissons : M. Bush fils, M. Donald Rumsfeld, M. Richard Bruce Cheney... sont décrits le premier comme un simple d'esprit (pire que M. Trump récemment) et les autres comme des êtres abjects et sans morale, guidés par la haine, le sentiment de supériorité, l'arrivisme cynique...

c) La situation au moyen orient, pour parler clairement : le conflit israélo-palestinien et toutes ses extensions induites : Liban, Irak, Afghanistan, Iran... est décrit de manière complètement inhabituelle et honteusement libre sans le bréviaire règlementaire d'un occidental moderne (post seconde guerre mondiale).

d) le pire : ce livre est abjectement complotiste : il sous-entend que des services secrets, des forces pas toujours bien identifiées (ou alors si, mais qu'il ne faut pas trop divulguer au-delà d'un cercle restreint), agissent dans l'ombre pour le bénéfice, selon les cas, d'intérêts financiers, de lobbys du complexe militaro industriel ou/et en relation avec le c)... Laisser entendre que nos services (surtout ceux de cette magnifique et exemplaire démocratie mondiale que sont les USA) ne servent pas uniquement à nous protéger des méchants ennemis est scandaleux ! Avec ce genre de livre, l'assassinat de M. J.F. Kennedy (et même de son frère Robert Francis) passerait pour un coup monté par l'un des multiples services secrets moqués dans cet ouvrage... N'importe quoi !

Moi qui pensais que le complotisme était une maladie mentale à combattre pour la préservation de nos belles nations démocratiques, je m'aperçois qu'en laissant lire ce livre, on n'aide pas à l'éradication de cette pandémie. Ce n'est pas avec ce genre de pamphlet que l'on admettra qu'il faut se débarrasser de Julian Assange et de ses tristes clones...

e) Il est blasphématoire : Jésus, le Jésus des chrétiens, discute avec Dieu ! Mais qu'est-ce donc ? Tout ceci n'est pas très catholique ! Il se réincarne ! L'auteur suggère des choses affreuses : jugez en vous-même par ce titre de chapitre digne d'un roman de notre exquise ministre déléguée chargée de la Citoyenneté : « George et Jésus et Laura font l'amour »... Vade retro !

Jésus tente même de mettre un terme au conflit entre les trois religions géographiquement situées dans le même périmètre ! Alors que chacun sait qu'il n'y en a qu'une de vraie et que les adeptes des deux autres sont hérétiques !

Bref, c'est un livre à éviter, à cacher, à brûler sur de grands bûchers en priant le vrai dieu, et très vite !

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L'Homme-dé

"L'homme dé" évoque l'histoire d'un homme qui ne conçoit sa vie qu'à travers le hasard. Roman culte des années 1970.

A lire ! Très instructif ! Remis au goût du jour par Emmanuel Carrère et la Revue 21 .

A noter que vous lancer un dé: six choix possible . Mais c'est une contrainte...
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L'Homme-dé

Parce qu'il étouffe dans le train-train quotidien, le psychiatre Luke Rhinehart a recours un soir à un lancer de dé pour s'offrir la possibilité d'assouvir un désir transgressif à savoir le viol de sa voisine. A partir de cette expérience initiatique, le récit raconte les différentes étapes qui vont mener peu à peu le protagoniste à une soumission totale aux dés. Au début, ceux-ci déterminent des aspects relativement anodins de la vie comme le choix d'un livre ou d'un endroit où boire un verre. Des options à priori indésirables sont ensuite introduites pour ne pas se cantonner à des expériences agréables. Et l'homme-dé en arrive à considérer la méthode des dés comme un moyen de façonner un homme nouveau, que ce soit lui-même ou ses patients, un moyen de libérer l'être humain de ses névroses et de ses tensions néfastes. Selon le résultat obtenu par les dés, Luke Rhinehart se métamorphose en de multiples personnages aux personnalités et aux comportements différents jusqu'à en devenir complètement incohérent et absurde.

