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Critiques de Marc Fumaroli (32)
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Partis pris

Voici le troisième volume que les éditions Robert Laffont consacrent à Marc Fumaroli dans la collection Bouquins. Le premier est un dictionnaire encyclopédique des métaphores littéraires. Le deuxième - La Grandeur et la grâce - compile deux études de l'académicien : Quand l'Europe parlait français et Le Poète et le Roi.



Ce troisième volume est probablement le plus intéressant des trois, parce qu'il rassemble des articles difficiles à trouver aujourd'hui.

L'ouvrage commence par deux entrées en matière. D'une part une courte interview de Marc Fumaroli par Paul-Victor Desarbres. D'autre part un introduction de 20 pages à la pensée de l'auteur, par Maxence Caron.



S'ensuit un volume divisé en 2 parties. La première, de loin la plus riche, compte près de 600 pages. Elle est consacrée à des "exercices d'admiration". Les textes qui la composent sont classés chronologiquement par sujet, des Anciens aux contemporains. L'on y retrouve les amours connues du grand universitaire : La Fontaine, Balzac, Valéry. Mais aussi des classiques plus rares sous sa plume, tels que Potocki ou Guitry. Et des contemporains incontournables : Gracq, Bonnefoy, Kundera, etc. Jusqu'à de fines plumes moins connues comme Pietro Citati.

La deuxième partie constitue un florilège de textes "polémiques" : ces articles et ces entretiens qui ont valu à Marc Fumaroli une solide réputation de bretteur, consacrés à l'éducation, à l'architecture, à la politique culturelle ou aux humanités.



L'ensemble est aussi riche passionnant, et constitue à lui seul un bel ouvrage de critique sur toute la littérature française. Le style est vif, toujours précis, jamais relâché. Et le propos est d'une rare intelligence.
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Le Poète et le roi

Marc Fumaroli évoque dans ce livre Jean de la Fontaine, connu maintenant essentiellement comme fabuliste. Mais il ne s’agit pas à proprement parlé d’une biographie, les événements de la vie de l’auteur du Loup et l’agneau ne sont évoqués que de loin, et uniquement lorsqu’ils sont indispensables pour appuyer le propos de Marc Fumaroli. Cela réserve l’usage de ce livre aux personnes qui ont déjà une certaine connaissance de la vie de la Fontaine, sans quoi il serait parfois un peu ésotérique. L’ouvrage est davantage un essai, dont le but semble être de comprendre, de donner sens à l’oeuvre, de la placer dans un contexte, d’où le titre qui mentionne le roi, Louis XIV, aussi bien que le poète.



Marc Fumaroli oppose le Parnasse à l’Olympe, ce que l’on pourrait traduire par une opposition de l’art, et tout particulièrement de l’art poétique, au pouvoir. Son hypothèse est que la Fontaine est l’auteur de son époque qui illustre le mieux cette opposition, voire cette résistance au pouvoir absolu en train de se mettre en place. Et qui prétend également réglementer et instrumentaliser les artistes, en particulier par le système des pensions, ainsi que par l’assignation d’un rôle de glorification du monarque. Il décrypte donc les écrits de la Fontaine en grande partie dans cette perspective, ôtant aux Fables leurs oripeaux de petites pièces charmantes réservées avant tout aux enfants, et mettant à nu leurs cruautés et leur vision tout sauf riante de la nature humaine et du monde.



Marc Fumaroli aime visiblement énormément la Fontaine, et déteste aussi vivement Louis XIV, et le modèle politique qu’il a instauré. A ce dernier, il oppose la figure de Fouquet, qui d’après lui, laissait entrevoir une coexistence harmonieuse du Parnasse et de l’Olympe, une célébration qui n’est pas une flatterie boursoufflée et creuse. Ce qu’il appelle le coup d’état de 1661 marque pour lui le début de la fin d’un monde, celui de la Renaissance, dont la Fontaine serait le dernier représentant, résistant à l’instauration de la monarchie absolu et à la philosophie et science de Descartes, qui annoncent une vision du monde toute différente. L’arrestation de Fouquet serait une rupture de l’harmonie, entre les artistes et le pouvoir politique, mais aussi au-delà, entre le pouvoir politique et la société dans son ensemble. Elle n’est qu’une première étape pour un pouvoir politique qui devient de plus en plus répressif et tentaculaire, avant qu’il ne se lance dans diverses guerres, qui brisent aussi l’harmonie entre les nations.



