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Critiques de Manuel Vázquez Montalbán (193)
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Tatouage

Ce polar , il démarre plutôt bien , quand on y pense...C'est l'été , sur une plage ...Madame barbouille de crème le petit qui risque d'attraper des coups de soleil et d'entamer prématurément son capital génétique. Monsieur , lui , " brassote " lentement dans l'onde bleue .. Quel homme , cet homme attentionné qui attend patiemment l'arrivée auprès de lui de " la femme de sa vie " et du " fruit de leur amour "...Oui , bon , ca va , hein , faut pas " déconner " , on rembobine le film et on détourne le regard des âmes prudes .On reprend : monsieur " brassote " en yeutant la jeune femme à la plastique irréprochable qui saute à l'eau depuis son canot pneumatique ....On l'a tous fait un jour, ça non, les gars , hein ? Quoi ? Mais sauter du canot pneumatique, bien sûr ."Yeuter" une belle fille , non mais ça va pas ?Avec l'eau dans les yeux ? Faudrait être fort...Et la morale , elle est où dans tout ça, hein?

Ce qu'on a pas tous fait , c'est voir le canot pneumatique poussé par un individu qui , une fois retourné, présente un visage ...détruit par d'improbables prédateurs de la mer ...Son dos , quant à lui , livrera à votre sagacité un mystérieux tatouage.. qui dit que ...ben mince , je m'en souviens plus L'âge , sans doute...ou la mauvaise foi .Et c'est parti .Qui est cet homme ?

La mission de Pépé est lancée. de Barcelone à Amsterdam , toutes les suppositions sont bonnes mais doivent être vérifiées.

Des amis , des faux - amis , de curieux anciens " complices " , des " intimidateurs "se manifestent .

Alcool , drogue , sexe , décrits , évoqués , enviés, espérés , redoutés , voilà Pépé lancé dans une recherche plus compliquée qu'il n'y paraît.

Le rythme de ce roman est lent , parfois anesthésiant , on y avance avec force descriptions de "nourritures terrestres "parfois fastidieuses, longuettes , voire un peu obscures . C'est un roman bien construit , bien écrit ( traduit ) mais qui n'a pas pour vocation de nous donner des palpitations cardiaques ou des claquages dus à un rythme trop rapide .

Mis à part le cadavre du " beau mec " découvert dès le début, pas de sensationnel , non , du millimétré. Une fine analyse , certes , mais un peu ennuyeuse au final , ce qui n'est , bien entendu , que mon modeste avis .

Bref , vous l'aurez compris , ce roman ne m'a pas emballé mais il faut dire aussi que le challenge prenait " de l'altitude " après les formidables lectures précédentes que j'ai partagées avec vous , du reste .

Voilà, j'ai terminé ma lecture et mon commentaire . Je ne sais pas pourquoi , mais ni l'un ni l'autre ne me satisfont vraiment .Il me manque ce petit " quelque chose " qui m'envoute , qui me " scotche", qui m'embarque quoi ...,Enfin , si c'est pour m 'embarquer et faire de moi un cadavre au visage rongé , avec un tatouage dans le dos , ça me " gagne " pas trop non plus .Je passe mon tour , je rejoins " la dame qui badigeonne de crème son fils sur la plage ". Ben quoi , j'ai bien le droit , non ? Son mari , il ne se gêne pas pour " mater " la belle " nana " qui nage gracieusement auprès d'un cadavre....Je ne suis pas certain de continuer à enquêter avec Pépé , C'est un bon " mec" , pourtant....Et puis , " dans l'port d'Amsterdam y'a ...."
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Roldan, ni mort, ni vif

Il n'y a que Manuel Vázquez Montalbán pour traiter avec autant d'humour et d'apparente légèreté du cas « Luis Roldán », ex membre du PSOE, ex directeur général de la Guardia Civil, impliqué dans une affaire colossale de corruption, de détournement de fonds, d'escroquerie, ainsi que dans une guerre bien sale contre l'ETA via le GAL… Je vous la fais courte car la liste de ses malversations est longue comme un jour sans pain.

On dit donc de lui qu'il escroqua l'Espagne, et tua le PSOE.

Luis Roldán prit la fuite en 1994, se rendit l'année suivante, fut condamné à 28 ans de prison. Il est sorti en 2010.



Roldán, ni mort, ni vif, est un état des lieux d'un pays malade de la corruption à travers une enquête enlevée du privé gastronome Pepe Carvalho et de son adjoint Biscuter qui partent à la recherche de l'homme le plus recherché du pays, et des 400 millions de pesetas barbotés. Mais ceux qui veulent qu'il demeure introuvable sont bien plus nombreux que ceux qui veulent connaître toute la vérité. De Barcelone à Saragosse, de Damas à Jérusalem, Carvalho fouine sans oublier de s'arrêter dans les bons restos placés sur sa route.



Vázquez Montalbán a écrit le roman en 1994 pendant la cavale de L'homme aux mille visages dont on disait qu'il avait des sosies disséminés sur toute la Péninsule pour brouiller les pistes.

Ce n'est pas tant à la résolution de la disparition de Roldán qui l'intéresse mais le constat lucide et désabusé du monde politique espagnol, bâti sur une dictature badigeonnée d'un vernis de démocratie où les mêmes sont aux manettes et où les scandales politico-financiers se succèdent.

Les investigations de Carvalho se déroulent la plupart du temps dans les égouts et les sous-sols, et c'est vrai que ça pue la merde à tous les étages.