Il finit en dévot totalement soumis à la religion du dé et du hasard. Il la théorise et cherche à convertir de nouveaux adeptes. Comme dans toute religion, certains deviennent à leur tour des pratiquants convaincus. D'autres en restent au stade de sympathisants qui appliquent les préceptes de manière plus ou moins rigoureuse. Face à son entêtement à soumettre tous les aspects de sa vie aux dés et au hasard, le psychiatre est ‘excommunié' par ses pairs. Cela ne réfrène pas le héros qui pousse sa démarche à son paroxysme en jouant aux dés la décision de commettre un meurtre avant que son absence de tout jugement moral ne lui soit finalement fatale.

Ce roman vaut moins pour ses qualités purement littéraires que pour les nombreuses questions d'ordre philosophique qu'il soulève. Ce livre est généralement considéré comme un manifeste subversif écrit par un apôtre de la contre-culture des années 60 et du début des années 70. Il reflète en effet les idées représentatives de l'époque : libération sous toutes ses formes, expression non bridée du désir... Le passage dans lequel Luke et son patient Eric tentent de dynamiter l'institution psychiatrique m'a fait penser au ‘Vol au-dessus d'un nid de coucou' écrit par Ken Kesey, précurseur du mouvement hippie et de l'usage du LSD au début des années 60. Néanmoins je trouve que Cockcroft (le vrai nom de l'auteur du livre) reste finalement lucide sur le caractère utopique de la démarche et sur les illusions que renferme une démarche soi-disant aussi radicalement émancipatrice.

Le roman pose de nombreuses questions autour des notions du Moi, de la transformation de l'individu, de l'identité, des rôles attribués à chacun dans la société, des déterminismes sociaux et de la possibilité de s'en échapper. Est-il possible de se transformer radicalement ? Est-ce même souhaitable ? Dans quelle mesure peut-on agir en dehors des normes ? Dans quelle mesure le désordre voire l'incohérence sont-elles souhaitables ? Dans quelle mesure peut-on accepter les déviances ? Comme un descendant du roman de Gide ‘Les caves du Vatican' où Lofcadio commet un meurtre gratuit, le roman pose la question de la liberté.

Bien qu'emblématique de son époque, ce roman se rattache à la tradition américaine, sur plusieurs aspects : la religiosité intrinsèque de la société américaine (l'épisode où le dé ‘demande' de tuer quelqu'un est un écho à l'épisode biblique du sacrifice d'Isaac par Abraham), la méfiance vis-à-vis de la société vue comme une source de corruption (telle que l'exprime Thoreau par exemple), ou encore le dépassement des frontières considérée comme une oeuvre individuelle ou communautaire. Mais ce roman fait écho aussi à d'autres mouvements ou cultures et cela en fait sa richesse : j'ai pensé aux happenings dadaïstes, au futurisme et de façon générale au modernisme du début du XXème siècle, tournés vers l'avenir pour faire table rase du passé, aux idées de Krishnamurti lui aussi désireux de transformer radicalement l'individu.

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Jésus Christ président

Sans y croire du tout, Dieu accepte que Jésus tente d'améliorer l'humanité en revenant sur terre. Mais cette fois-ci, pas de tour d'illusionniste et pas question de se faire crucifier, Jésus se réincarnera dans l'âme d'une personne qui a le pouvoir de changer les choses. Donc, qui de plus puissant que le président des États-Unis ? Voilà ! le truc tombe sur George qui, comme chacun sait, n'est pas le plus fute fute des présidents. Pas futé, mais bien "encadré"... d'un coté Don, de l'autre Dick, puis Karl pas loin derrière.

En général, George est un bon petit soldat, mais là, Jésus ne le laisse pas faire son discours bien rodé. Georges résiste et se trouve bien désemparé, ses gestes et ses paroles ne lui répondent plus.



" - Il faut arrêter de tuer des gens, ajouta George en rougissant parce qu'il essayait de toutes ses forces de s'empêcher de parler.