Une des conséquences de ce pouvoir qui prétend régenter et décider de tout, serait au final un asséchement de l’art. Marc Fumaroli considère que les œuvres essentielles de l’époque n’ont pas été produites à la cour : la Fontaine bien sûr, mais Mme de Lafayette, Mme de Sévigné, le cardinal de Retz, Fénelon ont écrits leurs œuvres en dehors. Ils considère que les deux seuls grands artistes officiels sont Molière et Racine. Or pour ce dernier, on sait qu’il a arrêté d’écrire pour le théâtre, une fois devenu historiographe du roi. Ce qui fait un maigre bilan.



Le livre apporte incontestablement des pistes intéressantes pour lire l’oeuvre de la Fontaine.
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Héros et orateurs: Rhétorique et dramaturgie co..

L’auteur met en garde ses lecteurs dans l’introduction : il aura plus qu’une synthèse cohérente, un recueil d’articles un tant soit peu disparate, « plutôt un atelier qu’un livre ». Il a une double ambition affichée, une interprétation historique de l’oeuvre, mais au-delà il espère que cette compréhension du contexte et des intentions de l’auteur pourront aussi nourrir le travail de comédiens et de metteurs en scène, et que cette interprétation historique pourrait aussi de cette façon permettre de faire revivre ces textes intensément pour les spectateurs d’aujourd’hui.



Les textes du livre dépassent en quelque sorte le cas de Corneille, même si ce dernier est un fil rouge, parfois un peu à l’arrière plan tout de même. Marc Fumaroli accorde une place centrale dans l’oeuvre du dramaturge à la formation reçue par ce dernier chez les Jésuites, leur vision du monde, l’idéologie, sont des éléments qu’il étudie parfois d’une façon très détaillée dans certains livres. La rhétorique latine selon les Jésuites, une éthique de la magnanimité, une théologie de la volonté libre, un rapport ambigu au théâtre, sont ainsi évoqués. Les liens avec les thématiques et pièces cornéliennes sont établis. Tout cela est parfois très complexe, terriblement subtile et demande sans doute plus d’une lecture pour en tirer toutes les richesse.



Je vais donc juste faire ressortir quelques idées qui ont ont tout particulièrement retenues mon attention, et qui ont suscité quelques réflexions personnelles, aussi hasardeuses soient-elles.



Le Dieu cornélien de Corneille est très différent des dieux grecs, ce qui change fondamentalement le rapport au tragique. Il s’agit d’un Dieux bon et juste, et non pas d’une force tyrannique qui pourrait condamner un innocent à un destin fatal. Il y a même l’idée d’une justice providentielle, qui permet au final au juste de triompher à partir de situations très compromises en apparence. Il y a beaucoup de dénouements heureux dans les pièces de Corneille, bien qu’elles soient nommées tragédies. On pourrait presque se demander comment le tragique est encore possible dans cette approche. Or il est réintroduit par la notion du libre arbitre. Dieu ne trame pas la perte de l’homme, c’est ce dernier, qui peut en quelque sorte choisir le mal, par faiblesse ou par orgueil. L’homme peut emprunter la voie de l’erreur religieuse, qui le pousse à la révolte, au désespoir et au désordre. La puissance politique est un autre danger, des hommes s’arrogeant les privilèges tyranniques des dieux anciens. Le mal, et donc le tragique, gît dans l’homme, non pas dans le divin. L’homme a toujours la possibilité de l’abjurer, mais parfois il se laisse entraîner, il devient une force de destruction et d’auto-destruction, comme la Cléopâtre de Rodogune. Le politique remplace chez Corneille le métaphysique comme moteur de la tragédie. Ce qui à mon sens lui donne une grande actualité.



