AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Marcel Aymé (593)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Vouivre

La Vouivre n'est pas une bête fantastique, une Serpentine, c'est une jeune femme, une " fille aux yeux verts, de la couleur des yeux du chat".





"Dryade et naïade, une divinité des sources, elle parcourt les monts et les plaines du Jura", depuis la nuit des temps!

Sans doute, une fille d'Ève, le serpent mythique qui croqua la pomme, et fut chassé du Paradis?





Elle n'a peur de rien, ni de se baigner nue, sous le regard d'Arsène, ce beau gars de 23 ans, ni d'abandonner son diadème orné d'un gros rubis sur le sol...





Arsène connaît le sort réservé à ceux qui tentent de voler le rubis, ils mourront d'une morsure de serpent. Mais, le jeune paysan est plus intéressé par la jeune fille, et " son regard, où perçait une lueur rieuse," que par le bijou.





Et, cet intérêt pour sa beauté et son corps de femme, charme la Vouivre. "Elle lui parlait tout bas, bouche à bouche."





Arsène contempla " la pureté et la carnation du visage, la grâce, tant d'harmonies qui se défaisaient sans cesse dans des harmonies nouvelles".

Et la Vouivre lui parla de son passé lointain.





Elle était Sirona, la déesse des eaux et Minerve pour les Romains, c'est le Christianisme qui a détourné les hommes, des anciennes divinités...





-Tu le crois, maintenant, que je ne suis pas une créature du diable?

"Le corps de la Vouivre sentait les bois, la terre,la rosée. La rivière passait dans ses yeux verts".

" La joie de l'été jurassien, l'innocence des bêtes du matin et la fièvre enfantine des jeux simples..."

La Nymphe peut-elle être amoureuse?





Il y a eu un mort, Beuillat, piqué par les serpents. Le curé veut une procession, avec la croix et l'eau bénite, afin d'éloigner la Bête. Le fossoyeur, Requiem, rêve d'attraper le rubis et... la Vouivre!





Arsène a assez de bon sens, et beaucoup à faire. Entre ses querelles avec ses voisins, les Mindeur. (Arsène est amoureux de Juliette Mindeur) Et, il y a la rivalité avec son frère, la ferme à entretenir...





L'auteur a vécu auprès de sa tante Léa, à Dôle, et connaît bien les paysans du coin. Sans doute, le jeune Marcel a rencontré une jeune Dryade, dans sa jeunesse (une Vouivre) pour lui avoir donné une aussi belle apparence, et ce beau visage...

Pour beaucoup de "pays" de Franche-Comté, la Vouivre était un monstre avec des ailes de chauve souris! Un serpent légendaire, gardien de trésors fabuleux...
Commenter  J’apprécie          947
Les contes du chat perché

"Ces contes ont été écrits pour les enfants âgés de quatre à soixante-quinze ans. Il va sans dire que par cet avis, je ne songe pas à décourager les lecteurs qui se flatteraient d'avoir un peu de plomb dans la tête. Au contraire, tout le monde est invité. Je ne veux que prévenir et émousser, dans la mesure du possible, les reproches que pourraient m'adresser, touchant les règles de la vraisemblance, certaines personnes raisonnables et bilieuses." Voici un extrait de la préface de ce livre, sorte d'avertissement au lecteur. Car ce livre peut se lire à divers degrés. Ainsi, je l'ai découvert lorsque j'étais à l'école primaire, en CE1 ou CE2. Je me souviens que lorsque l'institutrice prenait le bouquin, c'était alors une bonne heure de lecture. Oui, j'ai eu la chance d'avoir une enseignante qui nous lisait, plusieurs fois par semaine, en fin de journée, lorsque les cerveaux étaient fatigués, des livres passionnants. Et j'attendais ce moment avec impatience. Les histoires de Delphine et Marinette me transportaient dans un autre monde...



Avec du recul, et avec quelques années de plus (oh, juste quelques-unes, hein !), je me rends compte que finalement, les histoires des deux fillettes ne sont pas si idylliques que ça. Leurs parents sont des monstres qui maltraitent les animaux et considèrent que leur progéniture n'est pas des plus intelligentes. On comprend dès lors que l'innocence de Delphine et Marinette leur permet de pouvoir converser avec leurs animaux, êtres également purs et innocents au demeurant. D'ailleurs, c'est toujours auprès d'eux qu'elles trouveront du réconfort.



Lorsqu'on réfléchit sur les contes et les récits imaginaires s'adressant aux enfants, il en ressort souvent le même constat : les contes ne sont pas vraiment faits pour les enfants. Ils sont plus là pour éduquer les parents et leur faire passer un message. Comment ? Les auteurs avaient tout compris : n'est-ce pas, le plus souvent, les parents qui lisent les contes aux enfants ?



Bien évidemment, il ne faudra pas se méprendre sur le titre. Le chat Alphonse n'est pas, à proprement parler, le personnage principal. Ceci dit, il ouvre les contes puisqu'on découvre d'entrée de jeu qu'il est un allié de poids pour les fillettes : ces dernières, pour avoir cassé un plat, se retrouvent punies et doivent aller chez leur affreuse tante. Alphonse, qui a le pouvoir de faire pleuvoir en se passant la patte derrière l'oreille déclenche un véritable déluge afin que les petites puissent rester chez elles. Mais toute cette eau abîme les récoltes et les parents veulent le noyer. Il sera sauvé par tous les animaux de la ferme. Ainsi débutent les contes. Je vous laisse à présent les découvrir et passer un bon moment en leur compagnie.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          862
Les contes du chat perché

« Chat perché, raconte une histoire, celle de Delphine et Marinette », les enfants de la fin du XXème siècle ont sans doute dû faire tous les efforts du monde pour oublier la rengaine tenace du dessin animé. Et pourtant, j’ai décidé de me replonger dans les fameux contes du chat perché, sorte de souvenir poussiéreux et tendre de la prime jeunesse.