« Madrid fut d'abord une ville d'un million de cadavres dans les années quarante, selon une métaphore poétique de Dámaso Alonso, qui s'angoissait devant cette ville d'une après-guerre cruelle, pleine de messieurs féodaux et fascistes qui piétinaient tout ce qu'ils avaient vaincu. Puis ce fut la ville d'un million de gilets et de Ford Granada, quand la démocratie porta au pouvoir les trentenaires des années soixante-dix, qui comblèrent le vide du franquisme avec la subtilité du libéralisme central, centriste et centré. Actuellement, c'était la ville d'un million d'égouts, hantés par les bandes secrètes de tous les royaumes de Taifas du pouvoir politique, économique, militaire, multinational. »



A priori, le roman peut sembler austère, trèèès sérieux, et pas marrant, mais il n'en est rien. Manuel Vázquez Montalbán est toujours drôle, érudit, ironique, caustique, irrévérencieux, Carvalho passe toujours son temps à se remplir la panse avec des mets de premier choix, et à remplir ses verres de petits vins sympathiques, voire de Roederer Cristal quand il en a les moyens. Et en plus des services espagnols, il a aussi les Syriens de Assad père et le Mossad au cul, il voyage, mange local, et nous aussi donc.



Pour se rendre compte de la personnalité de Luis Roldán si on a la flemme de lire ce roman, on peut aussi regarder le très bon film intitulé L'Homme aux mille visages (El hombre de las mil caras) d'Alberto Rodríguez, sorti en 2016, digne d'un roman d'espionnage, parce que la réalité dépasse largement la fiction.
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Assassinat à Prado del Rey

J'achève à regret ma première lecture de manuel Vazquez Montalban.

Quel plaisir, de suivre le "privé" Pepe Carvalho, dans ces enquêtes (descentes...) dans les strates sociales espagnoles de l'après-franquisme.

L'occasion de faire connaissance de personnages douteux, orgueilleux, déchus, assassins de raison ou de circonstances, victimes fragiles et décalées voire déclassées...

Sordide est bien l'épithète qui convient... Et Pepe, qui bosse en marge de l'ordre et de la loi, s'attarde et suit des pistes qui offrent au lecteur cette plongée (descente) en certains endroits tristes ou/et interlopes.

Il ressort de ces quatre nouvelles, une humanité profonde et souffrante. Une vision sarcastique et tendre se dégage de ces récits sans brutalité inutile, où le détective n'oublie jamais de manger et de dormir lorsqu'il le faut.



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Tatouage

Ce livre ressemble à Barcelone en été, et mes sentiments sont à l'image de ceux que j'éprouve pour la ville, c'est-à-dire très partagés. J'adore parce que c'est intéressant, vivant, surprenant... et je déteste parce que c'est écrasant (de chaleur), pas toujours ragoûtant et (un peu) déprimant.



Pépé Carvalho est la déclinaison barcelonaise du détective privé atypique : pas débordé, obsédé à l'idée de bien manger (et de bien baiser), évidemment célibataire mais partageant ses nuits avec une pute au grand cœur, plutôt bagarreur, avec un passé trouble fait de communisme et de CIA... Dans Tatouage, il mène l'enquête pour identifier un noyé assassiné porteur d'un tatouage infernal... Si l'univers est poisseux et glauque, l'enquête est relativement basique; d'ailleurs, si on retire toutes les scènes où Pépé mange, prépare à manger, pense à ce qu'il va manger, parle de ce qu'il aime manger, ainsi que les épisodes coups de poing, il ne doit pas rester plus d'une centaine de pages. Pas mal de négatif donc, et pourtant j'ai dévoré ce roman comme Pépé son ragoût de la mer : vite, bien et avec plaisir. Il m'a donné faim, de spécialités catalanes, de 'vrai', de vie, de tout.



En bonne alsacienne que je suis, je continue à préférer les polars plus 'propres' des Scandinaves et des Américains... si tant est qu'un polar puisse être 'propre'... Mais je rendrai volontiers de petites visites à Pépé Carvalho dans les bas-fonds de Barcelone pour les vacances !
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Le prix

Pourquoi a-t-on parfois l’impression que ce n’est pas toujours la meilleure œuvre qui gagne le prix ? Qu’est-ce qui peut bien se passer dans les coulisses ?



C’est un peu le contexte de ce polar espagnol où un prix littéraire doit être remis : jalousies, mesquineries et crocs-en-jambe, mais est-ce que ça pourrait aller jusqu’au meurtre ? Mais la victime, ce riche donateur de prix a peut-être bien d’autres ennemis, fortune oblige ! Heureusement, Pepe Carvalho est là pour observer, recueillir les témoignages et débusquer les coupables, une trame de roman policier bien classique.



Ce qui a sans doute créé de l’intérêt chez les Espagnols, c’est la brochette de personnalités qu’on y présente. On se plait à imaginer qu’il s’agit de caricatures de personnes réelles ! On pourrait aussi penser à qui pourraient être les équivalents de ces personnages dans nos propres environnements…



Cela dit, il ne faut pas croire que le milieu littéraire soit pire que les autres. C’est plutôt inhérent à ces rassemblements d’humains avides de gloire ou d’argent. Comme dit un proverbe de chez nous : « là où il y a des hommes, il y a de l’hommerie… »

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Tatouage

Un corps retrouvé dans la mer. Des descentes de flics dans la ville. Un patron coiffeur qui demande à Carvalho de trouver le nom de ce cadavre qui porte un tatouage sur le dos, seul indice capable de permettre son identification. Pepe laisse sa dulcinée et se fend d'un petit voyage à Amsterdam. Bon.