Marc Fumoroli souligne aussi, à plusieurs reprises, le rôle du couple dans le théâtre cornélien. Corneille a la réputation d’avoir modifié les rapports amoureux dans la comédie en introduisant le modèle de la pastorale dans ses premières pièces. Mais ses couples de tragédie sont essentiels : Marc Fumaroli parle « d’une dramaturgie du couple ». L’amour est ce qui permet aux héros de se réaliser, de donner le meilleur d’eux-mêmes, dans un mouvement où les amants sont exemple et force d’entraînement pour leur partenaire. Même si au final, cela les mène à la mort. Mais la mort est parfois le seul possible si on ne veut pas se trahir. Marc Fumaroli dit « la quête de l’heureuse unité avec soi-même passe par la dualité du couple et aboutit en elle ». C’est le couple qui donne la force de résister au politique; à la violence, aux compromissions et à la perte de valeurs qui sont ses corollaires. Pour Marc Fumaroli « « les grandes âmes vont deux à deux à leur salut » . Il y a un aspect mystique dans l’amour chez Corneille, l’amour humain est une version sensible de l’amour divin.



Un livre très riche et complexe, à lire et à relire pour approcher le monde cornélien.
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Exercices de lecture : De Rabelais à Paul Valéry

Dix-neuf essais littéraires par l'un des plus grands professeurs de Littérature de ce début de siècle.

Suivant une progression chronologique, Marc Fumaroli dessine peu à peu les contours de notre patrimoine littéraire et cultures et pose les questions fondamentales de l'héritage classique, des références païennes dans la tragédie à la politique de l'esprit chez Valéry et Renan, en passant par l'affrontement des philosophes et des théologiens au XVIIIè siècle.



Brillant.
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Quand l'Europe parlait francais

On l'oublie souvent : le français était la langue de la diplomatie. Remplacée par la suite par l'anglais, langue du commerce.
Lien : http://www.college-de-france..
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Baroque et classicisme

Véritable somme sur les deux courants architecturaux, baroque et classicisme, des XVIIème et XVIIIème siècles.

Victor-Lucien Tapié définit les normes, retrace l'historique du développement de ces courants et les idéologies sous-jacentes.

Accompagné de nombreuses photographies en noir et blanc éclairant les propos de l'auteur.
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L'État culturel : Essai sur une religion mod..

Ce livre présente le très grand intérêt d'offrir une vision de l'évolution du positionnement de l’État vis à vis de l'art, de la création artistique et des artistes à travers les derniers siècles, mais surtout depuis la troisième république, en passant par les péripéties des mouvements autour d'Uriage, et surtout Malraux, puis Jack Lang. Il révèle l'importance qu'a eu une sous directrice du théâtre, au début des années 50, dans un livre qui lui a valu des ennuis, mais qui était bien (hélas) dans l'air du temps de la ˝ culture ˝ et de la ˝ modernité ˝ prises en main par les bureaux, qui ont conduit à la création (par Malraux) du ministère de la culture (auparavant, les directions qui préexistaient, comme le patrimoine, les musées, etc..., étaient rattachées à l'éducation nationale), avec tout ce que cela a suscité comme conflits entre les tenants du patrimoine, et ceux de la modernité, ouverte sur le public.