Ces histoires se déroulent à la ferme où deux sœurs écolières vivent chaque jour des aventures insolites et surnaturelles avec des animaux pour le moins volubiles.

Le chat qui me semblait prépondérant n’est finalement qu’un animal parmi les autres, ceux de la ferme, et puis quelques insolites. Les parents, sévères, sont souvent les « dindons », si j’ose dire, de la farce, les fillettes réussissant toujours avec l’aide des animaux à se tirer des pires punitions.

Chaque histoire est indépendante mais je conseille de les lire à la suite, il y a quelques clins d’œil « quand même ! » (comme dirait Sarah Bernhardt).



Le livre va plus loin que le simple charme champêtre, c’est toute une atmosphère qui entoure le lecteur. Celui-ci se retrouve plongé au milieu des bêtes, dans la cour de la ferme. On pourrait imaginer cent contes coulés dans le même moule, on a une impression d’intemporel, comme si les fillettes étaient figées dans le temps, avec leur parents, leur ferme, leur chemin d’école, la forêt et ses bêtes sauvages toutes proches. C’est peut-être ça, l’odeur de l’enfance, celle de l’éternité, des minutes qui sont des heures, de ces jeux sans fins à inventer la vie, et de ce parfum de gâteau tout chaud qui, après avoir couru jusqu’à plus souffle, nous rappelle au foyer.



On ne peut pas parler de « morale » au sens des Fables de La Fontaine. Marcel Aymé, dans sa préface, pense cette œuvre comme un divertissement à l’attention des jeunes lecteurs. Mais néanmoins la magie enfantine compose avec les réalités les plus tristes de la vie, notamment la mort, sans pour autant tomber dans la dramatisation ou le fatalisme, c’est peut-être l’aspect philosophique du livre, la sagesse des bêtes, qui n’ignorent pas leur triste sort, elles appliquent la maxime d’Euripide : « Hélas ! Pourquoi Hélas ? C’est le lot des mortels. »



Il ne tient qu’à vous désormais de passer une tête dans l’étable, quand les parents sont couchés, et de saluer la petite poule blanche, le bœuf savant, le chien aveugle, le canard ingénieux, le cochon capricieux et sentir, se frottant contre vos guiboles, le ronronnement espiègle et chaleureux du chat perché.
Commenter  J’apprécie          8011
Les contes du chat perché

Je relis régulièrement "les contes du chat perché". J'y prends toujours un grand plaisir.

C'est un livre, je crois, auprès duquel, l'âge venant, on aime à venir se rassurer.

Périodiquement, je me replonge dans l’œuvre de Marcel Aymé.

J'ai naturellement une prédilection pour son théâtre dont certaines pièces, mais pas toutes, sont de véritables chefs-d’œuvre.

Ma préférée est sans conteste : "Lucienne et le boucher".

Parfois je vais piocher, "du côté de chez Marianne", quelques unes de ses si fines et si plaisantes chroniques.

Le fleuron de ma bibliothèque est un recueil de nouvelles intitulé "en arrière".

Il a été dédicacé, en 1950, à Émile Juvin, avec un cordial souvenir de Marcel Aymé.

Lorsque l'envie me prend de me replonger dans un de ses romans, je me fais violence pour ne pas choisir, une fois de plus, "la table aux crevés", "Gustalin" ou "Uranus".

Il m'a fallu un jour, pour accéder à ce fameux texte maudit , "les jumeaux du diable", casser ma tirelire et acheter un de ces précieux volumes de la "Pleïade".

Mais que l'on se plonge le plus profondément dans l’œuvre de Marcel Aymé, qu'on la parcourt dans tous les sens, de toutes les manières, on part forcément des contes pour inéluctablement y revenir.

J'ai longtemps trouvé ça injuste et réducteur.

Comme j'avais tort.

"Les contes du chat perché" est un de ces livre rares qui accompagne une vie entière.

Il a été mille et mille fois disséqué, découpé, exposé, expliqué et défini.

Là-haut, la clope au bec et le sourire aux lèvres, Marcel Aymé ne dit rien.

"On n'a pas le droit de décourager les bonnes volontés !"

Peut-être que, fait de ressenti, il s'interprète d'autant de façons différentes qu'il peut se lire.

Ce bestiaire fantaisiste, présenté par Marinette, la plus blonde et par Delphine, qui a les plus grands yeux, m’appartient.

J'en jurerai.

Il a surgi de la ferme de Tante Nini, à Flottemanville au pont-Cochon.

Même l'éléphant, puisqu'il n'est que la petite poule blanche qui s'est transformée, même la panthère puisqu'elle est une amie, ramenée de voyage, par le canard.

Instinctivement on aime "les contes du chat perché"....
Commenter  J’apprécie          741
Le passe-muraille

En 1943, c'est un savoureux recueil d'une dizaine de nouvelles que Marcel Aymé offre, en pleine période d'occupation allemande, à ses lecteurs.

Dans le premier texte, qui donnera son titre au volume, Dutilleul, modeste employé de bureau, possède la faculté de traverser les murs, il use d'abord de ce don pour se venger de son sous-chef de bureau M. Lécuyer, puis il devient, par un goût soudain de l'aventure, le fameux cambrioleur nommé Garou-Garou. Mais n'est pas Arsène Lupin qui veut...

Dans "Les Sabines", l'héroïne Sabine possède le mythique don d' ubiquité et en profite pour vivre plusieurs vies parallèles auprès d'Antoine Lemurier, son mari, sous-chef du contentieux au SBNCA, auprès de Théorème un jeune peintre débauché aux yeux noirs, auprès d'un vieillard, distingué, monoclé et riche nommé Lord Burbury ! Mais écœurée par cette vie dissolue elle reviendra à son premier amant pour disparaître en même temps que lui et ses 67000 doubles...

