Cette fois, je restai couchée, face contre terre, je n’avais plus le courage de me relever. Je me tournai légèrement sur le côté, juste pour bouger un peu et leur montrer qu’ils avaient réussi à me réveiller. Ma combativité, déjà si peu présente en temps normal, m’abandonnait petit à petit. Peu après, l’obscurité et le silence furent mes seuls compagnons.
Des jours et des jours s’écoulèrent me sembla-t-il, mais la notion du temps avait disparu complètement si bien que je ne pourrais pas le jurer. J’avais atteint depuis longtemps ma limite d’épuisement, je n’avais même plus la force de me relever. Je ne sentais plus mes jambes ni mes mains, la faim me tenaillait mais j’étais trop faible pour encore lutter.
Je m’abandonnai complètement.
Lorsque la douleur devenait trop insupportable, par moment, je suppliais encore … personne ne venait m’aider. J’implorai de me libérer mais, le temps passant, je crois que même un seul mot n’était plus compréhensible dans ma bouche.
Notre présence au bar et le manque de discrétion de nos amis gardaient les zombies à notre porte. Si le vacarme nous mit mal à l’aise pour manger, nos hôtes en riaient, plaisantant régulièrement pour les provoquer. Ce n’est que tard dans la nuit, quand tous furent calmés, que le bruit s’atténua pour finalement disparaître totalement lorsque nous montâmes nous coucher. Charles, Louis et les autres semblaient heureux d’avoir un peu de compagnie amicale et les quitter pour nous reposer semblait impossible. Lorsqu’Axelle s’endormit contre moi, ils se rendirent compte de notre épuisement et nous libérèrent enfin.
Le lendemain, nous partîmes en direction du sud et de la propriété de mon oncle. J’avais proposé à nos nouveaux amis de nous accompagner mais ils refusèrent. Quitter leur village natal n’était manifestement pas une option envisageable.
Et c’est comme ça, alors que tout s’était effondré autour de moi en moins d’une semaine, ne sachant pas s’il s’agissait d’un rêve… ou pas… que j’étais en train de perdre la mémoire et toutes mes facultés, que mon corps me faisait mal à chaque mouvement, à chaque respiration et même à chaque battement de cœur, que je découvris enfin la vérité : j’étais devenue...
« Lorsque je repris mes esprits, je tournai la tête pour fixer mon objectif, la porte avec la croix rouge. C’est là que je remarquai que tous les vieux s’étaient tournés vers moi et me fixaient immobiles dans le couloir. Devant et derrière moi, le couloir était à présent rempli d’individus et ils avançaient doucement.
Jamais je n’avais connu un tel sentiment d’oppression et la peur montait encore en moi. J’aurais voulu cette fois que ma colère se déchaîne, mais elle resta latente, à peine un murmure et quoi qu’il arrive inutilisable. J’étais à leur merci, désarmée, et ils continuaient d’avancer.
Soudain, alors qu’ils étaient presque sur moi et que mes cris ne les repoussaient en rien, j’entendis le grincement d’une porte et j’aperçus, au-dessus de tous ces vieux courbés, June qui s’avançait dans le couloir.
— Ah, June, que je suis contente de te voir ! criai-je. Aide-moi, je t’en supplie ! »
Les zombies envahissaient le campement de tous les côtés. Les soldats tombaient rapidement à court de munitions et certains étaient dévorés immédiatement. Le chaos avait pris possession des lieux et chacun se battait avec rage.
Le sentiment d’oppression s’intensifia encore dans ma poitrine.
Un nouveau flash.
Cette fois, j’étais toujours au même endroit, mais je reçus un coup douloureux en plein cœur.
— Qu’es-tu venue faire ici ? me demanda June.
Je mis un certain temps à répondre, le temps pour mon corps d’encaisser le choc.
— Je ne sais pas. (Je soufflais durement.)
Contrairement à toute l’assemblée, je n’étais pas euphorique, mais sceptique. Une nouvelle fois, les choses se compliquaient dans mon esprit. J’avais espéré trouver une famille où reprendre une vie normale, j’avais trouvé une sorte de guerre latente.
Je voulais en finir avec la violence et les meurtres et,...
Mes pires cauchemars étaient devenus réalité, mais cette fois, je ne me réveillerais pas pour y mettre fin.
La réalité … atroce.
—Nous avons déclenché l’apocalypse, dis-je, absente.