Il montre bien la dérive vers un prétendu anti-élitisme démocratique, caractérisé par les ' ˝maisons de la culture ˝ qui, sous prétexte de démocratisation, transforment en cirque culturel, touristique, ce qui devrait être une aventure spirituelle fondée sur la compréhension des œuvres du passé. Le tout, bien entendu, au grand bénéfice des pouvoirs des bureaux, et de la prétendue avant garde qui n'a à la bouche que le mot ˝ moderne ˝

Un exemple d'analyse porte sur la question de savoir si on avait besoin d'un centre Pompidou à Paris ? Selon lui, si c'était pour exposer des œuvres de l'art contemporain, la réponse est non. Et du reste, l'équipe du centre était réticente à toute formule qui aurait eu pour effet de dégager, au sein de la création contemporaine ou récente, de nouveaux ˝ classiques ˝ ; le résultat c'est que la partie proprement artistique du centre draine très peu de personnes, contrairement à celles qui se veulent ˝ rassembleuses ˝ de populations, le parvis, les halls, et dans une certaine mesure la bibliothèque.

Le propos est passionnant, et même assez convainquant. Mais pourquoi faut il que l'expression soit aussi souvent aussi lourde, voire parfois peu claire ?
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Chateaubriand : Poésie et Terreur

Tout simplement le meilleur livre jamais écrit sur Chateaubriand. Et à ce jour sans doute le meilleur ouvrage de Marc Fumaroli. Ce qui n'est pas peu dire. Un monument d'érudition ciselé dans un style net et incisif. Quel talent !
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Quand l'Europe parlait francais

Chronique enlevée, érudite et légère, d'un temps où l'esprit français soufflait sur l'Europe.

Marc Fumaroli est brillant, son sujet est passionnant, son livre est une réussite.
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Mundus muliebris: Elisabeth Louise Vigée Le B..

Il serait trop présomptueux de ma part de juger Monsieur Marc Fumaroli, vénérable Académicien mais je ne peux m'empêcher de clamer que cet essai (de 98 pages) est pompeux et boursouflé. Outre que le propos général n'est pas clair, j'ai eu recours à l'Encyclopédie pour doute ou totale ignorance sur la signification de nosologie (page20), solécisme (page 31) endogamie (page 39) anthropométrique (page 51) panégyriste (page 54) sophistique (page 66) chlamyde (page 73) taxinomie (page 75) topique (page 91). Belle façon d'enrichir son vocabulaire mais vous conviendrez que ces vocables servent peu dans la conversation ordinaire. Vous aurez donc compris que ce volume s'adresse presque exclusivement aux agrégés de lettres classiques donc à une bien faible proportion de la population d'expression française.

Pourtant, on peut être Académicien et donner du plaisir à ses lecteurs.

A l'issue de ma visite à l'exposition Vigée Le Brun, j'aurais mieux fait fait de me procurer les mémoires de cette grande artiste qui a immortalisé avec talent et grâce l'Ancien Régime et l'Empire.
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Chateaubriand : Poésie et Terreur

Ce maître-livre est comparé, en quatrième de couverture, à ces bibliothèques portatives qu'emportaient les voyageurs du XIX°s, coffret d'oeuvres choisies des meilleurs auteurs dans un format maniable. De même, le Chateaubriand de Marc Fumaroli restitue le paysage intellectuel, littéraire et humain des Lumières finissantes, le nouvel exotisme et le nouveau romantisme naissant, et tout ce qui fait le paysage familier de Chateaubriand de 1800 à 1848. Nulle dispersion dans ce livre univers, mais une immense variété de figures et de langages qui se retrouvent, réfractés, dans l'oeuvre de l'auteur, essentiellement dans ses Mémoires d'Outre-Tombe(mais aussi les essais, les romans, les pamphlets beaucoup moins lus aujourd'hui). Donc l'analogie proposée par la quatrième de couverture est profonde : c'est à un véritable voyage au long cours que nous sommes invités, d'émerveillements en émerveillements, mais aussi de questions en questions, autour d'une interrogation de fond : que peut le poète pour la société et la nation qui sont les siennes, et quelle action lui est réservée par les puissants ? Chateaubriand dit tout sur l'engagement et ses mirages, un siècle avant Sartre et les artistes communistes.
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Le Poète et le roi

J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique

La ville et la campagne, enfin tout ;

il n’est rien qui ne me soit souverain bien

Jusqu’au sombre plaisir d’un coeur mélancolique



Notre culture poétique, nos réminiscences scolaires, sont imprégnés des oeuvres de cet homme. Parfois incapables de dire les textes en leur entier, nous les reconnaissons pourtant dès les premiers mots.