"La carte", le troisième texte prend acte de la drôle de décision du gouvernement de réduire le droit de vie des improductifs à un certain nombre de jours par mois, Raconte le marché noir qui s'ensuivit et ses conséquences inattendues pour le narrateur, amoureux d'Élisa qui ne s'en doute pas...

Avec "Le décret" Marcel Aymé Raconte comment, par l'entremise du Vatican, au plus fort de la guerre, un accord international fut conclu entre les belligérants pour avancer le temps de dix sept ans sans modifier pour autant l'issue normale des hostilités...

"Le proverbe" pose un problème à Lucien qui a eu 3 à son devoir de composition française, il va devoir l'expliquer à M. Jacotin son père, qui est proposé pour les "palmes académiques" mais qui est aussi l'auteur du fameux devoir....

L'ensemble des textes, signés dans ce recueil par Marcel Aymé, est à mi-chemin entre le "Fantastique" et le "Philosophique". Sa plume amusée et moqueuse fait merveille dans ces contes modernes qui brocardent nos travers et la société.

La meilleure, peut-être de toutes les nouvelles de l'ouvrage "Les bottes de sept lieues" sera reprise dans "Enjambées".

Les enfants de Montmartre rêvent tous devant la vitrine d'un vieux brocanteur d'acheter une paire de bottes, trop chère pour eux. Mais le vieux commerçant, sentimental et original, baisse son prix pour permettre à Germaine de l'acheter...
Commenter  J’apprécie          730
La Jument verte

Si Marcel Aymé avait tenu jusqu'au bout le ton et la cadence qu'il donne à son livre dans les premières pages, il aurait sans conteste signé le plus pêchu et le plus sarcastique roman de la littérature française, dans la catégorie des tout grands, comme Voyage Au Bout De La Nuit.

Mais, le léger fléchissement de la verve, me laisse un petit goût d'inachevé, un peu comme ces boxeurs qui gagnent aux points alors qu'on les sait capables d'un K.O.

Il demeure un roman bien agréable à lire, souvent drôle, franchouillard, à la gouaille campagnarde, où l'auteur ne se prend pas au sérieux et exprime les refoulements de la libido de ses personnages à travers le regard d'une jument (déjà c'est fort), mais en plus verte (encore plus fort), de laquelle jument il ne reste plus qu'un portrait (là c'est le pompon) exécuté par un jeune artiste libidineux lui-aussi.

Bien évidemment, cette " jument verte " est un clin d'œil, ou un appel du pied, comme vous voudrez vers L'Âne D'Or d'Apulée.

L'orgueil, l'étiquette et les choix politiques sont passés au crible du désir sexuel par cette étonnante jument psychanalyste des mœurs sexuelles familiales. A priori, c'est surprenant, mais tout bien réfléchi, ce n'est peut-être pas si idiot.

À vous de lire car ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
Commenter  J’apprécie          700
Le passe-muraille

Ce recueil de dix nouvelles publié en 1943 m'a paru plus acidulé que le souvenir que je conservais de certaines de ses nouvelles. Ces nouvelles-ci sont fortement imprégnées des difficultés quotidiennes de ces années sombres. Ceci explique peut-être cela. L'occupation allemande, la misère, les inégalités entre riches et pauvres, et cette guerre qui n'en finit pas, forment une toile de fond plus ou moins récurrente. Mais ne vous y fiez pas, elles n'en demeurent pas moins variées, originales, et oui… distrayantes !!



Elles mettent en scène, à quelques exceptions près, des hommes (ou des femmes) ordinaires face à des situations ou des dons extraordinaires. Cela m'a parfois fait penser à ces histoires qui se content autour des ombres fantasmagoriques d'un feu de camp. Pas qu'elles soient effrayantes, mais il y a un aspect fantastique qui émoustille l'imaginaire et un discernement qui les ancre dans la réalité de la vie.



J'avais oublié à quel point Marcel Aymé a une manière piquante, pleine de justesse et d'humour, de pointer du doigt les travers des hommes. Il lui arrive aussi de jouer et se jouer de la morale. C‘est délicieusement ironique et j'adore ! C'est un fruit sauvage et gouteux – un fruit, que dis-je ? - dix fruits (!) à cueillir dans leur environnement naturel et surnaturel de ronces. Un vrai régal de s'égratigner pour s'en repaitre !

Commenter  J’apprécie          610
La table-aux-crevés

Je constate que, depuis un mois, trois des livres que j'ai lu portent sur la vie des gens simples, de ceux d'en bas, les silencieux, les modestes, qu'ils soient de la ville ou de la campagne.

Un hasard ? Dans un sens, oui, et dans l'autre, non. Comme on a subitement envie d'oranges parce que l'on a des carences en vitamine C, sans doute ai-je eu inconsciemment besoin de ces histoires-là pour combler mon désir de revenir à une réalité brute, sans fioritures ni délayages.

Parce qu'il fût un temps, pas si lointain, où les psychologues et autres sociologues, ne s'étaient pas encore abattus sur la vie des gens pour la décortiquer, l'analyser, et trouver des causes et des explications à tout et à rien. On retrouve, d'ailleurs, leur influence dans de nombreux romans actuels où, de mon point de vue, la pesante insistance sur la psychologie des personnages enlève à l'histoire, tout son charme, toute sa magie.



J'ai aimé ce roman et ses personnages - que d'aucuns, aujourd'hui, jugeraient "bruts de décoffrage" - parce qu'ils sonnent vrai. Même les plus vils d'entre eux ne trichent pas avec ce qu'ils sont. La vie était déjà assez compliquée pour ne pas y ajouter la culpabilité d'être ce que l'on était et de faire ce que l'on pouvait.