Mais Jésus tenait les rênes, et George avait un mauvais pressentiment. Il voulut se fermer la mâchoire pour faire taire le Fils de Dieu, mais en vain. Il continuait à parler, mais un peu moins clairement puisque George serrait les dents." p 29



Une histoire pas sérieuse pour une caricature sérieusement critique de la politique sous la présidence de George Bush. le livre souligne toutes ces manœuvres qui maintiennent artificiellement guerres et conflits de par le monde, ainsi que l'hypocrisie des hommes politiques qui se creusent pour présenter leurs pires desseins comme des décisions incontournables et bienfaitrices … "la guerre éternelle contre le mal".



"- Mais oui, on peut tout faire avaler, s'écria karl en recommençant à faire tournoyer ses bras comme un hélicoptère. Nous avons convaincu deux Américains sur trois que c'étaient les Irakiens qui avaient attaqué le World Trade Center ! Nous avons fait croire à la moitié d'entre eux que Saddam Hussein était copain avec les membre d'al-Qaïda et qu'ils essayaient ensemble de développer une bombe atomique fourrée à l'arsenic ! Nous avons réussi à les convaincre que l'Arabie saoudite et l'Égypte étaient nos alliées, alors même que presque tous les terroristes du 11 septembre 2001 étaient saoudiens ou égyptiens. Je vous le dis, on peut tout faire avaler aux Américains, tout !" p 207



Plus généralement, sont aussi dénoncés les gouvernements qui n'agissent plus du tout pour le bénéfice de l'ensemble de la population, mais créent principalement des inégalités disproportionnées, d'illogiques injustices, etc., au bénéfice d'une poignée de personnes ou d'entreprises.



J'approuve les réprobations, j'estime la satire, mais sur le fond, j'hésite entre rire et pleurer.

Avec un petit excédent de péripéties alors que le procédé est bien saisi, j'ai trouvé que l'ouvrage aurait gagné à être un peu plus court. À signaler aussi… des coquilles ou des mots manquants, petites choses qui perturbent toujours ma lecture.

Globalement une lecture distrayante.



Merci à la masse critique de Babelio et aux éditions Aux forges de vulcain pour l'envoi de ce "Jésus-Christ président".
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L'Homme-dé

Le docteur Rhinehart, psychiatre new-yorkais, a atteint le sommet de sa réussite : une femme, deux enfants, un travail qui lui permet de vivre confortablement, et un ennui insurmontable qui le poursuit depuis des mois. Les substituts habituels (cours de zen, …) ne lui apportent que peu de réconfort, et la dépression s'installe petit à petit.



La solution arrive sous la forme d'un petit cube à six faces. Le principe est des plus simples : faire une liste de choix possibles, et laisser le dé décider de la voie à suivre. Fini, le moi unique et raisonnable qui doit tracer un chemin cohérent une vie durant. Après tout, nos personnalités sont multiples : on ne se comporte pas de la même manière au travail qu'à la maison, au club de sport qu'à un dîner entre amis. Chaque petit moi d'habitude écrasé par les autres doit avoir la possibilité de s'exprimer. Après avoir confié aux dés quelques décisions sans importance, Rhinehart décide de devenir un homme-dé : la moindre de ces décisions sera tirée au hasard. Le lâcher-prise sur sa vie devient total.



Je cherchais ce livre depuis longtemps, et pour une fois, mes espoirs n'ont pas été déçu : l'idée est originale, le scénario déjanté. Tous les ingrédients sont réunis pour un coup de cœur ! La réflexion sous-jacente est intéressante aussi. Après tout, on peut se tracasser beaucoup sur des petites décisions qui n'auront aucun impact sur notre vie. Et quand on reprend du recul sur les décisions plus importants, pour examiner ce qu'on voulait au départ et où on est arrivé au final, il y a de quoi se poser des questions ! Alors, c'est décidé, à partir de maintenant, je garde un dé en poche. Je ne jouerai sans doute pas une demande en mariage ou une conversion religieuse, mais sait-on jamais, il peut me réserver quelques bonnes surprises...
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L'Homme-dé

C'est dans "Il est avantageux d'avoir où aller" d'Emmanuel Carrere que j'ai découvert ce roman (culte) des seventies. Mais s'il est avantageux d'avoir où aller, l'homme-dé s'en fout lui, il préfère confier les rênes de son destin au hasard d'un dé. Enfin, hasard est peut-être un bien grand mot, ne serait-ce que par le choix des 6 options données à sa vie. Essayez vous verrez, on ne choisit pas forcément n'importe quoi, et ce sont ces choix qui parlent le plus.