L'auteur est une mine pour les professeurs en mal de sujets de dissertation...



La Fontaine est c’est homme là, l’homme qui aime Boccace, l’Arioste et par-dessus tout Montaigne.

L’homme dont les amis s’appellent Madame de Sévigné, La Rochefoucauld, Madame de La Fayette. Un écrivain lié à la vie intellectuelle et politique de son temps.



Laissez vous emporter par la plume savante de Marc Fumaroli, vous découvrirez un La Fontaine inconnu, un homme qui « a été l’objet d’amitié encore plus que d’admiration », dont Léon-Paul Fargue disait : « un ami de tout les instants ; qui pénètre le coeur sans le blesser. »



Ici pas de parcours biographique classique, on est d’emblée confronté à l’évènement majeur pour La Fontaine : l’arrestation de Nicolas Fouquet, son mentor, le mécène auprès de qui il fit ses premières rimes.

Immédiatement le ton est donné car La Fontaine bravant l’autorité toute neuve de Louis XIV, va tenter de défendre Fouquet avec une belle détermination et un certain courage.

La Fontaine était en bonne compagnie à Vaux le Vicomte comme pensionné du surintendant, tout ce que la France comptait d’artistes de valeur est là, Poussin et Le Nôtre, Molière et les frères Corneille.

Le procès de Fouquet que La Fontaine estime inique est pour lui l’occasion de s’élever avec talent contre l’arbitraire royal. On peut presque dire que le procès, voulu par Louis XIV, a participé à la naissance de l’écrivain !



L’homme se fait ainsi quelques ennemis et en particulier Colbert qui a maintenant la haute main sur les largesses en faveur des écrivains.

La Fontaine va passer sa vie sans être admis à la cour et revendiquant de manière très prudente mais permanente, la liberté de l’artiste face à l’autorité de l’Etat.

Son langage, ses écrits seront donc un perpétuel pied de nez aux grands, aux vaniteux, un pied de nez teinté d’érudition, d’inspiration des poètes antiques, préférant l’insinuation et la malice à la diatribe hargneuse.

Ses amis seront en même temps ses soutiens financiers, Madame du Bouillon, Madame de la Sablière permettent à son talent de s’épanouir tout en lui assurant une indépendance d’esprit, soutiens qui lui permettront de n’avoir jamais à glorifier le roi comme le fera un Racine avec son apologie de Louis XIV.



On voit se dessiner le portrait d’un homme qui a le goût du bonheur, qui aime le « gai savoir ».

Ses contes puis ses Fables vont le rendre célèbre, même Colbert finira par s’incliner en l’acceptant à l’Académie Française.

Le poète que l’on imagine la fleur à la bouche, dilettante de génie, volage à l’occasion est en fait nous dit Marc Fumaroli un philosophe épicurien, adepte de l'amitié à la manière d’un Montaigne

« En dépit de la douceur que La Fontaine avait imprimée à sa prose et à sa poésie, il était clair qu’elles émanaient d’une arrière boutique toute franche construite sur le même modèle que celle de Montaigne. »



’est l’indépendance conservée qui va lui permettre de composer ses fables« quintessence de poésie, fruit de l’expérience d’un artiste qui n’avait écrit qu’après avoir passé la quarantaine : une goutte de miel, un grain d’encens, qui donnait saveur et parfum à tout le livre »



Des textes simples en apparence, mais c’est une simplicité trompeuse :



« J’ai fait parler le loup et répondre l’agneau.

j’ai passé plus avant : les arbres et les plantes

Sont devenues chez moi créatures parlantes. »



Les mots sont parfois féroces vis-à-vis du pouvoir mais comment pourrait-on le reprocher à la fourmi, la cigale et autre belette.

