Je ne me trompais pas : les lettres que je reçus par cet homme, qui venait effectivement pour moi, m'apprirent que mon père n'avait voulu entendre aucun accomodement ; et pour mettre le comble à mon infortune, j'appris encore que mon mariage était arrêté avec une fille de la Maison de Foix, que la noce devait se faire dans le lieu où j'étais, que mon père viendrait lui-même dans peu de temps pour me préparer à ce qu'il désirait de moi.
On voit bien, à la façon dont il nous a traitées, que Dieu est un homme.
Je me pressai de lui dire que le mari de mademoiselle de N… avait du mérite, de la naissance, qu’il tenait un rang considérable dans le monde, et qu’il y avait apparence que sa fortune deviendrait encore plus considérable. Vous vous trompez, me répondit-elle, si vous croyez que tous ces avantages la rendent heureuse ; rien ne peut remplacer la perte de ce qu’on aime. C’est une cruelle chose, ajouta-t-elle, quand il faut mettre toujours le devoir à la place de l’inclination. (Mercure, p.72)
Si elle m’aime, disais-je, elle saura quelque jour le sacrifice que je lui ai fait ; mais je le lui laisserai toujours ignorer, si je ne puis toucher son cœur. Que ferais-je d’une reconnaissance qu’on serait fâché de me devoir ? Je veux qu’Adélaïde m’aime, et je ne veux pas qu’elle me soit obligée. (Mercure, p.25)
Il ne chercha point à me consoler par ses discours, il me montra seulement de la sensibilité pour mes peines.
Quand on est bien malheureux, on sent toutes ces petites choses, qui échappent dans le bonheur ; le cœur dans le besoin qu’il a de consolation, n’en laisse perdre aucune. (Mercure, p.52)
Quand le cœur est véritablement touché, il sent du plaisir à tout ce qui lui prouve à lui-même sa propre sensibilité. (Mercure, p.37)
Les cœurs aussi sensibles que les nôtres s'entendent bien vite : tout est expressif pour eux. (Mercure, p.24)
Les malheureux sont plus sensibles que les autres. (Mercure, p.67)
Le véritable amour est plein de confiance. (Mercure, p.39)