Vous l'aurez compris, l'homme-dé s'en remet aux caprices aléatoires d'un cube, et décline une (in)certaine philosophie de la destinée.

Il aurait pu s'appeler Dédé (^^), il s'appelle Luke. Psychiatre dérivant sur les pentes sablonneuses d'une lassitude aux allures dépressives, sa vie bascule un soir de poker, où demeuré seul face à une dame de pique recouvrant un dé, il décide de violer la femme de son collègue/ami/voisin si l'as est retourné. Bingo, l'as est retourné... « Une fois remonté dans ma salle de séjour, je contemplai l'as du dé à découvert. Je me grattai les couilles et secouai la tête avec une hébétude incrédule. ». C'est le début d'une dérive hallucinée.



Sarcastique, déjanté, subversif, poilant s'il est pris pour ce qu'il est, un roman, l'homme-dé explore la multiplicité de l'âme humaine, et défie le précepte selon lequel tout homme accompli devrait avoir une ligne de conduite fiable et cohérente, selon un moi unique.

Ici le concept du moi se défeuille inlassablement au rythme des 521 pages du pavé, qui vaut le détour, à mon humble avis.

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L'Homme-dé

« Je pense que ce qui fait le plus de mal à l’humanité, sa maladie la plus grave, c’est l’esprit de sérieux. »



En une seule phrase définitive, Luke Rhinehart donne la meilleure des clés de lecture de son œuvre en général, et de L’Homme-dé en particulier. Un livre-délire, culte, dérivant entre philosophie, psychiatrie, humour, sexualité débridée et énorme farce sulfureuse.



L’histoire est connue : dans les années 70, Luke Rhinehart, psy new-yorkais brillant mais atypique s’emmerde dans sa vie faite de règles et de contraintes. Jusqu’au jour où il décide de les défier en remettant ses prochaines actions au hasard d’un coup de dés.



Ce qui n’était qu’un test va devenir routine, règle de vie, concept, enseignement, religion, excès et finalement, traque par le FBI avec 237 potentielles années de prison à la clé.



Rhinehart – ici traduit par Francis Guévremont – nous balade constamment entre le conte philosophique démontrant que l’annihilation du moi pour s’en remettre au hasard est la seule voie de la liberté, et la farce orgiaque façon Ferreri dont les excès sont légitimés par cette liberté nouvelle.



Désabusé de la vie - « Le principe fondamental du monde, c’est tout de même que les êtres humains doivent tous bouffer de la merde, que cela leur plaise ou non » - Rhinehart fait le pari de Pascal du lâcher prise : « Ratez ! Perdez ! Soyez nul ! Jouez, risquez, osez. »



Relu quinze ans après ma première lecture grâce à la nouvelle et superbe édition collector sortie Aux Forges de Vulcain, L’Homme-dé est avant tout un livre inspirant qui nous confronte à nos propres choix, ou plutôt aux conséquences de tous nos non-choix.



Alors forcément, ça pique un peu. Mais heureusement, on rigole fort !

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L'Homme-dé

C'est l'histoire du Dr Lucius Rhinehart, psy un peu déprimé qui, pour pimenter sa vie, décide de la jouer aux dés, du genre 'Si c'est un as, je descends violer ma voisine'.



Thème intéressant mais traîté sans finesse, des situations absurdes qu'il tente de justifier par des mensonges se voulant hilarants et le bouquin aurait sans doute connu moins de succès sans les scènes de sexe, quasi la moitié du livre!



J'ai donc joué mon appréciation aux dés, attribuant aux six faces des notes entre un et un et demi;-)

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Invasion

Sentiment bien mitigé sur cette Invasion de Luke Rhinehart - traduit par Francis Guévremont- , avec deux réflexions post-lecture qui s'opposent.



