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Citations de Marc Elder (16)


Coët l'avait épousée par amour bien qu'elle fut fille de terrien et que son père, le vieux Couillaud, fermier à Linières, eut tout fait pour le dégoûter des marins qui sont soulards et crève misère jusqu'à ce que la mer les mange.
Coup sur coup, il lui avait fait trois enfants, parce qu'il faut des bras pour manœuvrer les barques et qu'un mousse de plus dans la famille, c'est un étranger de moins à entretenir à bord. Car les pêcheurs procréent surtout pas intérêt, comme les bourgeois s'en gardent pour la même cause, et non pas tant, selon la commune croyance, à cause des ivresses qui les culbutent, dans une poussée de rut, sur leurs femmes maîtrisées.
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L'homme et le chien couchaient ensemble, mangeaient ensemble, allaient à la mer ensemble. Également taciturnes, ils ne pensaient sans doute pas plus l'un que l'autre. Mais Tonnerre avait conscience de sa supériorité et savait bien que l'autre était une bête puisqu'il ne buvait pas d'alcool.
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Bons de la gueule et faillis du bras, c'est ren qu'des chie dans l'eau ! ...
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Chaque matin, en quittant son lit, Coët sortait juger le temps, selon la coutume des gens de mer. Il faisait quelques pas sur la dune basse où sèchent la salicorne et le chardon bleu, parmi un jonc court et dru qui pique les mollets.
Devant lui s’arrondissait la plage sur laquelle le jusant abandonnait des lianes en guirlandes vertes et des méduses d’opale affaissées sur leur chevelure. Des tas de goémons pour l’engrais, deux bouées galeuses, quelques centaines de casiers blanchis allaient à la file, jusqu’à la cale qui monte doucement, vers la remise du bateau de sauvetage. Puis la jetée haute et puissante avançait de cinq cents mètres dans la mer, comme un bras protecteur, devant les barques claires mouillées près à près sur leur corps mort.
Tout brillait au soleil jeune qui s’enlevait là-bas, de l’autre côté de la baie : le sable, le granit, l’océan, les balises et les tours qui marquent les rochers du large, et la terre, comme une ligne de métal à l’horizon. C’était un paysage de lumière, limpide, frais, sous un ciel blanc, insondable, balayé d’une légère brise d’est qui sentait l’iode et le sel.
Près de la cabane du gabelou, le brigadier Bernard amorçait des lignes. Les hommes descendaient du village, parcouraient la jetée à grand bruit de galoches, embarquaient dans les canots. Ils parlaient peu. On entendait surtout sonner le bois, battre l’eau, grincer les chaînes et crier les poulies à l’appareillage.
Les sloops sortaient un à un, dressant haut dans l’air lumineux leurs voiles rousses, bleues ou jaunes, cambrant leur coque grise, largement ceinturée de vert ou d’écarlate.
Et sitôt la jetée doublée, les voilures déployées au vent arrière, ils couraient vers l’horizon en emportant du soleil. (p. 15, Chapitre 2, Partie 1, “La Barque”).
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Des youyous, des plates débordent de partout , chargés de gars robustes qui montrent leur poitrine et des bras nus bleuis de tatouages. Les peaux basanées, fermes sur les muscles durs, les gueules barbus, rutilantes, les poings massifs, les reins sanglés grouillent tumultueusement sur les pilotis, les échelles et dans les canots secoués par le flot vif. On chante, on jure, on s'interpelle. Des casquettes sont brandies et des litres vidés à même le goulot. Et sur tout cela du soleil à profusion, une atmosphère lumineuse et chaude qui excite encore la vie déchaînée sur cette mer transparente, féconde, gonflée, vivante aussi.
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Dépaysé, le marin s'ennuit et retourne à l'océan parce que la tranquillité quotidienne ne contente ni ses force, ni son goût du danger. Et puis en vérité, il y a l'empreinte mystérieuse du plus prodigieux des éléments qui asservit même les brutes inconscientes.
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Il y a trop de luttes dans la vie des marins pour qu’ils puissent se séparer jamais de la grande Ennemie, qu’ils aiment à cause de ses ruses et de ses furies même, autant que pour sa coquetterie câline, et ses romances nostalgiques. Ils vieillissent par là sur ses bords, traînent à la plage ou sur le port leurs rhumatismes noueux, parlent d’elle et la couvent des yeux, en buvant à son souffle pour achever de vivre. (p. 118, Chapitre 1, Partie 3, “La mer”).
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Le coucher du soleil avait, ce soir-là, un lustre automnale comme il arrive parfois que d’une saison à l’autre, des jours semblables jusqu’en leur atmosphère, se répètent en mystérieux écho. Le grand ciel ouaté, qui se mouvait tout d’une pièce, s’était arrêté, ouvert, et du soleil avait coulé à flot sur la mer calme. Et maintenant, la lumière rejaillissait sur l’océan frappé, des brumes cernaient les barques et les roches, tandis que l’horizon s’exhaussait vers l’astre rouge, comme un peuple entier soulevé vers son dieu. (p. 94, Partie 2, “La Femme").
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Le coucher du soleil avait, ce soir-là, un lustre automnale comme il arrive parfois que d'une saison à l'autre, des jours semblables jusqu'en leur atmosphère, se répètent en mystérieux écho. Le grand ciel ouaté, qui se mouvait tout d'une pièce, s'était arrêté, ouvert, et du soleil avec coulé à flot sur la mer calme. Et maintenant, la lumière rejaillissait sur l'océan frappé, des brumes cernaient les barques et les roches, tandis que l'horizon s'exhaussait vers l'astre rouge, comme un peuple entier soulevé vers son dieu.
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Un mot ferme la bouche aux imbéciles : le progrès, excuse dont les hommes se parent pour détruire le champ spirituel de jadis, à mesure qu'ils deviennent plus bassement utilitaires.
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Quelquefois, cependant, la mer s'allume au passage du canot, se trouve en minces bourrelets de cristal bleu et déploie à l'arrière un éventail de pierres précieuses où opales, turquoises, et lazulites jonglent autour de l'aviron, éclatent, s'éteignent, sombrent, rejaillissent et meurent à l'air dès qu'on les soulève avec la rame comme une pelletée de lumière.
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La seine qui nourrit les peupliers harmonieux et met dans le paysage le lyrisme de l'eau, comme la femme met dans la vie le lyrisme de l'amour. (Monet en parlant de Vetheuil).
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Si l'on n'a pas le courage de prendre la queue de la farandole et de danser quand la bêtise mène le branle, il n'y a qu'une attitude : se taire et se replier.
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Un mot ferme la bouche aux imbéciles : le progrès, excuse dont les hommes se parent pour détruire le champ spirituel de jadis, à mesure qu'ils deviennent plus bassement matérialistes.
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Neuf heures sonnaient au timbre fêlé de
l’église quand Urbain Coët sortit de chez Goustan. Sur le seuil, que la lampe teinta de lumière
rouge, le vieux Mathieu l’assura de nouveau en
lui serrant la main :
― Et tu seras content, mon gars, ta barque
sera belle !
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Si on n'a pas le courage de prendre la queue de la farandole et de danser quand la bêtise mène le branle, il n'y a qu'une attitude : se taire et de replier.
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