Des liens pas vraiment compréhensibles entre les personnages, eux-mêmes sans grande consistance. Une histoire qui donne l'impression d'être faite de bric et de broc. C'est un peu léger, mais j'aime bien ce privé de Vazquez Montalban, alors je me laisse bercer par cet aseptique, ex-trotskiste, ex-flic et fin gourmet. Je ne savais même pas qu'il avait passé quelques années aux States… le quintette de Buenos Aires reste mon préféré.
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Trois histoires d'amour

Créée dans les années 1970 par l’écrivain espagnol Manuel Vazquez Montalban, la série « Pepe Carvalho » comptent plus d’une vingtaine d’intrigues policières et s’échelonnent jusqu’en 2003, date de la mort de son créateur.



Le personnage récurrent, Pepe Carvalho, est détective privé à Barcelone. Homme charmant, un brin désabusé, d’un tempérament solitaire, Carvalho aime les femmes, la gastronomie et les livres…qu’il fait flamber dans sa cheminée après les avoir lus (!) pour ne pas être perverti par certaines des idées qu’ils contiennent…C’est vrai, nous qui sommes des amoureux des livres, avons du mal à concevoir cette pratique singulière ! Et pourtant, on s’y fait, Carvalho choisissant avec le même soin l’ouvrage à rôtir et le vin qui accompagneront son repas.



Ce fin gourmet et excellent cordon bleu ne conçoit d’ailleurs pas de terminer sa journée sans un bon dîner préparé par ses soins ou par ceux de son assistant et homme à tout faire Biscuter, le tout agrémenté d’une bonne bouteille de vin et confortablement installé devant la cheminée où peu à peu il réduit en cendres les livres de sa bibliothèque…

Souvent, son amie Charo, prostituée indépendante avec laquelle il entretient une relation affective plus ou moins régulière, s’invite dans sa maison de Vallvidrera nichée sur les hauteurs de Barcelone.



Manuel Vazquez Montalban a mis beaucoup de sa propre personne et de sa propre histoire – notamment dans les aspects politiques - dans ce personnage, ancien communiste, antifranquiste, ayant connu les geôles du Caudillo, qui fut un temps agent de la CIA, avant de revenir après la Movida, dans sa ville de Barcelone et d’employer son temps comme « renifleur de braguette » selon l’expression en vigueur de la police espagnole pour qualifier son activité de détective privé.



Ne dépendant de personne, pas même de ceux qui le paient pour résoudre des affaires privées, l’activité d’enquêteur de Carvalho lui permet, non seulement d’afficher son caractère entier, libre et anticonformiste, mais aussi, en observateur subtil et cynique de la société espagnole, de nous livrer sa vision souvent désabusée des dérives du pays. Témoin blasé de son époque, il nous fait arpenter la moindre parcelle de bitume d’une Barcelone qui, entre ombre et lumière, se révèle fortement contrastée. Des ruelles sombres et labyrinthiques du quartier des artisans en passant par les Ramblas ou les quartiers populaires du Barrio China, c’est à une longue et belle balade dans la ville, loin des circuits touristiques, à laquelle nous convie Pepe avec son allure décontractée et son regard faussement désinvolte.



Dans « Trois d’histoires d’amour », fidèle à son habitude, Pepe se partage entre plaisir de bouche, flambées de livres et enquêtes policières.

Manuel Vazquez Montalban a souhaité développer le thème de l’amour dans l’univers de Carvalho, avec ces trois grosses nouvelles réunies par le sujet commun du sentiment amoureux.

Dans « Les cendres de Laura », Carvalho est en proie au souvenir mélancolique d’une brève liaison vécue avec une jeune femme qu’il avait aidé autrefois à prendre son envol. Cette dernière est retrouvée morte assassinée et le détective, submergé de nostalgie, se demande si son statut de Pygmalion dans l’existence de Laura n’a pas finalement précipité sa mort.

Dans « Ce qui aurait pu être et n’a pas été », la mort d’un vieux rocker expose la problématique des amours qui tuent. La victime à force d’abuser de son emprise sur ses partenaires, n’aurait-elle pas engendré un processus de destruction contre elle-même ?

« La fille qui ne savait pas dire non » quant à elle, va perturber Carvalho plus que de raison. Cette singulière femme au caractère étrange et amoral, indifférente à tout comme « une autiste douée de parole », désarçonne notre détective, qui, malgré sa connaissance approfondie des travers humains, a bien du mal à s’expliquer l’ampleur du cynisme auréolé d’irresponsabilité de cette jeune femme qui semble planer sur l’existence et sur qui tout glisse sans accrocher.

Des histoires spirituelles couronnées d’un humour plein d’à-propos, des personnages aux petits oignons dépeints d’un trait sagace, des dialogues savoureux et subtils et des recettes de cuisine qui donnent envie de se mettre à table…

Pepe Carvhalo…ou l’appétit vient en mangeant…



Carvalho a connu deux adaptations télévisées, l’une au milieu des années 1980, avec l’acteur espagnol Eusebio Poncela, et l’autre entre 1999 et 2004, une série diffusée sur Arte avec Juanjo Puigcorbé dans le rôle titre.