D'une part l'empathie pour cette grosse farce enlevée, drôle et parfois totalement barrée, qui nous décrit - une fois n'est pas coutume - l'envahisseur extra-terrestre comme bienveillant, humanisé et plaçant le jeu au top de ses valeurs. Une boule de poil capable de prendre forme quasi-humaine et de s'en jeter un, non pas derrière la cravate mais sur le sommet du crâne, ne peut pas être foncièrement mauvaise.



Ces Protéens qui ont envahi la terre et la vie familiale de Billy Morton sont donc des potaches à l'intelligence exacerbée, prenant l'arme de l'humour et de la blague à deux balles (mais deux balles qui font souvent sens) pour confronter l'Amérique à ses travers, à ses incohérences, à son impasse politique actuelle. C'est dynamique et raconté via des chroniques chorales dans une forme parfois déstructurée qui va bien à l'ensemble.



Mais parallèlement, une forme d'abus du second degré et du "dézoomage" pour faire passer des pseudos-messages profonds finit par devenir lassant. On comprend assez vite le parti-pris anti-système de Rhinehart (on le connaissait déjà avant) et sa parabole extra-terrestre pour le dénoncer une fois de plus. Sauf qu'à partir de la seconde moitié du livre, cela finit par tourner un peu en rond, avec un peu trop de redites à mon goût...



Reste une lecture agréable avec une jolie fin proche du chaos et de l'impasse, ouverte à toutes les réflexions. Pour moi, ce sera comme dans Le Guépard : Faut-il donc que tout change pour que rien ne change ?
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Jésus Christ président

Vous avez lu l'histoire de Jésus-Christ ?

Comment il vécut, comment il est mort ?

Ça vous a plu, hein, vous en d'mandez encore

Eh bien écoutez l'histoire de Georges W. Christ !



Alors voilà :

Jésus dans une dernière tentative d'influer sur l'âme humaine, obtient de Dieu l'autorisation de reprendre forme terrestre en s'incrustant dans le corps de Georges W. Bush, 41e président des États-Unis en fin de 2e mandat, notamment englué en Irak dans une guerre contre les forces du mal qui n'en finit pas de produire le commencement d'un résultat.



Et le miracle s'accomplit : Georges W. Christ parle maintenant sous l'influence de Jésus et opère un changement à 180° de sa politique : retour au pays express des troupes US du Moyen-Orient, rééquilibrage de sa position entre Israël et la Palestine, réduction drastique des crédits accordés à la défense, promotion d'un système de santé pour tous, autrefois bête noire des républicains, et j'en passe ! Georges W. Christ change la donne, donc Georges W. Christ devient dangereux…



3e oeuvre traduite en français - par Francis Guévremont - du génial Luke Rhinehart (L'homme dé), opportunément sortie Aux Forges de Vulcain en cet automne électoral outre-Atlantique, Jésus-Christ Président est d'abord une énorme et désopilante farce, rythmée par plusieurs scènes d'anthologie : dialogues savoureux entre Jésus et Dieu, canotage épique de Georges et Tony Blair, entretien psychiatre en absurdie, sans oublier les croustillants ébats de Georges et Laura ! Irrésistible autant qu'irrévérencieux.



Mais comme toujours chez Rhinehart, c'est dans la deuxième couche - celle de la réflexion politique cachée sous celle de la rigolade – que se cache l'essentiel. Une analyse pointue et documentée du fonctionnement et des travers de l'administration américaine républicaine sous Bush, qui ne sert pas pour autant les démocrates, également renvoyés à leurs propres atermoiements par l'auteur anarchiste. Cruel autant que lucide.



Et enfin, Rhinehart investigue au passage la relation ambigüe de ses compatriotes avec la religion : un peuple qu'étonnamment Dieu réunit, mais que Jésus divise. Au point d'en devenir une hypothétique cause de destitution. Étonnant autant que symbolique.



L'ensemble de ces trois dimensions forment un livre exceptionnellement drôle, documenté et cynique à souhait. Une récréation bienvenue ces temps-ci dont on aurait grand tort de se priver !
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L'Homme-dé

ATTENTION ! Un roman comme aucun autre qui nous plonge dans un autre monde, une dimension à six faces !