Marcel Aymé écrit, raconte, il "n'explique" pas. Il me laisse à lire, à voir, entendre, imaginer...
Commenter  J’apprécie          619
Nouvelles complètes

En ce début d'année, un pavé est tombé dans ma mare.

Tous les contes et nouvelles de Marcel Aymé réunis en un seul volume ...

Quel bonheur de lecture !

Comme pour Jules Romains, j'ai une tendresse particulière pour Marcel Aymé.

Mais il me semble déjà l'avoir écrit ... La mémoire parfois me fait défaut.

La nouvelle est un format qui va à Marcel Aymé comme un costume élégant et bien coupé.

Le roman, et le théâtre, pourtant, lui vont tout aussi bien.

Rare et précieux sont les écrivains qui se jouent du format pour ne forger qu'une seule belle et profonde littérature.

"Et le monde continua"

Le recueil s'ouvre sur sa plus ancienne nouvelle, écrite en 1927.

Toute la triste et belle condition humaine y est résumée en quelques mots :

Au tribunal suprême, Dieu le Père et le Prince des ténèbres sont finalement tombés d'accords ...

"Que les hommes de la terre regagnent leurs cités et leurs labours.

Le monde continue" ...

Le fantastique est ici souvent conjugué dans le plus routinier des quotidiens.

"Nouvelles complètes" contient 105 nouvelles.

Elles y sont présentées dans l'ordre chronologique de leurs publications, qui correspond presque à leurs ordres d'écriture.

Et sont incluses, le cas échéant, dans leur recueil d'origine : "Le puits aux images", "Le nain", "Les contes du chat perché", "Derrière chez Martin", "Le passe-muraille", "Le vin de Paris" et "En arrière".

Les nouvelles reprises dans le recueil posthume "La fille du shérif" sont dispersée ici suivant leurs ordres de publication.

Voilà pour l'articulation du volume.

Lire, ou relire, les nouvelles de Marcel Aymé, c'est, bien sûr, plonger dans un imaginaire à la fois lucide et saugrenu, tendre et moqueur, étrange et quotidien.

C'est se plonger dans la plus fine des littératures, mais c'est aussi mieux apercevoir l'homme derrière la plume.

Car, il a été dit et écrit beaucoup de choses.

L'on a évoqué, ici ou là, une prétendue naïveté de l'écrivain, de supposées opinions politiques ...

Concernant ces dernières, il semblerait que Marcel Aymé, indifférent au support, ait publié dans la presse de droite, d'extrême droite et de gauche.

Et surtout, le lecteur attentif retrouve partout parsemée dans son oeuvre l'incrédulité amusée que ressent Marcel Aymé envers la politique et la religion.

S'il y a du monde que ça impressionne", écrit-il dans "Knate", "moi, j'en suis revenu, et pas d'hier matin" !

Quand à la prétendue naïveté que d'aucuns ont pu porter au grand écrivain ... quelle blague !

C'est confondre la mare à canard avec l'océan lorsqu'il se montre bonhomme et, pour un temps, cache sa puissance et son étendue ...



Commenter  J’apprécie          607
Les contes du chat perché

Aujourd'hui c'est mercredi et mercredi, c'est... ?

« Les histoires à Berni ! » De nouveau, les enfants ont crié à l'unisson ces quelques mots comme un cri de ralliement.

J'ai prévu aujourd'hui de parler d'une histoire qui convoque les animaux. La petite Sylvie nous avait indiqué la dernière fois qu'elle voulait absolument apporter ce mercredi-ci son animal de compagnie. C'était sa manière à elle de bien s'intégrer dans la classe et c'était donc l'occasion rêvée d'accepter son initiative. La maîtresse d'école Sandrine, a tout de même vérifié auprès de l'inspection d'Académie si cela ne posait pas de problème.

La petite Sylvie s'est avancée au milieu du cercle en présentant un petit sac en jute qu'elle a commencé à dénouer. « Salut les poteaux, aujourd'hui vous allez faire connaissance avec mon meilleur ami Kama, c'est un élaphe.»

Le petit Pat a alors fait un geste ample avec son bras qui ondulait depuis le milieu de son visage, semblant étirer une sorte de trompe invisible. La petite Chrystèle a haussé les épaules d'un air moqueur à son encontre : « Mais non, ce n'est pas un éléphant dans un si petit sac. Oh, celui-là, je vous dis ! »

Le sac s'est ouvert et nous avons vu la tête d'un reptile surgir avec sa langue pointue. Les élèves ont été impressionnés. Certains ont même reculé d'effroi en faisant des petits cris d'affolement. La petite Fanny s'est mise à pleurer, tandis que Sandrine la maîtresse s'empressait d'aller la réconforter.

« Faut pas avoir peur, les poteaux, il est pas méchant, mon Kama ». La petite Sylvie a tendu sa main et le reptile est venu s'enrouler sur son bras, comme autour d'une branche. « Il est même très affectueux ».

Le caméléon du petit Paul n'en revenait pas. Observant la scène, ses yeux sortaient de ses orbites et il a pris aussitôt la couleur de l'amitié.

« Est-ce qu'il mange du chocolat ? a demandé la petite Doriane, curieuse.

- Et pourquoi pas du nougat de Montélimar ou du caviar, tant qu'à faire ?! s'écria la petite Sylvie d'un petit rire espiègle. Mais non, il mange des souris et des oiseaux, comme tous les élaphes. »

Il y a eu des exclamations offusquées dans l'assistance, de dégoût presque. « Eh bien ! fit la petite Sylvie comme pour banaliser la chose, c'est comme les chats, non ? »

Tandis que Kama allait se blottir sur les épaules de la petite Sylvie, j'en ai profité pour avancer vers mon auditoire.

« Les enfants, tout ceci tombe à pic, aujourd'hui, je vais vous faire découvrir un livre de contes où beaucoup de personnages sont des animaux et que j'ai découvert quand j'étais en classe de CE2, j'avais donc votre âge. En ce temps-là le jour de repos n'était d'ailleurs pas le mercredi mais le jeudi. »

- Oh ! C'était il y a très longtemps alors, soupira la petite Anne-Sophie.