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Les oiseaux de Bangkok

****



Un très bon Pepe Carvalho, où Vasquez Montalban est au mieux de sa forme. Son détective s'ennuie à mourir à force de n'avoir aucune enquête à se mettre sous la dent. Il tente de s'intéresser à un fait divers et, puis, une amie l'appelle au secours de Bangkok. Bien que récalcitrant, voici notre détective se jeter dans la gueule des loups qui détiennent le sale argent thaïlandais. Pour notre plus grand plaisir. Et pour celui ou celle qui aura déjà séjourner à Bangkok, les lieux leur rappelleront immanquablement quelque chose même si on est un peu en dehors de la zone touristique habituelle. Un très bon moment de détente.
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Meurtre au comité central

Pepe Carvalho a un appétit féroce. Presque une obstination. Une obstination à la limite de la contradiction. Détective, ancien membre du Parti communiste, il se retrouve, si l’on peut dire, replongé dans son passé militant en enquêtant au sein du Parti Communiste Espagnol. En le tenant à distance, comme un éclat dont on s’abrite les yeux.

Peut-être que l’obstination et la contradiction font mauvais ménage avec la dialectique du Parti ? Peut-être que Pepe Carvalho était destiné à ne plus militer ? Est-il resté un sympathisant ? Lui assure qu’il est devenu apolitique. Laissons-le à cette forme de certitude.

Un ancien communiste qui se trouve, à un moment de sa vie, à travailler au sein de la CIA, c’est assez savoureux. Qu’est qui a poussé Pepe Carvahlo dans le militantisme ? L’idéologie ou l’action ? Les deux à la fois ?

N’étant pas familière du personnage, je ne m’aventurerai pas dans un examen fouillé de son caractère . Pepe a de l’humour, même un peu acide, un désenchantement accroché en bandoulière, un courage physique indéniable, une manie tout à fait « scandaleuse » : il brûle les livres de sa bibliothèque de façon méthodique et régulière ; un amour gourmand et gourmet pour les vins, la nourriture et s’en trop m’avancer pour les femmes.

L’intrigue se passe au début des années 80, cela fait donc 5 ans que Franco est mort et lentement sur la dépouille zombiesque du vieux Caudillo se construit l’Espagne d’aujourd’hui. Ce pays est donc un jeune enfant qui essaie de grandir. Le PCE sortit de l’ombre est lui aussi peu accoutumé à cette liberté virginale. Tous ces hommes habitués à la clandestinité, la lutte souterraine,l’âpreté du combat armé et du sacrifice sont un peu bousculés dans leur tête et leur cœur. Ils se comportent entre eux comme des amants qui se jalousent, amoureux sans condition d’une même cause, belle et immaculée qui s’appelle le Communisme. Certains plus fatigués, certains plus agressifs, certains plus lucides, mais tous d’un seul bloc pour un idéal qui a nourri, géré, guidé leur vie. Que se passe-t-il quand le bloc se fissure ? Un crime. Qui appelle-t-on ? Pepe Carvalho. Ancien camarade de lutte, passé par la case prison sous Franco - qui semble une sorte d’adoubement inconscient pour cette génération de militants – Pepe est sans doute le plus indiqué pour ce travail. Lui en doute un peu. D’autant plus que l’affaire est confiée par le Gouvernement à un certain Fonseca, ancien tortionnaire du régime franquiste qui maintenant œuvre pour le Ministère de la Justice. Ah ! Le recyclage des « affreux » dans beaucoup de pays ! Tellement efficace, tellement bien huilé ! Pepe Carvalho accueille la nouvelle de la nomination de Fonseca à la tête de l’enquête avec une forme d’indifférence distante. Ces deux là ont un passé commun et l’attitude presque détachée que Pepe Carvalho adopte devant Fonseca relève d’une forme de mépris.

Carvalho va se confronter à des ennemis visibles et invisibles, venant de toutes parts, donnant l’impression que toutes les officines légales et illégales d’espionnage des puissances du monde se sont réveillées et convergent sur Madrid.

Pepe Carvalho, lui se sent fatigué de tout ce chambardement, entre tueurs à gages, manipulateurs politiques, agitateurs patentés, militants de tous poils près à en découdre avec tout le monde et par-dessus tout cela, la ligne du Parti. Peut-être aussi fatigué de se remémorer, par instant, son passage en prison, comme si, contre son gré, l’Histoire le rattrapait. Car Montalbán parle sous le couvert d’une enquête rondement menée, d’histoire politique d’un pays et d’histoire tout court.

Les anciens du PCE ne veulent pas « rendre les armes », renâclent à entrer « dans la modernité » ; La jeune génération des futurs dirigeants du Parti les pousse de côté, entre vénération et agacement. Ces jeunes militants sont présentés emprunts de futur mais aussi confits dans des formes de « tics » rhétoriques de la pensée communiste et un « syndrome » du culte de la personnalité assez prononcé.

Montalbán parsème le récit des envies culinaires de Pepe Carvalho ; elles sont récurrentes et importantes. Pepe Carvalho est très attentif à ce qu’il mange et où il mange. C’est son sas d’oxygène. Visiblement très bon cuisinier, il élabore en un tour de main des recettes principalement catalanes, avec une profusion d’ingrédients – végétariens s’abstenir – qui confère au rite.

Pepe Carvalho a un humour impertinent, un peu sarcastique, comme Montalbán ; Il peut aussi faire preuve d’un grand détachement comme si le monde autour de lui ne le concernait plus. Lui qui a tant vécu, éreinté par cette vie en perpétuel mouvement. Mais ce n’est pas une fatigue pessimiste comme peut l’être celle de Wallander, ni une fatigue atone comme parfois chez Dortmunder ; c’est une fatigue agile ; Elle se fond dans le décor, dans l’action, dans le mental de Pepe Carvalho ; un mental aiguisé, aigu, critique, libre.