Nous suivons le docteur Luke Rhinehart, psychanalyste de 32 ans, vivant à New York avec sa femme Lil et ses enfants, dans un bel appartement. le couple semble solide et uni par l'amour, Luke a des collègues avec qui il s'entend bien et qu'il jalouse parfois. Il a l'air de plutôt aimer son métier d'analyste et fait de son mieux pour aider ses patients.

Sauf qu'il est blasé et qu'il s'ennuie. Un soir, après une partie de poker arrosée entre amis, il décide de lancer un dé. S'il tombe sur telle option, il ira chez Darlene, la femme de son collègue, et la violera. Bingo ! Luke tombe sur l'option en question, va chez sa voisine et "la viole", à ceci près qu'elle est consentante. En un soir, L'homme-dé est né !

S'ensuit le récit incroyable de la dé-vie de Luke qui devient très vite accroc à son petit jeu. Il commence doucement, avec des options pas trop risquées et finit par tout jouer aux dés, remettant l'intégralité de ses décisions au hasard.

Sa femme, ses enfants, ses collègues, personne ne comprend ce qu'il se passe. Plutôt raisonnable à la base, Rhinehart se transforme tour à tour en original, en dépressif, en pervers sexuel, en Jésus... Derrière toutes ces facettes, il tend à éliminer toute forme d'égo, c'est la disparition total du libre-arbitre et la destruction du moi qu'il recherche.

La dé-vie fait des adeptes. Il initie des collègues ainsi que des patients. Les gens sont curieux et tombent vite dans le piège, abandonnant toute prise de décision.

Des centres d'enseignement de la dé-vie se multiplient sur le territoire américain. C'est une véritable révolution. Les vertus thérapeutiques ne sont pas avérées mais les centres ne désemplissent pas, se transformant en baisodromes géants. J'oubliais, la dé-vie s'applique bien sûr à la sphère sexuelle, ce qui, dans l'Amérique de la fin des années 60, était tout simplement scandaleux !

Ce roman est tout simplement bluffant... et tellement drôle ! On rit, on réfléchit, on se questionne sur notre liberté, sur notre sincérité, sur les carcans que nous impose la société. Pour l'époque, ce roman est une bombe subversive, qui reste tout à fait lisible en 2020. C'est délicieusement amoral.

Dans les options du dé, un dé-tudiant, se retrouve à un moment dans l'obligation «datale» d'inscrire le viol ou le meurtre d'un proche ou d'un inconnu...

Je me suis régalée. Certes, le texte est long, parfois théorique, mais j'ai suivi avec avidité l'auto-destruction de Luke Rhinehart et sa foi profonde en la dé-religion.

Une claque ! Ce livre marquera mon paysage littéraire et compte déjà parmi mes lectures favorites.

Si vous avez l'édition de 2018 de l'Olivier entre vos mains, allez bien jusqu'au bout et lisez la postface d'Emmanuel Carrère qui nous éclaire sur la réelle personnalité de George Powers Cockcroft, alias Luke Rhinehart.
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Vent blanc, noir cavalier

Tragédie antique au pays du soleil levant



Ce qu'il y a de bien avec Luke Rhinehart, c'est que tu ne sais jamais en ouvrant un de ses livres dans quelle fulgurance littéraire improbable il va t'embarquer. Et ça ne loupe pas dans Vent blanc, Noir cavalier - traduit par Francis Guévremont - huis-clos angoissant malgré l'espace infini des montagnes enneigées où l'action se déroule, tension grandissante malgré l'humour omniprésent, réflexion profonde malgré les airs de comédie que prend parfois l'histoire.



Matari, l'épouse du seigneur Arishi a fauté et fuit dans le blizzard glacé des montagnes japonaises la vengeance mortelle de son mari, lancé à ses trousses avec ses samouraïs. Rencontrant sur son chemin les moines-poètes Oboko et Izzi, ces derniers sous le charme immédiat vont l'aider à fuir la mort annoncée. Jusqu'à risquer leur propre vie par amour naissant.