Je ne sais pas pourquoi, j'ai senti que tous les enfants brusquement me regardaient de la tête aux pieds comme si j'étais devenu un vieux Monsieur, alors que non, vous le savez bien, ce n'est pas vrai, hein ... ?

J'ai montré le livre aux enfants. Un vieux livre de poche tout froissé.

« Oh ! Il n'y a pas d'images dans ton livre, fit le petit Jean-Michel d'une moue un peu dépitée.

- Les images, nous allons les inventer tous ensemble en découvrant une première histoire.

Le livre s'appelle Les contes du chat perché. Celui qui a écrit ce recueil de contes s'appelle Marcel Aymé.

« Pourquoi le titre du livre s'appelle comme ça ? a demandé la petite Isa d'un air étonné.

Tout d'abord, le premier personnage principal de ce livre est un chat. Mais vous savez, chat perché c'est aussi un jeu qu'on joue dans la cour de récréation. »

Tous les enfants m'ont regardé comme si j'étais devenu un extra-terrestre.

La maîtresse d'école, avec bienveillance, a cru bon alors de préciser : « Tu sais, Bernard, les enfants ne jouent plus à ce jeu de nos jours. » Décidément, si Sandrine s'en mêlait elle aussi...

J'ai vite changé de sujet : « Un jour, l'auteur de ces contes a dit qu'il avait écrit ces histoires pour les enfants âgés de quatre à soixante-quinze ans.

- Des enfants de soixante-quinze ans ! pouffa la petite Francine morte de rire. C'est mon papi qui va être content d'apprendre ça. »

J'ai poursuivi.

« Tous ces contes mettent en scène deux soeurs, Delphine et Marinette. Leurs parents tiennent une ferme où il y a plein d'animaux. Et ces animaux parlent dans les contes. Delphine est la plus grande et Marinette la plus blonde. Ces deux soeurs sont inséparables l'une de l'autre, elles sont complices pour faire parfois les quatre cents coups... »

Alors, on a vu la petite Doriane et la petite Nico sortir du rang, se dandiner, se taper dans les mains sous les acclamations de leurs petits camarades. C'était comme un numéro de duettistes mille fois rodés sous les projecteurs.

J'ai rajouté : « Marinette est quand même moins sage que Delphine ». Là, tous les enfants ont ri et j'ai bien senti qu'il serait très dur de départager les deux petites complices qui se trémoussaient devant moi.

Je vais vous raconter la première histoire, elle met en scène le chat de la ferme, Alphonse.

Après avoir fait tomber un vase auquel leurs parents tenaient beaucoup, Delphine et Marinette doivent, en guise de punition, rendre visite à l'affreuse tante Mélina, une horrible femme ne pensant qu'à rendre la vie dure aux deux petites. En plus, tante Mélina pique la peau douce des petites filles, car il faut bien vous l'avouer, la tante Mélina a un peu de barbe sous le menton.

Delphine a alors une idée pour se sortir de ce mauvais pas : le chat de la ferme, Alphonse, doit passer sa patte derrière son oreille pour faire pleuvoir le lendemain. »

J'ai alors fait une petite pause pour interpeler les élèves. « N'avez-vous jamais remarqué que lorsqu'il va pleuvoir, les chats passent un de leur patte de devant derrière l'oreille lorsqu'ils font leur toilette. C'est un signe qui ne trompe pas. Mais ici, ce qui est drôle dans cette histoire, c'est justement le contraire : c'est le chat qui volontairement, à la demande des deux petites soeurs espiègles, passe sa patte derrière son oreille afin qu'il pleuve.

Hélas, les parents, loin d'oublier la punition, ne voient la pluie que comme un léger retard et Alphonse n'a d'autre choix que de continuer sans cesse et sans cesse pendant plusieurs jours. Les parents finissent par comprendre que leur chat n'est pas pour rien dans ce déluge continu qui les empêche de se rendre aux champs, et ils décident de se débarrasser du gênant félin... »

J'ai alors vu devant moi des visages emplis brusquement de tristesse et d'effroi. Même le caméléon du petit Paul, même l'élaphe de la petite Sylvie, semblaient figés dans un silence glacial.

Heureusement l'histoire finit bien, grâce aussi d'ailleurs à la complicité des autres animaux de la ferme.

Je sentis un grand soupir de soulagement dans l'assistance et je conclus par la dernière phrase du conte :

« La semaine suivante, il y eut encore un heureux événement. Ayant eu l'idée de raser sa barbe, la tante Mélina avait trouvé sans peine à se marier et s'en allait habiter avec son nouvel époux à mille kilomètres de chez les petites. »

Les enfants ont applaudi à l'idée de cette nouvelle réjouissante.

Tous ces contes mettent en scène la vie pleine de rebondissements, d'ironie et parfois de cruauté, au sein d'une ferme. Les parents de Delphine et Marinette sont rudes avec les animaux, n'ont aucune pitié, parfois les battent. Et puis ils les mangent ou ils les vendent. La plus grande différence entre ces parents et leurs deux filles est bel et bien leur relation avec les bêtes : les fillettes voient chacun d'entre eux comme des amis et les défendent régulièrement contre leurs parents. C'est source d'histoires parfois cocasses, parfois tristes...

Je suis sûr que certains lecteurs d'entre nous se souviennent de ces contes qui prennent avec malice et ironie le contrepied des contes classiques. Y a-t-il une morale dans ces textes ? Ce n'était pas forcément le but avoué de Marcel Aymé. Cependant l'innocence des deux fillettes jouant de complicité avec les animaux, y trouvant du réconfort et une source d'inspiration face à un monde d'adultes indifférents et cruels, est une idée qui me séduit.