Première incursion dans le monde de Manuel Vásquez Montalbán ; Une lecture plaisante, facile avec un personnage qui me donne envie d’aller chercher un peu plus dans d’autres enquêtes, le sel de l’âme de Pepe Carvalho.
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Erec et Enide

J'ai failli abandonner cette lecture dès le premier chapitre, tellement le premier personnage est antipathique, vaniteux, imbu de sa supériorité d'intellectuel mondialement célèbre, infatué de sa culture, de ses relations, et de ses prouesses sexuelles.



Puis d'autres figures apparaissent et mêlent leur voix et leur histoire à celle du gros macho couvert d'honneurs qui ne vit que par et pour la littérature.



Des voix féminines, qui servent de contrepoint et parlent du quotidien, de la maternité, des liens familiaux, héritages qu'on accepte ou qu'on rejette. Des voix qui parlent de compassion, de solidarité, d'affection, des bonheurs de la vie, des douleurs, des pertes, des deuils.



Ce livre pose en filigrane la question de l'importance de la littérature, qui peut devenir envahissante, étouffante, destructrice pour ceux qui s'en servent par ambition personnelle. On pense aux romans de David Lodge quand il dépeint avec son humour grinçant les moeurs du microcosme universitaire britannique.



Celui qui consacre sa vie à l'étude de la littérature, qui en fait son métier, passe à côté de ses contemporains qui lui deviennent étrangers.

Ainsi la littérature est dénaturée, elle éloigne son disciple de la vie, de ses émotions, de sa brutale réalité, de ses inquiétudes terre à terre, de ses drames ordinaires.



Mais celui qui choisit de ne jamais sortir de sa bibliothèque est-il capable d'affronter les épreuves que rencontrent les héros de ses auteurs favoris?
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Tatouage

Drôle de pêche ! Qui est ce grand blond repêché à côté d’un pédalo et dont le visage a alimenté les poissons au point de le rendre quasi impossible à identifier ? Heureusement, il porte sur lui un signe distinctif peu courant : un tatouage dans le dos. Plutôt commun, non ? Dans les années ’70 ? Pas si commun que cela. Surtout avec le slogan : « Né pour révolutionner l’enfer. » Rien que ça !



Monsieur Ramon, qui a un petit bureau au-dessus d’un salon de coiffure charge Pepe Carvalho d’identifier ce mystérieux cadavre. Quel intérêt monsieur Ramon peut-il bien porter à ce drôle de poisson ? Pour notre détective, qui n’a pas trop de travail en ce moment, le plus important c’est la somme de cent mille pesetas que monsieur Ramon est prêt à verser à Pepe.

Il faut préciser que la police est dans tous ses états depuis que ce cadavre a été repêché ! Ce qui se traduit par une agitation peu commune des pandores qui n’hésitent pas à arrêter les prostituées par dizaines. Sur les traces de la victime, Pepe s’embarque pour les Pays-Bas. Il y débarque en pleine période hippie, de libération sexuelle et de vente libre de drogues dites « douces ». Va-t-il y trouver les réponses qu’il est venu y chercher ?



Critique :



Roman policier ou guide gastronomique ? A moins que ce ne soit un guide touristique ? On est en droit de se poser la question tant Manuel MONTALBAN passe de temps à décrire tout ce qui fait saliver notre détective gastronome, à moins qu’il ne décrive Amsterdam ou Barcelone…



C’est la première aventure du célèbre détective que je lis et je ne suis pas pressé d’en lire d’autres. Je lisais le polar dans le bus en me rendant au travail car il ne nécessitait pas une grande concentration. C’est pour moi un typique roman de gare…

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Et Dieu est entré dans La Havane (essai)

Certains livres font peur. Le titre et l'épaisseur de celui-ci ont suscité chez moi trois interrogations. Le Catalan était-il en proie à une crise mystique? Voulait-il prendre exemple sur les discours interminables de Fidel Castro en publiant ce pavé? Paru il y a quinze ans, cet essai était-il toujours pertinent?

En janvier 1998, un événement majeur se produit à Cuba. Jean-Paul II se rend à La Havane pour une rencontre historique. Contrairement à ce que laisse penser le titre de l'ouvrage, cette visite n'est pas l'objet de l'essai (la tiare papale ne fait que passer) même si l'auteur s'attarde sur la préparation de cet événement et sur ses retombées politiques. Et Dieu est entré dans La Havane permet à Vazquez Montalban de faire un "état des lieux" de la question cubaine. Oubliez l'écrivain, c'est le grand journaliste qui pointe son nez, retranscrit des centaines d'entrevues, assiste en tant que témoin privilégié à la rencontre entre Jean-Paul II et les intellectuels cubains, échange avec des diplomates américains ou Felipe Gonzalez. Multipliant les points de vue, il nous livre une sorte d'encyclopédie très complète de la question cubaine, pour en montrer toute la complexité. Il aborde les thèmes de la faim dans l'île durant la "période spéciale", la dégradation des conditions de vie, l'arrivée des devises étrangères, l'apparition d'une économie parallèle, la prostitution, l'homosexualité, la relation à l'Espagne et aux Etats-Unis, la dissidence. Le seul fil conducteur est une biographie de Castro que l'on retrouve au début de chaque chapitre, petite piqûre de rappel de l'histoire de Cuba des dernières décennies.