Le ton est parfois cinglant, cruel, la langue est d’une telle élégance qu’elle sert de masque aux propos.

Ses amis s’amusaient à mettre un nom derrière l’animal, à deviner la cible des attaques, riant des ruses de La Fontaine pour dire sans dire et mettre les rieurs de son côté.



Superbe livre, où Marc Fumaroli sait nous faire le tableau de cette période qui est un tournant important dans la vie politique de la France, pour lui La Fontaine est le dernier des poètes de la Renaissance, à la sortie du livre les critiques ont vu en lui un Saint Simon moderne et cela lui va bien.



A côté des Fables, faites une place à ce livre dans votre bibliothèque
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Vie de Napoléon (précédé de) Le poète et l'Empereur

Ce petit récit est une compilation d'extraits des Mémoires d'outre-tombe, arrangés pour former une biographie de Napoléon Bonaparte. Ce n'est pas une oeuvre d'histoire - même si le récit suit une forme chronologique, ce sont plutôt les méditations politiques, poétiques, philosophiques, voire métaphysiques de Chateaubriand. Ce n'est pas le récit de l'ascension qui l'intéresse - les exploits militaires, le coup d'état..., mais celui de la Chute, le destin d'un génie militaire qui dominait le monde avant de se retrouver plus bas que terre, vaincu et humilié par son ennemi, ayant quitté les honneurs l'exil. Même si Chateaubriand critique la politique de Napoléon, on sent toute son admiration pour ce personnage à part, mythologique.
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La République des Lettres

L'histoire de "La République des Lettres" se déroule du XIVe siècle, avec le poète Pétrarque, jusqu'au XVIe siècle.

Dans une interview accordée à Télérama, à la question "Que désigne la République des Lettres, à laquelle vous consacrez votre livre ? " Marc Fumaroli répondit :

"C'est au début du XVe siècle qu'apparaît l'expression Respublica litteraria, « République des Lettres », dans la correspondance d'un jeune savant italien. Rien à voir avec le sens qu'on lui connaît aujourd'hui en France, où elle désigne, de manière assez péjorative, le petit univers médiatico-éditorial qui produit et couronne les romans contemporains. Au XVe siècle, il s'agissait de tout autre chose : une communauté ­européenne et informelle de savants, d'érudits, de lettrés, de philologues, etc., qui se sont proposé de recons­tituer la bibliothèque gréco-latine, et d'en faire le point de départ d'un savoir encyclopédique. Le socle, aussi, d'une action politique et morale qui, sans remettre en cause le christianisme, serait capable d'apporter à l'Europe un surcroît de civilisation — en renouant avec ce qui avait été perdu lorsque les invasions barbares ont mis fin à l'Empire romain d'Occident".

Livre difficile à résumer mais passionnant pour qui s'intéresse à la littérature .
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Vie de Napoléon (précédé de) Le poète et l'Empereur

Regard d'un contemporain sur une des plus célèbres controverses de son siècle.

Orgueil et désaveu d'un homme, celui de toutes les colères et admirations de son temps.

Analyse d'une chute programmée et de ses désillusions et désenchantements.

Ouvrage à lire pour le plaisir de la rencontre avec ce Chateaubriand aussi noble qu'enfant espiègle de cette période de guerres et de révolutions.
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L'État culturel : Essai sur une religion mod..

On peut sans risque qualifier l’auteur de conservateur voire de réactionnaire (membre de l’Académie française ce repaire de gauchistes) mai faut-il pour autant rejeter son analyse des politiques culturelles de la République française ?Je ne le crois pas car le texte riche d’une véritable érudition apporte des pistes de réflexion intéressantes. Et même si l’on ne partage pas ses opinions on peut apprécier la réjouissante vacherie de sa verve de polémiste.
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La Grandeur et la Grâce

Cher vieux Perrault! Il est le Français par excellence, cet ami qui, depuis plus de trois siècles, nous attend tout souriant sur le seuil de sa porte, nous priant de retrouver avec lui la maison de notre jeunesse. Jamais il ne nous sera indifférent.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Dans ma bibliothèque : La guerre et la paix