Pour conclure la matinée, j'ai ajouté : « il y a même dans ce livre une histoire avec un loup qui sort des sentiers battus. C'est d'ailleurs ce conte qui m'a été raconté sur les bancs de l'école, à votre âge.

- J'espère qu'il est gentil ton loup dans cette histoire, camarade », dit la petite Gaëlle en scrutant mon visage, le visage grave.

- Disons qu'il y met beaucoup de volonté pour l'être ou le devenir.

- Moi je connais une histoire avec le loup en slip », a dit la petite Domm. Évidemment, sa remarque a emporté la classe dans un grand éclat de rire.

Alors, la petite Anna a demandé si la fois prochaine elle pouvait apporter en classe son gecko. Je me suis alors éclipsé sur la pointe des pieds tandis que plein de mains étaient tendues vers Sandrine la maîtresse d'école, tous ces enfants suppliant celle-ci de répondre favorablement aux sollicitations de chacun d'entre eux, car chacun avait un animal de compagnie, que dis-je ! un ami qui méritait, autant que Kama l'élaphe de la petite Sylvie, d'être mis au-devant de la scène...

Commenter  J’apprécie          55150
Traversée de Paris

Je m’en doutais… Pire, je le savais que je ne pourrais pas me détacher du visage de fouine de Louis de Funès jouant Jambier le charcutier dans le film éponyme de Claude Autan-Lara en 1956.

J’étais aux anges lorsque Jean Gabin truculent à souhait braillait : « Jambier, 45 rue Poliveau, Jambier… » en incarnant Grangil, un faux-méchant qui profite de la naïveté de Martin personnifié par un Bourvil attendrissant.

Traverser Paris pendant l’occupation, la nuit, avec cent kilos de cochon découpés dans quatre valises a été pour moi un régal. Les mots de Marcel Aymé bien qu’un peu datés sont rehaussés par l’argot de l’époque et font sourire lorsque je me les rappelle prononcés avec la gouaille de Gabin et l’ingénuité de Bourvil.

Je l’avoue, ce roman je l’ai lu en noir et blanc mais avec en plus toute la finesse et l’épaisseur des personnages créées par l’auteur :

- Le mal-être de Martin, profondément honnête et loyal mais contraint pour vivre à faire le passeur pour un charcutier cupide et vénal.

- La duplicité de Grangil, aristo à l’allure de clodo, associé pour une soirée à Martin pour s’encanailler, faire son malin et rouler des mécaniques.



Ceci-dit, j’aurais dû me méfier, le ton badin peut parfois dissimuler des dénouements beaucoup moins plaisants qu’espérés.

Finalement, je l’ai bien Aymé, ce petit roman.









Commenter  J’apprécie          5212
Uranus

Il fallait un courage hors de pair pour oser publier, en 1948, un livre tel que cet "Uranus", brillant et féroce réquisitoire contre la lâcheté et la bêtise humaines. Or, le courage, ce n'était certes pas ce qui faisait défaut à Marcel Aymé.


Il imagine une petite ville provinciale qui sort tout juste de la Seconde guerre mondiale. Les rares collaborateurs qui ne sont pas parvenus soit à retourner leur veste, soit à se réserver des appuis dans les plus hautes sphères ont été liquidés par les FFI. Un seul rôde encore, affirme-t-on, un certain Maxime Loin, un journaliste viscéralement anti-communiste qui s'est laissé prendre au mirage de la "Grande Allemagne."


Pour le reste, c'est l'heure de gloire du Parti communiste. Il lorgne cependant d'un oeil méfiant vers le Parti socialiste qui, plus modeste mais bien résolu, rêve de rogner peu à peu la suprématie des "Rouges", grands vainqueurs de cette guerrre pour l'unique raison qu'Hitler eut la bêtise de rompre le pacte germano-soviétique.


En cette période de reconstruction, les appartements et maisons préservées par les bombes ont été réquisitionnés pour abriter, outre leurs occupants légitimes, les familles des sinistrés. Ainsi, M. et Mme Archambault doivent-ils partager leur appartement avec l'un des responsables locaux du P.C., Gaigneux, sa femme, Maria et leurs enfants. Cela ne va pas sans créer pas mal de frictions.


Mais la situation s'aggrave le jour où, pris de pitié et aussi de révolte contre sa lâcheté personnelle, Archambault recueille Maxime Loin ...


Le style d'Aymé n'a jamais été aussi lucide, aussi précis, aussi cinglant - aussi matois. Avec un brio amer, il restitue toutes les peurs, toutes les lâchetés, toutes les contradictions d'une époque noire, aussi accablante en son genre que le fut celle de l'Occupation. Symboles antagonistes de ces temps troublés : Léopold, le cafetier et la "grande gueule" du coin, qui ne s'en laisse imposer par personne et qui finira assassiné sur ordre par une gendarmerie passée à la solde des vainqueurs, et le vieux Monglat, qui a collaboré à peu près avec tout le monde et qui a bâti sur la disparition d'un monde une fortune colossale dont il ne peut cependant jouir au grand jour. C'est lui qui fera pression sur ses hautes relations pour que Léopold, qui en savait trop, soit abattu en toute légalité.


Entre les deux, le professeur Watrin, incurable rousseauiste qui croit en la bonté humaine alors qu'Aymé, lui, en doute un peu plus tous les jours. Un incurable qui, pour réconforter Archambault qui vient de voir Gaigneux emmener Loin à la gendarmerie, déclare, tout à la fin du roman : "Attendez. Attendez seulement cinquante ans ..."