Rhinehart s'amuse à mélanger les genres : séquençant son texte en parties distinctes comme autant d'actes d'une tragédie classique où l'on retrouve le quintet habituel (la femme, le mari trompé, l'amant, le bouffon et les gardes) qu'il transpose hors les murs, en pleine montagne, là où le blizzard laisse planer le flou et le doute.



Posant ci-et-là au détour d'une page quelques traits d'humour balourds ou, à l'inverse, de délicats haïkus, il achève de poser le décor servant de cadre à sa réflexion majeure : l'amour, celui qui va jusqu'au don de soi pour autrui, celui qui amène le détachement absolu au point de ne plus craindre la mort annoncée, celui qui transcende les faibles et vient à bout des montagnes.



L'histoire est simple, la réflexion poussée, le décor sublime et le style souvent très inspiré. Un régal pour moi et une nouvelle découverte d'une facette d'un auteur déroutant, dont la mort récente ne devrait heureusement pas empêcher son éditeur français de poursuivre la réédition de l'oeuvre intégrale. On s'en délecte d'avance !
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L'Homme-dé

Et v'lan, dans les dents !!!

Permettez que je reprenne un peu mes esprits, je viens de me manger l'homme-dé en pleine face, et croyez moi ça secoue.

J'en ai lu des trucs tordus, mais alors là ... il m'a complètement retourné la cervelle, le saligaud !



Remarquez je suis pas tout seul : depuis sa parution en 1971, la vraie-fausse autobiographie du docteur Luke Rhinehart en a fait des remous. Elle aurait même été jugée trop subversive et à ce titre censurée dans une cinquantaine de pays. Faut dire qu'il y va fort, le type ! Le voilà qui dé-cide subitement de dé-sintégrer sa paisible existence de psychiatre new-yorkais reconnu et de confier au Dé, élevé au rang de divinité omnisciente, les rênes de son destin.

Au diable les conventions, la bienséance, les carcans sociaux, les cas de conscience et le regard des autres : il ne suffit plus désormais que de dresser, à la moindre occasion, des listes d'actions, de réactions, de comportements à adopter ou de personnages à incarner, puis de laisser le Dé faire son choix parmi toutes ces options préétablies, aussi incongrues, dangereuses ou amorales soient-elles.

Appels au viol ou au meurtre, dé-viances et dé-bauches en tous genres : quoi qu'il arrive, toujours se conformer aveuglément aux impératifs du Dé !

Puisque la vie n'a aucun sens et ne conduit toujours qu'à l'échec, autant s'en remettre au Hasard.



Vaste programme de dé-sintégration mentale en trois points.

• D'abord le simple jeu de rôles censé pimenter le quotidien ("c'est en faisant n'importe quoi qu'on devient n'importe qui", parait-il...)

• Ensuite l'expérience psychanalytique, la thérapie de choc saugrenue mais excitante visant à se libérer de son "moi" afin de "devenir multiple", à dé-truire sa personnalité dominante en laissant à ses plus bas instincts et ses "moi minoritaires" la possibilité de s'exprimer sans se soucier des conséquences.

• Et pour finir, bien sûr, l'aliénation totale du sujet, la dé-mence la plus malsaine.



Quand toutes les inhibitions sont levées, quand le Dé tout-puissant invite les pulsions enfouies à refaire surface, quand la schizophrénie devient le socle de l'existence, alors c'est l'avènement du chaos, la négation totale et dé-finitive de tout ce qui fait de l'homme un animal social. Le pire est que Rhinehart, non content de jouer à la roulette russe sa vie d'époux, de père et médecin, entraine nombre de ses collègues, patients et amis dans ses dé-lires morbides. Ses théories font des émules, son jeu de la mort et du hasard prend de l'ampleur et bientôt des CETRE ("Centre expérimentaux en milieu totalement hasardeux") fleurissent sur tout le territoire.

Un truc de dingue, je vous dis !

