Mais elles attaquent (les affaires) elles aussi le statut du politique, à l'image que les Français se font de leurs élites et donc l'image que la France a d'elle même -sans parler de sa réputation en dehors des frontières.
L'irruption des affaires nécessité, comme dans une expérience chimique, un certain nombre d'ingrédients : un exécutif au pouvoir limité - les affaires percent peu ou pas sous les dictatures -, des juges indépendants et une presse libre. Si le nombre des affaires explose, c'est que l'équilibre des forces au sein des institutions a changé. En près de 60 ans, les juges, les médias et les élus se sont livré une lutte sans merci - que les médias et les juges ont emportée au détriment des élus.
Il n'empêche que ce qu'un peuple croit, l'image qu'il reçoit d'un événement, prévalent toujours sur toutes les explications en sens contraire, sur tous les démentis.
Le gaullisme s'use dans les scandales. On l'y aide, quitte à abîmer l'institution. La faille dans laquelle la presse se précipite à bien été ouverte par les politiques : les coups viennent des rangs même du gouvernement.
Les écoutes du Canard et celles de l'Elysée accréditent dans l'opinion l'idée d'un droit à deux vitesses et ancrent l'image d'un pouvoir exécutif sans limite. Le prestige politique s'érode, il laisse place à la méfiance.