"Uranus", de Marcel Aymé : un grand livre, hélas ! méconnu par nos histoires de la Littérature française - et donc à mettre d'autant plus en valeur. ;o)
Commenter  J’apprécie          501
La Vouivre

Si vous vous promenez dans la campagne comtoise, vous croiserez peut-être la Vouivre au détour d'un sentier. Elle parcourt les monts et les plaines du Jura précédée d'une vipère, se baigne aux rivières, aux lacs ou aux étangs. Elle porte sur ses cheveux un diadème orné d'un gros rubis d'une valeur inestimable. Ce trésor qui exaspère toutes les convoitises, la Vouivre ne s'en sépare qu'au moment de ses bains. Les plus hardis tenteront de profiter de l'instant pour lui dérober le diadème. Ils se verront alors poursuivis par des milliers de serpents surgis de nulle part.



Arsène Muselier est le premier à l'apercevoir alors qu'il fauche un pré. Nous sommes dans l'Entre-deux-guerres et les Muselier sont une famille de paysans cossus à défaut d'être riches du petit village de Vaux-le-Dévers. Arsène se distingue des autres hommes en ce qu'il contemple le corps nu de la Vouivre et ne se laisse pas tenter par son trésor. Il tâche de ne parler à personne de sa rencontre avec cette créature surnaturelle. Elle va se faire de moins en moins discrète et ils seront nombreux au village à l'apercevoir. Ces êtres empreints d'une sagesse paysanne vont rapidement s'habituer à ces apparitions : « le surnaturel n'étant pas d'un usage pratique ni régulier, il est sage et décent de n'en pas tenir compte. » Reste la question du diadème qui va enflammer la cupidité de nombreux habitants dont certains seront tentés d'obtenir cette richesse phénoménale par le vol, fût-ce au péril de leur vie.



La lecture de « la Vouivre » est récréative. Marcel Aymé y fait le portrait d'un monde rural haut en couleurs. La rivalité entre le curé et le maire anticlérical qui fait penser à celle qui oppose Don Camillo et Peppone, va être ébranlée par l'apparition de la créature. Il y a une galerie de personnages truculents qu'il serait trop long de lister ici. La force de Marcel Aymé est de savoir allier une description réaliste du monde paysan, un humour caustique et une dimension fantastique en reprenant une vieille légende comtoise. J'avais pris rendez-vous avec Marcel Aymé de longue date, mais vous savez ce que c'est, on trouve toujours moyen de reporter les plus belles rencontres. Je suis convaincu par cette lecture qui dépasse ô combien mes attentes. Cette oeuvre est un trésor d'ironie et d'humanité.
Commenter  J’apprécie          460
Le passe-muraille

Le Passe-muraille, nouvelle publiée en 1943, met en scène « un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une petite barbiche noire, et était employé de troisième classe au ministère de l'Enregistrement. »



La nouvelle a donné son nom au recueil où l'on trouve également d'autres nouvelles :



Les Sabines, sur le don d’ubiquité ;

La Carte, journal de Jules Flegmon sur la création de carte de temps et de tickets de vie ;

Le Décret, un saut dans le temps est décrété pour en finir avec la guerre ;

Le Proverbe, un père tyrannique aide son fils à faire un devoir ;

Légende poldève, l’arrivée d’une vieille bigote au paradis ;

Le Percepteur d’épouses, où des maris paient leurs impôts avec leurs femmes

Les Bottes de sept lieues, bottes magiques qui permettent à un enfant de sortir de la misère ;

L’Huissier, sommé pour entré au paradis de retourner sur terre pour aider les pauvres ;

En attendant, où des personnes évoquent leur vie difficile pendant la guerre.



Dans ce recueil qui se déroule pendant l'Occupation, Marcel Aymé évoque la misère, les malheurs, les atrocités, les bassesses qui frappent les Français. Il témoigne de leur agacement face à une guerre qui s’éternise...



Au final, dix nouvelles fantastiques, humoristiques ou surréalistes. Un classique incontournable…

Commenter  J’apprécie          450
Gustalin

Flavie ne fait que pester, elle en a ras la soupière que Gustalin, son fainéant de mari, se fasse la belle quand il y a du fumier à ramasser et des bêtes à s'occuper à la ferme. Toujours planqué dans sa cabane à réparer des vélos ou à attendre d'éventuelles pannes d'autos . Faut dire que sa grande passion, c'est la mécanique et qu'il rêve d'ouvrir un garage mais à Chesnevailles dans les Vosges, y'en a pas besef qui déboulent...

Du coté de son voisin Hyacinthe , c'est une autre histoire. Il a préféré,

plutôt que d'exercer un métier en ville comme son tonton, un éminent ponte qui a pondu une quinzaine de tomes sur l'histoire du Jansénisme, bref, un joyeux rigolo, retourner à la terre. Au grand dam de sa femme Marthe qui n'a rien d'une fermière et de son oncle retraité qui proteste encore et toujours. Tous les ingrédients sont réunis pour que ça tourne en jus de boudin...

Qui de mieux que Marcel Aymé pour croquer les mœurs et les caractères villageois de son pays natal. Dans ce roman du terroir, il détourne la fable du rat des villes et du rat des champs. Et l'angle d'attaque est plutôt bien vu. Les personnages en prennent tous pour leur abattis même Museau, le clébard corniaud qui renifle le derrière de la chienne de la voisine, le vilain toutou ! On rit beaucoup et on pleure un peu aussi, vous voici prévenus. Une mention spéciale pour la tante parisienne farfelue. Ce Gustalin, j'lai beaucoup Aymé !

Commenter  J’apprécie          440
Le passe-muraille

Dutilleul peut traverser les murs! C'est bien étonnant et cela énerve beaucoup son patron qui cherche à le mettre en prison mais Dutilleul ne se laisse jamais prendre! A Montmartre, il existe une jeune femme qui a la faculté de se décupler...

Une Sabine princesse, une Sabine bourgeoise, une Sabine pauvre! Un extrait du journal de Jules Flegmon, drôle bonhomme! Un homme se retrouve dans le passé! Le proverbe, qui parle d'un enfant! Une légende poldève! Un percepteur d'épouses! Des bottes de sept lieues qui sont bien pratiques! Un étrange huissier! Et la dernière nouvelle qui s'intitule "en attendant".