Mais comme Vazquez Montalban est (je ne peux l'évoquer au passé) un grand écrivain, un érudit enthousiaste, un bon vulgarisateur, sa vision de Cuba est unique. L'architecture de l'île est évoquée à travers l'oeuvre d'Alejo Carpentier, le phénomène des jineteras est abordé à travers un roman de Daniel Chavarria. Il évoque Padura, Cabrera Infante, Zoe Valdes, Reinaldo Arenas, de quoi combler tous les amoureux de la littérature cubaine. On croise aussi Fuentes et Garcia Marquez, des historiens, des journalistes, des essayistes. Les idées et les références foisonnent, ce flot constant d'informations nous étourdit parfois.

Au lecteur de se faire sa propre opinion sur Castro, sur la chute du bloc soviétique et ses conséquences sur la société cubaine et l'église catholique qui y perd un vieil adversaire, sur les compromis entre idéaux et impératifs économiques et sur la fin de la révolution. Vazquez Montalban quant à lui songe déjà au mouvement zapatiste ( son essai consacré à Marcos paraît l'année suivante) et conclut: " Après la révolution viendra une autre révolution. L'Histoire est comme un roman: mort et renaissance. Toute fin appelle un recommencement. Sur la terre comme au ciel."
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Le labyrinthe grec

"Chercher un Grec, peut-être deux,et protéger d'elle même une dévergondée,celà risquait de faire beaucoup" ressasse Pepe Carvalho, le célèbre détective de la série policière culte du romancier (journaliste,poète et essayiste) espagnol Manuel Vasquez Montalban.

Alors que Barcelone bouillonne des préparatifs des Jeux Olympiques, deux enquêtes sont menées de front dans Le labyrinthe grec. La première est commanditée par Claire Delmas, une sublime directrice de musée française dont les yeux sont des "pierres précieuses qu'aucun géologue n'avait encore répertoriées" et le reste est à l'avenant (c'est dire combien Pepe Carvalho est sous le charme de cette beauté fatale et c'est dire aussi que me voilà charmée, d'entrée de jeu, par le style imagé et les brillantes trouvailles de Manuel Vasquez Montalban), une Claire possessive qui recherche, au côté de Georges Lebrun "directeur de développement de la télévision française cultivé blasé et au jeu trouble, l'artiste peintre et homme de sa vie qui s'est enfui avec son amant.

La deuxième demande émane du directeur des Editions Brando. Elle concerne sa fille une mineure "dévergondée" en rapport avec des dealers.

Ce n'est pas tant le côté polar qui est mis en évidence ici car si enquête il y a,elle se perd un peu dans le labyrinthe des ruelles d'une Barcelone en pleine reconstruction et dans les méandres d'une usine désaffectée; si meurtre il y a,il intervient fort tardivement; c'est l'ambiance du milieu d'artistes côtoyés (ex: "un concepteur d'artichauts" à la "voix de chien perplexe": traduire un sculpteur d'art moderne), celle de la faune originale ou choquante qui évolue autour de Pepe Carvalho (drogués en tout genre,éditeur cocaïnomane, sidéen,homosexuels,petite amie prostituée,cuisinier ex-délinquant..) et Carvalho lui-même "détective atypique".

Carvalho, à l'instar d'un Sherlock Holmes anglais jusqu'au bout des ongles, est un monstre de la littérature espagnole incontournable.

Ici, on visite Barcelone (pas assez à mon gré,mais bon!) comme dans L'ombre du vent de Carlo Ruiz Zafon, mais Carvalho le subversif "sort son révolver" si on lui parle philo et "brûle les livres" dés qu'il en voit un. L'humour au second degré prédomine et Manuel Vasquez Montalban le met à toutes les sauces, car Carvalho est un fin gourmet. Pas du tout venant à l'italienne:du Brunetti passe à table (au propre et au figuré de Donna Leon), mais des "baroqueries" culinaires qui mettent l'eau à la bouche (au propre et au figuré aussi).Carvalho est là et son cuisinier secrétaire Biscuter ("esclave digne du Fu-Manchu") aussi pour nous en convaincre.

C'est donc plus le côté farfelu et déjanté des personnages,des dialogues et les citations brillantes qui ont ici retenu mon attention.Il m'a semblé aller de perle en perle sans jamais me lasser.

Vite un nouveau Manuel Vasquez Montalban! Son grand prix de la littérature policière étrangère obtenu en 1981? Pourquoi pas?
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Cuentos, Nouvelles : Edition bilingue françai..

Première rencontre avec Manuel Vázquez Montalbán avec ce recueil de 4 nouvelles et un bilan plutôt mitigé. Pepe Carvalho est un personnage emblématique et atypique mais ces quatre nouvelles sont inégales et sans grande action.



La solitude accommodée au rôti de dinde ou Carvalho évoque son amour pour la nourriture. L'exhibitionniste est sans doute la nouvelle que j'ai le plus aimé et qui sort vraiment du lot. Les deux dernières sont bien construites mais je n'ai réussi à rentrer dans l'intrigue.



Bilan mitigé donc mais contente d'avoir lu pour la première fois un écrit de Manuel Vázquez Montalbán.
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Le petit frère

J'ai reçu ce livre mais alors là je me trouve en grande difficulté pour vous écrire une critique. C'est le premier livre de cet auteur donc peut être qu'avec un autre j'accrocherai mais là tout de suite j'ai pas vraiment envie de retenter l'expérience.