Marc Fumaroli est à lui seul un univers. Chaque texte respire une érudition dont peu d'intellectuels pourraient aujourd'hui se targuer. Ces lectures croisées de la littérature, de la philosophie, de l'art et de l'histoire nous montrent à quel point les politiques suivies au cours de l'histoire de France et les affrontements culturels (Querelle des Anciens et des Modernes, style néo-classique contre goût rocaille...) ont façonné des héritages contradictoires que le "génie français" a su faire cohabiter encore jusqu'à aujourd'hui. Pour le meilleur et pour le pire.
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La mythologie gréco-latine à travers 100 chefs-..

Une excellente découverte. Des pages pleines de tableaux magnifiques, accompagnés de descriptions. Je conseille à toutes les personnes qui aiment la mythologie grecque de le feuilleter, j'ai passé un très bon moment. Les images sont de très bonnes qualités et la texture des pages et très agréable. On y retrouve une bonne trentaine d'histoires de la mythologie. Je déplore seulement que dans les textes, on emploie les noms romains des divinités et non grecques ( mais nous avons tout de même en deuxième page, un rappel des noms).
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Le Poète et l'Empereur: & autres textes sur C..

En relisant mes notes dans mon journal de lecture, je me suis aperçu que le 2 avril (un samedi), j'ai commencé et abandonné le dernier ouvrage de Marc Fumaroli, académicien français. Je n'ai effectivement lu que 62 pages (sur 140) de son livre, "Le Poète et l'Empereur & autres textes sur Chateaubriand", publié aux Belles Lettres en février 2019.



Même inachevée, comme cette lecture est un abandon officiel, en quelque sorte, et non une lecture volontairement fragmentaire, je me décide à en parler sur ce blog.



Ces 62 pages correspondent en fait au premier texte du recueil, intitulé « le poète et l'empereur », et qui donne son titre à l'ouvrage. Je trouve le style pompeux (à l'ancienne), avec quelques propos à l'emporte-pièce (faisant de Fouché le premier Himmler de l'histoire, p.12). Sinon, Fumaroli propose une lecture de la « Vie de Napoléon », écrite par Chateaubriand et insérée dans les Mémoires d'outre-tombe.



Dans ce premier texte, l'auteur s'intéresse donc au rapport De Chateaubriand avec l'histoire contemporaine, mais aussi l'image de Napoléon véhiculée par les hommes de lettres de l'époque, dont par exemple Stendhal, qui écrivit une Vie de Napoléon (écrite en 1817-1817, que j'aime beaucoup personnellement).



Ensuite, Fumaroli reproduit un texte sur Chateaubriand et Rome, issu d'une conférence donnée en 2001. le troisième et dernier texte concerne Chateaubriand, Goethe et les frères Humboldt.



Je lirais sans doute les deux derniers textes plus tard. Ce n'est pas mal écrit et Fumaroli reste un intellectuel reconnu pour sa connaissance de l'oeuvre De Chateaubriand.



Je ne m'explique pas vraiment cet abandon. Peut-être le contexte de lecture ? En effet, je lisais en même temps le livre de le Fur et j'étais dans une période fatigante, avec beaucoup de travail et des problèmes personnels à gérer. Comme quoi, le contexte est parfois important.



Souvent, notamment pour un livre d'histoire, je peux le commencer et ne pas le finir (car je lis par morceaux choisis, en fonction de mes intérêts du moment), mais jamais, ou rarement, j'abandonne un livre s'approchant de l'essai (comme celui-ci). En principe, je le terminais en deux jours (à suivre donc).



Ma note s'explique parce que je ne peux pas, sérieusement, mettre une ou deux étoiles à un livre abandonné au nom d'arguments qui ne sont pas réellement objectifs (et sur un peu moins de la moitié du livre).
Lien : http://le-cours-du-temps.ove..
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