Ces quelques phrases résument chacune des 10 nouvelles. Ce sont des nouvelles fantastiques, agréables à lire et à comprendre. Elles sont plutôt courtes et pas ennuyeuses. Elles sont mêmes plutôt amusantes et on se demande où Marcel Aymé a pioché ses idées!!! Car le tout est assez inattendu!! Conseillé pour se divertir!
Commenter  J’apprécie          432
Les contes du chat perché

Les contes sont-ils faits pour les enfants ? Tout lecteur aguerri sait que non et Les contes du chat perché en sont un bon exemple. Les récits sont empreints d'un côté "Vieille France" difficile à accepter aujourd'hui. Un effort de distanciation est d'autant plus nécessaire que les valeurs d'autorité (parents, mais surtout l'éducation), le côté traditionnaliste, l'éloge de la terre ne sont plus aujourd'hui sans rappeler un régime honni. Le choix de noircir certains personnages (gens du voyage, coq, cochon) dérange.



Il n'est pas question ici de magie, de fées, de rois et princes, d'elfes, d'ogres, ou de nains. L'imaginaire conserve une certaine place (les animaux qui parlent, "l'âne et le cheval", "la buse et le cochon en sont de bons exemples). Les méchants ici sont les parents, durs et injustice, parfois ridiculisés ("Le mouton") mais toujours respectés par les deux "têtes folles" que sont ("la plus blonde des deux") Marinette et Delphine. Tout un programme !

"Le chien", "les cygnes" et "le petit coq noir" sont des récits tout simplement captivants et fascinants. Certains récits, tels que "la patte du chat", "les vaches" ou "les boites de peinture" sont de véritables leçons de morale. "Les bœufs", "le problème" sont de vibrants plaidoyers pour l'éducation. D'autres sont plus émouvants : "le cerf et le chien", "le canard et la panthère". "Le paon", "le loup", "le mauvais jars" sont des fables qui utilisent des animaux pour inviter les enfants à la prudence. "L'éléphant" met en garde contre le mensonge avec une intrigue bâtie sur un récit pour enfant.



Un recueil empreint de valeurs traditionnelles, à réserver aujourd'hui aux adultes. A moins de vouloir partager mais à condition de faire un grand travail d'explication.
Commenter  J’apprécie          424
Les contes du chat perché

Publiés entre 1934 et 1946 Les contes du chat perché sont une série de contes écrits, comme le dit Marcel Aymé dans sa préface, pour les enfants âgés de quatre à soixante-quinze ans.



Dans ces contes les deux héroïnes, Delphine et Marinette, deux petites filles âgées de presque dix ans, vivent dans une ferme avec leurs parents et côtoient des animaux dotés de la parole.



D’entrée, l’auteur prend parti pour les deux fillettes qui entretiennent une complicité avec les animaux contre les adultes, leurs parents en particulier. Ces derniers, bien qu’aimant leurs filles, représentent des ruraux un peu frustrés qui n’hésitent pas à les traiter avec une certaine brusquerie et rigueur. De même qu’ils ne font guère de sentiment avec les animaux, qu’ils considèrent d’un point de vue utilitaire, à l’inverse des fillettes qui entretiennent avec eux une grande complicité.



On appréciera les situations tantôt drôles, tantôt graves, dans lesquelles Delphine et Marinette se fourvoient, et la façon merveilleuse dont les animaux les aident à se tirer de ces mauvais pas. Toute une palette se sentiments s’en dégagent grâce à l’art de la description suggérée et cependant très vivante de Marcel Aymé qui, cependant, avec ces fables morales, laisse son lecteur tirer ses propres conclusions…

Commenter  J’apprécie          391
Le passe-muraille

il faut parfois admettre que ce qui plait à la grande majorité ne semble pas vous convenir! Est-ce parce que ce sont des nouvelles et que j'ai depuis toujours beaucoup de mal avec ce type d'écriture? Est-ce parce que la langue est un peu vieillie mais pas autant que cela à vrai dire ? Non, en réalité je n'ai pas accroché à ces nouvelles de Marcel Aymé j'en suis toute confuse mais le constat est là . J'ai ramé , peiné comme pas possible , failli abandonner c'est vous dire!

Bien sur Le Passe muraille , la nouvelle la plus connue est superbe mais battue ,rebattue ... L'atmosphère pesante de l'occupation allemande est bien présente, la parution de ce recueil en 1943 a sans doute permis à beaucoup de se retrouver entre les lignes . Dommage moi qui me réjouissait tant ...
Commenter  J’apprécie          372
Le chemin des écoliers

Ma critique ne va pas être transcendante car, autant j'avais été emballée par sa "Table-aux-crevés", autant, cette fois, Marcel Aymé m'a laissée perplexe.



Dans un premier temps, j'ai été gênée par les caractères d'imprimerie petits, épais et pas très nets (Edition Folio 1999) qui ont rendu la lecture fastidieuse. Est-ce pour cela que j'ai eu des difficultés à vraiment entrer dans l'histoire ? Je ne le jurerais pas mais il est certain que ça n'a pas aidé.

De plus, j'ai trouvé la manière d'amener les choses, de les mettre en situation, pas toujours très claire. Ce qui est dommage car certains passages étaient vraiment percutants - c'est du Marcel Aymé tout de même, ne l'oublions pas.



Globalement, mon avis est donc mitigé bien que je ne regrette absolument pas cette lecture.
Commenter  J’apprécie          361




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Marcel Aymé Voir plus

Quiz Voir plus

Marcel Aymé

En quelle année est né Marcel Aymé?

1880
1897
1902
1910

10 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel AyméCréer un quiz sur cet auteur

{* *}