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4/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Florence , le 07/12/1829
Mort(e) à : Genève , le 18/04/1885
Biographie :

Marc Monnier est un écrivain genevois qui s'est essayé à plusieurs genres (roman, essai, traduction, comédies, etc.). Il est le père de Philippe Monnier, écrivain, et le grand-père de Claire-Lise Monnier, artiste peintre.
Il a écrit une série de petites histoires, dramatiques et satiriques, réunies dans le recueil Théâtre de marionnettes. Il a également écrit des romans, dont les Nouvelles napolitaines (1879), de nombreux travaux sur l'histoire de l'Italie, une traduction du Faust de Goethe, Genève et ses poètes (1873)… Le premier tome de son Histoire de la littérature moderne, La Renaissance, de Dante à Luther (1884) a été récompensé par l'Académie française.

Source : wikipedia
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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Sur les sorcières qui jouent un rôle important dans les contes italiens, nous avons des renseignements plus précis encore qui nous sont fournis par un écrivain élégant et sensé ; M. Mattio di Martino. Il se trouva un jour à Noto (en Sicile) au milieu d’un groupe sémillant de jeunes paysannes qui toutes eurent quelque histoire fantastique à lui raconter. Mais comme il faisait l’esprit fort, il souleva contre lui toute la bande bourdonnant comme un véritable essaim de mouches ! Une sorcière avouée, authentique, vint à lui, la tête haute et, avec un air d’importance et de capacité, se mit à défendre ce qu’elle appelait sa science. Le lendemain matin, devant sa porte, notre auteur aperçut un morceau d’étoffe où se trouvaient piquées quantité d’épingles : il comprit que c’était quelque mauvais tour de la sorcière qui voulait le punir de son incrédulité. Le soir, il revit le groupe de paysannes qui s’enfuirent à toutes jambes en voyant le chiffon hérissé d’épingles qu’il leur mit sous les yeux. C’était donc bien réellement un maléfice. Quinze Jours après, l’affaire oubliée, M. di Martino vit arriver sur sa terrasse la sorcière toute pâle et qui paraissait tourmentée par un remords.

— Qu’avez-vous donc, Rita ? lui demanda-t-il.

— Ah ! monsieur, pardonnez-moi ; ç’a été un égarement, un accès de bile.

Il ne fut point facile de calmer la pauvre femme qui était peut-être dupe de la comédie qu’elle jouait.

— Mais vous ne m’avez rien fait, Rita.

— Comment, dit-elle, moi qui ai fait des vœux pour votre destruction !

Tout s’expliquait, la sorcière avait mis devant la porte un chiffon piqué d’épingles parce qu’elle voulait la mort de M. di Martino. Mais comme le mort était très-vivant et s’obstinait à douter des sortilèges, Rita voulut le convaincre et, à cet effet, se rendit le soir même, seule avec lui, sous un caroubier. Elle se leva tout à coup comme une illuminée et s’éloigna de quelques pas pour adresser une prière en vers siciliens à San Vito qui est le patron des chiens et une invocation au diable. La sorcière déclamait tout cela comme si elle y croyait, d’un air tantôt dévot, tantôt contrit et avec une aisance imperturbable.

— C’est l’oraison de San Vito, dit-elle, une prière d’attraction. Vous verrez d’ici à quelques jours pour qui je l’ai faite et quel résultat elle doit avoir.

— Mais, Rita, vous m’avez dit que j’aurai, ce soir même, touché du doigt toute la réalité de votre science.

— Mais, monsieur, je n’ai fait jusqu’ici que préparer mon âme, dites-moi maintenant si vous désirez que j’invoque une affection, une providence, la paix de quelque maison, ou quelque mauvais sort.

— Essayons de tout cela, reprit notre auteur, après un silence.

Rita lui apprit alors comment il devait s’y prendre pour attirer à lui sa bien-aimée, en cas qu’il en eût une.

— Il faut, dit-elle, un vendredi vous procurer un peu de chanvre et vingt cinq écheveaux de soie de couleur, puis, à dix-huit heures juste (six heures avant le coucher du soleil), vous commencerez à les filer en chantant ces deux vers :

Ceci est le chanvre de Christ,
Il sert pour attacher ce cœur.

Il fallait ensuite entrer dans l’église, le chanvre et la soie à la main et, pendant la consécration, quand le prêtre élèverait l’hostie, prononcer à plusieurs reprises quantité de formules sacramentelles que Rita voulut bien dicter. « Et ainsi, dit-elle, votre bien-aimée deviendra folle de vous. Oui, folle, folle. La voici, elle est là, regardez, toute haletante elle vient à nous. Qu’elle vienne ! Qu’elle vienne ! »