Il contient 8 enquêtes , la première étant la plus longue. Après l'avoir lu je me suis ennuyée, j'aime pas le style, l'histoire ne m'intéresse pas mais je continue car il y a en a 7 autres. Je perds pas espoir. Une enquête va bien me plaire et bien non rien à faire j'ai été jusqu'au bout mais non une déception totale.
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Les thermes

Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, mais je ne peux pas dire non plus que j'ai adoré. Réponse de Normand me direz-vous. Pas tout à fait.



En réalité, je pensais me plonger dans un polar avec une enquête et ce n'est pas vraiment cela. Oui il y a une collection de meurtres, mais Pepe Carvalho qui a dû se résigner à faire une cure diététique pour compenser tous ses excès, assiste plutôt que ne résout l'énigme du livre. Ce n'est pas désagréable à lire, mais ce n'est pas ce que j'espérais ou attendais.
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Les Recettes de Carvalho

Lorsqu'il n'enquête pas ou ne brûle pas l'un des ouvrages de sa bibliothèque pour allumer son feu de cheminée, Carvalho rend hommage à la cuisine du monde.

Marque de fabrique du détective catalan, il emploie Biscuter, un franquiste reconverti et cuisinier hors pair qui se plie aux goûts de son employeur pour la cuisine du monde et à son imagination gastronomique sans bornes.

Cet ouvrage à lire dans la langue du narrateur si possible a bien sûr sa version française, mais...

De ces recettes ahurissante, je retiens :

Le pain frotté à la tomate comme un must de la cuisine espagnole dont les catalans s'attribuent l'origine (à tort)

La morue au roquefort et au Calvados (servie de préférence avec un vin rouge fort, Ribeira del Duero ou Rioja)

La tarte de riz à l'orange (pour enchanter vos desserts et les sortir de la grisaille)

Le camembert pané à la confiture de tomates (Un régal de fromage et déseert à la fois)

La Ropa Vieja, (intraduisible sinon par l'art d'accomoder les restes), qui est l'illustration de l'imagination des cuisiniers et cuisinières à faire du neuf avec du vieux.

A partir des restes d'un pot-au-feu qui a déja servi à plusieurs repas, on va booster la viande en la redécoupant en petits morceaux, en la faissant revenir dans des oignons frits, et en la plaçant dans un plat qui va au four après les avoir généreusement recouverts de fromage rapé. Un délice.

Enfin, on ne saurait sortir de ce livre sans faire référence au Gazpacho Manchego (rien à voir avec le Gazpacho Andaluz) un plat roboratif et qui lui aussi se consomme chaud , froid, cuit de la veille ou d'il y a trois jours avec la même ardeur et le même entrain.

Le gazpacho manchego est fait de différentes viandes de gibier lapins et volaille frits dans de l'aïl revenu à l'huile, mélange dans lequel après avoir retiré les viandes on fait revenir de la tomate et des poivrons. Une fois la tomate et les poivrons revenus on réintègre la viande. On ajoute dans le plat des petis morceaux d'une galette faite de farine et d'eau que l'on aura pétrie la veille et cuit à la poêle. On laisse cuire jusqu'à ce que les morceaux de galette s'imprègent de sauce, mais en veillant à ce qu'il reste de la sauce pour la viande.

C'est bon chaud, mais la légende dit que les bergers partent tôt le matin en emmenant dans leurs besaces les restes de gazpacho de la veille ou de l'avant veille.

Délicieux.

Livre à lire et à consommer sans modération.


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Le Quintette de Buenos Aires

Une découverte qui m’a emballée ! Le titre : « Le quintette de Buenos Aires »... et déjà je commençais mon voyage. Avec Pepe Carvalho, un vrai « gallego », je décolle d’Espagne, direction l’Argentine.



Un « gallego »  ou encore un « asado » ? Faut vous dire que je n’ai aucune connaissance de la langue espagnole, ce livre a donc été une découverte totale _de l’auteur et de son personnage principal, bien sûr_ mais aussi des expressions utilisées en Argentine. Je remercie la traductrice, Denise Laroutis, qui a eu la générosité d’expliquer au lecteur francophone les subtilités entre l’espagnol et celui parlé par les argentins, soulignant les rivalités ou moqueries des uns envers les autres au travers de détournements de mots, les termes culinaires ainsi que les termes liés à la dictature et son après...



J’ai beaucoup apprécié le détective privé Carvalho, son état d’esprit. Un côté borderline, anticonformiste et fin gourmet. A cet égard, ce livre chante la gastronomie autant qu’il croque la musique ou respire les auteurs argentins.



Si vous aimez le dépaysement, il est pour vous. C’est un festin !



Plus qu’un roman policier, c’est :

- un foisonnement de personnages, tous très fouillés, dont certains ne sortent pas de l’imagination de l’auteur mais de l’histoire de l’Argentine ;

- des récits de meurtres, d’enlèvements, de rencontres charnelles, de « processus », de « milicos », de la « guerre sale », et plus légèrement de tromperies conjugales ;

- une plume chaude et légère, mordante et drôle, surtout très intelligente, qui ne confine pas le lecteur dans la facilité mais force le respect par sa rigueur et la concentration nécessaire pour suivre le récit, laissant de côté ce qui n’est pas nécessaire à la compréhension (même si souvent cela la faciliterait, ici l’auteur tire le lecteur vers le haut).



Bref, je me suis régalée dans ce spectacle haut en couleur, dans le cabaret « Tango Amigo », en compagnie d’Adriana Varela, dans les rues de Buenos Aires et j’ai fait mon marché en compagnie de Carvalho pour qu’il choisisse les aliments et prépare le repas.



« Qu’est-ce que vous connaissez de l’Argentine ? Le tango, Maradona et les disparus »...Euh ? un peu plus maintenant ! Peut-être une partie de la conscience collective des argentins aussi.