L'auteur m'avait pourtant mis garde dans la préface : "je vais raconter la tentative instinctive d'un homme pour se réaliser d'une façon nouvelle, et l'on me jugera fou. Qu'il en soit ainsi. S'il en était autrement, je saurais que j'ai échoué". Cher Luke soit rassuré, ta réussite dépasse probablement de très loin tes espérances...



Apparemment certains lecteurs ont trouvé ce récit loufoque et amusant.

Ce n'est pas l'effet qu'il m'a fait, et je garderai plutôt le souvenir d'une œuvre noire et perturbante - qui m'a captivé, ne vous y trompez pas ! - doublé d'un manifeste trashissime en faveur du droit à l'expression de tous les fantasmes. En bref un roman culte et dé-rangeant, et un terrible aveu d'échec de la psychanalyse.

La thèse du docteur Rhinehart est d'ailleurs foutrement bien étayée, au point d'accroitre chez le lecteur un certain sentiment de malaise, notamment quand la folie du narrateur se fait contagieuse ("j'ai engendré en vous une puce qui va vous gratter éternellement. Oh, mon Lecteur, vous n'auriez jamais dû me laisser naître [...] La puce qu'est l'homme-dé oblige à se gratter sans arrêt : elle est insatiable. Vous ne connaîtrez plus un moment sans démangeaison, à moins, bien sûr, que vous ne deveniez vous-même la puce").

Me voilà donc mordu, infecté à mon tour par l'aiguillon d'une plume piquante et incisive que je n'oublierai pas de si tôt.

Le mal est fait, alea jacta est...

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L'Homme-dé

La trame de l'homme-dé est la plus simple qu'il soit : un psychanalyste qui s'ennuie décide soudain de laisser un dé décider à sa place parmi les possibilités qui s'offrent à lui chaque jour. Or on le sait, c'est quand les choses se font très simples qu'elles deviennent vraiment compliquées.



Rhinehart (l'auteur, qui partage son nom avec le personnage central) choisit quant à lui de s'enfoncer de plus en plus profondément dans les conséquences de cette décision. Puisqu'il suffit de dresser une liste de 6, 12 ou 36 actions et de laisser voir laquelle choisit le dé (divorcer, tuer un inconnu, se comporter en obsédé sexuel pendant une soirée, aller violer sa voisine, parler comme Jésus Christ), diégétiquement parlant il n'y a plus vraiment de roman possible : il n'y a au mieux que des pistes qui s'entrecroisent (au cas où le livre serait écrit dé à la main) au pire qu'une partie truquée (au cas où l'imagination de l'auteur remplacerait le décret du Dé). Mais "l'Homme Dé" évite malicieusement cet écueil, car il se présente "d'entrée de jeu" comme une réflexion à la première personne sur le Moi humain pris dans les filets de l'existence. Une lente descente en spirale jusqu'au cœur de la psyché humaine, une odyssée chaotique qui au lieu de se laisser enivrer par les splendeurs et les misères du possible, préfère plutôt se placer sur un plan historique, social et psychologique. Ce que comprend peu à peu Rhinehart (le personnage cette fois), c'est que le Hasard est un dieu bien pratique, lui permettant d'échapper à la tyrannie moderne de la Personnalité Unique : non seulement il peut enfin laisser libre court à toutes les personnalités qu'il sent s'agiter au fond de lui, mais de surcroit il n'a pas à endosser la responsabilité du choix en question. Une soumission totale qui entraine une liberté totale.



C'est ce vertige que les deux Rhinehart scrutent la plume à la main, une plume agile, ironique, dérangeante, impertinente et légère comme toute plume qui se respecte ! Et ce qui pourrait verser dans le pensum philosophique reste toujours à flot : la réflexion a beau être omniprésente, elle n'étouffe jamais le récit, suite de scènes hilarantes, peintes avec un art de conteur irrésistible. On rit beaucoup, peut-être aussi pour conjurer la vague crainte qui plane : celle de tomber à notre tour sur un dé et de se laisser aller à lui demander son avis. En ce qui me concerne, j'ai immédiatement jeté mon jeu de 421 par la fenêtre.
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