Notre auteur ouvrit de grands yeux et ne vit rien du tout. Minuit avait sonné, il était temps de rentrer à la ferme. Au retour, Rita continua ses enchantements. Elle répandit de l’eau devant une porte pour faire entrer le diable dans une maison. Elle dit un Ave Maria à la lune pour porter bonheur à la fermière. Elle recommanda à notre auteur d’autres ablutions, d’autres simagrées pour conjurer le mauvais sort : il devait se laver dans l’eau bénite en marmottant un couplet où était nommé Pilate ; il devait, en grommelant d’autres refrains magiques, couper à midi trois feuilles de palmier avec des ciseaux d’acier, — que sais-je encore ? Il va sans dire que toutes les incantations de l’Hécate sicilienne n’ont eu aucun résultat ; les hommes qu’elle voulait brouiller vivent en paix ; notre auteur n’a charmé aucune jeune fille en buvant de l’eau bénite. Il n’importe, ce peuple tenace n’en croit pas moins au pouvoir surhumain de la Sibylle. Par malheur elle a quitté le pays, probablement parce que notre auteur la gênait. La magie, blanche ou noire, ne peut réussir que chez les croyants : il en est ainsi du magnétisme et de beaucoup d’autres choses encore. « Le monde est à qui le prend, » dit un proverbe florentin.
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Un ''rispetto'' sicilien dit qu’un garçon alla se confesser au pape d’aimer une femme éperdument.
— Si c’est comme cela, répond le pape, sois pardonné ; par pénitence, aime-la encore davantage.
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Mais c’est assez parler des narrateurs, il est temps d’en venir aux narrations. Ce qu’on y rencontre tout d’abord, c’est la fantaisie et le merveilleux ; nous avons là des contes et nullement des nouvelles. Le peuple comme les enfants n’aime pas la prose et ne s’intéresse guère aux réalités de chaque jour. La poésie qui le frappe n’est pas simple, enfermée dans un enclos, reléguée au foyer ; la littérature potagère et casanière de certains romanciers lui serait insupportable. Est-il vrai que Graziella se soit intéressée à l’histoire de Paul et de Virginie ? Le poète s’est peut-être mal souvenu. Ces filles de Naples préfèrent l’Arioste à toutes les études de mœurs et surtout à toutes les études de cœur : il leur faut des enchanteurs, des dragons, de grands coups d’épée et des voyages à la lune. Aussi est-il très-peu question d’amour dans les contes siciliens, ou du moins la passion n’est jamais le sujet du récit ; on se contente de la signaler et l’on se garde bien de l’analyser : l’essentiel est de montrer dans quelles aventures, dans quelles infortunes cette passion jettera le héros et l’héroïne.
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Remonter du conte au mythe et du mythe à l’élément mythique, tel est donc le travail d’une foule d’esprits ingénieux en France, où M. Gaston Paris, dans un petit livre tout plein de science, vient de démontrer comment une constellation, la grande Ourse, est devenue l’histoire du Petit Poucet.
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Il paraît que dans les Marches les vieilles coutumes persistent, en dépit des chemins de fer. On ignore ce que nous appelons « faire la cour ; » les relations entre jeunes gens et jeunes filles n’ont rien de cette frivolité galante et bien parée qui n’engage à rien ; lorsqu’un contadin a parlé à une contadine, il est engagé pour la vie. La jeune paysanne ne voit personne pendant la semaine ; elle est trop occupée aux champs pour avoir « du vague à l’âme ; » le soir, elle se couche fatiguée et s’endort vite ; le matin, avant le jour, elle est au travail. Comme elle n’a pas lu de romans, le mariage se présente à elle comme un changement nécessaire d’état et de besogne ; si elle le désire, c’est surtout dans l’idée d’être maitresse chez elle et de prendre le commandement de la maison. Aussi ne commence-t-elle à penser à ces choses-là que vers sa dix-huitième année ; ce serait peut-être assez tôt chez nous, mais n’oubliez pas que nous sommes en Italie. Les Bolonais ont un adage très moral, dans sa pittoresque rusticité ; ils vous disent d’une jeune personne : L’ha premma da far el i oss per se e po dop pr’ i ater. (Il faut d’abord qu’elle fasse des os pour elle-même, et après pour les autres). Cependant, même quand elle a passé dix-huit ans, la contadine donne toute sa semaine au travail ; les émotions tendres sont réservées pour les dimanches et les jours fériés.
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Le petit vagabond restait donc mendiant, et devenait bientôt voleur. Il faisait le mouchoir, escamotait son repas au marché, filoutait par-ci par-là quelque pièces de cuivre, et finissait, un jour ou l'autre, par se réveiller en prison. Alors, de deux choses l'une : ou il avait de courage, ou il n'en avait point. S'il en avait point, il se laissait exploiter par la camorra; s'il en avait, il aspirait à devenir camorriste.
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Dante avait neuf ans et la dame de ses pensées en avait huit, quand elle lui apparut en robe rouge, vêtue comme un enfant. « En ce moment je dis avec véracité que l'esprit de la vie, qui réside au plus secret recoin du cœur, se mit à trembler si fort qu'il fit battre horriblement mes moindres veines ... Depuis lors je dis que l'amour se rendit maître de mon âme qui tout aussitôt lui fut fiancée , et il prit sur moi tant d'assurance et d'empire par la vertu que lui donnait mon imagination qu'il me fallut faire entièrement tous ses plaisirs.
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Il y avait pourtant en Italie, particulièrement en Toscane, des poètes populaires sans prétention, ne s'inqui étant ni de la Provence ni de Bologne, joyeux lurons qui disaient tout franc ce qu'ils avaient sur le cœur. L'un d'eux au moins mérite d'être connu, Cecco Angiolieri de Sienne, qui peut-être eût compté dès lors en son pays autant que Villon, deux siècles plus tard, compta dans le nôtre , si ce pauvre Cecco n'avait pas dû vivre si près de Dante et pâlir, étoile fuyante, au soleil levant. Il n'en osa pas moins s'attaquer au maître et lui crier avec la liberté de la rue :

Car l'aiguillon, c'est moi; c'est toi le bœuf .
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Dormir me plaît et plus encore d'être de pierre
Tant que durent le mal et la honte ici-bas...
Ne rien voir, ni sentir m'est chose douce et chère ;
Ne m'éveillez donc point ! Par pitié, parlez bas !

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