« Adios muchachos », peut-être chanté par Roberto Goyeneche (prononcé « Goyenètché »). En tout cas, à bientôt Pepe. On se retrouve à Barcelone, la prochaine fois ?



Che !
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Les oiseaux de Bangkok

Manuel Vasquez Montalbán a créé le personnage du détective privé Pepe Carvalho, ancien antifranquiste et membre du parti communiste, qui a même collaboré à l’occasion avec la CIA, pour le faire évoluer dans une Espagne qui se cherche pendant les années de transition lors de retour de la monarchie et de la démocratie à partir de la fin des années 1970.



Dans Les Oiseaux de Bangkok, nous sommes déjà en 1982 ; alors que l’Espagne se prépare, dans un climat difficile et des rumeurs contradictoires, pour les élections législatives qui verront la victoire écrasante du parti socialiste de Felipe Gonzalez, la défaite de l’extrême droite et, surtout, un revers important pour les communistes chers à Manuel Vásquez Montalbán et à son personnage. Ces élections sont suffisamment importantes pour que Pepe Carvalho, bien que sceptique vis à vis des grands changements promis, décide de voter par correspondances depuis l’étranger.

J’ai relevé un passage intéressant où Pepe Carvalho fait un parallèle entre le sort des communistes thaïlandais, réfugiés dans la jungle pendant quelques années avant de se rendre aux autorités et les communistes espagnols ; il remplace les palmiers par des sapins pyrénéens et transpose le récit de son guide pour l’adapter à la défaite communiste espagnole.

La tonalité générale de ce livre est plutôt pessimiste, Pepe Carvalho subit plus qu’il n’agit : « et tout ça pour une femme dont je n’ai rien à foutre et pour des honoraires qui me laisseront à peine quatre ronds en poche ».



Le détective vient de terminer une enquête et se retrouve au chômage… Tout le début du livre, environ 90 pages, est consacré aux pathétiques et infructueuses tentatives du détective pour se faire engager par les proches d’une bourgeoise de Barcelone dont l’assassinat fait la une des journaux ; Pepe Carvalho s’abaisse sans succès auprès des suspects potentiels pour se voir confier l’affaire… Puis, une de ses vieilles amies l’appelle à son secours depuis la Thaïlande où elle semble être la proie de dangereux mafiosi… Pepe Carvalho entreprend alors un voyage à la fois absurde et déjanté pour aller à sa recherche. Tout au long du roman, les trois enquêtes, celle qui semble terminée, celle qui n’est pas pour Carvalho et enfin, celle qu’il accepte de mener, vont se révéler étrangement imbriquées, bien que sans rapport entre elles.



Parmi les clés de lecture possibles, j’ai relevé l’amour dans des déclinaisons particulières : il y a bien sur l’amour entre un détective et une prostituée qui ne surprendra pas les amateurs de Pepe Carvalho puisque Charo fait partie du paysage, mais il faut noter qu’elle a ici une place assez importante dans le récit ; mais ce roman donne aussi une belle part à l’amour entre deux femmes, entre une femme mûre et un jeune homme, dans un vieux couple ou encore adultérin… Il est même question d’amour filial.

En ce qui concerne le côté exotique et oriental avec la Thaïlande en toile de fond, je dirai que les voyages en avion ou en bus sont dignes d’un film d’Almodóvar à la fois surréaliste et burlesque et que les catalans ne s’y montrent pas sous leur meilleur jour. Les longs passages consacrés au tourisme sexuel, au temps passé dans les lupanars ou les salons de massage, ou même simplement autour des piscines des hôtels sont empreints d’un voyeurisme insistant.

Naturellement, la partie gastronomique est importante tant dans les restaurants divers fréquentés par le détective gourmet que dans ses tentatives pour cuisiner des petits plats savoureux avec les moyens du bord quand l’occasion se présente. Durant la partie du récit qui a lieu en Espagne, Carvalho brûle naturellement quelques livres pour ne pas être tenté de les relire et pour donner à ses préparations le côté littéraire que ses inconditionnels lui reconnaitront.

Enfin, il y a les fameux oiseaux, les hirondelles de Bangkok et d’ailleurs, toujours en filigrane dans le récit, alignés sur les fils électriques et fientant sur les voitures et les piétons, pépiant « de joie, de faim, de peur ou pour proclamer leur hégémonie sur la ville des hommes », sorte de métaphore de la condition humaine…



J’ai eu un peu de mal à venir à bout de cette lecture : l’intrigue met du temps à se nouer et même si la partie thaïlandaise apporte un peu d’action et de suspense, j’ai trouvé l’ensemble assez poussif.

Ce roman s’adresse aux lecteurs avertis de Manuel Vásquez Montalbán, familiers de son univers ; les autres risquent fort de s’y ennuyer…

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Meurtre au comité central

***



Premier Vasquez Montalban à mon actif.



Dieu que c'est compliqué. le détective gastronome passe encore, cela en rappelle d'autres, mais l'intrigue entre tous les courants de la politique et de la non-politique espagnole.... Je m'y suis perdue. Se rappeler qui était qui n'a pas été une sinécure non plus.



Il en reste l'impression d'un polar qui détour après détour vous emmène jusqu'à l'épilogue, doté de sens, ce qui n'est pas mal pour un roman policier. Je récidiverai sans doute pour savoir si c'est Pepe Carvalho qui ne m'enthousiasme pas ou juste l'histoire du parti communiste madrilène.
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